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Les Ex-Archivés

Amis visiteurs !

Oui, entrez, entrez, dans le « Blog » de « l’Incroyable Ignoble Infreequentable » !
Vous y découvrirez un univers parfaitement irréel, décrit par petites touches quotidiennes d’un nouvel art : le « pointillisme littéraire » sur Internet. Certes, pour être « I-Cube », il écrit dans un style vague, maîtrisant mal l’orthographe et les règles grammaticales. Son vocabulaire y est pauvre et ses pointes « d’esprit » parfaitement quelconques. Ses « convictions » y sont tout autant approximatives, changeantes… et sans intérêt : Il ne concoure à aucun prix littéraire, aucun éloge, aucune reconnaissance !
Soyez sûr que le monde qu’il évoque au fil des jours n’est que purement imaginaire. Les noms de lieu ou de bipède et autres « sobriquets éventuels » ne désignent absolument personne en particulier.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies) y est donc purement et totalement fortuite !    
En guise d’avertissement à tous « les mauvais esprits » et autres grincheux, on peut affirmer, sans pouvoir se tromper aucunement, que tout rapprochement des personnages qui sont dépeints dans ce « blog », avec tel ou tel personnage réel ou ayant existé sur la planète « Terre », par exemple, ne peut qu’être hasardeux et ne saurait que dénoncer et démontrer la véritable intention de nuire de l’auteur de ce rapprochement ou mise en parallèle !
Ces « grincheux » là seront SEULS à en assumer l’éventuelle responsabilité devant leurs contemporains…
1 novembre 2011 2 01 /11 /novembre /2011 04:42

Celui-là, il n’était pas vraiment de « ma bande »…

 

Mais je l’aimais bien quand même. Un juriste-fiscaliste assez « pointu », enfin, ce n’est pas tout-à-fait le mot exact : Disons que lui, il faisait dans la « dentelle » et que c’était pour le moins particulièrement « carré ».

Avocat de formation que j’aurai dû croiser au BEFEC (mais comme je n’y suis pas resté assez longtemps pour être versé « junior-TVA-agricole » d’entrée de jeu…), où il a fait une bonne partie de sa carrière avancée (nous ne sommes décidément pas de la même génération) dans le « haut de bilan », je l’ai rencontré par hasard des années plus tard.

 

D’abord chez le « Cousin jean » (Tiberi), les soirs de victoire (et elles furent nombreuses), puis dans son cabinet fondé avec des « ex-Lefebvre », toujours dans la fiscalité du « haut de bilan » où j’ai pu retrouver mon ancien « prof de direct » en Master II (on n’appelait pas ça comme ça à l’époque : On disait 3ème cycle).

Qui se souvenait de moi encore 20 ans plus tard, celui-là, son seul étudiant à avoir eu un 17 sur une copie de 5 heures, lui que qui quand on avait eu la moyenne, on était vraiment ravi…

Moi, j’en ai eu la mention, ma seconde ! Pas mal pour un cancre, non ?

Depuis, je sais comment ça se passe pour être passé derrière la barrière, alors je… relativise.

 

Faut dire que ce jour-là, je lui ai avoué avoir eu comme prof, l’année d’avant, notre « pape à tous les deux », à savoir Maurice Cozian, en maîtrise (On dit « Master I », je crois, maintenant) : Ils étaient tous les deux bourguignons et se tutoyaient.

Avec Cozian, j’avais aussi eu la meilleure note de maîtrise, qui m’a valu ma première mention bien (Coefficient 8, je crois me souvenir : Ça aide !), d’autant qu’à la fac, c’était denrée rare les mentions : Le doyen veillait au niveau général !

Et lui aussi, Cozian, se souvenait de moi : On entretenait une relation épistolaire au tout début d’Internet (du temps de Compuserve et ses adresses courrielles avec que des chiffres… Toute une époque révolue !) : On n’était pas nombreux à être capables de trouver tous les pièges qu’ils mettaient dans ses exercices (depuis publiés aux annales bien faites, mais simplifiées pour ne pas dévoiler ses « petits secrets » de notation).

 

Bref, tout ça pour vous dire que « J-L. » je l’ai ensuite rencontré en « garden-party », lui bichant entre ses « vieilles-auto » dont il était fan, et son « harem de jeunettes » (pas moins de 40 balais : Une autre génération, je vous dis !) aux aguets, où il pavoisait en étalant parcimonieusement son immense culture et surtout ses très nombreux bons mots.

On s’apostrophait de loin, moi, mon double quintal, mon 130 de TP bonnet « B », mon 47 fillette et moi-même, lui avec son air fluet, sa tronche souriante, sa silhouette longiligne, souple sur le mollet et lui-même, on était aussi grand l’un que l’autre (dans les 185/186 cm), tel qu’aucun ne pouvait toiser l’autre, sur des questions… fiscales, naturellement !

Le lieu idoine pour causer des derniers développements jurisprudentielles ou des « grands principes », les semelles dans la gadoue, le verre à la main, la sono balançant du Jazz dans le jardin de sa grande maison (ou d’autres), parfois entourés d’autres « avocalieux » qui ne suivaient pas vraiment nos références communes.

Il avait pourtant plaidé (enfin il en causait comme si que) du seul arrêt existant dans le corpus des décisions de la Cour de Cassation (Ch. Civile) sur la valeur d’une part de société civile à capital variable, que moi j’exploite un maximum pour éviter de payer de l’ISF, des Plus-values et des droits de mutation (une autre génération je vous l’affirme !) que lui en défendait avec succès le principe de la prééminence que « pacte social » (les statuts de la société) dès lors qu’il ne contrevenait pas à une mesure d’ordre public.

Un « truc » marrant pour un « optimisateur » !

 

C’est dans son jardin que j’ai pris mon premier gadin aux échecs : Pas vu l’arrivée du fou !

C’était bien avant et j’étais en culotte courte, à l’époque. Je me suis rattrapé depuis et j’ai laissé tomber quand j’ai commencé à avoir du poil au menton : Trop chronophage et j’avais d’autres priorités à assumer auprès des porteuses de jupon.

Un jardin bâti sur des déblais et remblais extraits de la carrière attenante épuisée d’avoir été exploitée, tenu uniquement par un grand sapin planté au milieu.

La maison filera dans la vallée de la Marne quand le sapin mourra.

Il ne le verra pas, il est mort avant, pas tout-à-fait avant son troisième roman encore à peine ébauché[1].

 

Naturellement, je passais par-là, j’ai vu de la lumière, je suis rentré, des fois qu’il y ait des petits fours à becqueter.

Il n’y avait que des hosties et le vin de messe n’a même pas été partagé.

Donc je me suis tenu en arrière, un peu écœuré de la gerbe de fleur de « l’Association des docteurs en droit » lui rendant hommage : Il y avait un « S » à « droit ».

Moi, je ne savais pas…

Triste moment.

