Il va nous revenir par la bande….
Alors, je prends les devants.
On n’en cause pas encore beaucoup, mais quand il sera repris par les « krétins-acéphales » qui nous gouvernent, soyez sûrs que derrière leurs élans de « justice-démocratique », il s’agira ni plus ni moins que de diviser pour mieux ne pas se faire jeter…
Car « Les citoyens » au nom desquels ils agissent et décident de leur bonheur pour vous, ça n’a pas d’existence réelle, sauf dans les bouquins et les études socio-statistiques.
On sait par ailleurs, que vouloir représenter « la Nation » (à qui l’on peut faire dire ce que l’on veut) plutôt que des gens en particulier (avec qui l’on peut débattre ou négocier) fait partie de ce qui a mené la Révolution aux horreurs de la Terreur.
Parce quoiqu’il en soit, un député reste un être humain, et un être humain n’est jamais « hors sol ». S’il n’est pas rattaché à une circonscription, alors il se rattachera de lui-même à un intérêt de famille, de groupe social, de parti ou que sais-je encore.
Et si ce n’est pas à une circonscription qu’il est rattachée, comment ses électeurs pourront-ils exercer un contrôle civique sur lui, lui faire remarquer quand il trahit leur confiance, lui présenter leurs opinions quant aux questions en cours ?
C’est exactement ce qui se passe avec les élections européennes, où je vous mets au défi de me citer tous « vos » élus européens.
Perso, je ne connais que « Rachi-dada-mimi », « Marinella-tchi-tchi », son père, « Conne-benne-dites » et « Mélangeons », tous autant bien représentatifs … d’eux-mêmes et pas plus.
Les autres, style « âme-mont », je ne sais même plus s’il y est encore.
Tous élus au suffrage proportionnel, pourtant régional…
On évoque parfois aussi la « distorsion » de la « volonté politique » des électeurs.
C’est là une chose qui dans certains cas pourrait fort bien se révéler désirable, nous dit-on.
En oubliant que si les « Gaulois » voyaient leur « volonté politique » transmise intégralement, on assisterait bientôt à des scènes plutôt comiques : Hausse brutale de la redistribution, incarcération de tous les Roms en camps, travail forcé des chômeurs, mise hors-la-loi de toute activité financière…
C’est là une des forces de la « démocratie représentative » et indirecte, qui lui a permis de tenir tant bien que mal jusqu’à nos jours malgré tous ses autres défauts : Elle permet aux passions de s’atténuer dans l’ouate de la médiation.
La « souveraineté », même populaire, est chose dangereuse : C’est la capacité de n’en faire qu’à sa tête, au mépris du droit et des gens, et le peuple pas plus que qui que ce soit d’autre ne devrait pouvoir l’exercer sans contre-pouvoirs puissants.
La proportionnelle constitue le cœur de l’aspiration de quelques-nains du neurone, mais c’est là un système encore plus vicié que l’actuel scrutin uninominal à deux tours, qui a au moins le mérite, peut-être effrité dans sa légitimité, de porter des gouvernements que l’on veut durables.
D’abord, il n’y a pas « un » scrutin proportionnel, mais de nombreux types, ne serait-ce que pour départager les arrondis (plus forte moyenne, plus fort reste, sans même parler des apparentements qui ont fait l’impopularité de la Quatrième République pour ceux qui ont oublié et ont entraîné sa décomposition avancée…).
Aucune ne fait l’unanimité.
Qui plus est, il y a toujours un seuil pour accéder à l’Assemblée, dont le niveau est arbitraire (le niveau ridiculement faible éventuellement proposé ayant d’ailleurs pour effet de gonfler artificiellement le nombre de sièges des centristes et des extrêmes).
Il est de 1 % en Israël, où les micro-partis menés par un ou deux tribuns ambitieux font leur loi, aboutissant à ce que des intérêts catégoriels voient leur poids politique démesurément amplifié : La vie politique de ce petit pays ne peut guère y être qualifiée de « constructive et responsable », hélas.
