Ces gars-là, décidément, ils jouent aux nuls !
C’est une rubrique des « Échos du matin » de pas plus tard que l’autre jour. Un beau panier, les patrons de PSA Peugeot Citroën, EADS, Sanofi, Air Liquide, Saint-Gobain, Solvay, Publicis Worlwide et du Conseil mondial de l’énergie, qui viennent donner la piqûre de leurs connaissances de ce qu’est une entreprise industrielle, après les dégâts d’un « Monte-bourre » face à Titan, Mittal, Florange et tant d’autres, tels que c’est plus de 1.000 emplois qui disparaissent définitivement tous les jours en mon beau-pays !
Tout autant de chômeurs supplémentaires à nourrir avant de les oublier en formations absurdes, qui ne cotisent plus des fruits de leur labeur sans qu’on vienne leur demander leur avis et bouffent de la subvention-redistributive à ne plus savoir où la prendre.
On pouvait s’attendre à quelque chose d’assez sympa, et d’ailleurs, ça commence bien avant de virer en « eau-de-boudin » !
Je cite :
« Aujourd’hui, la France connaît des temps difficiles. Le chômage atteint un niveau record. Le déficit commercial se creuse. Les marges des entreprises sont les plus faibles de la zone euro. Le constat est amer, d’autant que d’autres pays durement touchés par la crise, comme les États-Unis ou l’Irlande, montrent des signes de redressement. »
Bé oui, c’est un constat dit et redit, étayé, documenté, analysé sous toutes les coutures, mais tout le monde s’en contre-tamponne le coquillard et le reste.
« Cet état appelle des mesures urgentes et les acteurs économiques, dont les membres du Cercle de l’industrie que nous représentons, sont préoccupés par la situation. Pourtant, nous sommes convaincus que la France doit avoir confiance en ses atouts, réels – une main-d’œuvre diplômée, hautement qualifiée, des infrastructures de qualité... –, mais insuffisamment exploités. »
Tout-à-fait exact.
« Le gouvernement traite actuellement de chantiers clefs pour la compétitivité du pays. Nous l’invitons à saisir cette opportunité de remédier à un système à bout de souffle et à proposer des réformes ambitieuses nécessaires au redressement structurel de l’économie française. »
Ouf, un peu plus, on aurait pu croire qu’ils ne cogitaient sur rien…
Que pour défoncer les portes ouvertes, tels leurs inspecteurs des travaux finis…
« Le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (Cice) est un signal positif, dans la mesure où il témoigne de la prise de conscience des pouvoirs publics du lien entre coûts de production et compétitivité. Mais son impact sur le rétablissement des marges des entreprises, notamment industrielles, est limité. Le vrai problème reste entier : il s’agit de la dérive des dix dernières années entre la taxation du travail en France, qui figure parmi les plus élevées de l’UE, et celle de ses partenaires. »
Que, justement, « François III » quand il a eu été élu candidat avant d’être élu, il avait fait la promesse de taxer le travail comme les plus-values sur les rentes de situation et autre capital.
Perso, naïf que j’étais, je me suis dit : « Chiche ! »
On va pouvoir enfin faire des « arbitrages » d’optimisation sur des bases « normales », sans veiller ni à la fiscalité ni aux charges sociales, puisque ce sera pareil.
Au lieu de persister à basculer les « fruits du labeur » et inversement sur des supports titrisés pour faire rentrer un maximum de choses sur de la fiscalité allégée et polluer les schémas stratégiques d’optimisation industrielle.
Enfin, m’ai-je dit, on va pouvoir appeler un chat « un chat » et redonner au prolo les fruits de son propre travail !
D’autant qu’à ce jeu-là, la plupart des « rentiers » n’y comprennent rien et supportent souvent une double-imposition tellement ils sont mal conseillés !
Y voir plus clair, de façon plus simple, quel bonheur à venir pour les foules de béotiens !
Bref, normalement, on devait réduire « la sauce » sur les fruits du travail et alléger celle sur les rentes du boulot des laborieux.
Eh bien pas du tout !
Que j’ai vite déchanté : Il s’agissait seulement d’aligner les clauses les plus douces de la fiscalité des patrimoines pour être des « niches » à la fiscalité la plus dure (et encore durcie) des rémunérations du « labeur ».
En fait, cumuler les inconvénients de tous les régimes sous prétexte d’uniformité.
Magnifique d’absurdité et ce fut l’épisode des « pigeons » et autres dindons…
« Nous sommes convaincus que la relance durable de la compétitivité-coût des entreprises passera avant tout par un transfert massif des charges sociales vers des assiettes portant sur la consommation. Le gouvernement doit être ambitieux sur ce sujet, certes sensible mais crucial. »
Raisonnement d’autiste.
C’est assez spectaculaire, comme on l’a déjà démontré à plusieurs reprises ici même.