 

Plein de monde pour lui rendre hommage, quelques têtes connues du barreau, aucun « politique » (pourtant, pourtant…), plein d’amis, les « ceux-ce » de son club des vieilles mécaniques.

Pas tous : Y’en a qui ont du mal à se déplacer… à leurs âges avancés.

Quand « les vieux » voient partir l’un d’eux, sans savoir pourquoi, ils sont tristes.

Moi, je savais qu’il a été emporté par son « crabe » qui le bouffait de partout depuis presque un an.

Lui qui n’a jamais fumé de sa vie, et ne picolait pas plus que ça, c’est quand même dommage !

De l’inquiétude de la première « trace suspecte » à l’occasion d’une radio de routine, à la chimio qui s’attaque à toutes les métastases prises de folie…

Enfin passons : On est tous nés pour mourir un jour.

C’est ce qu’il y a dans l’intervalle qui reste important.

 

Si je vous en parle aujourd’hui, c’est parce que je sais que je vais oublier et que son épouse va lire ce message, forcément, un jour ou l’autre.

Elle n’allait pas bien, ni avant ni pendant ni après la cérémonie de ses obsèques : Je n’ai pas voulu lui fournir l’information sur le moment, c’est vraiment trop troublant et n’importe qui m’aurait pris pour un fou, un cinglé, un illuminé (*), je le conçois parfaitement.

C’est une chose qui m’est arrivée trois ou quatre fois dans ma petite-vie de presbytes-astigmate-myope et qui n’a rien à voir avec mes « on ».

Quoique je me demande à la longue, si ces phénomènes ne sont pas liés d’une façon ou d’une autre : Je n’en sais rien, je me demande seulement…

Et à chaque fois, j’en suis à me pincer (mentalement : je n’aime pas faire souffrir, encore moins quand il s’agit de moi).

La dernière fois, c’était ma Tata, mais ça n’avait rien de personnel : C’était adressé à son fils, mon « cousin » local.

 

Bref, « J-L. » est passé.

Entre la prière universelle et l’orage qui a suivi.

Et il était perdu.

Il ne comprenait pas ce qui se passait, pourquoi sa femme et ses amis étaient réunis dans l’église qui l’avait marié, autour d’un cercueil.

Et personne ne répondait à ses questions et son inquiétude.

Je crois même que c’est ce qui l’affolait le plus.

Poignant.

Si !

Même si ça n’a pas duré plus qu’une pincée de minutes.

 

Le ciel s’est obscurci, l’orage grondait, il n’était déjà plus là.

Je suis pourtant resté aux aguets, avec ce début de « grande tristesse » : Nous n’étions pas assez intimes pour qu’il m’identifie dans les rangées de chaises.

Le soleil est revenu, mais pas lui.

 

Salut « J-L. » !

Tes amis sont tous venus te rendre hommage : Tu ne l’as pas compris, mais je peux en témoigner.

 

 

(*) Naturellement, pas de commentaires, surtout « oiseux », sur ce post à vocation unique.

Merci de votre compréhension à tous : Il fallait que ce soit fait, c’est tout.

Et allez rendre l’hommage du souvenir à vos défunts : C’est le jour annuel.

En vous rappelant bien qu’ils ne vivent désormais sur cette planète que parce que vous les portez encore au cœur.



[1]Le premieret le second, seulement dans les bonnes librairies, que je n’ai pas encore lu… D’ailleurs, je ne sais pas lire, je suis un enfant de l’ékole-publik : Faudra que j’apprenne un jour.

Pour le moment, j’ai des machines qui font ça mieux que moi : Merci à Bill Gates !

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26 juin 2010 6 26 /06 /juin /2010 04:20

 

Il me faut rendre hommage posthume à « tes filles ».

 

Les cousines calvaises. Deux sœurs nées un peu après le décès de ton papa à toi, un peu avant la grande-guerre pour l’aînée, un peu après pour la cadette.

Tu as été leur nounou chez ta sœur aînée pour n’avoir qu’une petite dizaine d’années de plus que la plus jeune.

Quoique qu’on n’ait jamais vraiment su leur année de naissance, tellement elles étaient « coquettes » sur le sujet, sauf à attendre de le lire sur leurs pierres tombales respectives.

En fait, les générations se culbutant (et pas seulement elles), tu étais en fait leur tante.

Curieusement, des nièces tellement « adultes » que ma « Môman à moi » les appelait « Tata »…

Alors qu’elles sont ses cousines germaines.

 

L’une a suivi son mari en Cochinchine et en a ramené des trésors de tas de choses et notamment de porcelaine fine de chine : je sais, j’en ai plein dans ma cave qui ont survécu à tous mes déménagements ! Tout un service complet.

Ça ira à ma nichée ! Je n’en ai pas l’usage étant déjà très amplement doté en la matière.

Elle avait la grande maison « les pieds dans l’eau » et c’est là que mon « Papa à moi » (celui qui…) se servait en liqueur d’oranger dans le placard du fond.

On y venait aussi pour se ravitailler en eau et pour jouer au rami, à n’importe quelle heure de la journée.

 

Bande de tricheuses : elles trichaient au rami, toutes, avec leurs airs de ne pas y toucher !

Que de rigolades à force de reconnaître tous leurs mauvais coups…

Je garde d’excellents souvenirs de cette maison et de son habitante.

La scène la plus cocasse restant celle où l’aînée nous y reçoit pour partager le thé, un après-midi d’été caniculaire…

Elle, en dentelle fine, impeccablement repassée, le regard pétillant de malice, décorée comme un sapin de Noël avec ribambelle de perles fines élégantes, quelques pierres précieusement taillées aux oreilles et aux doigts : la grand classe !

Elle revenait même de chez le coiffeur pour l’occasion, et s’était maquillée dans toute la grâce qu’elle était capable de développer derrière ses yeux si bleus : du grand art.

Nous, « la nichée » et moi, crotté de sel desséché de notre bain marin et post-méridien, en tong, les jouets de plages brinquebalant dans tous les sens, les chevilles dégueulassées par le sable boueux de vase que nous avions dû traverser pour faire au plus court tellement nous étions en retard !

La peau tendue de soleil, la soif brûlant la gorge… buvant du thé brûlant !

« Smart » dans le décalage total…

Elle, elle a fait des pieds et des mains pour récupérer le carillon que tu lui avais promis en héritage.

Elle l’a posé dans son couloir, près du téléphone qui ne lui servait à rien, puisqu’on ne pouvait rien dire tellement persuadée que « les murs ont des oreilles » (les petites dames du téléphone manuel, d’avant les centraux automatiques), à l’en faire sonner « Big-ben » tous les quarts d’heure pendant cinq minutes…

Je n’ai jamais compris l’intérêt d’être réveillé de la sorte en pleine nuit, m’enfin, des goûts et des couleurs…

Bref, elle en a joué, usé et abusé après qu’on lui ait remonté l’engin arrivé en pièces détachées dans le coffre et sous les sièges du « tas de boue à roulette » du moment.

