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Les Ex-Archivés

Amis visiteurs !

Oui, entrez, entrez, dans le « Blog » de « l’Incroyable Ignoble Infreequentable » !
Vous y découvrirez un univers parfaitement irréel, décrit par petites touches quotidiennes d’un nouvel art : le « pointillisme littéraire » sur Internet. Certes, pour être « I-Cube », il écrit dans un style vague, maîtrisant mal l’orthographe et les règles grammaticales. Son vocabulaire y est pauvre et ses pointes « d’esprit » parfaitement quelconques. Ses « convictions » y sont tout autant approximatives, changeantes… et sans intérêt : Il ne concoure à aucun prix littéraire, aucun éloge, aucune reconnaissance !
Soyez sûr que le monde qu’il évoque au fil des jours n’est que purement imaginaire. Les noms de lieu ou de bipède et autres « sobriquets éventuels » ne désignent absolument personne en particulier.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies) y est donc purement et totalement fortuite !    
En guise d’avertissement à tous « les mauvais esprits » et autres grincheux, on peut affirmer, sans pouvoir se tromper aucunement, que tout rapprochement des personnages qui sont dépeints dans ce « blog », avec tel ou tel personnage réel ou ayant existé sur la planète « Terre », par exemple, ne peut qu’être hasardeux et ne saurait que dénoncer et démontrer la véritable intention de nuire de l’auteur de ce rapprochement ou mise en parallèle !
Ces « grincheux » là seront SEULS à en assumer l’éventuelle responsabilité devant leurs contemporains…
13 mai 2014 2 13 /05 /mai /2014 05:02

Lettre à Estelle GRELIER, députée de la 9ème circonscription de la Seine-Maritime (Fécamp)

 

Madame Estelle GRELIER

 

Assemblée Nationale

126, rue de l'Université

75355 PARIS 07 SP

 

 

 Madame la Députée,

 

 

Soucieux de justice sociale et de bonne gestion des comptes publics, mais aussi membre d’une association de Défense du citoyen et du contribuable (ADCC), je me permets de demander votre intervention sur deux sujets sensibles et importants.

 

Le premier est relatif à l’injustice que subissent les militaires qui ont participé à l’Opération Division Daguet lors de la première guerre du Golfe de 1991.

 

Beaucoup souffrent du « syndrome du Golfe », dont les causes sont multifactorielles et incluent, notamment, l’inhalation de particules d’uranium appauvri sur le champ de bataille.

 

Les graves pathologies qui affectent de nombreux anciens de la Division Daguet, rassemblés dans l’association AVIGOLFE, n’ont jamais été officiellement liées à leur participation à ce conflit. Mais il se trouve qu’un récent rapport d'experts mandatés par le Congrès américain (Research Advisory Committee) révèle que ce syndrome est lié à des agents chimiques et non au stress psychologique des combats.

 

Nos soldats n’ont droit à aucune pension d’invalidité et ne sont même pas pris en charge par la Sécurité sociale en affection de longue durée (ALD).

 

Qu’a fait l’État pour ceux qui ont versé leur sang pour le pays ?...

 

Qu’a-t-on fait du sacrifice de tant de nos jeunes, au moment où on célèbre le début de la guerre de 1914-18 ?...

 

 

Cela est extrêmement injuste, et inadmissible, car des fonds très importants ont été virés par le Koweït, les Émirats Arabes-Unis et l’Arabie Saoudite.

 

Nous savons qu’il y a eu 54 milliards de dollars versés aux victimes de ce conflit par la Commission d’indemnisation des Nations-Unies (CINU), mais aussi 84 milliards de dollars virés, directement, au titre des « frais de guerre », aux États-Unis, à la Grande Bretagne et à la France (article du New York Times de septembre 1992).

 

De plus, d’après diverses sources, les fonds qui devaient être virés au Trésor Public, près de 7 milliards d’euros, auraient été détournés.

 

J’ai déposés des informations à ce sujet au ministère des finances en janvier 1998, puis j’ai créé le site « Alerte Éthique » afin de révéler au public cet incroyable détournement de fonds.

 

Après de nombreux courriers, nous avons obtenu des réponses du ministère de l’Économie et des Finances ainsi que du ministère de la Défense.

 

Ceux-ci nous informent qu’il n’y a aucune trace de virement dans la comptabilité publique au titre des indemnités de la guerre du Golfe.

 

Le détournement de fonds est donc avéré.

 

Compte-tenu de la gravité des accusations subséquentes, et de l’injustice faite à nos militaires, je me permets de solliciter, auprès de vous-même, un entretien afin de définir les actions souhaitables pour résoudre ces deux dossiers.

 

Je vous prie d’agréer, Madame la Députée, l’expression de ma haute considération.

 

 

 

Monsieur Jean-Charles DUBOC

 

Vous retrouverez ce texte sur le site :

http://euroclippers.typepad.fr/alerte_ethique/2014/05/lettre-%C3%A0-estelle-grelier-d%C3%A9put%C3%A9e-de-la-9%C3%A8m-circonscription-de-la-seine-maritime-f%C3%A9camp.html

 

Avec l’aimable autorisation de son auteur, lui-même enfin relayé par différents membres d’associations de vétérans, il m’a paru important de vous informer à mon tour.

D’où ce post.

 

Ce n’est que le début.

En tout cas, ils sont nombreux à espérer avoir des « éclairages » sur ces points.

Même s’il y en a d’autres qui ont « intérêt-majeur » à enterrer cette histoire vieille de 22 ans et en a entraîné tant d’autres évoquées, un peu contraint et forcé, au fil de ce blog.

Bien à toutes et tous.

 

I3

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9 février 2014 7 09 /02 /février /2014 05:04

Je relaye, une fois de plus.

 

Parce qu’il vaut mieux tard que jamais…

 

Communiqués de presse

 

« 

Date : 28 janvier 2013

 

De : AVIGOLFE

 

L'Association Avigolfe (Association des Victimes civiles et militaires des guerres du Golfe et des Balkans) a appris la décision de Mme la ministre de la Justice de muter la juge d'instruction Mme Bertella-Geffroy chargée des enquêtes menées au pôle Santé.

Cette juge d'instruction est chargée des plaintes en pénal contre X d'anciens militaires de la Guerre du Golfe et de celles des Balkans depuis 2001.

Il s'agit d'un dossier extrêmement lourd et complexe dont Avigolfe estime qu'il ne serait pas dans l'intérêt de la justice qu'il soit instruit par un nouveau juge d'instruction non informé.

 

Avigolfe demande en conséquence instamment à Mme la Ministre de la Justice de revenir sur sa décision jusqu'à la clôture de l'instruction de ces plaintes, quelles que soient ses conclusions.

 

Le Président

Hervé DESPLAT

 

http://www.avigolfe.com/association.php?id=doc_presse

 

Date : 29 novembre 2010

 

Objet : Que sont devenues les indemnités versées par l'Arabie saoudite à la France après la guerre du Golfe de 1991 ?

 

De : AVIGOLFE

 

AVIGOLFE qui, vingt après la guerre du Golfe (16 janvier 1991) et dix ans après sa création et l'ouverture d'une instruction diligentée par la juge BERTELLA-GEFFROY, attend toujours de l'État français qu'il assume ses responsabilités envers les victimes civiles et militaires.

L'association demande que soit mise en place une commission d'enquête parlementaire afin de faire toute la vérité sur l'affaire du détournement présumé des indemnités de la guerre du Golfe versée par l'Arabie saoudite. Il s'agirait de 3,5 milliards de dollars (valeur de 1991) qui ne serait jamais arrivés dans les caisses de l'État, selon l'informateur, Jean-Charles DUBOC, qui a transmis le dossier en janvier 1998 au ministère des Finances, ainsi qu'au TGI de Paris, aux termes de l'article 40 du Code de Procédure pénale.

Le 29 mars 2001, Jean-Charles DUBOC était entendu par la juge d'instruction Michèle VAUBAILLON, du Pôle financier du TGI de Paris.

Édouard Balladur aurait, selon Jean-Charles DUBOC, était informé de ce détournement par les autorités saoudiennes, alors qu'il était Premier ministre sous la présidence de François Mitterrand.

 

Le 21 août 2001, Roseline BACHELOT, alors députée du Maine et Loire et présidente du groupe parlementaire France-Irak, écrivait à Jean-Charles DUBOC : « Vos informations proprement ahurissantes, mériteraient d'être mieux diffusées car, en ce domaine, règne une omerta qui contraste singulièrement avec ».

Depuis, silence total.

 

Comme pour l'affaire Karachi, il pourrait s'agir d'un détournement d'argent public en toute impunité.

 

Nous estimons que le silence maintenu sur ce détournement de fonds publics se place dans le climat plus général de mensonge, de manipulation et d'abus du Secret-Défense.

AVIGOLFE rappelle, à ce sujet, que 200 documents classés esecret-défensee concernant la guerre du Golfe et intéressant l'instruction judiciaire, ont été détruits.

 

AVIGOLFE soutient toutes les propositions visant à faciliter l'accès à tout document d'intérêt public et/ou pouvant favoriser l'information et la défense des intérêts des citoyens.

 

Le Président

Hervé DESPLAT

 

Date : 02 septembre 2009

 

Objet : Juge d'Instruction.

 

De : AVIGOLFE

 

L'Association des Victimes Civiles et Militaires de la Guerre du Golfe et des Balkans se joint à tous ceux qui, en France, s'opposent à la suppression du Juge d'Instruction annoncée par le gouvernement.

 

En effet, dans le cas qui la concerne, c'est-à-dire des plaintes déposées en pénal par des anciens militaires ayant participé à la guerre du Golfe, en 1991, ou à celle des Balkans, en 1993, il est évident que seul un juge d'instruction indépendant peut mener une enquête à charge et à décharge comme la loi le lui impose.

De juin 2000, date de la création d'AVIGOLFE à aujourd'hui, tous les gouvernements, tous les ministres de la Défense, quelle que soit leur appartenance politique, ont nié les faits invoqués, preuves à l'appui, par notre association, alors même qu'aux États-Unis, en Grande-Bretagne, et en Italie pour ce qui concerne les Balkans, ces mêmes faits ont finalement totalement ou partiellement été reconnus et les victimes prises en charge correctement et indemnisées.

Quel procureur de la République mènerait une telle enquête touchant, en outre, au « secret défense » en toute indépendance ?

 

Par ailleurs, quelles que soient les conclusions de l'instruction en cours depuis 2001, les investigations approfondies faites par la juge d'instruction et ses collaborateurs feront l'objet d'un document archivé unique en France sur ces deux guerres.

Il paraît évident, sur la base de cet exemple, que la suppression du juge d'instruction signifierait également la disparition d'un document d'une telle importance.

À partir de son expérience, Avigolfe est en droit d'affirmer que le maintien du juge d'instruction est essentiel à la bonne marche de la justice et de la démocratie. Elle demande, en outre, au gouvernement, d'attribuer plus de moyens aux juges d'instruction afin d'accélérer le traitement des plaintes et de leur permettre d'aller au bout de leurs investigations en toute sérénité.

 

Le Président

Hervé DESPLAT

 

Date : 18 mai 2009

 

Objet : Guerre du Golfe – Le Ministère de la Défense détruit 200 documents secret défense.

 

De : AVIGOLFE

 

L'association AVIGOLFE, qui regroupe les victimes civiles et militaires de la guerre du Golfe, a pris connaissance de la destruction par le ministère de la Défense de 200 documents classés « SECRET DÉFENSE » provenant des bases aériennes de RIYAD et Al AHSA.

Que contenaient ces documents de si importants, alors même que l'instruction menée par la juge Marie-Odile-Bertella-Geffroy suite aux plaintes déposées par Avigolfe et certains vétérans français de la guerre du Golfe, est toujours en cours ?

 

En mars 2009, la Commission Consultative du Secret de la Défense National a autorisé la dé-classification de 24 documents alors que Marie-Odile Bertella-Geffrroy, en sollicitait 154. Pourquoi ?

AVIGOLFE rappelle l'article 413-10 du Code Pénal : « Est punie de 100.000 euros d'amende et sept ans d'emprisonnement, toute personne qui détruirait des documents… ».

L'association AVIGOLFE estime que la destruction des 200 documents représente une entrave à la bonne conduite de l'instruction, condamne de telles pratiques et s'étonne qu'elles soient toujours d'actualité en France.

 

AVIGOLFE et certains des plaignants envisagent de déposer une plainte.

AVIGOLFE exige que soit votée, sans plus tarder, la loi pour la reconnaissance des victimes civiles et militaires de la guerre du Golfe et des Balkans, comme cela vient d'être le cas, 50 ans après, pour les victimes des essais nucléaires français.

 

Le Président

Hervé DESPLAT

»

 

Tous ces éléments sont vérifiables mêmes par les incrédules, tous les incrédules même ceux qui sont si sûrs d’eux-mêmes…

Et c’est sans autorisation préalable de leurs auteurs et de ma propre initiative que je reprends ces textes.

Parce qu’ils méritent de recevoir une plus large diffusion dans les médias.

Parce qu’en démocratie, il n’est pas de question qui ne doit jamais recevoir de réponse.

 

Et j’aime trop mon pays pour détourner la tête, faire l’autruche, ne pas vouloir voir, ne rien en dire, accepter que les autorités-constituées refusent de donner des réponses à ceux qui posent les questions.

 

C’est indigne d’un pays comme le mien que je porte en si haute estime.

Bonne journée quand même à toutes et tous.

 

I3

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9 avril 2013 2 09 /04 /avril /2013 04:05

« Ka-zut-Hack » : L’arbre qui cache la forêt ?

 

Je reprends, avec son autorisation préalable, un document qu’il a eu a gentillesse de m’envoyer. Mais ce n’est rien que pour vos yeux, naturellement…

Puisque nous en avons déjà parlé et reparlé, en long, en large et en profondeur à l’occasion du premier roman des « Enquêtes de Charlotte ».

Ce n’est qu’un roman, rien de plus, n’est-ce pas !

Et puis encore un peu plus tard à propos de nouveaux développements de cette affaire ahurissante que vos, nos medias persistent à vouloir ignorer.

 

Et il commence par un avertissement : « N'oublions pas que Monsieur « Moscou-vicie » un ami de « Déesse-Khâ » (comme « Ka-zut-Hack ») a été le plus jeune secrétaire national du PS en 1991 et, en 1992 il devient trésorier du PS pour le rester jusqu'en 1994. »

Ce qui explique à ses yeux « pourquoi il a essayé par Bercy (interposé) de défendre « Ka-zut-Hack » en demandant à l'UBS une réponse pour le moins étonnante.

Depuis décembre 2012, « Moscou-vicie » gérerait directement le dossier de son kamarade partisan par l’intermédiaire des services fiscaux de la Nation (cf. JDD du 9.02.2013). « Il serait intéressant de prendre connaissance de la réponse de l’UBS aux autorités fédérales suisses transmises aux services fiscaux » locaux ! 

 

Mais l’UBS ne répond d’abord pas. « Parce que si l’UBS répond, elle devra répondre pour tous les comptes des politiques corrompus qui ont été ouverts en 1991 comme celui de « Ka-zut-Hack », chacun ayant bénéficié de rétro-commission du fabuleux contrat sur l’extinction des puits de pétrole en feu au Koweït (plus de 22 milliards US$ !) »

On explique par ailleurs que le dit-compte de « l’ex-ministre » a été traité dans un établissement financier helvétique qui n’est pas une banque. Donc pas vraiment soumis aux mêmes règles de transparence et de prudence qu’UBS.

Les règles ne s’appliquant à la maison-mère, que pour elle-même et non pas ses « comptoirs & affiliés ».

Et puis, il n’y a plus de compte de l’ex en Suisse, mais dans un lointain ailleurs à l’abri des regards.

 

Pour « verrouiller », la « fratrie-trois-points » de « Ka-zut-Hack » l’envoie « prendre comme nouvel avocat, Maître « Jean-Vieille » »

C’est également l’avocat de « Déesse-Khâ » qui a aussi « fait annuler le reportage sur l’extinction des puits de pétrole en feu au Koweït en 1991 qui devait être diffusé le 12 Mai 2000 dans l'émission Sans Aucun Doute présentée par Julien Courbet, qui a notamment déclaré « Cette affaire pourrait remonter très, très-très haut… ».

Ce reportage est encore disponible sur le site :

(http://nemesistv.info/video/MMO7W747W4W5/dsk-kuwait-gate#)

À regarder tout de suite avant qu’il ne disparaisse lui aussi, pour un extrait d’une émission qui a été censurée à l’époque. 

 

Sur ce détail, un petit extrait historique de la « Ripoublique-des-vertus » : « Bernard Nicolas, journaliste d’investigation, interrogé par Sophie Coignard (Le Rapport OMERTA 2 -page 261) - Vous avez déjà été victime de censure dans l’exercice de votre métier ?

