Quand l’Islande réinvente la démocratie :
Une information qui nous avait échappé à tous !
Sauf à lui ! Ce qui le rend indispensable à mon confort intellectuel personnel.
Une révolution en Islande ! Quelle révolution ?
On n’en entend parler nulle part.
Que se passe-t-il de révolutionnaire dans ce pays d’à peine plus de 320.000 habitants, classé au deuxième rang mondial sur l’indice du développement humain, l’IDH, derrière la Norvège, à la veille de l’actuelle crise, en 2006, perdu au milieu de l’océan, à portée des soleils de minuit ?
Faut quand même s’imaginer, une île conçue comme d’une erreur de casting de la tectonique des plaques, un peu plus grand que la Corée du sud, peuplé comme des 7ème et 15ème arrondissements de Paris réunis, qui se fait une « Révolution ».
Mais laquelle grand Dieu ?
Un pays confronté en 2008 à la faillite brutale du son système bancaire, le peuple descendant dans la rue.
Du jamais vu au pays des geysers d’eau chaude.
La droite avait aussitôt dû céder la place à la gauche.
Et, pour commencer, les banques avaient été nationalisées.
J’aime bien le principe de toutes les « gôches » : La nationalisation des pertes.
Et de laisser toutes les « droâtes » du monde privatiser les profits.
Perso, quand je serai au pouvoir, si on devait nationaliser, on fera l’inverse : Une façon comme une autre d’alléger l’impôt !
On avait entendu alors parler, pour les projets législatifs, de liberté totale pour internet, tels que des sites anglais pensaient à s’héberger là.
Plus encore, il insistait pour parler d’une véritable révolution, sans pouvoir la décrire plus, mais le plus étonnant, c’est qu’on en a jamais entendu parler jusque dans nos médias pourtant si avide des indiscrétions de chacun sur ses voyages en Egypte ou ailleurs.
Cherchant alors avec obstination, on a fini par voir des images d’un palais présidentiel assiégé par une foule qu’on qualifierait ici sans hésiter « d’anarcho-syndicaliste ».
En plus des drapeaux noirs, on pouvait deviner dans la foule une forte composante de citoyenneté de type écologiste.
Et on comprenait que le pauvre malheureux flic, tout seul devant le palais présidentiel, ait rapidement dû se rendre sous la pression de la foule.
Celle-ci, néanmoins pacifique, n’usait que de casseroles et autres objets bruyants, selon la méthode argentine du « cacerolazo », qui a su s’avérer très payante aussi là-bas.
C’était avant les « vuvuzela » zoulous de juillet de la même année.
Le président avait plié bagage (parti en exil politique à Cuba ?).
Un nouveau gouvernement s’était institué.
Mais, quelques temps plus tard, celui-ci avait la mauvaise idée de proposer le remboursement de la dette des banques vis-à-vis du Danemark ou de la Grande Bretagne.
Las, le peuple est alors descendu de nouveau dans la rue.
Un référendum sur la question était imposé par volonté populaire, et une petite majorité de 93 % rejetait l’accord prévu par les gentils gouvernants.
Consécration de cette révolution, une élection d’une Assemblée constituante, le 27 novembre 2010, événement peut-être plus considérable que la nuit du 4 août 1789 de « Gauloisie de la rupture » où était votée l’abolition des privilèges, dont on ne se serait pas aperçu sans la vigilance d’Inco qui lit du Jean-Luc « Mélangeons » dans le texte qui lui, trouve là une similitude avec ses propres thèses constitutionnalistes, mais ne semble pas voir plus loin que le bout de son nez anticapitaliste.
Merveille de la désinformation !
Un événement aussi considérable qu’une véritable révolution démocratique, telle qu’on n’en a jamais vue en Europe depuis deux siècles, peut se produire sans qu’aucune presse, mondiale, nationale ou locale ne permette d’en savoir quoi que ce soit.
C’est sûr qu’à l’heure de la consolidation anti-démocratique que vivent la plupart des pays européens, l’exemple islandais ne fait pas vraiment l’affaire de nos régimes policiers, qui montrent là encore leur aptitude à verrouiller rigoureusement la conscience collective, à la manipuler, à l’estropier comme encore notre « Ô combien vénérable Président » a pu le faire mercredi soir dernier devant un public choisi (et les consignes de « Coupé » quémandant les militants UMPistes d’inonder la toile de commentaires flatteurs voire élogieux ! Mais oui il a été « bon » notre « Bling-bling » national : Entre grève des tribunaux et celle des « instits », on n'a rien compris et moi je lisais des histoires à « ma nichée ». C’est bien plus drôle !)
On aimerait assurément en savoir plus sur cette révolution islandaise.
Voilà des mois que Paris s’éveille rêve de téléporter sa rédaction pour un reportage approfondi au pays des chasseurs de baleines et d’utopie.