 

L’autre, la cadette, a suivi son mari à Paris. Je n’ai pas tout compris de ce qu’il faisait, sauf qu’il est mort en activité et travaillait dans une cristallerie de renom. Je sais, j’en ai plein dans la cave qui a survécu à mes nombreux déménagements.

Ça ira à ma nichée ! Je n’en ai pas l’usage étant déjà très amplement doté en la matière.

Il est mort alors qu’on se battait entre la rue Auguste Comte et le boulevard Saint-Michel, autour de l’Odéon et de la Sorbonne : Mon « Papa à moi » (celui qui…) y était et m’a raconté son délire pour l’évacuer de chez lui, en face de chez Gainsbourg, jusqu’à un hôpital pas trop débordé…

Mais trop tard.

Une victime collatérale de plus de « Konne-Benne-dite » et de ses acolytes.

 

Elle s’est ensuite repliée sur la Corsica, dans la même ville que sa sœur aînée, mais plus près de la Mairie.

Et on s’y retrouvait à déguster ses gâteaux au sucre, ses frappes (des beignets au sucre spécialité locale), ses fiadones (encore une spécialité locale), ses beignets de courgette (une spécialité de chez Annie, mais la boutique actuelle met trop d’ail pour que ça reste digeste) et toutes sortes de délires pour diabétique-survivant ou autre hypertendu au dernier degré.

Pour les parties de rami (où elles trichaient toutes), avec l’amie descendue de la montagne, ou cette autre qui yoyotait déjà, hyper maquillée, totalement « smart » et n’écoutait que ce qu’elle disait : « Ô Maria ! Hier je suis tombée ! – Qui ? Moi ? – Non ! Moi, je suis tombée, pas toi ! – Ah ! J’ai eu peur ! Et je me suis fait mal ? – Non, tu n’as pas eu mal ! – Ah bé tant mieux. Tu me rassures, là ! »

Dialogue permanent de pareils quiproquos équivalents qui me faisaient éclater de rire, d’un rire gras, irrépressible, qui vient du fin fond des tripes !

Et toc, un joker tiré par hasard du sabot du rami…

Et elles ne voulaient rien entendre de la règle des tierces franches (sans joker !) nous flanquant des « tapis-capot » entre deux quintes de rire aux éclats !

 

Parfois, on allait à « la campagne » faire la fête sous les eucalyptus !

Méchouis, brochettes, fruits et boissons à gogo sur les hauteurs de la ville.

Je ne buvais pas encore, mais autour de moi, ça y allait sévère.

L’un se prenait pour « le Parain » et en parlait plus bas, plus vrai que nature, l’autre braillait tout ce qu’il savait de ses chansons paillardes de corps de garde, le troisième nous entraînait dans le bassin de la fontaine sous la lune…

Depuis, la ville a rattrapé « la campagne », oh, de pas loin, même pas quelques centaines de mètre, au point que quand il manquait un peu de sel, on en descendait à pied en chercher au supermarché local.

Bon, remonter les cubi de pinard à pince, ça demandait quand même au moins dix minutes d’effort.

Mais c’était quand même « la campagne », avec ses amandiers, ses citronniers et ses orangers amers, dont on fait cette liqueur si bien distillée qu’on peut s’en servir en médecine normative…

 

Jusqu’à l’année où le feu, descendu de la montagne sur un coup de mistral plus épais que d’autres, a ravagé tout le pourtour jusqu’aux abords de la pinède.

Les vignes ont tenu le coup, et la maison a été défendue pied à pied par ses chevaliers improvisés, armés de couvertures et de branchages, plus les quelques canadairs détachés sur zone qui y ont fait une bonne dizaine de passages.

Vingt ans plus tard, l’un d’entre eux qui défendait la maison un peu au-dessus, a perdu sa queue et son équipage n’est pas rentré…

L’année même où un Tracker s’est perdu dans la garigue varoise, l’équipage défendu de l’incendie par ses potes venus tuer le feu ravageur autour de son épave.

Personne ne sait toute la valeur de ces pilotes « casse-cou » qui viennent jusqu’au dessus de nos têtes pour sauver ce qui peut l’être.

Grand hommage très mérités, à ses soldats aviateurs, au passage.

 

Les eucalyptus ont un peu souffert et l’année d’après, la végétation a repris le dessus, sur ce paysage lunaire.

Quelle déveine : c’était rempli d’insectes rampants et virevoltants, tout un paradis de vies perdues d’un coup.

Où ont-ils pu retrouver refuge ?

Le lendemain de cet incendie, même les mouettes et les pigeons avaient déserté.

Et que c’est triste le bruit effarant d’un arbre qui pleure sous la flamme !

Il hurle, je vous assure.

Avant de se tordre en tout sens et d’exploser en bombes qui propagent plus loin l’incendie.

 

Tout ça pour dire, « Ma Tata », que si chaque année, c’était le drame de la séparation à ne plus nous revoir jamais … jusqu’à l’année suivante, à en pleurer chaudes larmes, durant deux décennies, eh bien un jour, tu t’es sentie partir.

Pas trop dans la souffrance comme ta sœur aînée et son « hérisson » dans la boîte à tripes, mais vidée de ta chaleur d’un coup, dans les bras de ton fils.

Et là, cadeau suprême.

Le vol était incertain tellement l’orage matinal avait été violent le jour de tes obsèques. Mais nous arrivions en avion quasiment complet et tu as forcé le climat.

Il a fait un temps superbe pour t’emmener à ta dernière demeure.

Et juste avant, alors que l’oraison funèbre s’éteignait, que le chœur des voix du couvent de Corbara n’entonnait le « Dio vi Salvi Regina » pour un ultime hommage de ta Corsitude, à la quasi-centenaire du pays, un des deux lustres de la cathédrale s’est mis à tourner sur lui-même.

Un seul, n’est-ce pas, ce qui exclut un phénomène de thermodynamique…

Pas de beaucoup et très lentement, mais très clairement, très nettement et sans raison apparente.

Lui qui ne bouge jamais même pas fort mistral ou sous les coups du sirocco, tu l’as fait tourner.

Un long moment, au point que tout le monde, sauf le chanoine qui était en-dessous, s’en est rendu compte.

On ne l’écoutait même plus, d’ailleurs, tellement le phénomène était poignant !

 

Tu étais là (ou peut-être pas toi, mais peu importe), avec le quartet qui trichait au rami, à nous faire un dernier pied de nez !
« Ma Tata », que j’étais content pour toi !

Heu-reux.

À en pleurer de joie… Un jour d’enterrement, franchement, ce n’était pas sérieux, conviens-en !

 

Mais tu sais, je sais quand « il » passe, quand « il » est là.

Je ne sais pas qui, je m’imagine des choses.

Mais c’est instantané. Là, c’était toi et ta dernière facétie, j’en étais immédiatement convaincu.

Aidée ? Peut-être. Et j’aime à imaginer par qui, pour savoir faire tourner les lustres dans les églises, même les plus lourds et les plus imposants rien que par les « jeux de l’esprit ».