« Plusieurs fois. Dès lors qu’il était question de personnage politique de premier plan, les ennuis commençaient à TF1…… Une fois, j’avais fait un reportage sur une histoire politico-financière compliquée qui devait passer dans l’émission de Julien Courbet Tout est possible. Dans la journée, une auto-publicité annonce le thème de mon enquête. La direction de TF1 s’inquiète : cette affaire peut-elle être gênante pour « Déesse-Khâ » ?…..J’étais interloqué : rien n’indiquait dans mon enquête que « Déesse-Khâ » fût mêlé en quoi que ce soit à cette affaire. Soit on se trompait en haut lieu, soit on en savait plus long que moi…..Les téléspectateurs qui ont vu la bande-annonce n’ont jamais vu la suite… ». »

 

Par ailleurs, Basano rappelle qu’il « est utile de préciser qu’initialement l’UBS était l’abréviation de l’Union des Banques Suisses, après sa fusion avec la Société des Banques Suisses (SBS) en 1998, l’UBS prend le nom de Union Bank of Switzerland (UBS). Cette fusion a permis de faire le ménage dans beaucoup de comptes notamment par la création d’une société dont la raison sociale est UBS SA avec siège à Genève – 8 rue du Rhône a été enregistrée au Registre du Commerce de Genève en date du 23.06.1999 et radiée le 22 octobre 2002 sous le Numéro fédéral CH-660-1164999-1 Numéro de dossier 6513/199, dont un des administrateurs étaient Monsieur ROBERT Alain.

Or, il est surprenant de constater que Monsieur Robert Alain travaille toujours à l’UBS à Zurich !

En d’autres termes, serait-ce à dire que UBS SA a pratiqué des opérations bancaires, probablement hors du bilan de la Maison mère, au travers d’établissements « Banques écran » qui n’auraient pas de licence bancaire ?

La Commission Fédérale des Banques (CFB) devrait se saisir de ce dossier, mais pour l’instant semble plutôt vouloir étouffer l’affaire. Serait-ce sous la pression du Gouvernement Suisse ? »

 

Et, compte tenu des diverses suites judiciaires, dont Basano est victime encore actuellement après le vol de ses identités pour ouvrir des comptes depuis disparus où ont transité jusqu’à 8 milliards de dollar dans son dos, sans même compter l’acharnement des services fiscaux encore cette année, on peut se poser la question : « La corruption, tout comme en « Gauloisie-des-vertus » dans cette affaire, se tient-elle aux plus hautes instances du Gouvernement ? »

 

Pour information, il est également utile de préciser que le 4 février 1997, le Journal de Genève sous la plume de son rédacteur en Chef (courageux), Christian CAMPICHE, avait titré en 1ère page : « OÙ SONT PASSES LES MILLIARDS DU KOWEÏT ? ».

« Cette édition qui avait ébranlé la classe politique « Gauloise », a été purement et simplement retirée de la distribution des points de vente ! »

Au moins dans les kiosques de « Gauloisie-de-la-Liberté-de-la-presse »…

 

Par ailleurs, « dans le cadre de ses investigations notamment avec le fils du Ministre du Pétrole du Koweït de l’époque, Daniel Levavasseur (ancien agent de la DST) (décédé depuis pour s’être pendu sur une hauteur de 15 mètres…) avait retracé la piste de l’argent en démontrant que c’était la BNP Los Angeles (USA) via la BNP-Luxembourg, qui a participé en 1991 aux transferts des 23.005.341.300 US$ avant leur éclatement en utilisant de nombreuses sociétés off-shore suivantes.

IBAC SERVICE PTE LTD (Singapour), TEXRICE NV (Curacao), INCOME MANAGEMENT REALITY INVESTORS GROUP, INCOME PROSPECTIES, CITY INVESTMENT dans différentes banques suisses, américaines et canadiennes. »

 

Je cite toujours Basano soi-même : « La société SB HOLDING est une société anonyme de droit Suisse créée le 1er mai 1991 et dotée d’un important fond de placement en juin 1995, dont le siège social est au 56 rue du Stand, 1204 Genève. Des bureaux commerciaux et logements pour les cadres dirigeants sont également installés au 6 rue Jean Gougeon, 75008 Paris. Ses Administrateurs sont Jacques TORRENT, Paul BEGUIN et Philippe AYME-JOUVE. Ses banques de référence sont la SBS (Société des Banques Suisses) et la SBA (Société des Banques Arabes).

La société SB Holding conseille et assiste la société ELF (…) Monsieur Philippe Ayme-Jouve adresse le 20 août 1999 un premier rapport d'activité sur les comptes de Monsieur Christian Basano :

- Je vous fais parvenir mes premières informations et mes commentaires, car malgré beaucoup de réticences de la part de mes informateurs, il se dégage une ligne qui semble être très positive, tant au niveau des informations obtenues que de leurs contenus financiers.

- Il va sans dire qu'il est très difficile de parvenir à avoir des renseignements clairs, nets et précis.

- D'autre part, il s'agit de renseignements ultraconfidentiels où les personnes nieraient toute implication dans le cas où leurs noms ou celui de leurs établissements seraient cités sans que des documents officiels soient présentés.

- Que divers organismes bancaires ont travaillé directement avec le nom de monsieur Basano pour la réception et le transfert des fonds ?

- Que des organismes financiers ou bancaires ont simplement servi de relais dans l'utilisation du nom de monsieur Basano pour l'ouverture de comptes mais que souvent ces comptes n'ont servi que pour une seule transaction, et qu'ils restent à ce jour, malgré tout ouverts. »

(Ce qui n’est plus le cas actuellement : Toutes traces ont disparu… Hors peut-être les archivages de « Clearstream », vous vous souvenez sans doute encore, qu’ils ont été nombreux à se marcher sur les pieds pour ses fichiers…).

 

« - La plupart de ces comptes sont organisés à plusieurs tiroirs, avec un compte principal qui réceptionne le virement, mais qui exécute immédiatement la répartition qui se fait automatiquement sur des comptes secondaires sous le même N° avec des lettres ou des chiffres b, c, d, de ce fait la transaction semble être moins importante. »

Typique d’une redistribution clandestine par « saupoudrage » !

 

Maître « Bébert Lardco », avocat de Joseph Ferraye, qui était présent sur le plateau de Sans Aucun Doute, avait très justement déclaré :

« Ce serait la plus grosse escroquerie du siècle sur fond de politique et de guerre du Golfe ! La plus grande escroquerie du siècle, escroquerie incroyable, enjeu colossal ; on ne joue plus avec des rigolos, on joue avec de vrais tueurs, des hommes prêts à tout sous prétexte qu'un État a des intérêts qui sont reliés par d'autres États ».

 

Nous nous étonnions encore la semaine dernière, pour les abonnés à la newsletter de ce blog, qu’un « frangin-rois-points » soit ainsi lâché par ses fratries en rase campagne.

Soi-disant pour « un mensonge » toutefois assez banal : Il y a bien des « trucs » que j’ai réellement oublié depuis 10 ans et qui m’auraient fait mentir moi-même en toute bonne foi.

Figurez-vous que j’avais même oublié que l’Armée m’avait ouvert un compte épargne pour y virer ma solde d’appelé… Trente ans plus tard, ce sont eux qui m’ont invité à me présenter au guichet avant de virer le tout à la CDC…

Bon, il n’y avait pas non plus 600 K€ dessus, qui devaient échapper à l’épouse éconduite…

En bref, mon sentiment reste qu’on assiste à un « grand-nettoyage » de printemps.

 

Eh lui de rajouter : « C’est Rothschild contre Rockefeller » !

GO qui se prend une offensive de GLF entre les dents.

Alors moi je dis : « Si maintenant, deux des « sept forces » qui régissent le monde et l’univers connu s’entre-déchirent, où va-t-on ? »

Car au-delà des dégâts collatéraux qui s’étalent dans la presse à longueur de colonne, ça redonne de la marge de manœuvre aux 5 autres, alors qu’habituellement elles se neutralisent mutuellement.

 

Et lui de rajouter : « Les Ripoux de la République peuvent commencer à se faire du souci… »

Le spectacle promis ne fait que commencer.

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16 décembre 2012 7 16 /12 /décembre /2012 11:08

Ancien directeur général adjoint de la Société Générale à Taipeh

 

(procès-verbal de la séance du jeudi 22 mars 2001)

Présidence de M. Arnaud MONTEBOURG, Rapporteur

Présidence de la commission parlementaire : Vincent PEILLON…

 

M. le Rapporteur : Ne vous fâchez pas : j'ai juste dit que je ne comprenais pas votre position...

M. Joël BUCHER : J'étais cadre à la Société Générale, bien payé, je faisais un boulot que j'estimais être honorable et je me suis trouvé pris dans une affaire absolument invraisemblable.

Je me retrouve à Cannes avec un fils qui ne parle pas français puisqu'il allait à l'école américaine. Du jour au lendemain, me voilà donc interdit de chéquier avec les frais de la maison que la Société Générale était chargée de me donner.

 

M. le Rapporteur : Je comprends, ne vous justifiez pas, mais vous avez été recruté par qui ?

M. Joël BUCHER : Je n'ai pas été recruté, mais contacté par des « grenouilleurs » - passez-moi le terme - de Monaco qui, me sachant en difficulté, ont essayé de me faire sombrer dans l'illégalité. M. Renucci chez Pastor de la Grande Loge Maçonnique.

 

M. le Rapporteur : Ah, c'est cela ! Et comment s'y sont-ils pris ?

M. Joël BUCHER : Vous savez c'est un petit milieu. Je devais être directeur de la Société Générale à Cannes, j'ai reçu des coups de fil, j'ai vu des Grecs, des Turcs et on a pris peur...

Ce milieu de Cannes est très brillant, mais vous ne pouvez pas savoir le nombre de requins qui y grouillent.

 

M. le Rapporteur : Expliquez-moi, puisque vous parlez de Grecs et de Turcs, ce que l'on vous proposait, ou demandait.

M. Joël BUCHER : Des sociétés financières comme Pastor m'ont contacté par l'intermédiaire de francs-maçons...

 

M. le Rapporteur : Vous en êtes vous-même ?

M. Joël BUCHER : Absolument pas ! Mais, durant cette année que je considère comme sabbatique, j'ai pu « phosphorer », écrire et faire des schémas dont l'un représentait un Yin et un Yang entourés d'un triangle. J'ai eu le malheur de le distribuer à des amis avec qui je voulais fonder une société, un club d'affaires pour promouvoir la France sans magouilles. J'avais dans l'idée qu'avec la technologie française et la subtilité de la compensation chinoise, il était possible de faire une joint-venture et de compenser entre nous les opérations.

C'est à partir de là que les gens se sont dit qu'ils allaient compenser leurs commissions et que le groupe Pastor m'a proposé de travailler pour lui.

 

M. le Rapporteur : Il vous a embauché, signé un contrat ?

M. Joël BUCHER : Précisément pas !

Tout était bien trouble puisque l'on me demandait de prouver que j'étais capable de faire quelque chose, moyennant quoi je recevrais des commissions.

C'est ainsi que M. Pierre Bloch m'emmène à Taiwan, à Doubaï, me signe un contrat avec l'Immobilière hôtelière, que je lui obtiens un marché, mais qu'il ne me paye pas...

Ce qui est vicieux dans ce monde, aujourd'hui, c'est qu'on vous fait miroiter des commissions puisque tout se fait à base de commissions. On vous établit même des contrats : Je pourrais vous communiquer celui qui a été signé avec l'Immobilière hôtelière. En l'occurrence, j'ai trouvé et construit un projet de 110 millions de dollars, j'ai bâti un montage, je ne me suis pas contenté de présenter un Cheikh (M. Nahyan). Mais alors qu'un contrat est signé avec des honoraires, une fois le projet réalisé, vous ne voyez rien venir et la société disparaît, ce qui revient à dire que vous avez perdu deux années de votre vie à travailler pour rien !

Voilà quelle est la mentalité des affaires ! Voilà où vous mènent les commissions parce qu'aujourd'hui, on ne veut pas payer des honoraires.

J'ai une lettre de Panhard à qui j'ai trouvé un marché de plusieurs milliards de francs pour le GIAT - Groupement industriel des armements terrestres - mais ces gens me proposent des commissions. Je réponds que je n'en veux pas, que je vends des informations. Je leur ai fait signer une lettre d'intention et Taiwan est prête à acheter plus de mille véhicules : La lettre d'intention est sur le bureau des responsables de Panhard depuis plusieurs mois. Que veulent-ils ? Me payer avec des commissions et probablement avec des commissions plus importantes que la moyenne.

Voilà comment on finit quand on est un banquier honnête ! Quand vous êtes un banquier honnête et que vous refusez les commissions - excusez-moi d'avoir, tout à l'heure, explosé - si vous ne vous battez pas, vous êtes mort !

Aujourd'hui, Taiwan continue à acheter des Airbus et je vends mille emplois à Taipeh sans aucun problème.

À Taipeh, je suis reçu par le ministre de l'Économie et des finances, par le ministre de la justice parce que j'ai eu le courage d'aller devant un tribunal et de dire : « Attention, on ne travaille pas correctement ! ». C'est ce que j'ai dit et avec des preuves et des documents à l'appui !

J'ai fait tout cela et j'ai compris, ensuite, en deux temps trois mouvements, sans avoir la prétention d'avoir assisté à tout dans l'affaire des frégates : Elle a duré dix ans et vous n'êtes pas dans le même poste de banque plus de quatre ans.

C'est d'ailleurs fait à dessein pour vous empêcher de suivre les affaires : Quand vous comprenez une affaire, on vous dégage, et quand vous dites à votre direction : « Attention, cela ne va pas ! », on vous dégage aussi...

Tout est manipulé à très haut niveau et la situation est entre les mains de quelques personnes. Si vous lisez leur jeu, on vous élimine !

 

M. le Rapporteur : Je vous remercie de ces précisions très importantes !

M. Joël BUCHER : Excusez-moi d'être si virulent !

 

M. le Rapporteur : Ne vous excusez pas, mais c'est mon rôle de vous questionner, c'est mon travail !

M. Joël BUCHER : Quand vous m'avez demandé qui était venu me voir, je ne souhaitais pas vous laisser croire que j'avais pu accepter de partir à la dérive malgré la difficulté dans laquelle me mettait la Société Générale. Je n'ai jamais failli !

 

M. le Rapporteur : Et cela vous coûte cher !

M. Joël BUCHER : Ce n'est pas facile !

 

M. le Rapporteur : Et maintenant, vous vivez de quoi ? Vous êtes à la retraite ?

M. Joël BUCHER : Bien sûr que non ! De rien ! On m'a tout pris ! Aujourd'hui, on me doit 5 millions de dollars pour avoir travaillé en tant que consultant sur un grand projet pour construire un hôtel d'affaires à Doubaï ce qui m'a pris trois ans : Vous pensez bien que l'on ne gagne pas 5 millions de dollars en 48 heures sur un coup de fil...

Cette somme ne me sera jamais versée. J'ai pris un avocat que je ne peux pas payer. Aujourd'hui, je remonte plusieurs contrats avec le GIAT, avec Panhard, avec des sociétés comme la COFRAS (Compagnie Française d'Assistance Spécialisée) DCI, mais ces gens-là ne veulent pas me payer. Pourquoi ? Parce que je ne leur propose pas de schémas de rétro-commissions ?

Il n'en est pas question : Il n'est pas question que dans les contrats que je fais - je suis peut-être naïf ou idiot - je propose, après ce que j'ai dit à l'AFP, des schémas comprenant des rétro commissions. Je ne veux même pas de commissions pour moi. Je veux travailler honnêtement sur la base d'honoraires.

Je pense qu'aussi longtemps que l'on ne mettra pas en place des organismes travaillant sur honoraires, il y aura des dérives.

 

M. le Rapporteur : Pourriez-vous nous transmettre une copie du dossier que vous avez remis au tribunal ?

M. Joël BUCHER : Tout à fait : Le voilà ! Il est très détaillé, très scientifique. J'ai même un dossier qui a été envoyé à l'Assemblée nationale par la DGA.

 

M. le Rapporteur : Oui nous l'avons reçu !

M. Joël BUCHER : Je vous signale qu'il y a 40 milliards de francs qui concernent Taiwan qui ne figurent que dans un sous-total ce qui est quand même grave ! Envoyer un rapport sans préciser que l'on travaille avec Taiwan, surtout à hauteur de 40 milliards de francs, soit la moitié de l'ensemble du chiffre d'affaires, me semble quand même curieux...

 

M. le Rapporteur : J'aurai une dernière question à vous poser : lorsque l'argent est arrivé au Luxembourg et à Monaco, vous me confirmez qu'aucun de vos confrères banquiers n'a posé la question de savoir d'où venait cet argent ?

M. Joël BUCHER : Ils venaient nous démarcher et même nous proposer des rémunérations pour leur ouvrir des comptes.

 

M. le Rapporteur : Au nom du nominee ou du gestionnaire du compte ?

M. Joël BUCHER : Voilà !

 

M. le Rapporteur : Quels sont les établissements bancaires qui ont démarché ?

M. Joël BUCHER : Beaucoup, notamment les banques suisses.

Taipeh est une réserve monétaire fabuleuse et j'étais l'un des banquiers les plus avertis puisque j'avais personnellement des contacts avec toutes les grandes entreprises du lieu.