Il est de 5 % en Allemagne, ce qui a empêché les libéraux du FDP comme de l’AfD d’accéder à la représentation nationale, qui, ensemble, représentaient plus d’un électeur sur onze.
Et l’on vient parler de représentativité pour en justifier ?
Excusez du peu.
Il nous faut aussi parler du scrutin de liste.
On sent bien que la proportionnelle est, comme le disait Jean-François Revel, « le règne de la combinazione » (où l’on retrouve encore cette fameuse déformation de la volonté politique des citoyens) qui s’achète ensuite sur « tapis-vert » et secrets d’alcôve-politicienne : C’est comme ça qu’on voit « Mère-Quelle » consentir à un SMIC (plus tard) ce pourquoi elle n’a évidemment pas été réélue.
Pour pallier cette tare, l’on propose que les électeurs puissent ordonner leurs préférences parmi les candidats proposés (Cf. Inco, par exemple, qui reste original pour le coup à voter deux fois, pour le meilleur et pour le « moins-pire »).
Sauf que le problème principal d’une liste, c’est moins « quelle place y occupe-t-on » que « qui sera dedans, et qui sera dehors ».
Le principe même de la liste est parfaitement opposé à celui d’une élection libre, puisqu’il signifie que seuls les partis ont le droit d’édicter qui aura l’autorisation de se présenter à une élection : Qualifier une telle horreur « d’élection libre » semble dénoter d’une certaine myopie-dictatoriale, pour ne pas dire davantage.
Quant au classement des candidats, cela semble tout à fait invraisemblable.
La plupart des gens (vous savez, les gens réels, ceux qui ont un QI de 100, mange et caguent plusieurs fois par jour, ont un travail productif fatigant et un temps limité pour se renseigner sur les candidats) vont, soit les classer au hasard, soit ne pas toucher au classement proposé, soit encore en déplacer un ou deux en tête ou en queue, et ce sera tout, comme en Irlande.
Que d’efforts demandés pour si peu d’effets !
Sans parler du casse-tête que représentera le dépouillement : Pour les Irlandais, qui ne sont pas très nombreux, il faut compter 8 jours !
Et puis il faut aussi se souvenir de Lamartine élu député de la sorte dans plusieurs circonscriptions à la fois, sans compter les bulletins qui persistent à se porter encore chez nous sur notre Brigitte Bardot, n'est-ce pas...
La politique fait déjà assez de mal aux gens pour qu’on ne leur impose pas un tel fardeau sur leurs épaules, qui ne pourra qu’inciter à l’abstention accrue.
Si vraiment le but recherché est d’empêcher que chaque circonscription tente de vivre sur le dos des autres, deux propositions sont possibles : L’une, à l’efficacité immédiate mais limitée, est en effet d’empêcher de cumuler les mandats (d’ailleurs, qui peut croire qu’on peut sérieusement faire le travail d’un maire et d’un législateur en parallèle ? Et si c’était vraiment le cas, qu’est-ce qu’ils seraient socialement plus utiles à la tête d’entreprises-compétitives à redresser…).
L’autre consiste à ériger des barrières institutionnelles à ce que les collectivités locales peuvent exiger de l’État, et à ce que ce dernier peut donner aux premières.
Dans un pays fédéral (ces derniers ayant plutôt tendance à être mieux dirigés que les autres, leurs citoyens ayant une meilleure appréciation des enjeux des élections), les électeurs financent le premier niveau de collectivités locales, et ce sont ces dernières qui financent l’État fédéral et non pas l’inverse comme chez nous.