Tant mieux.

 

Et à la réflexion, je crois comprendre ce qu’est l’enfer. Un truc tout kon : la mort définitive du souvenir.

L’oubli total, éternel pour les âmes devenues impures, impropres à la condition humaine.

Pour être devenue des erreurs de casting au fil des jours !

Je sais, j’en suis une, même si j’aimerai me persuader du contraire.

Alors quelle joie as-tu pu me procurer ce jour-là.

Toi non plus, je ne pourrai jamais t’oublier.

Et Dieu que tu puisses vivre encore longtemps auprès de tout ceux qui t’on porté amour sur cette pauvre planète.

 

Merci, Tata.

Tu restes, toi et ta sœur, toi et tes amies, toutes ces tricheuses impénitentes mais rigolardes jusqu’à en rester sérieux dans les situations les plus abracadabrantes, toutes, en bonne place dans mon cimetière personnel.

Je voulais que tu le saches, en fait, te le rappeler puisque tu le savais déjà !

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12 juin 2010 6 12 /06 /juin /2010 03:39

 

Une place de choix, dans « mon cimetière » personnel…

 

J’en ai eu deux, à peu-près comme tout le monde. Ma grand-mère paternelle était une grande femme blonde, fine et distinguée.

Une femme que je n’ai connue que sourde et effacée, mais qui pensait à venir voir ses petits-enfants par l’escalier de service, en cachette, sans se faire remarquer, pour leur refiler des pièces de 5 francs en argent massif.

Ces pièces-là, je les ai toujours. Et aussi bien enfoui au fond de mon cœur, comme d’un éternel remerciement, de son amour de grand-mère, dans une famille où les gestes de tendresse à l’égard de « petiots » étaient si rares pour prohiber toute « animalité bestiale » et indigne, avec tous mes remerciements pour tous ces témoignages qui restent incandescents.

 

Celle dont je veux parler aujourd’hui, c’est l’autre. « Mamy ». La Corse, née dans un village accroché sur la montagne face à la mer Tyrrhénienne, dans un autre siècle où je n’étais pas encore né, lors du millénaire précédent.

Une grande femme, blonde, au regard bleu, aux formes sensuelles, mais que je n’ai connue qu’âgée, déformée par l’arthrose, suant dès potron-minet dans les jardins de la maison du village, un autre village, celui de son époux, mon « Papy ».

Je n’ai que peu de souvenirs de celui qui a épousé ma grand-mère à Paris, alors que tout deux trainaient à Bastia où ils ont grandi pour partie.

C’était entre-deux guerres. « Papy » se promenait depuis la « der des ders » avec un rein en moins, alors que son frère a vécu l’enfer toute sa vie d’avoir été gazé sur le front, crachant ses pauvres poumons durant de si nombreuses décennies…

Ils n’ont jamais parlé de leur guerre, ni l’un ni l’autre.

Ma Grand-mère non plus.

Ce devait être terrible.

 

Tout ce qu’on sait, c’est qu’elle a longtemps pleuré son « grand frère Maxime » : elle était la petite dernière d’une nombreuse fratrie et « Maxime » devait être ce second père qu’elle a connu dans sa prime jeunesse, à la mort de mon arrière-grand-père, alors qu’elle a été exilée à Calvi, chez sa sœur aînée.

Un phénomène, la sœur aînée.

Une petite-vieille rabougrie dans son fauteuil, à l’esprit vif, au regard plein de tendresse, la Signoria Maria, épouse de Sghio Alexandre !

Quand mon « papa à moi » (celui qui…) débarquait, il allait droit au placard où se tenait « sa » bouteille, la seule qu’il partageait avec elle : une liqueur fortement distillée des orangers amers du domaine d’un peu plus haut !

Un secret de famille que je ne goûte plus : les oranges ne sont plus ramassées par personne. Tout juste les citrons payent le type qui les vend et encore : C’est parce qu’ils poussent tout seuls.

 

Maxime, chirurgien dans le civil, officier mobilisé, il est tombé en faisant son devoir pour la patrie lors d’un assaut à la tête de sa compagnie alors qu’il l’emmenait sous le feu ennemi, le crâne déjà pris dans le pansement d’une première blessure.

Il est revenu, oui revenu, presque quatre-vingts ans plus tard sur le tapis de ma grand-mère…

Sous la forme d’une minuscule photo de médaillon !

Soixante ans qu’elle nettoyait ce tapis tous les jours et tout d’un coup, un « papier » iconoclaste apparaît au beau milieu.

Elle va pour le jeter, ce papier, le met dans la poche et pris d’une subite impulsion, le retourne et reconnaît son frère bienaimé perdu depuis si longtemps !

Le choc…

Le cliché a été agrandi. Il trône désormais en bonne place dans la bibliothèque de ma « Môman » auteuse de mes jours.

Mais on ne sait toujours pas d’où il vient : Ma Grand-mère n’avait pas de médaillon à photo.

Jamais eu…

 

Ma grand-mère, elle s’est donc mariée, a vécu entre Paris et la « Corsica-Bella-Tchi-tchi », a eu deux enfants. L’un, mort-né étouffé par le toubib qui l’a étranglé avec le cordon ombilical, l’autre, bien plus tard, ma « Môman à moi » (et à ma sœur…), auteuse de nos jours !

J’étais le premier et le premier, un garçon en plus, c’est beau comme un camion neuf dans ces familles où il n’y a que des veuves, saignée par les combats.

Un amour né instantanément ce jour-là, que je ne méritais même pas, et qui perdure encore !

Je lui ai tout fait avalé : mes caprices de sale môme, mes raccourcis à la noix, mon esprit frondeur, mes effronteries, mes désordres légendaires, ma crasse sous les ongles, mes doigts dans le nez et j’en passe…

Elle avait une âme de poète dans son long veuvage, écrivait des acrostiches, des alexandrins, ventant son petit-fils, sa fille, ma sœur, son mari, son fauteuil, ses meubles, ses plantes, que sais-je encore !

« Mamy, tu racontes toujours les mêmes choses ! Et en plus c’est triste ! » lui ai-je fait un jour où je passais la journée avec elle…

Sale môme : Elle s’est arrêté d’écrire dans la seconde et aujourd’hui, que je regrette, mais que je regrette la bonne odeur de l’encre, le crissement de la plume Sergent-major sur son papier jauni.

Elle avait tant de choses à nous dire !

 

Au village en été et les jeudis à Paris que nous passions avec elle, on faisait « dictée ». Une corvée.

Mais tes leçons d’orthographe et de grammaire, je n’en ai pas prises assez : je faute encore à tire-la-Rigault, alors que tu maîtrisais si bien le « francilien natif » et le Corsu.

Tes études, tu les as regrettées quand ton père t’a affirmé que le Certificat d’études, c’était largement suffisant « pour une fille ».

Tu as travaillé « aux écritures » dans une grande banque, forçant « la rage » de ton frère survivant, pour qui une femme devait se consacrer exclusivement à tenir son foyer.