Je recommence, parce que franchement, cette bande de « sachants » polytechniciens, ils commencent à me chauffer le neurone à blanc.
Pour faire simple, prenons une entreprise qui vend à prix hors-taxes un produit d’une valeur de 1.000, constitué de 500 de rémunération « super-brut », salaire + charges sociales.
Les charges sociales n’étant qu’une « rémunération différée », disons qu’elle vaut 230 alors que le salaire net vaut 270.
(C’est à peu près la proportion, mais c’est variable d’une activité à une autre).
Le tout est vendu 1.196 TTC et l’État se régale de 196 sans rien faire.
230 + 196 = 426 de prélèvements obligatoires au total, pas loin de nos 56 % de dépenses publiques par rapport à notre PIB présumé quand on rajoute nos déficits.
Disons que j’ai envie de retirer 30 des charges sociales, pour les basculer sur de la TVA, par exemple.
Toutes choses égales par ailleurs, mon produit ne vaut plus que 970 HT, mais toujours 1.196 TTC. Prélèvement = 200 + 226 = 426. Rien de changé.
Sauf que je viens de faire un taux de TVA égal à 23,30 %. Du domaine du possible du point de vue juridique.
Ceci étant, excusez du peu, comment un salarié, qui n’a toujours que 270 de salaire net va-t-il pouvoir payer un produit importé qui était de 1.196 avant, au prix nouveau de 1.223 ?
Parce que pour lui, il n’a rien vu sur la feuille de paye à la dernière ligne…
Vous me direz, ça tombe bien, et c’est le raisonnement des « X » promoteurs de la mesure, on s’attaque ainsi aux importations.
D’ailleurs, au niveau des exportations, le produit exporté à 1.000, il va devenir « vachement » compétitif à 970…
C’est ce qu’on annonce partout.
Sauf que dans le monde des entreprises, ce n’est pas tout-à-fait comme ça que ça se passe.
Parce que l’entreprise qui vendait 1.000, elle doit assumer d’un coup un baisse de ses charges de 30, mais plus grave, une baisse de chiffre d’affaires également de 30, soit 3 % l’année de mise en place (c’est l’effet « CICE » évoqué).
Idem pour tout le pays en « contraction » de 3 %.
Et aucun gain de « productivité », parce que pas de marge supplémentaire pour les entreprises, pas de pouvoir d’achat pour le salarié, des pertes substantielles pour tous les autres (retraités, chômeurs, jeunes & inactifs, 63 % de la populations quand même) ni de redressement possible des productions, d’autant que les exportations, qui ne pèse que 24 % du PIB, ne seront pas boostées pour autant par un accroissement équivalent face aux « prix-chinois » (cinq à dix fois inférieur) ou à « das Deutsch qualität ».
Qu’il en faudra des années et des années et quantité de financements supplémentaires introuvables pour une boîte qui « décline » pour adapter l’outil de travail et relocaliser.
Alors que les importations qui pèsent 26 % du PIB risquent de durablement s’effondrer, entraînant dans sa chute tous ceux qui font métier et marge sur les flux internationaux, jusqu’à les envoyer pointer chez « Paul-En-ploie ».
Bref, un raisonnement de « décliniste », mais qui nous vient de l’élite-industrielle, pas des « soce-écolos » qui nous gouvernent.
Curieuse convergence, non ?
Bon, j’admets que c’est plus complexe que ça, et j’entends d’ici les critiques vertement assenées par d’autres « sachants » qui vont m’expliquer que je ne comprends rien à rien.
Il n’empêche qu’à ce jeu de vases-communicants, quand les acteurs n’ont rien à gagner et qu’en plus on leur retire ici ou là, ça ne peut pas fonctionner : Excusez, mais je suis un adepte du « gagnant-gagnant », vacciné que j’ai été depuis le plus jeune âge, et non pas du « donnant-donnant » où il y a toujours un cocu !
Comme exemple, parmi les cocus, les services à la personne ont vu leur taux de TVA passer de 5,5 % à 7 % avec les « soces ». Elle passe à 19,6 % (12 points !) au 1er juillet, et bientôt à plus comme annoncé…
Combien de morts ? Combien de « cocus » ?
Des centaines de milliers, qu’il va y en avoir…
« La loi sur la sécurisation de l’emploi est une avancée notable, mais encore insuffisante. »
J’ai été le premier, sinon un des premiers, à vous le dire.
Ça plus le CICE, simulations et calculs faits, c’est un « coup tordu » qui accentue encore et dans bien des branches d’activité une « perte de substance » qui pourrait, que dis-je, qui va devenir létal pour beaucoup.
« Le temps de travail doit être assoupli : il devrait pouvoir être ajusté en fonction des besoins spécifiques à chaque entreprise, sur la base d’accords majoritaires en son sein. Sa durée globale doit également faire l’objet d’une réflexion nationale, afin de converger vers les moyennes de nos partenaires européens : la durée effective annuelle du travail en France est une des plus faibles d’Europe. »
Là, ils se moquent… Ce n’est pas la durée qui compte, mais le coût.