Je peux vous dire que la Sogenal était la première à démarcher, suivie par des banques britanniques, des banques autrichiennes et, naturellement des banques suisses. Toutes les grosses banques sont venues nous démarcher, nous, Société Générale. Il faut savoir qu'il y a un important marché interbancaire. J'avais un employé qui ouvrait des comptes, ce que j'ai d'ailleurs fait arrêter. La Société générale avait un énorme bilan interbancaire.

Cette situation qui était aberrante avait été lancée par les Japonais. Deux banques sont capables de vivre seules puisque l'une prête à l'autre et vice versa. Vous pouvez faire du window dressing...`

 

M. le Rapporteur : Qu'est-ce que cela veut dire ?

M. Joël BUCHER : Que je vous prête de l'argent et que vous m'en prêtez. Comme je vais prendre des intérêts, vous allez faire du profit et moi aussi...

Si, demain, nous faisons cela, nous allons avoir de très beaux bilans. Je vais vous prendre des taux usuraires et vous allez déclarer des profits fabuleux. C'est facile à faire quand on ne vous demande pas de reverser ces profits à des actionnaires... Le jour où c'est le cas, vous montez un « truc bidon » et avant qu'on ne le découvre, il y aura longtemps que, grâce à ce bilan, vous aurez obtenu des fonds. Je peux le faire, si vous voulez. J'aurais pu, si j'avais voulu être malhonnête, gagner beaucoup d'argent en faisant très simplement des montages que vous ne pouvez pas imaginer.

Tous mes collègues m'ont dit : « Joël, dans la banque, aujourd'hui, on ne peut pas s'en sortir si l'on travaille honnêtement ! »

Tous les travaux que l'on me demandait étaient bâtis sur une magouille : Tous sans exception ! Le profit de la banque est proportionnel à la magouille. Plus il y a de magouilles, plus la banque encaisse parce que plus les fonds du client seront douteux et moins il se plaindra.

L'opération « frégates » a rapporté plus d'un milliard de francs à la Société Générale !

 

M. le Rapporteur : J'aimerais que vous retrouviez dans votre mémoire et que vous nous fassiez passer par écrit le nom des banques qui vous ont démarché pour recycler l'argent de rétro-commissions....

M. Joël BUCHER : Je vais retrouver mon annuaire, mais même la Dun & Bradstreet nous démarchait !

 

M. le Rapporteur : ... le nom des correspondants avec lesquels vous avez fait ouvrir des comptes à Luxembourg, à Monaco, ou dans les îles anglo-normandes et dans tous les paradis fiscaux européens...

M. Joël BUCHER : Londres, Luxembourg, Monaco : C'était ma filière !

 

M. le Rapporteur : Je vous saurai gré de bien vouloir nous communiquer ces documents assez vite et je vous remercie infiniment de votre courage en vous assurant du soutien de l'Assemblée nationale.

 

 

Si vous souhaitez savoir quel a été l’issue de cette mission d’enquête parlementaire d’une « autre époque », suivez le lien (tant qu’il est encore accessible en ligne)

http://www.assemblee-nationale.fr/rap-info/i2311-51.asp

 

Notez que tout ceci s’est déroulé en plein développement de l’affaire Cleasrtream en cours à l’instruction, dont il ne pouvait être question.

Vous comprendrez bien, par conséquent, qu’on puisse retrouver deux « valeureux et méritants » députés dans les couloirs des ministères, dont l’un brandit l’arme de la nationalisation en « traitant » de noms d’oiseau un industriels impatrié provisoire, c’est manifestement qu’il en a appris des choses sur le fonctionnement du « monde des affaires ».

 

Parce que lui sait, pour avoir oublié d’être né kon, et avoir auditionné jusqu’aux meilleurs « professeurs » du moment.

 

C’était ma petite contribution personnelle au « devoir de mémoire » qui s’impose à nous comme toujours plus ardent, me semble-t-il.

 

Fait en toute bonne foi et sans intention malveillante à l’égard de quiconque : Ce ne sont que des publications officielles de ma République à moi !

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16 décembre 2012 7 16 /12 /décembre /2012 05:03

Ancien directeur général adjoint de la Société Générale à Taipeh

 

(procès-verbal de la séance du jeudi 22 mars 2001)

Présidence de M. Arnaud MONTEBOURG, Rapporteur

Présidence de la commission parlementaire : Vincent PEILLON…

 

M. le Rapporteur : L'argent a circulé dans les années 92-93 ?

M. Joël BUCHER : Les premiers transferts ont commencé dès 1989 pour se terminer en 1998 pour l'affaire dont il est question.

 

M. le Rapporteur : Comment le savez-vous ?

M. Joël BUCHER : Parce qu'il y a eu une dernière livraison de frégates qui devait coïncider avec le versement des 60 % restants et que l'intégralité des fonds revenant à la DCN ne sont jamais revenus. C'est facile à prouver, il suffit d'aller voir les comptes de la DCN pour s'apercevoir que ce n'est pas une entreprise qui fait des profits !

Au moment où la DCN a reçu cet argent, elle ne savait pas quoi en faire tellement il y en avait. La DCN ne pouvait pas gérer les devises. La DCN fabrique et vend au prix coûtant : C'est un arsenal, d'où l'intervention de Thomson.

 

M. le Rapporteur : Vous prétendez donc que, jusqu'en 1998, des commissions ont été payées selon le même mécanisme que celui que vous aviez monté dix ans plus tôt, c'est-à-dire une banque off-shore. Cette banque s'appelle comment : Société Générale Taipeh ?

M. Joël BUCHER : Taipeh offshore OBU ou USD.

 

M. le Rapporteur : Selon vous, l'utilisation de la Sogenal est aussi avérée ?

M. Joël BUCHER : Comment procède-t-on ? Lorsque l'on reçoit des francs français, on en crédite le compte de la banque locale, ensuite le compte off-shore où il y a un premier écran. En off-shore, l'opération se fait sur nos comptes en francs français, mais elle est bien souvent immédiatement traduite en dollars. Comme ce sont des fonds qui vont finir par atterrir dans des caisses douteuses, je ne vous dis pas quels cours de change sont appliqués sans que personne ne puisse protester, ni menacer d'aller en justice. Dans ce type d'opérations, les banques gagnent donc une énorme quantité d'argent. Tout se fait à New York car tout ce qui se fait en dollars se fait à New York

Quand il s'agit de francs français tout se fait en France parce que les banques, que ce soit à Monaco, au Luxembourg ou ailleurs, ne gèrent que leurs devises dans leurs comptes correspondants qui sont tenus dans les banques de la devise. Par conséquent, tout ce qui se fait en dollars, que ce soit à Monaco ou au Luxembourg, est traité de New York. Tout se passe dans les comptes à New York et se fait par compensation.

 

M. le Rapporteur : Bien sûr !

M. Joël BUCHER : J'avais, moi, monté un système justement pour éviter le blanchiment. J'avais fait valoir à ma direction que nous avions tellement de clients qui achetaient et qui vendaient à Taipeh, qu'il était préférable, plutôt que de faire des transferts au siège et de recevoir de l'argent, de tout bloquer dans un compte, de ne pratiquer aucun transfert et que je verse la différence : Horreur ! J'ai, en effet, appris par la suite que l'on faisait bien de la compensation, mais pour « planquer » les commissions et dissimuler le blanchiment. Dans ces conditions, quand vous proposez de faire de la compensation pour éviter les transferts de devises, la corruption et la spéculation, vous passez pour une âme damnée.

Si j'ai quitté la Société Générale, c'est parce que j'ai proposé ce système.

 

M. le Rapporteur : Vous avez un document à nous communiquer ?

M. Joël BUCHER : J'ai fait un rapport à mon siège.

 

M. le Rapporteur : Vous l'avez conservé ?

M. Joël BUCHER : En partie.

 

M. le Rapporteur : Vous voudrez bien le transmettre à la Mission ?

M. Joël BUCHER : Je vais vous donner un rapport que j'ai gardé tout à fait par hasard car je ne suis pas du genre à conserver ce genre de documents. Très naïvement, je dois avouer que je n'avais pas conscience de la situation quand j'avais « le nez sur le guidon ».

Quand j'étais à Taipeh et que je revoyais ces opérations, j'ai transmis des rapports à mon siège, sans imaginer une seule minute que, ce faisant, j'allais me suicider. Je pensais, au contraire, obtenir une médaille. Ce n'est que lorsque, de retour en France, je me suis retrouvé mis au placard que j'ai compris.

 

M. le Rapporteur : J'aimerais avoir une copie de ce rapport.

M. Joël BUCHER : Oui ! Il concerne le fameux margin account et vous y trouverez le chiffre de 800 millions de dollars.

Vous verrez que j'avertis ma direction, concernant la banque off-shore et ce montage qui fonctionne et que j'ai signé parce qu'il faut préciser que j'ai eu le culot - tenez-vous bien ! - de signer pour 800 millions de dollars pour arrêter ces pratiques : Comment y mettre un terme sans pouvoir les prouver ?

J'ai ainsi agi à mes risques et périls parce que de telles opérations relevaient de la justice pénale à Taipeh. Sur le plan comptable, elles n'apparaissaient pas et étaient hors bilan puisqu'elles ne donnaient lieu à aucun versement de fonds.

Dans ce système, il n'y a pas d'argent, il n'y a que la différence : C'est un système démoniaque qui est géré par toutes les banques. C'est l'affaire Barings figurez-vous !

J'ai donc signé pour 800 millions de dollars de fausses transactions et quand j'ai vu que toutes ces opérations arrivaient à la même échéance, j'ai fait venir une inspection de mon siège, je les ai bloquées, interdites et j'ai pris un avocat local qui m'a couvert.

J'ai cru que la Société Générale allait me suivre et j'étais très fier de moi. Cela a été la stupeur car je me suis mis à dos toute la direction des marchés de la Société Générale qui donnait des instructions à mes dealers dont l'un, le favori, avait un casier judiciaire ! On faisait chanter les gens : Vous imaginez dans quel climat on travaillait...

Le patron de ma salle des changes qui était sous ma direction, à qui j'interdisais de faire ces opérations, les faisait avec l'agrément de M. Tuloup, le patron de la direction des marchés. Comme il avait un casier judiciaire, il ne pouvait plus parler.

Or, moi, Français, j'essaye de respecter la réglementation des changes locale. Moi qui, en cas de contravention, compromets ma liberté, et non pas celle de mes patrons qui ne m'auraient jamais soutenu, je prends le risque d'aller dans un sens que je crois le leur, je convoque un inspecteur, je fais venir la Banque centrale qui prouve que ces opérations étaient dangereuses - dans un petit pays comme celui-là, on pouvait faire sauter la devise. On interrompt les opérations, on les interdit, je suis immédiatement rapatrié, mis au placard et le gars qui fait l'inspection va à New York, crée les Socgen Funds (hedge Funds) et met un bazar pas possible dans le marché de New York.

Ce que je vous dis figure dans un rapport de la Banque de France qui dit que les Socgen Funds (hedge Funds) spéculatifs sur les junk bonds et l'opération Barings reproduite à New York ont carrément failli mettre le système international en l'air : Il a fallu le support des États-Unis pour arrêter ces opérations.

Avec ces margin accounts, on dépasse le cadre même de la corruption pour passer à la spéculation car corruption et spéculation vont de pair.

 

M. le Rapporteur : Lorsque l'argent est parti sous formes de rétro-commissions, connaissiez-vous les destinataires des comptes ?

M. Joël BUCHER : C'est très difficile et je vais vous dire pourquoi : On ne connaît jamais le destinataire final. Les directeurs financiers des grandes entreprises font des swifts. Vous faites cinq Swift dans la journée, donc cinq écrans. Si nous prenons le destinataire des fonds, par exemple, Monaco où beaucoup, énormément d'argent est parti...

 

M. le Rapporteur : Vous connaissez les comptes qui ont été ouverts ? Quand on ouvre un compte on connaît le récipiendaire...

M. Joël BUCHER : Non, parce qu'on n'ouvre pas le compte final, mais le compte du nominee ou de l'intermédiaire financier. À Monaco, les banques reçoivent un transfert de Luxembourg en ignorant qu'il vient de Taipeh même si tout se fait dans la même journée.

Le directeur financier de Thomson a un téléphone : Dans la même journée, il va passer cinq ordres Swift de transfert. N'oubliez pas qu'en Asie, il n'y a pas de date de valeur et qu'on a sept heures d'avance ce qui donne largement le temps à quiconque est courageux d'appeler Tokyo, Taipeh, Hong Kong ce qui, au petit matin, laisse le temps au Luxembourg d'opérer le transfert à Monaco qui ne peut pas savoir que c'est Taiwan qui a payé. Croyez-moi, le travail du banquier consiste à faire des écrans !

Cela vaut pour le comptant, mais supposez que je le fasse à terme. Même moi qui ai fait le montage comptable des opérations à Taipeh, je serais incapable de le retrouver. Au comptant, on peut le retrouver : Il y a des disques car le système Swift laisse des traces, et même si les responsables de Swift font valoir qu'ils ne sont pas responsables des messages, qu'ils n'en sont que les transmetteurs, on peut refaire des historiques.

 

M. le Rapporteur : C'est ce que dit Clearstream dans l'affaire « Révélations » : vous avez lu le livre ?

M. Joël BUCHER : Sur la Cedel ? Je connais la Cedel, j'y ai ouvert des comptes pour Taiwan.

Je n'ai pas encore lu le livre.

 

M. le Rapporteur : Lisez-le c'est Ernest Backes, un de vos confrères banquiers qui, lui aussi, s'est fait virer, qui l'a écrit !

M. Joël BUCHER : Qu'est-ce que j'ai fait ? Avec un de mes amis de la Société Générale, nous avons ouvert les comptes Cedel et Euroclear et Taiwan est devenu le premier acheteur en OAT, c'est-à-dire en bons du Trésor.

 

M. le Rapporteur : Taiwan, c'est-à-dire ?

M. Joël BUCHER : La Central bank of China - CBC - sur les conseils de la direction des marchés de la Société Générale. Vous savez qu'il y a, tous les jours, un trésorier dans une banque qui a besoin de fonds. Eh bien, le premier fournisseur de francs français était, à l'époque, la Banque centrale de Taiwan.

Aujourd'hui - et c'est pourquoi j'étais très inquiet dans cette affaire - je ne comprends toujours pas pourquoi on veut mettre une chape de plomb sur toutes les opérations qu'on fait avec Taiwan. Taiwan nous fournit en devises, Taiwan nous fournit en composants électroniques et sachez que c'est notre troisième source d'importation après le pétrole et les automobiles, mais ces dernières se compensent puisqu'on en achète autant que l'on vend ce qui fait qu'on les enlève en faisant un compte de clearing.

Nos sources d'importation, c'est quoi ? Je pourrais vous montrer les chiffres parce que je m'en suis vivement inquiété concernant Taiwan. C'est, bien sûr, d'abord le pétrole, ensuite les composants électroniques, les mémoires dont la mémoire de votre téléphone. Quel est le premier producteur mondial de mémoires de téléphones ? Taiwan.

Toutes ces opérations avec Taiwan n'ont été faites que « pour le fric » et sans se soucier des répercussions stratégiques, économiques et sociales qu'elles pouvaient avoir. On a cherché le fric pour le fric parce que Taiwan avait de l'argent et qu'il fallait lui en prendre. Qu'importe de vendre des frégates, même si elles peuvent être rachetées par la Chine, parce qu'aujourd'hui, le risque, il est là : Vous vendez des frégates à Taiwan, des Mirages, des concours sont lancés pour leur vendre des centrales nucléaires...

 

M. le Rapporteur : Cela relève de la décision politique. Nous n'entrerons pas dans ce débat qui fera l'objet d'analyses par ailleurs et sur lequel, en ce qui me concerne, je ne souhaite pas intervenir, préférant me concentrer sur les mécanismes du blanchiment qui sont tout à fait passionnants.

Quand vous dites que beaucoup d'argent a été transféré à Monaco, comment le savez-vous ?

M. Joël BUCHER : Tout simplement parce que j'y étais...

 

M. le Rapporteur : Vous étiez à Cannes ?

M. Joël BUCHER : J'ai travaillé à Monaco, figurez-vous ! Pas longtemps, juste quelques mois ! J'ai été recruté par un des gendres d'un certain M. Pastor qui m'a installé dans un bureau, dans un immeuble, au-dessus de la Société Générale. On a alors commencé à me mettre en relation avec Casa en Espagne...

 

M. le Rapporteur : Qui sont tous ces gens ?

M. Joël BUCHER : Des gens qui voulaient vendre et avoir beaucoup d'argent pour sauver leur capital. Ce sont maintenant les partenaires d’EADS.

On m'a mis en contact avec Balmain pour acheter Balmain et j'ai fréquenté mes collègues...