Sacré « Tonton », celui-là ! Réputé impotent, la casquette vissée sur le crâne, le kul coincé dans son fauteuil assis derrière ses lunettes épaisses, j’ai connu sa voix rocailleuse dirigeant « sa nichée » depuis le fond de son salon avec sa canne.

Mais quand il a cru qu’il se faisait cambrioler, le gendre a failli en recevoir un coup sur la tête au milieu du vestibule !

Ton autre sœur était de la même veine : des âmes bien accrochées à leurs certitudes, le caractère flamboyant et noueux comme des pieds de vigne, la verve haute.

L’invention du téléphone a été une horreur, pour toi, ma grand-mère : Vous y passiez des journées entières. Elle, à déverser ses commentaires sur untel ou unetelle selon la mode du moment, toi, à en attraper des boutons de fièvre à lui donner la réplique.

 

Tes certitudes ? Vivre dans l’Honneur et la Probité ! Toute une vie et quoiqu’il en coûte…

Tes doutes ? Je sais ! Tu me l’avais promis, à moi : « S’il y a quelque chose après la mort, je te le ferai savoir ! »

Euh… Pas la nuit et pas avec un drap sur la tête, hein ! Et tu laisses les chaînes au vestiaire, s’il te plaît…

Sale môme, affirme-je.

Et puis la vie a passé.

Tu es d’abord tombée une première fois. Impossible de te relever. Justement, sur le fameux tapis.

Pas grave, tu savais que comme tous les soirs, quand je rentrerai du boulot, je formerai ton numéro de téléphone, laisserai sonner deux coups et raccrocherai.

Toi, tu devais former mon numéro en réponse, laisserai sonner deux coups et raccrocherai.

Tu le faisais tellement rapidement que je me suis toujours dit que tu attendais cette heure-là de la soirée à côté de la machine à coudre Singer, meuble sur lequel était posé l’appareil à se sonner.

Et si nous avions des choses à nous raconter, on se rappellerait après le dîner.

Ce soir-là, tu n’as pas fait le signal.

Et je suis parti en catastrophe à ton secours, laissant tout en plan et tout le reste, conduisant comme un dingue dans mes raccourcis parisiens, laissant la voiture sur le trottoir, moteur tournant au ralenti, portière ouverte, arrachant la poignée de la porte de ton immeuble qui ne voulait pas s’ouvrir et à grimper quatre à quatre ton escalier, la clé de ta porte en main.

Il faisait noir. Tu n’as pas répondu à mon interrogation.

Grosse frayeur.

Et je t’ai trouvée allongée sur ton tapis, restée là depuis le matin, ankylosée, frigorifiée.

 

Tu es aussi tombée, bien avant, dans la rue. Tes beignets au chocolat que tu cherchais à ramasser sur la chaussée, achetés comme d’une gourmandise pour te régaler au soir, c’est moi qui les ai mangés. Quand je t’ai retrouvée alitée à la clinique locale, les deux poignets cassés.

Je m’en souviens : c’était un week-end du premier novembre et nous devions exporter la voiture de ma mère jusqu’à Calvi en passant par Ajaccio.

Le petit week-end d’amoureux, « Môman » l’a passé à ton chevet, pendant que nous descendions la voiture à Marseille avec « mon Papa à moi » (celui qui…).

La forêt de Vizzavone était magnifique, sous les châtaigniers qui perdaient leurs feuilles dans tous les tons du jaune/vert au marron/ocre. Un vrai beau et grand souvenir, pendant que tu souffrais…

Nous sommes même passés par le Village et le petit rosé de la cave, picolé sur le balcon au soleil était tellement bon, que « mon Papa à moi » (celui qui…), il a failli roupiller au volant sur la route menant à Belgodère : J’ai fini le trajet à sa place depuis Ponte-Leccia.

Tu en as gardé le souvenir de nombreuses et douloureuses séances de rééducation, après le martyre d’avoir dû attendre que le toubib local rentre de son week-end de la toussaint pour te remettre tes os en place avec ses broches qui dépassaient de ton derme.

Et tu n’as plus jamais pu tricoter, de ces pulls que j'ai encore, bien rangés au fond de l'armoire, car ils grandissaient avec moi…

 

Il devenait de plus en plus évident que, par la suite, tu n’avais plus faim, plus soif, faisais n’importe quoi avec tes médicaments, que ma sœur, habitant à proximité et en charge de son aîné à elle ne pouvait pas non plus tout faire.

« Môman », « au grand cœur et au petit appartement », s’est débrouillée pour te trouver une « maison » pour vieux. Au diable Vauvert.

On a pu te ramener rapidement sur Paris grâce au « cousin Tiberi ».

Merci à lui et pour l’éternité : j’ai pu te visiter sur le chemin du retour du boulot, presque tous les soirs.

Et tu es tombée une troisième fois. Devant l’ascenseur. Col du fémur rompu.

Pour finir par t’éteindre en une lente agonie dans l’enceinte d’un hôpital de long séjour, où je passais tous les soirs pour t’entendre râler à propos du service et de ta voisine de chambrée.

 

Même Pau-Mi a fait le détour pour venir à tes obsèques.

J’étais si triste en ce jour de printemps.

Mais ta vie a continué. La mienne aussi. C’était l’année de la naissance de l’aînée de « ma nichée », et je ne savais pas qu’un jour j’allai raconter la suite comme d’un témoignage urgent à laisser à la postérité.

Son prénom, c’est le tien.

Il s’est imposé à moi dans la minute qui a suivi sa conception. Ça m’a refait le coup deux autres fois…

Depuis, plus rien.

Ta maison a été vidée, avant : Tu sais que j’ai récupéré tous tes meubles que tu souhaitais me voir « garder ». Les dictionnaires de Papy, ses livres d’histoires, des bibelots et chandeliers. C’est petit chez moi, j’ai bien eu du mal à tout caser.

Ma sœur a pris ton fauteuil. Et longtemps elle ne s’y est pas assise : Tu étais déjà dedans à regarder sa télé, comme tu le faisais devant la tienne.

Tu ne m’as pas fait ce coup-là avec tes bergères, heureusement.

Mais tu m’en as fait un autre, encore plus totalement pendable !

 

Depuis quelques mois, je sortais avec mon aînée dans sa poussette pour aller aux Halles où elle était tombée amoureuse du cheval noir du manège dominical.

Tous les dimanches ou presque, après ou avant avoir été voir les animaux en cage sur front de Seine.

Ça ou les ballades en forêt : c’était l’occupation des week-ends. Quel que soit le temps.

Pas très loin, il y a un marchand de confiserie au kilo.

En face, il y avait un marchand de vieilles cartes postales, disparu depuis fort longtemps maintenant.

Tu me connais, moi et les vieilleries, ça fait deux : Enfant du consumérisme, quand ça ne marche plus, c'est bon pour la poubelle, même les miettes de pain : ne râle pas ! Je sais que tu les ramassais pour les oiseaux. Pas moi.