La possibilité qu’a chacune de taper dans le pot commun est évidemment plus restreinte…
Quant au mode de scrutin lui-même, il est nécessairement soumis aux paradoxes de Condorcet et d’Arrow, qui expliquent en quoi et pourquoi aucun système électoral ne peut satisfaire l’ensemble des critères de justice et de démocratie qu’on serait en droit d’en attendre d’une élection (non-dictature, monotonie et transitivité des choix, faible sensibilité aux votes stratégiques, ouverture du champ des résultats, résultat déterministe pouvant être obtenu et vérifié en un temps raisonnable…).
Au final, le bon scrutin, c’est sans doute celui qui dérange le moins les électeurs, ce qui est une vertu de l’uninominal à un tour (qui a par ailleurs bien des défauts) : Chacun peut s’y présenter, la procédure est compréhensible par quiconque a trois doigts de front (après tout, si une élection doit concerner tous les citoyens, il est préférable de ne pas en exclure les plus démunis intellectuellement).
Et le soir de l’élection, on compte les voix d’une manière parfaitement simple, on retient le candidat qui en a eu le plus.
La procédure est aussi simple que possible, et vérifiable par quiconque !
Simplicité et clarté de la procédure entretiennent la confiance de l’électeur dans l’élection, tout en empêchant les manipulations de la part des partis.
Pourquoi faire plus compliqué et moins transparent, si c’est pour obtenir des résultats qui ne seront pas meilleurs ?
D’autant que c’est le mode de scrutin des britanniques. Il a le défaut (ou la qualité) de déboucher sur un bipartisme parlementaire (tout comme aux USA) : Ceux qui soutiennent le gouvernement choisi par les mêmes, et ceux qui s’y opposent.
Simple vous dis-je et procure des majorités gouvernementales durables.
Ce qui n’empêche pas parfois de voir l’émergence d’un troisième parti, comme en Allemagne.
Et pour ceux qui veulent absolument être représentés pour être de toutes les minorités, il reste le Sénat où l’on pourrait y envoyer des « citoyens-tirés au sort » (comme pour nos cours d’assises) sur les listes électorales et à renouveler tous les ans par tiers…
Passons : Je plaide dans le vide absolu, pensez donc !
Quant aux « dérives idéologiques » quand ils nous causent par exemple de choses comme la théorie du genre ou font dans la « furie fiscale », la vraie dérive idéologique, c’est celle qui consiste à éviter de penser quelles « missions de l’État », comment on compte trancher dans « les priorités », quelles agences fermer, quels ministères supprimer, combien d’agents publics on compte renvoyer et comment, il faut bien reconnaître qu’elle est due en bonne partie à l’enfermement social et intellectuel de nos partis politiques.
Donner à ces mêmes partis la possibilité d’édicter qui aura la permission ou non de se présenter à une élection, c’est planter le dernier clou du cercueil du pays.
Quand les élites ne savent plus se renouveler, elles dégénèrent et peuvent alors choisir de se réformer elles-mêmes, ou bien de détourner l’attention, par exemple en touchant aux institutions.
Or, si le sage sait qu’on ne devrait toucher aux institutions que « d’une main tremblante », car c’est qu’à force d’y toucher, on les dénature, elles perdent la stabilité qui est leur principal intérêt et auquel elles doivent leur nom.
Et comme sous les institutions vit toute la société, elle risque de périr écrasée si elles s’effondrent.
Résister à la tentation de manipuler les institutions à la légère et sans recul historique, voilà qui aurait du mérite, pour une fois.
Peut-on vraiment les y obliger ?
Parfois, je me pose la question…
Parce que l’idée d’une réforme constitutionnelle va revenir très vite : Soit ce sera un thème de campagne (décalé, il faut bien le dire avec les enjeux et les scrutins à venir), soit ce sera un thème politique clivant pour les cantonales suivantes et régionales de 2015.
On y aura droit de toute façon…
Alors comme je n’ai toujours pas envie de vous parler du classement PISA et des réactions sur le sujet, vous attendrez un peu plus tard…
D’abord cette petite mise en garde, sorties de mes « archives » du moment !