 

M. le Rapporteur : Quand vous dites « on m'a mis en relation... », vous voulez parler de vos supérieurs hiérarchiques ?

M. Joël BUCHER : Non, j'ai démissionné, mais vous avez toujours dans la banque des gens qui vous suivent un peu et j'ai reçu des coups de fil. Il faut savoir que j'ai quitté la Société Générale sur un coup de tête !

 

M. le Rapporteur : Votre positionnement sur cette histoire n'est pas clair ! Vous êtes recruté par qui ?

M. Joël BUCHER : Je me suis retrouvé « à poil » : Vous m'entendez bien ? Je ne suis plus banquier !

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15 décembre 2012 6 15 /12 /décembre /2012 11:05

Ancien directeur général adjoint de la Société Générale à Taipeh

 

(procès-verbal de la séance du jeudi 22 mars 2001)

Présidence de M. Arnaud MONTEBOURG, Rapporteur

Présidence de la commission parlementaire : Vincent PEILLON…

 

M. le Rapporteur : Maintenant que nous avons un plan un peu près clair des opérations, expliquez-nous la circulation de ces 2,5 milliards de francs. Ils ont bien été versés dans vos comptes de la Société Générale ?

M. Joël BUCHER : Absolument !

 

M. le Rapporteur : A partir de là, que devient cet argent ?

M. Joël BUCHER : En théorie, il s'agit d'une commission. C'est-à-dire que Thomson, pour vendre ses frégates, se dit, ce qui est courant « j'ai des frais et je dois payer des Taiwanais pour les convaincre d'acheter les frégates. » Le groupe déclare l'argent à Bercy, mais, dans les années 1987-1989, Thomson n'a pas suffisamment de trésorerie pour verser de telles commissions. Je peux vous dire qu'au nom de la Société Générale, je n'aurais pas donné un sou de crédit à Thomson qui revenait alors de l'affaire D2 Mac-Paquets, qui avait une trésorerie exsangue, un bilan catastrophique et une gestion contestable.

Le groupe est donc incapable d'avancer ces 2,5 milliards de francs qu'il doit théoriquement payer aux Taiwanais. Cependant, Mme Cresson donne son accord sur le contrat des frégates, en juin 1991, à condition que Taiwan verse 40 % d'acompte à la commande.

En conséquence, au mois d'août 1991, le contrat est signé après la lettre d'intention. Au moment de la signature du contrat, des documents bancaires sont émis et Taiwan verse 4 milliards de francs. Sur cette somme, 2,5 milliards de francs devraient normalement être retournés aux Taiwanais, conformément à la déclaration faite aux douanes et à la CIEEMG.

Or il n'y a jamais eu 2,5 milliards de francs versés au Taiwanais. Pourquoi ? Parce que, à Taiwan - chose que l'on sait peu en France et je pense que Thomson l'ignorait ou n'en n'a pas pris conscience - il est impossible de verser des devises en raison d'un contrôle des changes qui s'exerce, si je puis dire, à l'envers. Alors que, le plus souvent, le contrôle des changes évite aux devises de sortir, dans ce cas, comme le pays est un pays fort où l'on spécule beaucoup, il bloque l'entrée des devises et impose un contrat commercial.

Les Taiwanais ont donc, ainsi que j'ai pu le constater, calculé que les déclarations de devises qui ont été faites à Taiwan ne dépassaient 800 millions de francs, la différence constituant ce que l'on appelle les « rétro commissions ».

 

M. le Rapporteur : Cet argent, où l'avez-vous vu partir ?

M. Joël BUCHER : Partout !

 

M. le Rapporteur : C'est-à-dire ?

M. Joël BUCHER : Je n'étais plus là, mais je l'ai appris en retournant à Taiwan où j'ai toujours des cadres qui travaillent et des amis qui sont banquiers.

 

M. le Rapporteur : Que savez-vous de précis ?

M. Joël BUCHER : Je sais, d'après mes collègues, que trois banques ont reçu de l'argent de Taiwan en francs français - la BNP, la Société Générale et le Crédit Lyonnais - et qu'elles ont rétrocédé en Europe et en Afrique du Sud la différence entre ces 2,5 milliards de francs et ces 800 millions de francs. Cet argent est parti dans tous les systèmes que vous pouvez imaginer.

 

M. le Rapporteur : C'est-à-dire ?

M. Joël BUCHER : Une bonne partie de l'argent est partie au Luxembourg, sur des comptes que nous avions ouverts depuis longtemps. Ce sont 600 comptes qui ont été ouverts depuis mon départ.

 

M. le Rapporteur : Ces comptes ont été ouverts au Luxembourg ?

M. Joël BUCHER : C'est compliqué parce qu'on ne conseille plus - je dois vous le dire puisque cela a été mon travail - à nos clients qui veulent blanchir - excusez-moi mais on le sait : Ces rétro commissions sont du blanchiment ! - d'aller en Suisse.

Depuis de nombreuses années, j'ai des recommandations de la part de ma direction de favoriser ce que l'on appelle la Sogenal au Luxembourg. Comme il y a des commissions rogatoires en Suisse, on ne conseille plus à nos clients d'y ouvrir des comptes.

Le Luxembourg sert de filtre, les fonds finissant souvent à Monaco sans que Monaco en connaisse l'origine.

 

M. le Rapporteur : S'il vous plaît, chaque chose en son temps : vous dites que 600 comptes ont été ouverts, mais ils l'ont été à Taiwan ?

M. Joël BUCHER : Ils ont été ouverts par Taiwan.

 

M. le Rapporteur : Par votre agence de Taiwan ?

M. Joël BUCHER : Par les agences bancaires de Taiwan qui ont reçu ces fonds !

 

M. le Rapporteur : Dont la vôtre ?

M. Joël BUCHER : Oui !

 

M. le Rapporteur : Vous dites que la Société Générale à Taiwan a fait ouvrir des comptes qui servaient de réceptacle à l'argent des rétro commissions, que l'essentiel de ces comptes a été ouvert dans vos succursales partout dans le monde, notamment au Luxembourg, et vous ajoutez qu'après votre départ votre agence a conseillé l'utilisation de Sogenal Luxembourg ?

M. Joël BUCHER : Oui et je dois dire que j'y ai également eu recours moi-même. Déjà, à mon époque, lorsque des comptes avaient été ouverts par le représentant de Thomson, on conseillait aux expatriés et à ceux qui recevaient des commissions d'ouvrir des comptes à la Sogenal Luxembourg. Mais il y avait un écran : Il faut que vous sachiez que Taipeh est un paradis fiscal puisqu'on a l'autorisation d'y ouvrir des banques off-shore. Moi-même, à Taipeh, j'ai créé une banque off-shore.

 

M. le Rapporteur : Qu'appelez-vous une banque off-shore ?

M. Joël BUCHER : C'est une banque en dollars qui échappe à toute réglementation.

 

M. le Rapporteur : Vous avez fait passer de l'argent de ces rétro-commissions dans cette banque off-shore ?

M. Joël BUCHER : Bien sûr, elle servait à cela !

 

M. le Rapporteur : Elle existe encore cette banque ?

M. Joël BUCHER : Je pense.

 

M. le Rapporteur : Comment s'appelle-t-elle ?

M. Joël BUCHER : Société Générale. Si vous voulez, c'est un bilan OBU (Offshore Banking Unit).

 

M. le Rapporteur : Expliquez-nous les détails de tout cela. Comment se monte une telle banque ?

M. Joël BUCHER : C'est très simple : Vous prenez un bilan en monnaie locale comme l'est ici un bilan de banque et vous créez des comptes en dollars et un bilan à part que vous ne fusionnez pas avec le premier et que vous ne déclarez pas aux autorités locales. Vous recevez un capital de votre siège en dollars.

 

M. le Rapporteur : Vous avez des documents à ce sujet ?

M. Joël BUCHER : Non, mais c'est quelque chose d'officiel : Les autorités de Taiwan ne diront jamais, puisque ce sont elles qui l'ont voulue, qu'elles ont interdit la création de ces bilans off-shore.

 

M. le Rapporteur : À votre connaissance, les banques concurrentes de la Société Générale qui ont des filiales à Taipeh ont, elles aussi organisé des banques off-shore ?

M. Joël BUCHER : Absolument !

 

M. le Rapporteur : Le Crédit Lyonnais, la BNP, Paribas ?

M. Joël BUCHER : Oui, même Indo-Suez !

Nous étions les premiers à le faire parce que la Société Générale programmait de nouveaux produits, des produits dérivés. Tout de suite elle s'est lancée dans des opérations folles qui ont atteint 1 milliard de dollars, à partir de ce que l'on appelait des margin accounts, des opérations spéculatives qui permettaient de faire des commissions sans argent, sans mise de fonds préalable. Autrement dit, on créait des opérations de change à terme : C'est inimaginable mais virtuel !

 

M. le Rapporteur : C'est-à-dire ?

M. Joël BUCHER : Il faut, à la base, que vous ayez une entreprise commerciale et je vous fais vendre à terme, c'est-à-dire au 31 décembre, des devises que vous n'avez pas ! Vous ne les avez pas, mais comme vous êtes censé avoir une activité commerciale, - ce n'est pas une obligation si le banquier est complice - vous vendez, à terme, plusieurs millions de dollars. Vous ne les avez pas et je vous les fais racheter avant l'échéance. Un mois plus tard, je vous dirai donc de racheter ces dollars, mais toujours à terme. À l'échéance, que fait-on ? On déboucle les opérations en espérant que vous en tirerez profit.

Cela étant, comme je fais cela avec l'agent de change de Hong Kong, je le fais au cours que je veux. Si vous voulez faire apparaître un gain de change, je vous donne de l'argent, si vous voulez faire apparaître une perte de change, je vous fais perdre de l'argent : il suffit que j'appelle mon agent de change à Hong Kong et que je fasse ce qu'on appelle « un cours hors-cote ». Entendez-moi bien : Cela se fait sans un « rond » et j'emploie le terme à bon escient ! C'est ce qu'on appelle le margin account et si ce n'est pas du blanchiment...

Vous voyez qu'il n'est donc pas nécessaire de transférer de l'argent pour faire du blanchiment. Il suffit d'opérations virtuelles !

 

M. le Rapporteur : Et vous avez fait beaucoup d'opérations de ce type ?

M. Joël BUCHER : Figurez-vous que j'en ai signé pour 800 millions de dollars.

 

M. le Rapporteur : Et cela concernait l'argent des rétro-commissions ?

M. Joël BUCHER : Bien sûr : C'était fait pour cela ! Il faut quand même qu'à la base il y ait quelque chose car on ne peut pas monter de telles opérations sans un contrat. Qui peut monter ces opérations ? Des gens qui sont supposés recevoir des devises. Si vous me demandez de vendre 500 millions de dollars, je vais vous demander...

 

M. le Rapporteur : ... d'où ils viennent...

M. Joël BUCHER : Non, justement ! Je vais vous demander de les justifier, non pas de les détenir, mais de me donner le change. Si vous me dites que vous êtes l'agent Thomson et que vous signez un contrat avec Taiwan, je vais naturellement vous les vendre vos devises, même si vous n'allez pas les recevoir et à plus forte raison si vous allez les recevoir !

Ce qui est vicieux, c'est que je vais mélanger vos opérations spéculatives « sans un rond » avec votre contrat. C'est ce qui se fait avec les expatriés : Ils arrivent avec un contrat dans lequel ils intègrent leurs rétro-commissions.

Je vais vous dire très sincèrement quelque chose : Aujourd'hui, ce ne sont pas les produits qui constituent le moteur de nos exportations, mais les montants des rétro-commissions. Vous m'entendez bien ? Je vous le prouve quand vous voulez !

 

M. le Rapporteur : Il va falloir que vous nous le prouviez !

M. Joël BUCHER : Il faut malheureusement attendre les résultats de cette enquête. Aujourd'hui, je veux vous prouver que ces 2,5 milliards de francs correspondent en bonne majorité à des rétro-commissions.

 

M. le Rapporteur : Alors reprenons vos explications qui sont fort intéressantes et qui nous donnent une vision précise du fonctionnement financier interne aux banques et, qui plus est, à nos banques.

M. Joël BUCHER : C'est le terme qui est vraiment redoutable !

 

M. le Rapporteur : Lorsque l'argent part à la Sogenal Luxembourg, quel est le comportement de cette filiale Société Générale par rapport à la législation anti-blanchiment luxembourgeoise ?

M. Joël BUCHER : Je n'en ai pas vraiment entendu beaucoup parler...

 

M. le Rapporteur : Ils vous ont téléphoné pour s'enquérir de l'origine de cet argent ?

M. Joël BUCHER : Jamais !

Écoutez plutôt. J'ai vu, un jour, un représentant de Marcos à la Société Générale de Taipeh. Il venait en limousine noire, accompagné par des gangsters. On était en cours d'inspection. À son arrivée, j'ai fait venir l'inspecteur de la Société Générale - vous m'entendez bien ? Je lui ai prouvé que ce monsieur déposait des fonds d'origine douteuse puisque quelques coups de téléphone m'avaient suffi pour savoir qu'ils venaient des Philippines. On parlait de plusieurs dizaines de millions de dollars qu'on nous proposait de garder pendant quelque temps pour faire ces fameux certificats de dépôt, et prouver que ces fonds n'étaient pas d'origine douteuse.

Quand l'argent arrive au Luxembourg mes collègues ferment les yeux car ils savent parfaitement que les directeurs de banque en place dans des endroits comme Taipeh ou Singapour, ne sont pas regardants.

Les choses en sont au point que l'inspecteur qui m'inspectait le jour de la visite de M. Marcos m'aurait accordé des bons points dans son rapport si j'avais accepté l'opération. Il n'a pas compris que je la refuse car le simple fait de conserver ces dépôts gratuitement pendant plusieurs jours nous aurait rapporté plusieurs centaines de milliers de francs.

Je dois dire qu'à cette époque-là, la législation n'était pas encore bien claire.

 

M. le Rapporteur : C'est vrai !

M. Joël BUCHER : Elle s'est éclaircie plus tard.

Seulement, après, quand nous sommes bien avertis, nous recevons le document tel quel sans explication et je n'ai jamais vu un collègue suivre cette réglementation, y compris en France où un texte peut vous impliquer sur le plan pénal...

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15 décembre 2012 6 15 /12 /décembre /2012 05:03

Ancien directeur général adjoint de la Société Générale à Taipeh

 

(procès-verbal de la séance du jeudi 22 mars 2001)

Présidence de M. Arnaud MONTEBOURG, Rapporteur

Présidence de la commission parlementaire : Vincent PEILLON…

 

M. le Rapporteur : Monsieur, vous nous avez écrit pour apporter votre témoignage à la Mission anti-blanchiment.

Je précise que la Constitution nous interdit d'entrer dans le domaine judiciaire et que nous n'aborderons donc pas « l'affaire des frégates », une instruction judiciaire étant en cours à son propos.

Ce qui nous intéresse, c'est la façon dont, à partir de commissions qui ont été à l'évidence versées et dont vous avez été le témoin, à Taipeh, l'argent est revenu s'injecter dans des circuits économiques normaux et légaux, ce qui constitue une opération de blanchiment.

C'est ce point précis qui nous intéresse dans la mesure où il nous permet de nous concentrer sur la description des mécanismes.

 

Pour commencer, pouvez-vous nous dire ce que vous faisiez jusqu'en 1992, à la Société Générale ?

 

M. Joël BUCHER : J'étais donc deputy general manager, c'est-à-dire Directeur général adjoint, et, à ce titre, je dirigeais pratiquement une entreprise de plus de 200 personnes.

 

M. le Rapporteur : À Taiwan même ?

M. Joël BUCHER : À Taipeh : nous n'avons pas ouvert de filiale à Kaohsiung malgré la signature du contrat de livraison des frégates qui devait s'y dérouler.

Je m'occupais particulièrement de promouvoir les sociétés françaises sur place dont Air liquide, Airbus, Matra, Alsthom...

 

M. le Rapporteur : Comment une banque peut-elle s'occuper de promouvoir des produits français ?

M. Joël BUCHER : Une banque détient beaucoup de sources d'information et je vais vous expliquer pourquoi.

Les services diplomatiques de la France établissent leurs statistiques sur la base des informations provenant des douanes qui mettent un an pour les collecter. Ensuite, il leur faut plusieurs mois pour les analyser et environ un an pour les publier.

En conséquence, lorsque les exportateurs français arrivent de France avec les informations de la DREE - Direction des relations économiques extérieures - ces dernières s'avèrent insuffisantes. Ils s'adressent alors aux postes d'expansion économique qui se fondent sur les informations communiquées par les douanes locales qui elles sont sujettes à caution et qui, comme en France, sont publiées tardivement.

Ne disposant pas d'informations actualisées, les exportateurs, à l'instar de ce qu'a fait M. Lagardère en 1987, par exemple, s'adressent aux banques qui, ayant les bilans des entreprises chinoises, payant les chèques, faisant les règlements ou les opérations de financement, sont au courant de l'orientation de l'économie. Elles ont pour clients des entreprises locales qui jettent un regard envieux sur les produits français.