Pourtant, au fil des passages, je me mets plus ou moins à fouiner dans cet amoncellement de vieilles choses, même pas dignes de brocante.

Je commence par des vieilles images de Paris, puis passe à la Corsica.

Ajaccio, Corte, les rivages, Bastia, Calvi. La Scala de la Santa Regina, Saint-florent, le tout venant tout droit de l’entre deux guerres, en noir et blanc, donc, mais jauni.

À aucun moment, je n’ai imaginé en acheter une : vraiment trop moches et assez loin des photos que je peux ramener de mes étés successifs sur place.

Dix fois, vingt fois, plus d’une année durant, j’ai cette même carte-postale en main, que je replace consciencieusement dans l’ordonnancement du vendeur à l’étalage.

Arrive mai. Je me dis que ça peut éventuellement faire un cadeau de fête des mères. Mais franchement, mettre 10 balles pour une vieillerie sans aucun charme, ce n’est même pas un cadeau décent.

Et je repose le paquet calvais à chaque passage.

 

La date approche et je n’ai toujours pas d’idée de cadeau. Et je repasse avec mon ainée devant le marchand de bon-becs et, pendant qu’elle fait son choix, je fouille les carte-postales déglinguées.

Je retrouve les mêmes. Je repose les mêmes.

Je reprends « LA » carte postale. Je la repose. Je la reprends et la retourne une première fois. Je la reprends en regardant la date : août de l’année de naissance de ta fille. Avant sa naissance donc.

Mais aucun intérêt pour la fête des mères : vraiment trop moche.

Même chose le week-end suivant. J’hésite. Le texte n’a aucun intérêt : « Bon souvenir de Calvi ! » adressée à une inconnue.

M’en tape. Je range, m’en vais et reviens : Elle est signée de ton nom.

Sur le coup, je pense immédiatement à mon cousin, celui qui fait « facho mégrétiste » dans le civil, et que je me vois bien la lui refiler, puisque, dans mon esprit, ce ne peut-être que sa grand-mère à lui qui peut signer ça et ayant les mêmes initiales.

Et puis non, ce serait trop. De toute façon, je cherche une ânerie, n’importe laquelle, mais pour la fête des mères.

On s’en va.

Je retourne sur les lieux. Pas possible qu’il ait pu vendre en broc’ un truc envoyé par sa grand-mère à une inconnue : si c’est bien dans son esprit de radin, il n’a jamais eu la possession de cette carte !

Je la reprends. C’est bien la bonne signature. Mais pas celle de sa grand-mère : la tienne !

Et dire que je n’ai pas reconnu ton écriture !

Moi qui peux l’identifier à tous les coups entre mille pour t’avoir vu tracer tant de poèmes !

LE cadeau pour ma « Môman » ! Drame : je n’avais plus 10 balles sur moi…

Panique, les dabs dans le quartier sont vides ou défoncés… Je cours dans tous les sens jusqu’au centre Beaubourg, pour en trouver un de valide.

Et je rentre avec la carte.

 

Et tu sais quoi « Mamy » ?

Il a fallu que ma « petite sœur à moi », celle que si elle n’existait pas, il faudrait quand même l’inventer, de me donner bien plus tard la signification de ce dernier épisode pour le moins absolument hasardeux.

Là, comme ça, un jour à table où nous mirions de loin « TA » carte postale trônant à coté de la photo de Maxime elle me sort l'air vachement sérieux : « Elle t’a toujours dit qu’elle te ferait savoir, à toi et rien qu’à toi ! »

Savoir quoi ?

S’il y avait quelque chose après la mort, bien sûr.

 

Sacrée « Mamy » ! Une parole de Corsu… L’honneur !

Tout ça, même au-delà de la mort !

Il t’en a fallu des manœuvres invraisemblables pour que cette carte-postale reviennent dans la famille plus de soixante-dix ans après que tu l’aies touchée !

Et que ce soit moi, qui résistais tant pour ne pas la reconnaître, qui ai pu mettre la main dessus à force de croiser et recroiser ma vie…

Chapeau !

 

Franchement, je t’adore.

Puisses-tu voir la lumière divine pour l’éternité.

Je n’y aurais pas accès, mais au moins, je sais que toi tu l’as.

 

Merci à toi pour tout cet amour (que je ne mérite même pas !).

Et que de toute façon, je ne pourrai jamais rendre à qui que ce soit, tellement c’est trop gros.

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29 mai 2010 6 29 /05 /mai /2010 04:19

 

Celui-là aussi, je le garde bien au chaud dans mon cœur.

 

J’ai quelques souvenirs de son père, de forts souvenirs de sa mère, un caractère « bien trempé », de son frère, Bob, également.

Je connais leurs épouses à tous les deux, que j’apprécie, leurs descendances qui restent de mes amis proches par le cœur, et même, leur petites-descendances et un bout de la génération suivante.

 

Pierre, son frère Bob et mon « papa à moi », celui qui me fait encore pleurer quand je l’évoque, c’était trois larrons en foire, jamais à court d’une « déconnade » sortie de derrière les fagots quand ils se rencontraient. Pas trop souvent

En duo ou en triplette, peu importe, une bande de « quadra », sérieux comme des papes à assumer leurs responsabilités devant les hommes et la Nation, fêtards comme s’ils devaient mourir le lendemain dès que l’occasion se présentait.

Ça pouvait aller de pincer les fesses des dames sur les trottoirs, vouloir faire l’amour à leur épouses dans les allées des supermarchés, en passant par des bains matinaux dans la fontaine du village.

Les jeux de mots volaient haut, les blagues aussi. Toujours raffinées.

Et toujours avec ce superbe sérieux propre à l’humour britannique, teinté d’une érudition qui savait se mettre au niveau des béotiens qui ne les empêchait pas de faire un « concours de jet de cacahouètes » improvisé dans les mariages ou autres réceptions sous les ors des palais gouvernementaux, en smoking ou en « habit », dès qu’ils n’étaient plus en représentation.

J’en ai gardé à la fois une reconnaissance quasi-filiale à ces deux là, et cette envie irrésistible de creuser une piscine dans le premier jardin venu après une soirée trop arrosée…

Une de leur lubie, que de vouloir défoncer à coups de pioche n’importe quel terrain même rocailleux chez les invitants qui n’en demandent pas tant…

 

Pour tout vous dire, Bob était imbattable. À tel point que quand il a vraiment été malade, même son épouse a mis des mois avant de se rendre compte de son état sanitaire !