S’immerger dans les bains chauds de la révolution démocratique fait certes envie, surtout vu du cœur de notre hiver sécuritaire, non ?
Il faut s’imaginer les 25 « simples citoyens » qui vont plancher sur la constitution idéale.
Le souffle de l’Humanité devrait se retenir.
Où l’on verra probablement qu’il n’est pas difficile de faire mieux que toutes les figures de pseudo-démocraties qui se sont déclinées jusqu’ici sur les cinq continents.
Car depuis le samedi 27 novembre, l’Islande dispose d’une Assemblée constituante composée de 25 simples citoyens élus par leurs pairs.
Son but : réécrire entièrement la constitution de 1944 en tirant notamment les leçons de la crise financière qui, en 2008, a frappé le pays de plein fouet.
Depuis cette crise dont elle est loin d’être remise, l’Islande a connu un certain nombre de changements assez spectaculaires, à commencer par la nationalisation des trois principales banques, suivie de la démission du gouvernement de droite sous la pression populaire.
Les élections législatives de 2009 ont amené au pouvoir une coalition de gauche formée de « l’Alliance » (groupement de partis composé des sociaux-démocrates, de féministes et d’ex-communistes et du Mouvement des Verts de gauche), comme dit ci-dessus.
C’était une première pour l’Islande, tout comme la nomination d’une femme, Johanna Sigurdardottir, au poste de Premier ministre !
Chez nous, c’est 40 % de femme qu’exige la loi, désormais…
Et très vite, le nouveau gouvernement se trouve face à un problème épineux : Le règlement aux Pays-Bas et au Royaume-Uni d’une dette de 3,5 milliards d’euros suite à la faillite d’Icesave, banque en ligne dont les opérations étaient tournées principalement vers ces deux pays.
Attention, 113 % du PIB pour la dette publique en 2009 (12.133 millions de dollars US, niveau situé entre l’Albanie et la Jamaïque) quand même…
Soit 45.700 dollars par tête de pipe, dont la moitié de la population tient dans sa capitale, là où en « Gauloisie dispendieuse », on se traîne péniblement à 26.000 euros !
C’est que sous la pression de l’Union européenne, à que les islandais aimeraient bien adhérer, sous la « pression populaire » dont s’étaient fait l’écho les sociaux-démocrates d’alors, le gouvernement fait voter en janvier 2010 une loi autorisant ce remboursement, ce qui reviendrait, pour chaque Islandais, à débourser pendant huit ans une somme d’environ 100 euros par mois (ce qui ne fait pas tout à fait le compte…).
Mais Monsieur leur président de leur République, soucieux d’équité professionnelle et arithmétique, refuse de ratifier la loi, dont le texte est alors soumis à un référendum.
Et c'est là qu'à plus de 93 %, les Islandais votent contre le remboursement de la dette (le 6 mars dernier), et depuis le problème reste en suspens.
Les danois et les anglais en tirent encore la langue !…
C’est dans ce contexte que l’Islande décide de modifier sa constitution, qui en fait n’a jamais été vraiment rédigée : Lorsqu’en 1944 la république avait été proclamée, on s’était contenté de recopier dans les grandes lignes la constitution du Danemark, pays dont l’Islande dépendait depuis plusieurs décennies, en remplaçant simplement le terme de « roi » par celui de « président de la République ».
C’est donc une nouvelle constitution qu’il s’agit d’écrire entièrement, et pour cela on a décidé de faire confiance au peuple souverain.
Comme chez nous, quand nous sommes sollicités pour élire « nos élus » démocratiquement ?
Il y a eu d’abord un appel à candidatures (tout le monde pouvait se présenter à l’exception des élus nationaux, à condition d’avoir dix-huit ans révolus et d’être soutenu par au moins trente personnes) auquel ont répondu 522 citoyennes et citoyens.
C’est parmi eux qu’ont été élus « les 25 constituants ».
Ces derniers commenceront à se réunir à la mi-février, dans quelques jours et rendront leur copie avant l’été. C’est que les jours sont longs, en été à Reykjavik…
Parmi les propositions qui reviennent le plus souvent, on peut noter la séparation de l’Église et de l’État, la nationalisation de l’ensemble des ressources naturelles et une séparation claire des pouvoirs exécutif et législatif.
Il serait grand temps qu’ils relisent Montesquieu, effectivement.
Certes, l’Islande n’est qu’un petit pays d’environ 320.000 habitants.
Mais elle donne cependant une belle leçon de démocratie appliquée aux grands États occidentaux, dont mon pays : La dernière réforme constitutionnelle de 2008 a été entièrement rédigée à l’Élysée, et nos parlementaires ne l’ont adoptée qu’à deux voix près après avoir été soumis pendant des semaines à des pressions invraisemblables de la part du chef de l’État.
Mais c’était une époque où le seul honneur de Nanar pouvait valoir 45 millions d’euros au « kontribuable gaulois », sur décision inique.
Merci à Inco pour ces belles pages !