Pour avoir été auparavant en poste à Londres et à Abou Dhabi, je peux vous dire que lorsqu'on est banquier on a, dans ces pays-là, une aura extraordinaire : tout le monde ne parle que du TGV, des Airbus, des Mirage... Par la suite, nous avons bien sûr, également entendu parler des frégates.

Le rôle des banques est donc très important, au niveau de la promotion, au point que j'avais même préconisé à mon siège de créer un service commercial pour vendre ces informations qui ont une forte valeur ajoutée. Avec les services Internet actuels, il ne serait pas impossible pour une banque d'assurer un service d'informations, de vendre un service relationnel. À partir du moment où nous avons des clients qui veulent acheter français, je ne vois pas pourquoi une banque ne ferait pas la promotion de l'activité de ses clients...

 

M. le Rapporteur : Ce sont là des problèmes internes à votre banque...

La Société Générale a confirmé que vous aviez été Directeur général adjoint de l'agence de Taipeh de 1987 à 1990 et que vous aviez quitté la Société Générale en 1992. Que s'est-il passé entre 1990 et 1992 ?

M. Joël BUCHER : Le placard...

 

M. le Rapporteur : Où aviez-vous un poste ? À Paris ?

M. Joël BUCHER : J'étais à Bordeaux, mais je n'avais pas de poste, pas de bureau, rien !

 

M. le Rapporteur : On ne vous a pas licencié ?

M. Joël BUCHER : Non ! Ensuite, j'ai été affecté dans une agence à Cannes.

 

M. le Rapporteur : En effet, ce n'était pas une situation de la même envergure !

M. Joël BUCHER : Non, et comme la retraite n'était pas ma « cup of tea », j'ai démarché Aérospatiale et, apparemment, cela a déplu...

 

M. le Rapporteur : Vous avez donc été le témoin de la signature de ce contrat historique. Vous avez déclaré à l'Agence France-Presse qu'il s'agissait d'un contrat de 16 milliards de francs puisque chaque frégate coûtait, disiez-vous, 1,5 milliard de francs. Cela vous paraissait surprenant, mais le contrat comprenait une commission de 2,5 milliards de francs...

M. Joël BUCHER : Absolument !

 

M. le Rapporteur : Cette commission n'était pas prévue dans le contrat puisque Taiwan était demandeur de ces frégates.

Vous vous étonnez donc de la présence de cette commission. Vous avez rédigé le contrat avec vos services et les juristes des deux parties ?

M. Joël BUCHER : Les choses se sont faites en deux temps : Il y a d'abord eu une lettre d'intention, qui était l'âme du contrat, signée au mois de juin 1990, au Grand Hôtel de Taipeh et dont j'ai effectivement participé à la rédaction. Je l'ai fait parce que j'étais le banquier local de la Sofrantem qui finançait la DCN et que j'étais le seul à pouvoir aider la Société Générale de Paris à ouvrir un crédit documentaire.

En effet, puisqu'il s'agissait d'un contrat commercial, il fallait faire un crédit documentaire : Livraison de frégates contre documents ! Il convenait également que la Banque centrale de la Chine ouvre un compte en francs français puisque le contrat était libellé en francs français, ce qui est difficile puisque la France ne reconnaît pas Taiwan. Cela permettait à la Chine populaire de dire : « Ce sont mes devises ! » et comme Taiwan était, à l'époque, la première réserve en devises au monde, vous imaginez les convoitises que cela pouvait susciter...

Quelques mois plus tard, Taiwan va d'ailleurs transférer l'équivalent de 30 milliards de dollars en francs français mettant le franc en position d'euphorie...

 

M. le Rapporteur : Cela signifie que des francs avaient été accumulés en réserve ?

M. Joël BUCHER : Taiwan avait 110 milliards de dollars de réserve qui ont, en partie, été convertis en francs, notamment en prévision de l'achat de frégates et d'Airbus. En outre, Air Liquide et Carrefour arrivaient là-bas : On parlait de 100 milliards de francs de contrats entre la France et Taiwan. Ces gens qui sont intelligents savaient qu'il leur fallait acheter des devises françaises !

 

M. le Rapporteur : C'était une des exigences françaises ?

M. Joël BUCHER : Il s'agissait surtout - j'étais en contact avec ces gens, et je peux donc le dire - d'une politique de Taiwan qui savait qu'en provoquant une hausse des achats français, il s'ensuivrait un renchérissement de la devise. Ils ont donc préféré l'acheter à terme.

Quand nous en arriverons à parler des opérations de blanchiment, je vous dirai que, si elles sont très difficiles à détecter en cash, elles sont carrément impossibles à déceler à terme. Or, il faut savoir que les Taiwanais joueurs sont les spécialistes du terme !

 

M. le Rapporteur : Expliquez-nous les raisons de votre surprise au regard du montant du contrat par rapport au produit.

M. Joël BUCHER : J'ai été surpris parce que j'avais, avant de partir, été en démarches à Brest et à Lorient où j'avais conservé des amis.

Quand je monte un dossier de crédits, je fais marcher le réseau de la Société Générale. J'ai donc interrogé la Société Générale de Lorient pour demander, une frégate se vendant comme une voiture, quel en était le coût. Je me souviens parfaitement que mon correspondant m'avait répondu que cela dépendait si elle était armée ou non, mais qu'une somme de 1,8 milliard de francs était un grand maximum.

En voyant le montant du contrat, j'ai fait un rapport à mon siège pour demander les raisons pour lesquelles il me fallait financer à un acheteur un montant qui s'élevait pratiquement au double, ce qui me faisait prendre un risque commercial important.

 

M. le Rapporteur : Quelle a été la réponse ?

M. Joël BUCHER : Rien !

 

M. le Rapporteur : Cela étant, l'accord entre le prix et la chose revient aux deux parties, et en l'espèce, aux deux États concernés...

Comment voyez-vous apparaître la commission ?

M. Joël BUCHER : Je ne l'ai pas vue tout de suite. Plus tard, alors que j'étais de retour à Taipeh, des amis de Taiwan ont attiré mon attention sur ce fait, et j'ai entendu des observations portant sur un autre contrat.

 

M. le Rapporteur : Expliquez-nous précisément dans quelles circonstances vous avez découvert l'existence de cette commission de 2,5 milliards de francs dont vous avez fait état à l'Agence France-Presse.

M. Joël BUCHER : J'ai, exactement, découvert cette commission au moment où je m'occupais de la promotion des produits Dassault.

À mon retour en France, j'ai eu l'occasion de rencontrer M. Li-Hsien, Attaché Commercial représentant le ministère des Affaires Économiques de Taiwan en France, qui m'avait demandé de lui présenter d'abord le directeur de la société Dassault à Bordeaux, ensuite M. Serge Dassault qu'il a rencontré à Bercy, en décembre 1991.

Comme il avait signé le contrat, il s'est tout de suite inquiété de son coût et il m'a demandé s'il était vrai que des commissions avaient été payées.

Je me suis alors livré à un petit calcul et j'ai trouvé une grosse différence entre les montants que la France déclarait à l'exportation et ceux que Taiwan déclarait à l'importation. Il s'agissait d'une énorme différence...

 

M. le Rapporteur : La France déclarait combien ?

M. Joël BUCHER : Je ne parle pas seulement de l'affaire des frégates mais de l'ensemble des contrats : Taiwan déclare des importations à hauteur de 135 milliards de francs et la France des exportations à hauteur de 75 milliards de francs.

Quand on prend le rapport de la DGA qui énumère ses exportations à l'étranger, celles vers Taiwan n'y figurent pas et n'apparaissent que dans un sous-total.

Excusez-moi de vous le dire, mais on voit bien qu'il y a un rideau de fumée qui est tissé.

Mon correspondant M. Li-Sien s'en inquiète et me demande pourquoi la France ne publie pas les résultats des marchés français à l'export, pourquoi les hommes d'affaires ne publient pas les fantastiques succès qu'ils enregistrent. Il s'en étonne d'autant plus qu'à cette époque-là, les exportations de la France sont du niveau de celles du Japon et dépassent largement les 50 milliards de francs alors qu'on en déclare moitié moins.

À ce propos, j'ai d'ailleurs constitué un dossier que j'ai remis au tribunal.

 

M. le Rapporteur : Ce ne sont pas des informations, mais des déductions ?

M. Joël BUCHER : Non, puisque, plus tard, j'ai été conduit à rencontrer M. Savignac, porte-parole de Dassault auprès de M. Bérégovoy - comme M. Dassault n'entretenait pas de bons rapports avec Bérégovoy, M. Savignac servait d'intermédiaire. C'est grâce à lui que le représentant de Taipeh a rencontré Serge Dassault à Bercy, dans les bureaux de Bérégovoy.

C'est ainsi que, petit à petit, j'apprends qu'il y a des « pratiques ».

 

M. le Rapporteur : Que vous a dit M. Savignac ?

M. Joël BUCHER : Qu'il fallait passer par « l'autoroute à péage » et qu'il avait l'autorisation de la CIEEMG - Commission interministérielle pour l'étude des exportations de matériels de guerre - ce que j'ai vérifié parce que je connaissais les procédures même si, à l'époque, je ne faisais pas de vente de matériel militaire. J'étais, en effet, chargé de la promotion du Mercure modernisé - on était loin du Mirage - qui intéressait les Taiwanais désireux d'acheter un avion court-moyen-courrier.

Or, très vite à Bercy, au lieu de parler Mercure, on a parlé Mirage. Lorsque M. Dassault s'est inquiété de savoir s'il pourrait vendre des Mirages, immédiatement, à Bercy, le représentant de Taiwan lui a fait savoir qu'il voulait soixante appareils. Cela s'est passé très rapidement et c'est plus tard que M. Savignac, m'a parlé de « l'autoroute à péage ».

 

M. le Rapporteur : Cela concernait un autre contrat !

Revenons à celui dont vous avez surveillé la signature...

M. Joël BUCHER : J'y reviens très précisément. Je ne disposais pas de cette information quand j'étais à Taiwan. Mais, en m'inquiétant de savoir si Dassault avait l'autorisation de la CIEEMG, j'en ai profité pour voir si cet organisme avait donné une autorisation pour les frégates : Je me suis alors rendu compte que c'était le cas et que les douanes et même le fisc avaient autorisé, très officiellement, la société Thomson à déduire fiscalement 2,5 milliards de francs de ses impôts.

 

M. le Rapporteur : Thomson qui a armé les frégates ?

M. Joël BUCHER : Non, Thomson a équipé les frégates en électronique pour la détection sous-marine : l'armement était interdit par Mme Cresson. Quand on parle d'armement, on fait allusion aux exocets qui, vous le savez, valent très cher : Les frégates sont des lanceurs d'exocets, mais les Taiwanais n'ont toujours pas équipé les leurs. Ils n'y ont mis que des canons qui, d'ailleurs, rouillent...

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5 février 2011 6 05 /02 /février /2011 08:14

 

Saluons l’initiative de « L’Ami-râle ».

 

Nous avions fait un peu la même chose avec « l’Ordre du Tartuffe ».

Avec des hauts et des bas : Difficile de se réunir par les temps qui courent pour le faire fonctionner idéalement !

Il nous faut mettre en place de telles mesures de sécurité pour protéger l’anonymat du « Haut Conseil des Sages », depuis que nous nous savons filocher, nos courriels espionnés, nos blogs respectifs décortiqués, analysés et lus en plus fauts-lieux, et nos lignes téléphoniques écoutées et décryptées, que ce n’est pas « facile ».

 

Le premier « méritant » des « Haddock d’or » reste le gendarme Francis Deswarte qui a à le premier découvert le corps du ministre Robert Boulin, « suicidé » pour « raison d’État-mafieux » le 30 octobre 1979 et qui tout d’un coup, la retraite acquise, son devoir de réserve levé, se confie à la presse...

Nous en avions déjà parlé ici et également là.

Un acte fondateur de la Vème République des despotes.

Puisqu’on a su ce jour-là « qu’ils » pouvaient aller jusqu’à tuer, même un ministre en exercice…

Et ça ne s’est pas arrangé depuis.

 

Il se souvient encore de la gelée blanche qui recouvrait la forêt de Rambouillet (Yvelines), ce matin-là. Le 30 octobre 1979, il a été le premier à apercevoir le corps de Robert Boulin à la surface de l'étang du Rompu. À 70 ans, ce retraité de la gendarmerie témoigne pour la première fois et met à mal la thèse du suicide, privilégiée par la justice depuis trente et un ans.

 

« Comment vous êtes-vous retrouvé au cœur de l'affaire Boulin ?

À l'époque, j'étais chef à la brigade motorisée de gendarmerie de Poissy. Le 30 octobre 1979, vers 7 h, on nous a appelés en renfort aux étangs. La mission était de rechercher « une haute personnalité susceptible de mettre fin à ses jours ».

 

Beaucoup de monde a participé aux recherches ?

Oui, il y avait des gendarmes, des policiers, des pompiers. On s'est réparti le secteur. Avec mon collègue, on est parti vers un petit chemin qui descendait. On s'est arrêté près d'un tas de bois pour fumer. Et derrière, j'ai vu une bagnole. Une 305. En levant les yeux, je l'ai vu dans l'étang. Il était à genoux. La tête hors de l'eau. Et il regardait vers sa voiture.

 

L'enquête a conclu au suicide par noyade. Avait-il vraiment la tête hors de l'eau ?

Oui, je suis catégorique. Robert Boulin n'est pas mort noyé. Ce n'est pas possible. Il était quasiment à quatre pattes. La tête hors de l'eau. Ma conviction, c'est qu'il tentait de ramper jusqu'à la berge. Et puis, il avait des traces sur le visage. Comme des griffures rouges.

 

Que s'est-il passé ensuite ?

Au bout de trente minutes, un ordre est tombé : nous avons été dessaisis de l'enquête. On m'a dit de rentrer chez moi. Je suis quand même resté sur place toute la journée.

 

Avez-vous été entendu ensuite ?

Ce n'est que deux ou trois mois plus tard que l'on m'a rappelé. Lors de l'audition, les policiers ont voulu me faire changer ma version. Alors que je parlais des traces sur son visage, ils m'ont expliqué que les pompiers avaient fait tomber le corps en le sortant de l'étang. Mais ce n'est pas vrai. J'étais là. Les pompiers l'ont sorti sans aucune difficulté.

 

Pourquoi parlez-vous aujourd'hui ?

Parce que cette affaire m'a marqué et que j'ai entendu beaucoup de mensonges. Il est temps de dire la vérité.

Vives Félicitations a u nouveau promus du « Haddock d’or 2011 ».

 

Seul bémol : Il aurait pu « causer » avant d’attendre 70 ans.

Mais comme on dit : « Mieux vaut tare que jamais » !

 

Au passage, nous saluerons tous ensemble et avec une immense et profonde révérence, l’initiative du « Capitaine Haddock ».

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19 septembre 2010 7 19 /09 /septembre /2010 03:47

 

20 ans après : La VRAIE histoire de l'attentat contre le Rainbow-Warrior

 

Incompétence, bureaucratie et avarice sont les vraies raisons d'un scandale qui retentit dans le monde en 1985.

Le 10 juillet 1985, la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure – les services secrets français) coulait le navire écologiste Rainbow-Warrior dans le port d'Auckland à l'aide de deux bombes magnétiques, attentat qui tua un photographe portugais.

Vingt années plus tard, après des centaines d'articles, de livres – et de désinformations – consacrée à l'évènement, il était temps de faire un bilan final de cette affaire.

 

L'organisation internationale « Greenpeace », créée en 1971 par des écologistes canadiens, des objecteurs de conscience américains et des pacifistes de toutes nationalités, base son existence sur une légitimité écologique, abstraite et supranationale, et auto-décrétée.

Alors que la légitimité des États, même les plus démocratiques et à constitution « représentative » des peuple est basée sur des lois précises dans des contextes nationaux.

Que ces deux conceptions portent à conflit est certain et sciemment décrété par les uns aux détriments de tous les autres.

 

L'affaire « Rainbow-Warrior » est l'un de ces conflits.

Ainsi, le 7 juillet 1985, le « Rainbow-Warrior », navire amiral de Greenpeace arrive à Auckland et s'amarre au quai Marsden.

Dans la nuit du 10 juillet 1985, peu avant minuit, deux engins hautement explosifs, qui avaient été attachés à la coque du « Rainbow-Warrior », détonnèrent à quelques minutes d'intervalle.

La force de l'explosion fut telle qu'un trou de trois mètres de large fut ouvert dans la salle des machines sous la ligne de flottaison.

Le navire coule en quelques minutes.

Plus tôt, environ 30 personnes avaient célébré à bord un anniversaire et au moment de l'explosion, 12 personnes, capitaine compris, étaient encore à bord.

Onze d'entre eux parvinrent à atteindre le quai après que le capitaine du bord ordonne l’évacuation du navire… à quai.

Fernando Pereira, membre d'équipage et photographe officiel est tué par la seconde explosion alors qu'il tente de récupérer son équipement photographique dans sa cabine.

 

L'affaire a été immédiatement traitée comme une enquête pour homicide sous la direction du détective principal Allan Galbraith.