Et je me souviens de lui, rapatrié à l’hôtel-Dieu pour y soigner une maladie tropicale inexistante, la rançon d’avoir fait toute sa carrière comme « grand patron » à Madagascar, déambulant dans les couloirs de l’hôpital, les fesses à l’air, sa perfusion sous le bras, nous raccompagnant en haut de l’escalier nous assurer qu’il allait « mourir en bonne santé »…

Logique, puisque les toubibs, incapables de faire un diagnostic durant des semaines, n’ont trouvé l’existence de sa tumeur cervicale que bien trop tard, aux derniers jours…

 

Pierre a poursuivi ses études au lycée Michelet de Vanves (alors qu’elles poursuivaient plutôt son frère aîné, Bob à ce qu'on m'a dit). Il passe par la faculté de Droit et celle des Lettres de Paris, puis entre en 1940 à l'École Nationale de la France d'Outre-mer, « la coloniale », comme il disait.

De 1943 à 1945 il est adjoint au commandant de la 73ème compagnie M.O.I. (ne me demandez pas, c’est comme ça que c’est marqué dans son CV).

Démobilisé, il soutient une thèse d’État sur les conditions de travail des ouvriers cochinchinois et revient suivre des cours à l'ENA avant d’intégrer « la préfectorale » où il occupe successivement plusieurs postes de sous-préfet, à Neufchâteau et à Cosne-sur-Loire, notamment.

Maître des requêtes au Conseil d'État, puis directeur de cabinet de plusieurs ministres en charge de l'Outre-mer, après un séjour à l’Élysée dans l’ombre de Foccart, il est nommé Gouverneur de Polynésie française.

À son premier retour, l’aéroport de Faaa était quasiment inaccessible, tellement la foule des « au revoir » était compacte et fervente…

Des souvenirs plein les yeux pour ses enfants, pour son épouse, mais tout autant pour les polynésiens de l’époque qui l’adoraient.

Il en gardera une éternelle reconnaissance, notamment en animant plusieurs clubs d’amitié tout-à-fait officiels entre « métros et polynésiens ».

 

De retour en métropole après deux mandats successifs, il préside la mission interministérielle pour l'aménagement et l'équipement de la Corse où il ne se fait pas que des amis : un peu le sort de son propre grand-père, alors deuxième personnage public de l’île au tout début du XXème.

De nouveau Conseiller d'État, où l’âge avançant, il prend un malin plaisir à se faire passer pour sourd auprès de ses collègues en tapant du doigt sur sa prothèse auditive sans pile (encore une facétie !), il retrouve la Polynésie française en qualité de Haut Commissaire de la République.

 

Également agrégé de la faculté de lettres de Paris, c’est un poète qui vous déclamait du Dante entre deux rasades de rosé de pays avec un tel talent à maîtriser l’italien, tout comme « Pau-Mi » dont je vous ai parlé la semaine dernière, qu’on se demandait bien ce qu’il pouvait faire auprès du Général De Gaulle.

Son devoir de servir, tout simplement.

 

Il m’avait taillé, un jour d’ennui, un bâton de maréchal dans un bout de bois en à peine quelques minutes avec son Opinel, là comme ça, pour me faire plaisir. « Avec ça en main, tu peux commander aux hommes et au temps qu’il va faire. Ils t’obéiront tous ! »

J’étais petit et crédule : c’est plus compliqué que ça, finalement…

Mais lui aussi, il a été présent à tous les moments importants de ma vie, de celle de ma famille, dans les moments de drames.

C’est aussi lui qui a appelé le préfet Érignac quand ma « môman à moi », l’auteuse de mes jours, se savait en danger de mort, alors qu’il était déjà à la retraite.

 

C’est de lui dont j’ai entendu parler de façon flatteuse, pendant deux années, par « mon second patron », alors que je poursuivais mes études.

Ils se connaissaient pour fréquenter le même « Palais royal ».

Mon « second patron », c'est un pur génie de droit administratif… pur. Un type extraordinaire qui sévit encore !

Bien trop pointu pour que je n’en ressorte pas complètement écœuré de l’avoir côtoyé… par overdose.

Et puis les filles à l’ENA, je vous l’ai déjà dit, ce n’était vraiment pas le « gratin », à l’époque… Y’avait mieux ailleurs, sans contestation possible.

 

Pierre et ses facéties, Pierre et sa façon douce, et sans avoir l’air d’y toucher, de vous valoriser.

Pierre et nos dernières rencontres : Il m’avait procuré mon premier client « fiscal », il y a des années de ça… Lui qui connaissait tout ça sur le bout des doigts pour être le collègue de l’épouse de mon second patron qui a tant fait souffrir tous les kontribuable de « Gauloisie friquée », pour avoir notamment inventé la « Théorie de l’intangibilité du premier bilan d’ouverture » (un petit classique des examens écrits de maîtrise de droit) et tant d’autres choses, j’ai aussi été son « dernier fiscaliste » de confiance, à en préparer sa succession.

Que j’ai pu en être fier, après coup !

Ça et le harpon de pêcheur polynésien offert il y a bien 30 ans maintenant, qui me suit à chaque déménagement depuis et trône au-dessus de tous mes bureaux successifs.

Ce jour-là, il buvait du petit-lait, un sourire en coin à m’écouter exposer toutes les astuces que le droit civil, le droit fiscal recèle ici ou là comme autant de mécanismes idoines à optimiser de la meilleure façon une succession.

Je lui ai versé le meilleur dans son verre : une page et demie de synthèse, parfaitement claires, appuyées par 45 pages d’annexes techniques fortement détaillées (et argumentées par une ribambelle de références jurisprudentielles). Le tout en trois jours de travail et une seule relecture.

Je lui devais bien ça, tiens donc, lui pour qui j’ai une affection toute particulière, quasi-filiale.

Un souvenir chaleureux que je garde bien profond au fond de mon cœur qui le chauffe ainsi.

En fait, il préparait « un point d’appui », me confiant ses secrets, in extremis, sachant que sa situation familiale était pour le moins complexe. À moi de faire au mieux si le besoin survenait.

 

Il a souhaité réunir sa famille et ses amis une dernière fois dans sa maison inondable en bord de Seine.

J’en étais.

Il était tombé la veille, avait le visage tout bleu ravagé par un gigantesque hématome prononcé.

Il nous a parlé de son village, Corse, perché à flanc de montagne.

Il m’a dit se souvenir s’être baigné avec sa famille dans le lagon de Mururoa l’après-midi même d’un des derniers essais atmosphériques…

Quarante ans plus tard, ça ne lui avait pas trop mal réussi !

J’ai essayé de lui faire fouiller dans sa mémoire : entre-temps, j’avais rencontré un ancien adjudant de la légion reconverti dans les affaires qui m’avait parlé de lui comme d’un petit-bonhomme (qu’il était) absolument extraordinaire de fermeté diplomatique et d’une pétillante intelligence.

Mais ça ne l’avait pas marqué : il a préféré me parler de son entrevue avec l’évêque de Canterburry qui passait en voyage officiel, soulever la foi des fidèles locaux et qui a bien rigolé à une autre de ses facéties du moment.

 

Six mois plus tard, il y aura bientôt deux ans, on se retrouvait chez lui avant son départ pour le cimetière où il repose désormais à côté de ses parents et de son frère Bob.