Le temps de travail, c’est typique d’une « variable » : Plus il y a du boulot, plus on paye. Moins il y en a, plus on réduit le format et la masse du « coût salarial ».
Mais il est vrai qu’il y a comme une contradiction à payer 35 heures au prix de 40 heures sans gain de productivité concomitant.
Mais il est vrai qu’on se fout du monde à réduire les temps de travail hebdomadaires comme dans les années 90 en allongeant le temps de travail dans une vie de labeur comme pour l’actuelle et prochaine réforme des retraites.
Moins 10 % ici, plus 10 % là, de qui se moque-t-on SVP ?
Passons, ce n’est pas le bon débat…
« Par ailleurs, les modalités de l’indemnisation du chômage doivent être rendues plus incitatives au retour à l’emploi. Enfin, la sécurisation de l’emploi passe par un changement radical de notre dispositif de formation professionnelle. Sur ce point, la conférence sociale de juin a lancé une dynamique de réforme qu’il faut approfondir et concrétiser. »
De grands rêveurs.
Si on voulait vraiment faire de réelles économies, ce n’est pas sur la l’indemnisation des chômeurs qu’il faudrait les faire, mais justement en supprimant la formation professionnelle, ce fromage qui finance tous les syndicalistes et font perdre un temps précieux pour se reclasser.
Mais là encore, personne n’en a vraiment le courage politique et la conséquence serait au bas mot un million de chômeurs en plus dans les statistiques.
Sans compter le demi-million qui en vivent, à faire des formations bidons sur Windows 7 ou 8…
« Pour maintenir une industrie forte sur son territoire, la France peut favoriser un modèle énergétique garantissant sécurité d’approvisionnement, protection de l’environnement et, surtout, l’accès à un prix de l’énergie compétitif vis-à-vis de ses partenaires européens et internationaux. Or, les prix du gaz en Europe sont aujourd’hui le triple de ceux aux États-Unis ; en Allemagne, qui a fait le choix de privilégier la compétitivité de son industrie, les électro-intensifs paient leur électricité 20 à 25 % moins cher que leurs homologues en France. »
Je vous rassure, ce n’est pas le cas des particuliers et autres industries « non-électro-intensives », au contraire, puisqu’on nous annonce une flambée des prix…
Et puis les allemands importent et importeront toujours plus d’électricité-intensive quand ils fermeront leurs centrales nucléaires…
« Aussi, la future loi de programmation doit suivre trois principes : promouvoir des actions européennes pour résorber les distorsions de concurrence et favoriser l’accès à un niveau de prix de l’énergie, taxes comprises, à la fois modéré et prévisible ; et, pour cela, s’appuyer sur l’atout que représentent nos infrastructures existantes (hydraulique, nucléaire, réseau…). Soutenir les investissements dans des technologies en faveur d’une meilleure efficacité énergétique, et développer des filières d’excellence sur les énergies renouvelables, à fort potentiel de compétitivité. »
Là, on sent nettement la patte du Président du Conseil mondial de l’énergie…
Le mek, il en profite pour plaider pour sa chapelle, en noyant bien le poisson, mélangeant hydraulique et gaz de schiste dans le même panier.
Fabuleux.
« La désindustrialisation n’est pas inéluctable. Tout est encore possible. Nous invitons le gouvernement à approfondir et accélérer son action pour redresser la barre. Nous soutiendrons ces efforts, mais ceux-ci doivent être à la mesure de la situation. »
C’était le plaidoyer du « monde d’avant » qui peine à filer du boulot au pays, montant des usines neuves à l’étranger pour sauver ce qui peut en l’être dans le « monde d’après » :
Pierre-André de Chalendar (PDG de Saint-Gobain),
Jean-Pierre Clamadieu (président du comité exécutif de Solvay),
Pierre Gadonneix (président du Conseil mondial de l’énergie),
Jean-Yves Naouri (président exécutif de Publicis Worldwide),
Benoît Potier (PDG d’Air Liquide),
Denis Ranque (président du conseil d’administration d’EADS),
Philippe Varin (président de PSA Peugeot Citroën),
Chris Viehbacher (directeur général de Sanofi).
Que des « boutiques » transnationales, plus ou moins en bonne santé, quelques-unes vivant de commandes publiques ou de subventions aurez-vous noté, pas une seule qui fait PME dans nos campagnes, ou ETI au pays.
Et avec « ça », on veut vraiment que ça aille mieux ?
Alors que c’est justement là l’avenir économique de mon pays, avec des outils en développement que sont les « micro-productions » et le télétravail.
Un jour, il faudra que je vous en parle, d’ailleurs, parce que d’autres plus pointus théorisent déjà sur le sujet.