C'est ainsi que va commencer une des enquêtes les plus vastes que la Nouvelle-Zélande aie jamais connue.

La découverte d'un Zodiac en caoutchouc abandonné avec un moteur hors bord et la vue d'un mobile home bleu et blanc conduit la Police à interroger un couple francophone deux jours plus tard, puis à les arrêter le 15 juillet…

Le « Rainbow-Warrior » préparait alors une campagne de protestation contre les essais nucléaires français dans les Tuamotu.

L'enquête de la police néo-zélandaise conduit à l'arrestation et l'inculpation, le 19 juillet 1985, des « faux époux Turenge », le capitaine Dominique Prieur et le commandant Alain Mafart, tous deux agents de la DGSE.

 

En août 1985, puis en mars 1986, la Nouvelle-Zélande émer des mandats d'arrêt internationaux contre trois autres officiers français, Gérald Andriès, Roland Verge et Jean-Michel Bartelo, nageurs de combat de la base d'Aspretto en Corse, accusés d'avoir transporté les engins explosifs de Nouméa en Nouvelle-Zélande à bord de « l'Ouvéa », un voilier loué à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie.

 

À la suite d'articles de presse parus en « Gauloisie barbouzarde » et à l'étranger mettant en cause les services secrets, le Président « Mythe-errant » demande le 8 août à « Fafa l’empoisonneur », Premier ministre à l'époque, une enquête qu'il confia à Bernard Tricot.

Le 25 août, celui-ci présenta un rapport qui « tricotait » un scénario qui mettant hors de cause le gouvernement français et la DGSE, dont le seul objectif, déclarait-il, aurait été « l'infiltration de Greenpeace ».

 

De révélations en démentis, la crise politique culmina le 20 septembre 1985 lorsque le ministre de la Défense Charles « Aire-nue » fut contraint de démissionner, le patron de la DGSE, l'amiral Pierre Lacoste étant limogé le même jour.

Deux jours plus tard, le Premier ministre « Fafa l’empoisonneur », dans une déclaration inattendue et spectaculaire à l'hôtel Matignon, révéla « la vérité cruelle : Ce sont des agents de la DGSE qui ont coulé le Rainbow-Warrior, ils ont agi sur ordre » et que ces faits avaient été cachés à M. Tricot.

 

Condamnés le 22 novembre 1985 par la justice de Nouvelle-Zélande à 10 et 7 années de prison ferme chacun, les faux époux Turenge furent confiés en juillet 1986 à la « Gauloisie des tropiques » pour être transférés sur l'atoll d'Hao en Polynésie française ; ceci en échange de l'engagement de l'État de « Gauloisie atomique » de les garder sur cette île en résidence surveillée pendant trois années.

 

« Débile » sur le plan politique car c'était bien du terrorisme d'État, contestable dans sa conception, l'opération contre le « Rainbow-Warrior » baptisée « Satanic » (on se souvient de Charles « Aire-nue » questionné par « Mour-ou-zy », « Qui a donné l’ordre ? – Le diable ! – C’est l’œuvre de Satan ? – Oui ! ») aura été d'un bout à l'autre un modèle de préparation bâclée, d'organisation approximative avec des effectifs pléthoriques conçus par de vrais amateurs qui devaient se prendre pour des « pros ».

Ce qui est souvent la norme dans le monde des services secrets qui attire des personnes dangereusement immatures et autres casses-cou qui ne grandissent jamais.

Cette opération « Satanic », alias « Oxygène » était aussi une extension de la volonté politique de continuer d'effectuer des essais nucléaires dans le Pacifique malgré l'hostilité de la Nouvelle-Zélande, de l'Australie et des « méchants écologistes » de Greenpeace qui mettaient « en danger la souveraineté, l'indépendance et la grandeur de la France ».

 

Selon diverses sources, l'idée aurait germé fin 1984 ou début 1985 au quartier général du Centre d'expérimentation du Pacifique (CEP) à Pirae, Tahiti, où le COMSUP, le vice amiral Hugues, s'inquiétait auprès du DIRCEN (Directeur du centre des essais nucléaires), l'amiral Fages, de la nouvelle campagne contre les essais nucléaires à Mururoa annoncée par Greenpeace.

Certainement voulait-on éviter un nouveau remue-ménage médiatique comme celui qui eut lieu lors de la « campagne de tirs » de 1973.

Avisé, Charles « Aire-nue » interrogea l'amiral Lacoste sur les possibilités d'une opération de sabotage du « Rainbow-Warrior ».

Le ministre de la Défense avait été impressionné par une précédente mission réussie du SDECE en octobre 1980 : une petite équipe du « service Action » avait réussi à couler le « Dat-Assawari », navire amiral de la flottille libyenne en plein milieu du port de Gênes.

Aussi les ordres donnés à l'amiral Lacoste furent-ils clairs : « Il faut envoyer le Rainbow-Warrior par le fond ».

L'amiral Lacoste prit tout de même ses précautions et se fit reconfirmer l'ordre par le chef d'état-major particulier du président de la République, le général Saulnier.

 

L'opération fut supervisée au cabinet « d’Aire-nue » par les colonels Heinrich et Fresnel du bureau des affaires réservées. À Matignon, le chargé de mission de « Fafa l’empoisonneur » auprès de la DGSE était le préfet Zilberzahn.

À la « Piscine » (QG de la DGSE), le chef du service Action (SA) était le colonel Lesquer.

L'auteur du plan fut le chef du bureau des opérations, le lieutenant-colonel Fabron, qui effectua personnellement des reconnaissances à Auckland.

 

L'équipe opérationnelle était constituée de 12 personnes.

Les effectifs étaient si disproportionnés que des sous-officiers étaient persuadés qu'il s'agissait d'un exercice.

Quant aux officiers, choqués par une riposte sans mesure avec la menace, ils renvoyèrent le plan à la hiérarchie pour confirmation de l'objectif.

L'ordre d'opération fut alors signé par l'amiral Lacoste, et le financement des « frais de mission » (1,2 million de FF de 1985) débloqué par Matignon sur les fameux « fonds spéciaux ».

 

À cette époque les services secrets français n'avaient pas d'agent « résident » en Nouvelle-Zélande bien que ce pays et son gouvernement travailliste (socialiste) était l'opposant le plus acharné contre les essais nucléaires de Mururoa et Fangataufa, éléments clé de la défense française. Le dernier « honorable correspondant » avait dû quitter le pays quelques années auparavant après la faillite de son entreprise de conserves de pâte d'huîtres.

La DGSE envoya donc un agent en avril et mai 1985 afin d'effectuer la reconnaissance des lieux et infiltrer Greenpeace.

Le choix de cet agent fut judicieux : comme les militants de Greenpeace Nouvelle-Zélande étaient essentiellement des femmes célibataires, ceci impliquait qu'inévitablement il y aurait des lesbiennes dans le groupe.

Suivant cette logique, l'agent choisi fut le lieutenant Christine Cabon, alias Frédérique Bonlieu, lesbienne avouée, une « spécificité » qu'elle dévoila même à l'anthropologue Bengt Danielsson, auteur du livre anti-nucléaire « Mururoa mon amour », qu'elle visita lors de son passage à Tahiti.

Ceci et une lettre de recommandation lui permit d'être acceptée au sein du groupe écologiste d'Auckland où, malgré une mauvaise humeur constante, elle se mit en ménage avec une journaliste écologiste d'un quotidien local.

Elle loua aussi à plusieurs reprises une voiture pour bien reconnaître les sites qui serviront de lieux de rendez-vous de l'équipage du yacht Ouvéa et du couple « Turenge ».

Sa mission terminée, elle prit l'avion pour Tahiti où, lors du colloque sur les récifs coralliens à Tahiti et à Moorea, elle se fit remarquer par son ignorance sur le sujet et un comportement étrange.

 

L'équipe chargée de livrer les explosifs avait loué à Nouméa le yacht Ouvéa, un sloop de 12 mètres.

Elle se composait de trois militaires de carrière, l'adjudant-chef Verges (Velche), les adjudants Andriès (Audrenc) et Bartolo (Barthelo) et d'un civil, le Dr Maniguet, lequel avait organisé la « croisière » par le biais d'une agence de voyage de la rue du Ranelagh à Paris.

Dès le début, Châtelain, le directeur de Nouméa Yacht Charter, « sentait » que quelque chose ne tournait pas rond. Au moment de l'appareillage de son yacht avec les barbouzes à bord, il déclarait à son voisin : « L'Ouvéa, on ne le reverra plus ! »

 

Rarement un groupe de « yachtsmen » se fera autant remarquer.

D'abord, faire de la plaisance sur ces côtes venteuses de la Nouvelle-Zélande en plein hiver austral est bien étrange et du genre masochiste.

Ensuite, les braves barbouzes se trompèrent de baie en faisant leur entrée en Nouvelle-Zélande, risquant leur voilier et se mettant en exergue vis-à-vis des services d'immigration néo-zélandais.

Bien qu'on doive admirer leurs talents de marins dans ces moments difficiles, on ne peut que s'étonner de leur comportement si peu discret par la suite.

En effet, une fois passé les formalités avec la police du port, nos agents très secrets devinrent exubérants et flambeurs et se mirent à draguer tout ce qui portait une jupe dans les bars, cafés et restaurants des différents petits ports du North Island.

Parmi l'une de leurs conquêtes figurait même l'épouse d'un officier de police du port de Whangarei, une dame coiffeuse.

 

Certainement le plus formidable consommateur de dames kiwi fut le Dr Xavier Maniguet, agent civil « freelance » de la mission. Selon un journaliste australien, les enquêteurs découvrirent qu'il réussit à coucher avec huit femmes différentes en l'espace de sept jours.

Flambant sans compter, le capitaine de l'Ouvéa louait les plus luxueuses voitures, logeait dans les meilleurs hôtels pour chasser la gent féminine, sa grande passion.

Il manque d'ailleurs de se faire « flinguer » sur l'île du Sud lorsqu'il séduisit l'épouse d'un chasseur d'opossum ; il dut s'enfuir par la fenêtre après que le mari fut rentré à l'improviste, lequel tira des coups de feu sur le séducteur en fuite.

Coureur de jupons incorrigible, il trouve à l'hôtel Sheraton d'Auckland une compagne moins d'une heure après son arrivée.

Une autre dame, conquise dans un bar, fut si excitée qu'elle emmena Maniguet à l'hôtel Regent et paya même la note de la chambre.

Le lendemain, la cousine de celle-ci accepta à son tour de subir avec plaisir les mêmes honneurs par le docteur français.

Si la réputation mondiale de la DGSE prit un sévère coup dans cette affaire, par contre depuis, chez les Kiwis, la réputation du « French lover » vit sa cote grimper à travers les frasques du « French Bomber ».

 

Comme les agents français ne passent pas inaperçus – c'est le moins que l'on puisse dire – leurs traces furent par la suite faciles à remonter pour les enquêteurs, tant elles étaient larges et leurs comportements voyants gravés dans les mémoires.

Dans un restaurant de Whangarei, l'équipe signa même le livre d'or de l'établissement, Raymond Velche avec un croquis de plongeur et un cryptique « Peut-être y a-t-il autre chose en N.-Z. »

 

Mais les agents les plus lamentables de cette équipe ont certainement été les « Turenge », le commandant Alain Mafart (alias Alain Turenge) et le capitaine Dominique Prieur (alias Sophie Turenge).

Supposé être en lune de miel, le couple se fera remarquer partout car Mme Turenge « faisait toujours la gueule » et parce que leur comportement entre eux étant glacial, tout comme envers les autres, une attitude très peu en phase avec leur rôle de nouveaux mariés.

Dès le départ, les deux espions étaient déjà handicapés par une grossière erreur dans la préparation de leurs faux passeports suisses : bien que supposés être « délivrés » à des années différentes, les numéros des deux passeports se suivaient presque, 3024838 et 3024840, mais ce ne fut qu'une erreur mineure face aux autres bourdes.

 

L'armée (dont fait partie la DGSE) était une administration de fonctionnaires régie par des fonctionnaires.

Un monde de carrières où seul le diplôme prime, car seule preuve de capacité acceptée par les textes administratifs.

Le capitaine Prieur fut donc choisie pour son agrégation d'anglais.

Le fait qu'elle parlait à peine la langue (elle dut même mettre des écouteurs lors du procès afin d'écouter le traducteur pour comprendre les débats !) n'avait donc aucune importance puisqu'elle avait le diplôme requis.

Un Français ayant grandi et vécu en Nouvelle-Zélande, qui parlerait donc comme les Kiwis et se fonderait ainsi dans la population comme un autochtone car intime avec leurs us et mœurs, ne pourrait pas être choisi pour cette mission par un tel système car il n'aurait pas les diplômes français exigés par l'administration !

La DGSE était donc piégée par son propre « carcan régulatoire ». La connaissance acquise par la vie et le hasard, par l'ordinaire et l'exceptionnel n'y ont pas de place puisque ces connaissances et atouts indispensables pour un travail discret à l'étranger ne peuvent s'exprimer par un quelconque diplôme français, seules valeurs reconnues par l'armée.

Parmi les participants à la mission « Oxygène » seuls Mafart (qui parle avec un accent américain), Maniguet et certainement Cabon, bien qu'elle prétendait le contraire, parlent un anglais correct acquis après des années de vie à l'étranger. Pour les autres, leur anglais donnait à rire s'il n'était carrément incompréhensible.

 

Pis encore, les petits ronds-de-cuir du service comptabilité de la DGSE ne semblaient alors ne pas faire confiance aux agents secrets qu'ils expédiaient à l'autre bout du monde.

Incroyable mais vrai, pour justifier leurs frais, les James Bond et autre Mata Hari de la « Piscine » devaient rapporter de leurs missions factures, reçus et autres justificatifs des dépenses.

Même les plongeurs de l'Ouvéa exigeaient partout des reçus pour leurs achats, acte bien incohérent avec leur rôle de plaisanciers supposés être en vacances.

Cette mesquine et minable paperasse fut ce qui confondit de suite les « Turenge » : lors de leur première arrestation, la police néo-zélandaise retrouvant dans le camping-car loué par le couple un paquet de reçus détaillant toutes leurs dépenses effectuées en Nouvelle-Zélande.

Avec les dates et localités de ces talons, les enquêteurs purent ainsi reconstituer en moins d'une heure deux semaines d'itinéraires, donc toutes les étapes des « Turenge », même apprendre les numéros de téléphone appelés depuis les hôtels… dont celui de la DGSE !

C'est ce qui leur permit de vite remonter la filière et faire la connexion avec la DGSE et « l'Ouvéa », et nullement par une hypothétique trahison ou grâce à l'aide des services secrets anglais comme on a par la suite tenté de le faire croire.

 

Pis encore, les « époux Turenge » étaient aussi des agents « grappilleurs » et mesquins. La police découvrit avec amusement que certaines des factures avaient été falsifiées : un zéro rajouté à une note d'hôtel de 35 dollars devenait 350 dollars ; chaque petit profit était recherché pour nos minables OSS ! Ce n'est donc pas uniquement la bureaucratie tatillonne qui aura trahi Mafart et Prieur, mais surtout l'avarice et la bêtise.

Leur parcours ressemble d'ailleurs à une vraie comédie digne des films de Laurel et Hardy. Leur comportement était tellement bizarre qu'ils se firent remarquer à tous les moments cruciaux de leur mission, à tel point que le numéro de la plaque d'immatriculation de leur caravane fut constamment relevé par des témoins.

La reconnaissance du terrain était tellement bâclée que des rendez-vous furent ratés.

À cause de cette mauvaise préparation, même le plongeur plastiqueur du « Rainbow-Warrior » dut faire un détour, se débarrasser de son hors-bord et ainsi se faire repérer.

 

Après l'attentat contre le Rainbow-Warrior, alors que tous les autres agents de la DGSE avaient réussi à quitter la Nouvelle-Zélande sans être pris, les « Turenge » eurent le comportement le plus incroyable et impardonnable : au lieu d'abandonner leur caravane sur le parking de l'aéroport et quitter immédiatement le pays par le prochain vol, ces espions de haut-vol se présentèrent au bureau de la compagnie de location de leur véhicule pour récupérer un trop perçu de… 130 dollars NZ (80 euros !!!).

Comme des témoins avaient déjà donné le numéro d'immatriculation du camping-car à la police en effervescence depuis l'explosion, l'agence de location avait été avisée de la recherche des « Turenge » depuis la veille.

Voyant les « Turenge » arriver, la jeune fille de l'agence réussit à appeler la police et faire patienter les espions, en prétextant que le directeur arrivait pour leur rendre les 130 dollars, pendant les 20 minutes nécessaires aux forces de police pour arriver et coffrer le couple.

C'est bien cette tentative mesquine de récupérer 80 euros qui permit la capture des « Turenge » et qui coûta par la suite à la France des dizaines de millions d'euros, ainsi qu'une atteinte terrible à son image.