Il y a avait un vieux Jazzman, avec l’accent à couper au couteau des blacks de la Nouvelle-Orléans (ou d’ailleurs) qui avait fait le déplacement, a pris le piano du salon d’assaut et l’a fait pleurer de toute sa peine.

Des amis de Papeete.

Sa famille, toute sa famille.

 

Mais lui n’a pas eu droit au « Dio-vi-salvi-Regina ».

Ni même aux honneurs de la République, de celle dont il était Officier de la Légion d’Honneur…

Deux omissions qui ont gâché un peu mon plaisir de partager ce dernier moment avec lui.

 

Ça ne fait rien, « Pierre », je le chante aujourd’hui pour toi.

Rien que pour toi, toi qui me l’a appris, pour que je m’en souvienne ce jour-là, ainsi que l’Ajaccienne !

« A genoux, Citoyens et frères / Son ombre descend parmi nous… »

Car je te garde, bien au chaud dans mon cœur, toi aussi, avant d’aller te rejoindre (après avoir réglé deux ou trois bricoles qui attendent encore, tu sais bien !), pendant que tu rigoles avec mon « papa à moi » au paradis des âmes bien nées.

 

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22 mai 2010 6 22 /05 /mai /2010 03:57

 

Celui-là, je le tiens bien au chaud dans mon cœur.

 

Je ne l’ai pas vu souvent. Deux fois, trois peut-être, dans toute ma vie. La dernière fois, c’était à l’enterrement de ma grand-mère (celle dont je vous parle tout le temps) : il avait fait le déplacement de Londres rien que pour elle.

Mais, s’il n’a guère apparu dans mon horizon visuel, il a toujours été présent dans les moments difficiles.

Je me souviens très bien l’avoir eu au téléphone dans les jours qui ont suivi le décès de mon « papa à moi ».

Son autorité professionnelle unanimement reconnue était telle qu’il avait su mettre le « holà » à la campagne de presse qui soutenait l’assassin de mon « papa à moi », celui qui me faut toujours pleurer quand je l’évoque, campagne de soutien grandissante contre toute raison.

Telle que l’on ne pouvait plus croire, plus jamais croire, à une simple coïncidence, à une seule « querelle de voisinage », mais bien plus à « une opération » compliquée qui visait tout autre chose et que j’ai racontée l’année dernière à l’adresse des descendances de « ma petite sœur » et de moi-même…

Un grand-père assassiné, ça fait tâche dans l’horizon familial.

 

Un ancêtre abattu pour arrêter sa mission à lui, celle qui s’était imposée à lui-même contre toutes sortes de trafics, de crapuleries et truanderies en col blanc indécentes, qui l’entouraient, ce qui s’est réellement passé, c’est nettement plus compréhensible, même si ça n’est toujours pas « acceptable », des décennies plus tard.

Et puis, évidement, sans vouloir flagorner, vu comme ça, c’est tout différent…

Là, on apprend à fermer sa gueule, à passer inaperçu, à être transparent le long des murs, à « passer derrière les affiches sans les décoller ».

D’autres, d’un autre calibre, on bien subit le même sort…

La rubrique « Devoir de mémoire » est là pour leur rendre hommage, à eux aussi…

 

Et puis « Pau-Mi » était aussi là, au bout du fil, quand le procès de l’assassin de mon « papa à moi », celui qui me fait toujours pleurer quand je l’évoque, alors que de nouveau une campagne de presse locale enflait : Grâce à ses interventions discrètes mais fermes, mon « papa à moi » a eu droit un procès-posthume à peu près équitable.

« Pau-Mi » a su faire taire les soutiens potestatifs de cet abruti du rachis, et l’empêcher d’être enflée au niveau national…

Magnifique : « Pau-Mi », mon « papa à moi » (celui qui…) te portait déjà dans son cœur.

Mais ce jour-là, j’ai pris définitivement le relai.

À jamais et jusqu’à ce que j’en meure.

 

« Pau-Mi » était un ancien journaliste de l'AFP. Il est mort récemment, à l'âge de 82 ans des suites d'une tumeur au cerveau à l'hôpital de Chelsea, à Londres où il résidait depuis dix ans.

C’est l’homme qui a révélé au monde la mort de Jean-Paul 1er, pour le compte de son employeur.

Italophile, agrégé d'italien, il avait fait l'essentiel de sa carrière à l'AFP où il était entré comme rédacteur au bureau de Rome.

Au début des années 1970, reporteur au service diplomatique, il avait couvert les négociations qui mettront fin à la guerre entre le Vietnam et les États-Unis.

Devenu directeur du bureau de Rome, il avait été le témoin des années de plomb, marquées par l'enlèvement puis l'assassinat en 1978 de l'ancien Premier ministre Aldo Moro par les Brigades Rouges.

Il a achevé sa carrière à l'AFP au poste de responsable du service diplomatique à la fin des années 1980 à Paris.

 

« Élégant, plein de charme, (c’était) aussi un homme érudit. Au gré de ses postes et de ses incessantes recherches dans les bibliothèques, il avait écrit des livres qui témoignaient de son humour et de son sens aigu de l'observation, comme « L'Angleterre, un monde à l'envers » (Hachette - 1967), une peinture des contradictions et bizarreries du british way of life », détaille Le Monde qui, du coup, remonte un peu dans mon estime… Alors que depuis plus d’un quart de siècle, je les vomis tous (pour cause de ce fameux papier sur mon « papa à moi », complètement déconnecté des réalités).

« L'histoire de sa terre natale, la Corse, l'une des grandes passions de sa vie, lui inspira plusieurs ouvrages, en particulier un récit historique « La maison des Viale » (Presses de la Renaissance - 1985), une fresque de l'histoire corse à travers la vie des quatre frères Viale. »

 

Il faut dire que c’est en fouillant le grenier de la maison familiale à Bastia qu’il avait retrouvé des lettres échangées par ses ancêtres qui ont servi de base à son roman.

L'ouvrage, toujours disponible, a été plusieurs fois réédité en Corse.

Il était marié à Monique, journaliste, puis membre de la direction de l'AFP, qui a ensuite rejoint l'agence Reuters.

Ils ont deux fils.

Que je ne connais pas…

 

Depuis lundi avant-dernier, il repose dans le cimetière de Bastia. Je n’y étais pas, emmerdé comme pas possible par quelques édiles locaux qui veulent faire main-basses sur des « bouts de pouvoir » en jachère qui n’en demandent pas tant et dont il faut bien que je bloque leurs ambitions surannées et démesurées, en plein exercice d’abus de pouvoir…

Désolé, « Pau-Mi ».

 

Mais restes-y au chaud : j’arrive !

Entre-temps, ne déconnes pas trop avec mon « papa à moi » (celui qui…), ni avec Bob, ni avec Pierre, tes cousins.

Moi, je me tiens près à venir vous y retrouver. Je règle encore quelques « bricoles » et j’arrive.

En attendant, je vous garde tous au chaud dans mon cœur, presque trop petit pour vous y blottir tous !

 

Merci à toi.

 

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