 

Lors des interrogatoires, Dominique Prieur s'effondre et se met à pleurer. Le couple ne se rendit même pas compte qu'à un moment on avait introduit dans la cellule de détention un « mouton », à savoir un policier comprenant le français. Il put entendre des brides de leur conversation :

Mafart à Prieur : « Sois comme une montagne ! Ne bouge pas d'un pouce ! »

Prieur à Mafart : « Si on nous envoie en prison, est-ce qu'ils paieront toujours nos salaires et pensions à Paris ? ».

On voit quelles étaient les préoccupations patriotiques des « James Bond » du service !

 

La Nouvelle-Zélande est un État de droit.

Comme la police n'a toujours pas d'évidence solide – et qu'elle n'a surtout pas de réponse de Suisse quant à l'authenticité des passeports (c'était le week-end) – elle dut relâcher les « Turenge » au bout de 24 heures et les dirigea vers un motel d'où ils avaient une totale liberté de circuler.

Cette fois-ci encore, au lieu de disparaître dans la nature, ils restèrent plus de 36 heures dans leur chambre d'hôtel d'où ils appelèrent la DGSE à Paris (!), Alain Mafart partant uniquement d’acheter de nouveaux billets d'avion dans une agence de voyage et prenant contact avec un avocat.

Puis le télex d'Interpol arrive de Berne.

Incroyable : les passeports étaient des vulgaires faux, même pas des « vrais-faux ».

La police retourne à l'hôtel cueillir les « Turenge » pour les écrouer.

 

Le lendemain 16 juillet, le tribunal inculpe les deux espions et décréte qu'ils seraient libres en échange d'une caution de 2.000 dollars (1.200 €) chacun. Ils n'avaient pas l'argent et sur intervention de leur avocat, le tribunal revint sur la décision de cautionnement.

Incroyable mais vrai, ils se retrouvent libres une seconde fois, normalement jusqu'au procès prévu le 27 juillet.

Mais la police locale, consternée par la décision de justice, décide de vite trouver un nouveau chef d'inculpation : importation en Nouvelle-Zélande d'objets acquis par des moyens frauduleux (les faux passeports).

Là encore, entre-temps les Turenge ne profitent pas de l'occasion pour s'échapper et leur troisième arrestation, pour de bon, a lieu tard dans la soirée dans les bureaux de leur avocat à Auckland.

 

Deux fois libérés, les agents secrets n'ont pas une seule fois tenté de s'enfuir, de quitter le pays par une autre voie que l'avion régulier.

Aucun plan alternatif n'avait été prévu, aucune « maison sûre » n'avait été préparée, aucun réseau de secours n'avait été organisé.

Rien !

De l'amateurisme de A à Z.

Le président « Mythe-errant » ne s'y trompa pas et déclara : « Deux agents qui sont pris et qui téléphonent au ministre de la Défense. Des espions qui signent un livre d'or. Quels crasseux ! » (Attali, in « Verbatim ».)

 

Le lundi 4 novembre 1985, le colonel Alain Mafart et le capitaine Dominique Prieur comparurent devant la cour d'Auckland pour les premières auditions après avoir plaidé non coupable aux accusations d'incendie criminel, de complot en vue d'incendie, et meurtre.

Récemment restauré, le vieux bâtiment de la Haute Court d'Auckland a été choisi pour le procès.

Face à une assemblée de journalistes venus du monde entier, Mafart et Prieur modifièrent subitement leur façon de plaider.

Stupéfaits, l'assistance les écouta finalement plaider coupable d'incendie criminel et d'homicide involontaire.

Le procès du siècle, que l'on croyait devoir durer des mois et coûter des milliers de dollars, était terminé en une demi-heure.

L'avocat général expliqua au président de la Cour que l'accusation était prête à accepter une condamnation pour homicide involontaire, étant donné qu'il n'était pas prouvé que Mafart et Prieur étaient personnellement responsable de la pose des bombes, ni qu'ils avaient volontairement voulu blesser ou tuer.

Le 22 novembre, Mafart et Prieur comparurent à nouveau devant la haute Cour d'Auckland et furent condamnés à 10 ans de prison pour homicide involontaire et 7 ans pour incendie criminel.

En rendant son verdict, le juge Davison donna clairement son avis sur la possibilité d'une expulsion rapide : « Ceux qui viennent dans ce pays et commettent des activités terroristes ne peuvent espérer avoir de petites vacances et retourner chez eux en héros ». Pourtant, tel sera le cas…

 

En mars 2001, le quotidien « New-Zealand Herald » révéle qu'en 1985 le ministre des Affaires étrangères Roland « Du-Mât » et un député français avaient tenté de faire parvenir une caisse de vins fins de Bordeaux et une bouteille du meilleur cognac aux prisonniers Alain Mafart et Dominique Prieur, quelques semaines après leur emprisonnement.

Une mini bataille diplomatique avait éclaté à ce sujet, les fonctionnaires des prisons de Nouvelle-Zélande ayant refusé de faire suivre les cadeaux de Noël envoyés de Paris.

Le Ministre protesta en janvier 1986 par la voie de l'ambassade de la Nouvelle-Zélande à Paris et reçut une réponse laconique l'informant que l'on ne donnerait pas de traitement spécial au couple prisonnier : « Les boissons alcoolisées sont strictement prohibées dans des prisons de la Nouvelle-Zélande (...) nos autorités ne peuvent se permettre de faire une exception dans une question qui est si sensible en Nouvelle-Zélande ».

L'incident fut révélé par des documents du ministère de la Justice kiwi, « déclassifiés » après 15 ans, conformément à l'Acte officiel d'information de N-Z.

 

Pour libérer les « Turenge », le gouvernement « gaulois » négocia par trois fois. En échange de la promesse de les garder trois ans en résidence surveillée à Hao, la « Gauloisie nucléaire » accepta de :

- faire des excuses formelles et non qualifiées pour l'attaque contre le Rainbow-Warrior dans le port d'Auckland en 1985 ;

- payer à la Nouvelle-Zélande la somme de 7 millions de dollars US en compensation des dommages subits ;

- ne pas s'opposer à l'importation de beurre néo-zélandais vers le Royaume Uni en 1987 et 1988 ;

- verser 2 millions de dollars US à la famille du photographe tué dans l'explosion ;

- payer 9 millions de dollars US au Fonds d'amitié avec la Nouvelle-Zélande ;

- payer 6 millions de dollars à Greenpeace.

- ne pas s'opposer aux accords entre la Nouvelle-Zélande et la CEE concernant l'importation de viande de mouton, d'agneau et de cabris.

En plus le gouvernement de Paris accepta, sans faire de difficulté, de payer à la société Nouméa Yacht Charter 105.000 euros pour le voilier Ouvéa sabordé en mer.

 

Les bourdes et comportements de Mafart et Prieur ne méritaient pas de récompenses.

Pourtant les « guignols » des services secrets de cette affaire sortirent plutôt très bien lotis de ce fiasco. Touchant leurs soldes indexées (barème de l'ambassade de France) pendant leur emprisonnement en Nouvelle-Zélande, dès leur transfert sur la base militaire de l'atoll d’Hao, Mafart et Prieur verront celles-ci multipliées par 2,05 (comme tous les militaires en poste sur les « sites » dans l'archipel des Tuamotu), salaires exonérés d'IRPP auxquels se rajoutent les multiples primes octroyées à ces postes.

 

Le sort du voilier Ouvéa et la manière dont l'équipage est rentré en « Gauloisie reconnaissante » sont longtemps restés un mystère. Quelques désinformations ou inventions avançaient cette théorie de la fin de l'Ouvéa : « La DGSE n'avait aucun moyen de prévenir l'équipage de l'Ouvéa – chargé de convoyer les explosifs jusqu'en Nouvelle-Zélande – pour les empêcher de revenir en Nouvelle-Calédonie. Le bateau n'avait pas de radio protégée à bord. Un Breguet-Atlantique les aurait repérés et un ancien du service prêta son yacht afin de recueillir l'équipage après le sabordage du bateau ».

Une dépêche de l'AFP du 26/11/91, non signée, avançait que le 23 juillet, « l'Ouvéa » arrivait à Papeete, d'où les agents prirent l'avion pour Paris par l'une des liaisons hebdomadaires du COTAM (vol militaire en DC-8).

Tout à fait impossible car « l'Ouvéa » avait quitté l'île de Norfolk le 15 juillet et aurait ainsi dû voguer contre les alizés et parcourir 5.000 kilomètres en huit jours, parfaitement impossible pour n'importe quel voilier !

En revanche, la date du 23 juillet de l'AFP se combine parfaitement avec une autre théorie diffusée par les médias anglo-saxons, mais aussi par l'organisation Greenpeace : le sous-marin d'attaque nucléaire Rubis, en « visite de présence » dans le Pacifique Sud (cas unique pour un sous-marin nucléaire français !) fit escale à Nouméa pour y déposer le ministre « Aire-nue » à bord.

Le Rubis quitta la Nouvelle-Calédonie le 5 juillet, attendit au large de l'île Norfolk. Le 16, il se dirigea vers une balise radio émettrice déclenchée par l'Ouvéa (truffé d'antennes) au nord de l'île de Norfolk, fit monter à bord les membres de l'équipage qui sabordèrent le voilier en ouvrant les vannes, puis prit la route directe vers Tahiti où il arriva le 22 juillet.

Après son arrivée fortement médiatisée à Papeete, le capitaine du Rubis fit des déclarations étonnantes face à la presse et aux caméras de RFO (alors FR 3) télévision (nous citons de mémoire) : « Oui, nous faisons un voyage de présence dans le Pacifique… mais aussi quelques autres missions. »

Reporter de FR 3 : « Quel genre de mission ? »

Capitaine du Rubis : « Des missions secrètes... très secrètes ! » (Rires).

Le lendemain, comme annoncé par l'AFP, l'équipage de l'Ouvéa prenait l'avion de Tahiti vers Paris.

 

Après avoir passé moins d'un an dans les geôles néo-zélandaises, Dominique Prieur et Alain Mafart, arrivèrent le 22 juillet 1986 sur leur lieu français de détention, l'atoll de Hao.

Le mercredi 23 juillet à 2h30 (heure locale), un avion P3 Orion « turboprop » de la Royal New-Zealand Air Force (RNZAF) décolle de Wellington en direction du territoire français de Wallis avec à son bord Mafart et Prieur.

De son côté, le 22 juillet (heure de Tahiti, un jour en retard sur Wallis et Auckland, ligne de changement de date oblige), un jet Gardian, version militaire du Falcon Dassault, de l'escadrille 12S décolle dans la nuit de l'aéroport de Tahiti Faa'a pour une destination « inconnue ».

En fait, l'appareil, avec à son bord Gaston Flosse alors sous-secrétaire d'État au Pacifique Sud, faisait aussi route vers Wallis où il se posa vers 9 heures du matin, une heure avant l'arrivée de l'appareil de la RNZAF.

 

Les faux époux Turenge furent accueillis à l'aéroport de Hihifo par Gaston Flosse (qui menait là une mission demandée par le « Chi » Premier ministre de cohabitation d’alors), mais aussi par le préfet Clauzel, directeur de cabinet du ministre de la Défense.

Les poignées de mains et les embrassades furent filmées par un cameraman amateur qui fut immédiatement arrêté par les gendarmes de Wallis qui lui saisirent son matériel.

Alors que l'avion kiwi décollait vers son pays, le Gardian, terminait ses pleins et quittait Wallis pour un vol sans escale jusqu'à l'atoll de Hao.

L'on apprendra que le vol s'est effectué sans problèmes et que l'ambiance à bord du Gardian était des plus détendue.

« Prieur et Mafart n'étaient pas particulièrement affectés, mais visiblement heureux de quitter la Nouvelle-Zélande » confia l'un des participants à ce vol mémorable.

Vers 14 heures, alors que le Gardian passait à 8.000 mètres à la verticale de Tahiti, le champagne coulait à flot dans la cabine.

Vers 16 heures l'appareil se posait sur la piste de Hao où Mafart et Prieur étaient accueillis par le lieutenant-colonel Belli, commandant de la base.

Après une prise de carburant, le Gardian de la 12S quittait Hao pour Tahiti avec à son bord Gaston Flosse.

 

L'arrivée des deux agents à Hao suscita, comme on s'en doute, un vif intérêt des journalistes et surtout des photographes qui espéraient prendre des clichés des deux « détenus » de Hao.

L'armée, scrupuleuse du secret, mit en place un dispositif impressionnant destiné à protéger Alain Mafart et Dominique Prieur.

Les photos furent interdites sur le site militaire et même les appelés durent laisser leurs appareils photos sagement dans leur housse.

Par ailleurs la population civile fit, elle aussi, l'objet de contrôles, plus discrets toutefois mais tout aussi efficaces de la part des services de la sécurité militaire et tous les vols d'Air Tahiti pour Hao furent sévèrement contrôlés pour éviter l'intrusion sur le site de journalistes ou de curieux. Il est vrai que les photos des deux agents se seraient alors négociées une petite fortune.

Le secrétaire général de l'ONU par lequel l'accord entre la France et la Nouvelle-Zélande était intervenu, avait demandé et obtenu du gouvernement l'engagement qu'aucune publicité, interview ou commentaire ne serait fait autour de la vie des faux époux Turenge.

Ainsi, Hao avait soudain supplanté Moruroa en devenant le nouvel « atoll du grand secret ». Seul appareil photo habilité sur le site, celui du photographe de l'armée qui, un an après l'arrivée des deux agents, effectua des prises de vues d'une cérémonie de passation de commandement.

Ces clichés – sur lesquels apparaissait Dominique Prieur – trompèrent la vigilance des autorités militaires et furent remis aux quotidiens de Papeete afin d'illustrer cette manifestation.

 

Quoi qu'il en soit, la vie s'écoulait paisiblement sur l'atoll où le commandant Mafart partait faire de grandes virées en planche à voile, passant même quelques fois la nuit sur un des motu du lagon.

Soleil, cocotiers et lagon valaient assurément bien mieux que les geôles néo-zélandaises. Alain Mafart fut aussitôt promu « adjoint-terre » et Dominique Prieur « officier adjoint au commandant de la base ».

Le mari de Dominique Prieur, alors capitaine du génie commandant les sapeurs-pompiers de la caserne de la rue du Vieux Colombier à Paris, fut muté à Hao en étant promu commandant de la base.

En avril 1996, on apprenait que c'est le « Chi » en personne qui avait suggéré en 1986 à Dominique Prieur de tomber enceinte afin de pouvoir quitter l'atoll de Hao. S

elon Le Canard Enchaîné, elle resta néanmoins désespérément infertile malgré la présence sur l'île de son époux et plusieurs célèbres gynécologues de Paris durent alors faire le déplacement vers l'atoll auprès de Mme Prieur.

 

Mafart mit à profit son séjour pour préparer l'École de Guerre. Quant à Dominique Prieur, elle n'avait pas à se plaindre non plus de son séjour sur l'atoll, puisque outre son (léger) travail et ses loisirs, elle partait assez fréquemment et dans la discrétion la plus absolue à Tahiti, en infraction patente avec l'engagement fait par son pays devant l'ONU. Le cérémonial de ces voyages était immuable : Dominique Prieur était transportée depuis Hao (en Gardian la plupart du temps) et à son arrivée à Tahiti-Faa'a l'attendait une voiture avec chauffeur. Perruque vissée sur la tête, lunettes noires sur le nez, elle s'engouffrait dans la voiture puis prenait ses quartiers au « Iaorana Villa », l'hôtel militaire pour gradés de Punaauia. Ses sorties en ville étaient étroitement surveillées par les agents de la sécurité militaire, mais aucun incident n'a jamais émaillé ces escapades. Une seule fois, dans un magasin de vêtements du centre Vaima, elle fut reconnue, ce qui lui fit quitter prestement la boutique avant l'arrivée de la presse locale. Le soir même elle regagnait Hao...

 

Aucun des deux agents ne termina ses trois années de séjour à Hao, comme promis par la patrie reconnaissante.

Le 11 décembre 1987, un certain Serge Quillan, menuisier de profession, embarquait à Tahiti à bord du vol UTA UT 508 en direction de Paris.

M. Quillian, en réalité Alain Mafart, quittait la Polynésie au grand dam des Néo-Zélandais avec un autre vrai-faux passeport, après un séjour de 17 mois seulement sur l'atoll.

Des raisons de santé étaient alors invoquées pour justifier son « rapatriement sanitaire » mais elles s'avérèrent fausses et la « Gauloisie d’honneur sur parole » fut encore condamnée.

En mai 1988, Dominique Prieur, enfin enceinte, partit à son tour vers Paris, par avion spécial dans un grand tamtam médiatique, juste à la veille des élections présidentielles, ultime mais vain effort pour promouvoir le candidat du « Chi ».

Elle est restée en tout 22 mois sur l'atoll, et pas toujours, puisqu'elle fut plusieurs fois aperçue en train de faire son "shopping" à Tahiti.

À l'hôtel militaire « Iaorana Villa » de Tahiti, réservé aux gradés, on donna même discrètement le sobriquet de « suite Prieur » au bungalow que cette dame utilisait.

Le non respect de la parole donnée par les autorités eut, là encore, un certain effet médiatique en Nouvelle-Zélande.

 

Le Rainbow-Warrior fut renfloué le 21 août 1985. Après expertise, Greenpeace dut se résoudre à saborder le navire, les dégâts étant trop importants pour être réparés. Il fut coulé dans la baie de Matauri Bay, au nord d'Auckland, où un mémorial fut érigé.

C'est dorénavant une destination touristique prisée de Nouvelle-Zélande.

 

Le capitaine Prieur fut par la suite « planquée » au service statistique du ministère de la Défense à Paris et le colonel Mafart entra à l'École de Guerre.

En 1989, le commandant Mafart fut promu lieutenant-colonel, mais aussi chevalier dans l'ordre national du Mérite en mai 1991, puis promu colonel en 1994.

En juillet 1993, le colonel Louis-Pierre Dillais, commandant de l'opération « Satanic – Oxygène », fut nommé chef du bureau des affaires dites « réservées » au ministère de la Défense.

 

L'affaire du Rainbow-Warrior resurgit brièvement dans l'actualité en novembre 1991 lors de l'arrestation par la police helvétique de Gérald Andriès, l'un des nageurs de combat de l'Ouvéa. Lors de la conclusion des accords de compensation, le gouvernement français avait tout simplement oublié d'exiger de la Nouvelle-Zélande la levée des mandats d'arrêts internationaux.

Le 18 avril 1995, lors de l'émission « Foreign Correspondant » diffusée sur la chaîne nationale australienne ABC, le directeur du contre-espionnage français (la DST) de l'époque, Yves Bonnet, interviewé par Justin Murphy, précisait que l'ordre de la mission contre le Rainbow-Warrior avait été donné par le président « Mythe-errant » en personne...

 

Quant au docteur Maniguet, dans sa retraite du pays de Caux, au cœur de la vallée de Saâne, il goûte ses quelques instants de répit au bord de ses étangs où croisent de nombreuses nichées de canards. Un havre de paix qu’il a entièrement façonné depuis trente-cinq ans sur ses terres natales.

Un répit, pause de quelques jours avant de reprendre ses bagages et de voyager à travers le monde car, confie-t-il, « j’ai la bougeotte, c’est plus fort que moi, je ne peux pas rester longtemps en place ».

Et puis le calme avant une probable tempête médiatico-politique qui devrait accompagner la sortie de son ouvrage « French Bomber ». Enfin la vérité sur le Ie Rainbow Warrior.

 

Médecin de formation, « mais ça n’a jamais été franchement ma passion », colonel de réserve, baroudeur, spécialiste des requins, instructeur de pilotage et de voltige aérienne, moniteur de plongée, parachutiste, Xavier Maniguet touche un peu à tout, pourvu que cela roule, vole ou flotte. La médecine lui a surtout ouvert des portes, « celles du monde entier ». Une opportunité de voyages qui lui fait connaître le monde du renseignement et des agents secrets.

Un univers qu’il fréquente avec assiduité et sens patriotique développé, « comme un bon petit soldat, jusqu’au bout » évoque-t-il à de multiples reprises dans son ouvrage.

 

Un beau jour de 1985, on lui confie une mission, de ces missions des plus ordinaires au cours de laquelle il va pouvoir s’adonner à l’une de ses passions, le nautisme. Sous son vrai nom – alors que tous ses coéquipiers utilisent des pseudos – il va louer un voilier en Nouvelle-Calédonie, l’Ouvéa. Un voilier à bord duquel il va voyager avec trois plongeurs.

 

La mission secrète devient une affaire planétaire. L’onde de choc est titanesque. Et Xavier Maniguet très vite sous les feux de l’actualité. En Australie tout d’abord où la police le recherche rapidement. Interrogé, il ne craque pas, ne lâche rien. De retour au pays, il ne « mouille » personne malgré les interrogatoires qui se succèdent et de soudaines fuites dans la presse.

Xavier Maniguet dénonce un véritable lynchage dont il dit avoir été victime, s’appuyant en cela sur une multitude d’indices qui, à ses yeux, prouvent des implications au plus haut niveau de l’État, « dès le début des soupçons des Kiwis (Les Australiens) certains ont donné le feu vert pour que l’on me mouille sans scrupule, comme un vulgaire malfrat… »

 

Pas préparé à cela, il voit déferler chez lui tous les médias nationaux, « une vraie chasse à l’homme. Ma surprise n’est pas de voir l’affaire éclater mais de constater que j’en suis quasiment l’unique et seul objet ». Durant de nombreuses semaines les « révélations » se succèdent dans la presse hexagonale, un grand quotidien du soir donnant le La. Xavier Maniguet prend conscience que son existence peut être en danger : « On me considère comme une bombe à retardement, à ne surtout pas bousculer, échauffer ».

 

L’enquête néo-zélandaise avance alors à grands pas, « mais grâce à des informations de première qualité qui ne doivent rien à des talents de Sherlock Holmes… ». C’est son point de vue.

Les services néo-zélandais disposent en effet soudainement d’informations de première main des renseignements généreux, qui vont « jusqu’à des numéros secrets de la DGSE ! »

Effectivement…

Écœuré, Xavier Maniguet parle d’une « incroyable trahison que rien ne justifiera jamais. Plus de vingt ans après les faits on attend toujours une explication inavouable ».

Trahison également à ses yeux que la révélation des véritables identités des faux époux « Turenge »

 

Alors, pourquoi parler vingt et un ans après ? « Parce que j’ai de plus en plus honte d’être français, lâche brutalement le médecin colonel. Les Américains, les Africains, les Indiens… rigolent de nous. Que dire lorsque l’on voit le Clémenceau, quasiment arrivé à destination, faire demi-tour ? Il a été accompagné plusieurs semaines par une frégate avec trois cents hommes à bord ! C’est ridicule et nous sommes grotesques ! »

Dégoûté tout autant par « trente années de marasme politique », il a voulu, par cet ouvrage, remettre les pendules à l’heure. Ses pendules tout d’abord, car ce livre fait le pendant d’un autre qu’il a sorti en 1986, « un livre de désinformation pure pour mettre hors de cause ceux qui pouvaient encore l’être ».

Le déclic est arrivé aussi par la diffusion récente de deux reportages à la télévision « qui ne reflétaient pas du tout ce qu’était cette affaire. Toujours soumis au devoir de réserve, il garde pour lui quelques secrets d’État mais tout ce que je dis dans ce livre est vrai.

En fait, je suis un vieux con, attaché à la parole donnée, au respect de l’amitié, au souvenir de mes camarades d’action, patriote dans l’âme avec la notion de service désintéressé ».

 

Et aujourd’hui encore, peut-il être inquiété, voire en danger ? « Franchement, je ne le crois pas, je ne pense pas que l’on remettra le couvert même si j’avoue des choses dans le bouquin et puis, à vrai dire, je m’en moque » soupire ce « vieux briscard » qui voit aussi dans cet ouvrage sa catharsis : « Seules des valeurs surannées, comme mon sens de l’honneur ou l’obligation de réserve, me rendirent autiste sur une affaire où j’avais pourtant été traité avec légèreté ».

 

Xavier Maniguet n’épargne ni le monde médiatique ni celui de la politique à l’exception notable « d’Aire-nue », ministre de la Défense et donc en première ligne dans le rôle du fusible, « lui qui faisait tout pour sauvegarder ses agents sachant très bien que sa carrière politique était d’ores et déjà terminée, quoi qu’il fasse ». Il n’épargne pas davantage la « balance » de cette affaire, en l’occurrence l’un de ses coéquipiers qui a alimenté en informations précieuses presse et éditeurs.

Un brûlot qui rouvre des plaies jamais vraiment cicatrisées et dans lesquelles il remue le couteau, dégoûté de voir « que certaines personnes occupent désormais des postes de prestige dans la Vème République, en toute impunité. Aux USA, jeter des agents en pâture est un crime ».

 

Au final « un énorme gâchis » qui devrait faire réfléchir sur les interactions politico-médiatiques, les raisons d’État devenues raisons personnelles. Et cette affaire pour les services secrets, « une grosse épine dans un paquet de réussites flamboyantes… dans l’ombre ».

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10 mai 2010 1 10 /05 /mai /2010 04:16

 

« Depuis que tu es à l’Élysée, je suis inquiet »

 

Chez Grasset : « Ca va mal finir ». Bon d’accord, je n’ai pas trop le temps de lire. J’ai ce bouquin-là dans le « garde-manger d’enculturage », coincé entre « Solde de tout compte » de Santoni et l’affaire Erignac, un crime d’État dans la gondole « affaire corses ».

C’est que l’homme, sa famille est originaire « du pays », même s’il est né ailleurs : les racines, c’est comme ça, ça ne s’oublie pas !

Et puis j’ai VCRM - ou ma petite-soeur ? Je ne sais plus - qui a le temps de lire plus que moi, en tout cas autre chose que le Journal Officiel de la République.

De temps en temps, il (elle) m’envoie une fiche de lecture.

Morceaux choisis, juste pour se souvenir…

 

« Ça a débuté comme ça.

Une élection, une fête, du Champagne.

Et du chiffre d'affaires au mètre carré.

C'était pétillant. Je n'allais pas bouder mon plaisir puisque j'avais voté pour lui. [...]

 

Naturellement mon cote gaulliste avait quelques regrets. La France prenait des allures de grande surface, et parmi les candidats mon produit était en tête de gondole.

La publicité et les promesses s'accompagnaient l'une l'autre comme deux petites voleuses qui font les sacs à main. Ensemble tout était possible.

J'étais heureux qu'on soit ensemble.

C'est étonnant comme on aime à croire ce qui n'est pas croyable.

 

Il a fallu plusieurs mois pour entendre parler de faillite. L'homme de Matignon, Mon le velouté, s'était laissé aller.

Faillite ! C'est un mot que l'on aurait aimé entendre au mois de mars, avant l'élection... Au moment des giboulées. On s'y serait fait. Moi, je pensais à Churchill : « Je n'ai à vous offrir que de la sueur, des larmes et du sang. »

Et Londres bombardée tous les soirs. Nous, on allait très bien. Merci.

La dette faisait à peu près l'équivalent du budget de l'Education nationale. Les intérêts seulement ! Pas le capital.

Je me disais : ça va être bien. On pourra faire deux fois plus de lycées... Il suffira de rembourser ce que nous devons, de revenir à l'équilibre et le tour sera joué ! D'autres le font autour de nous. C'aurait été une promesse de grande qualité.

Un millésime rare au rayon de l'œnologie politique. J'avais oublié que la dette, c'est comme la morphine : du bonheur immédiat ! On a donc choisi la béatitude. [...]

 

Dès le lendemain, on ne fut pas déçu : la retraite monastique bercée par le clair de lune sur un scénario de Fitzgerald, le clapotis des flots au large de Malte, puis aussitôt après le déferlement des milliardaires, la chasse aux nigauds baptisée modestement « ouverture », les infirmières bulgares, le drapeau tricolore relooké par Prada, les intermittences du cœur sous les ombrages de la Lanterne, un gouvernement tétanisé par les engueulades, les escapades à Saint-Tropez, enfin les bien-aimés du pouvoir, le gratin du Bottin mondial : Chavez, El-Assad, Kadhafi, Poutine... Les cancres du passage en terminale de la démocratie. Je commençais, petit à petit, à bouffer mon bulletin de vote. [...]

 

Sarkozy, c'est Glenn Gould en moins délicat. Il joue avec les mots sur son piano. Un artiste. Comme l'interprète canadien, il accompagne ses partitions de soupirs, de mouvements du visage qui donnent à la pièce jouée la permanente allure d'un chef-d'œuvre. Mais ce n'est pas du Bach.

Prenons l'exemple de ses rapports avec la police. Ils ont séduit une droite qui ne plaisante pas avec ces choses-là, ils ont alimenté ses nombreux discours, et sans doute, comme pour tous les enfants, marqué son parcours. Voilà une institution qu'il aime. Il s'y plaît. [...]

 

Sarkozy ne parle pas de la police. Il est la police. Il est l'ordre.

L'ordre seulement, mais l'ordre complètement. Sa doctrine est faite : les loubards des banlieues n'ont pas de problèmes sociaux, ni de logement, ni de culture, ni d'emploi. Les pédophiles n'entrent pas dans la catégorie de l'acquis mais dans celle de l'inné, les récidivistes que la prison a largement amochés doivent y retourner le plus vite possible.

Ils ont été jugés ? Aucune importance.

Pour le même délit, déjà purgé, on va inventer « un suivi » en milieu fermé, c'est-à-dire une deuxième prison qui s'ajoute à la première, mais sans jugement. À quoi bon ? C'est l'État qui doit décider, c'est-à-dire l'exécutif, c'est-à dire la police.

Il semble que notre président n'ait lu ni Tocqueville, ni Montesquieu, ni Benjamin Constant, il semble que la séparation des pouvoirs lui soit une énigme.

Si l'on rend la justice Place-Beauvau, ce sera plus rapide. Et surtout plus près de l'Élysée. [...]

 

On se souvient qu'il répétait volontiers qu'on ne faisait appel à lui que dans les moments désespérés. Alors il arrivait, soulevait le RPR et l'exaltait en quelques jours, redressait le budget de la nation, rendait à la police la confiance qui lui manquait. [...]

 

C'est vrai, on aurait dû se méfier. Dans le monde sauvage des animaux politiques, il ne faut pas être sur le passage d'un prédateur. Je le sais, j'ai traversé imprudemment la savane.

Chirac était un carnassier débonnaire. Avec lui, on était mort, mais c'était sans rancune. Chacune de ses victimes, antilope déchiquetée et consentante, devenait digne d'une amitié nouvelle définitivement inoffensive.

Avec Sarko, c'était différent. Le fauve avait – si l'on peut dire – une mémoire d'éléphant.

Un jour, me parlant justement de Chirac, il m'avait dit : « François, n'oublie jamais ceci : je suis fidèle à mes ennemis. » J'en ai encore froid dans le dos.

 

L'ouverture n'a rien changé à cela. Elle donne à la victime un côté comestible qui la fait s'aplatir avec une docilité déconcertante. La douceur de Jack Lang dans ses approches concentriques du pouvoir fait penser aux roucoulements des pigeons qui ne voient pas, dans la casserole, les olives dont ils seront bientôt entourés. [...]

Et je crains que la belle histoire qui nous est racontée du haut de l'Élysée ne se termine mal. Parfois je ne peux empêcher un certain malaise de venir en moi. J'essaie de le chasser et il revient. Je prends un livre et ça revient de plus belle. [...]

 

Depuis que tu es à l'Élysée je suis inquiet. Qu'est-ce qui t'a pris exactement ? Je lis dans un journal que désormais la police française arrête des enfants...

J'ai suivi avec consternation le morceau de Grand-Guignol qui t'a mis dans les bras de Kadhafi...

J'apprends que tu as une « plume » qui te fait dire des bêtises...

Il paraît que tu n'écoutes plus ceux qui t'entourent...

Tu aurais même traité mon ami Martinon d’« imbécile »...

Et ce pauvre Mon avec ses beaux yeux de labrador...

C'est pas bien tout ça, Nicolas. Je te le dis parce que nous avons grandi ensemble. [...]

Et puis ces histoires d'ADN pour le regroupement familial, ce n'est pas toi ! Tu t'es fait déborder par quelques malades de l'UMP Des frénétiques... [...]

 

Tu as eu raison de citer Guy Môquet. Cette jeunesse-là, intacte et fervente, qui s'abat d'un seul coup, laissant derrière elle le grand silence du courage, cette jeunesse-là, elle est belle et sans doute plus belle que la nôtre...

J'aurais aimé qu'à côté de Guy Môquet tu cites Aragon, celui de « l'Affiche rouge ». Parce qu'il parle de Manouchian et que le poème d'Aragon est lové dans l'écriture de la dernière lettre du futur fusillé.

Pourquoi dis-je cela ? Parce que ces étrangers « mais nos frères pourtant » ont davantage honoré la France que ces « bons Français » qui tranquillement la salissaient à Vichy.

Parce que ce sont souvent des étrangers qui ont aimé notre pays plus que nous ne l'avons fait.

Parce qu'ils portaient « des noms difficiles à prononcer », parce qu'ils considéraient que peut-être dans le mot France il y avait un désir de droit et – qui sait – une résistance cachée… »

 

Extrait : « Ca va mal finir », par François Léotard, Grasset, 138 pages, 10 euros. 2008

 

Ce que j’aime bien avec « mon cousin », c’est que quelque part, ses mots n’ont pas pris une seule ride.

On pourrait même en rajouter quelques-uns.

Mais à quoi bon, n’est-ce pas ?

Le mot « résistance » s’est cassé lourdement sur les « contingences du quotidien ».

Maints « rendez-vous » avec l’Histoire ont passé sous le pont entraîné dans le flot impétueux de l’événementiel.

Et quand le flot de la mer se retirera, que restera-t-il de ces 5 années dont nous avons encore et encore à boire jusqu’à la lie les deux dernières ?

 

J’angoisse.

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