De Mars 2009….
À cause de l'importance des nationalisations, des services publics, il subsiste en France une très vaste clientèle électorale qui dépend de l’État à laquelle l’État a accordé des privilèges substantiels – garantie de l'emploi, retraites plus favorables – et qui tient à les garder ; elle est donc hostile à la libéralisation, à l’égalité des chances… finalement.
Dans la réalité, on libéralise, on privatise, on s’ouvre aux échanges internationaux.
Cette évolution est mondiale, elle va jusqu’à toucher des pays comme l’Inde, qui a été longtemps très dirigiste.
Mais sur le plan idéologique, l’insurrection farouche contre le libéralisme se développe et s’intensifie sur le plan verbal. Comme l’idéologie est une construction qui n’est pas tirée des faits, elle se perpétue indépendamment de la réalité.
On peut trouver dans le système libéral des quantités de défauts, des injustices, beaucoup d’inégalités, des malhonnêtetés, des ratages.
Or, il faut bien noter toutefois que les seuls pays où l’on a créé une protection sociale efficace sont les pays capitalistes.
D’abord parce qu’il faut être riche : vous ne pouvez financer une protection avec une économie qui ne marche pas.
Ceci est contredit en France grâce à l’endettement, mais pour combien de temps encore ?
L’économie est la science – ou la discipline, si on préfère – qui étudie les choix individuels et leurs conséquences sociales. Elle pose l’hypothèse que les choix individuels sont motivés par l’intérêt personnel dans un sens plus ou moins large.
Même s’il est en partie altruiste, l’individu pose ses choix de manière à atteindre une position préférée dans l’échelle de ses préférences.
Qu’arrive-t-il si on suppose que les individus ont la même motivation quand ils participent aux affaires publiques que quand ils vaquent à leurs affaires privées ?
L’hypothèse semble raisonnable : l’individu ne se métamorphose pas quand, du marché ordinaire, il passe au domaine de la politique, quand il devient politicien ou fonctionnaire.
Les politiciens et les bureaucrates (nom que les économistes donnent aux fonctionnaires et autres salariés du secteur public) ne sont ni plus ni moins que des hommes ordinaires.
Prenons d’abord des politiciens. Le premier objectif d’un politicien est d’être élu ou réélu.
Le politicien réussit à se faire élire en offrant à ses électeurs – ou, au moins, à la majorité d’entre eux – les politiques publiques qu’ils souhaitent. Une fois l’élection terminée, le marché politique s’étend aux assemblées parlementaires et autres assemblées d’élus.
Afin d’obtenir l’appui de ses collègues pour faire adopter la mesure pour laquelle ses commettants l’ont élu, le politicien est disposé, à charge de revanche, à voter pour les politiques que ces autres politiciens, pour les mêmes raisons, souhaitent voir adopter.
Les politiciens s’échangent des appuis entre eux, ils s’échangent des « politiques publiques ».
La concurrence sur le marché politique rend dès lors l’État incontrôlable. Elle produit un enchevêtrement incontrôlé de politiques publiques.
Car la raison profonde en est qu’une politique publique s’impose à tout le monde, même à ceux qui ont voté contre. Dans la mesure où la bureaucratie (fonctionnaires) étatique exerce un contrôle sur les choix publics – et seule l’étendue de ce contrôle est en question – ces choix refléteront davantage les intérêts des bureaucrates que les préférences des citoyens en général.
Logique.
À part les politiciens et les bureaucrates, on doit tenir compte d’une autre sorte d’intermédiaires dans les processus de choix publics : les groupes d’intérêts. C’est pourquoi les contribuables sont souvent exploités par les intérêts organisés (agriculture, docker, électriciens, etc.). Les politiciens détournent couramment le sens des mots pour légitimer l’intervention de l’État dans la sphère privée des individus, et restreindre ainsi leurs libertés.
Les libertés individuelles sont d’autant plus en danger que l’uniformisation est poursuivie par les partis de gauche et de droite ; ceci pour des raisons cependant fortement différentes.
Tandis que les premiers y voient un moyen de réaliser une hypothétique justice sociale et de construire une société selon leurs plans égalitaristes, les seconds, emmenés par les lobbies économiques, se prennent à rêver d’individus formatés selon leurs besoins, et de conditions adéquates pour ce qu’ils imaginent être une compétition économique internationale alors qu’il s'agit d’échanges volontaires et pacifiques.
De plus, la droite, piégée par son acceptation tacite de la croissance ininterrompue de l’État providence, se voit obligée de défendre l’uniformisation pour tenter d’en limiter les coûts.
Or, les libertés individuelles ne peuvent être sacrifiées ni sur l’autel de l’idéologie, ni sur l’autel de l’efficience économique.
Il y a six implications principales du poids de l’État qui expliquent sa relation adverse avec la prospérité :
– 1 : L’extraction de ressources, qui inclut les impôts et leur prélèvement, l’endettement, l’inflation et la réglementation ;
– 2 : L’inefficacité du secteur étatique en raison de l’absence du « signal » des prix et de la mesure du profit ;
– 3 : La substitution au secteur privé, auquel les dépenses de l’État livrent une concurrence déloyale ;
– 4 : Les mauvaises incitations liées aussi bien à la fiscalité qu’aux dépenses ;
– 5 : L’inhibition de l’innovation que cause la rigidité des structures (CNRS) et des processus étatiques et
– 6 : L’affaissement moral qu’implique la dépendance sociale ainsi que la violation des choix personnels et des droits légitimes de propriété.
Le marché libre et la société civile, c’est-à-dire les personnes directement touchées par les décisions qui les concernent, peuvent non seulement produire les biens et les services nécessaires à leur bien-être, mais peuvent le faire mieux et moins cher que l’initiative étatique.
La gauche ne manque pas une occasion pour qualifier la politique économique de « Bling-Bling » d’ultralibérale et cela dans un pays ou le PIB dépend pourtant de l’État à hauteur de 55 %.
Ridicule à en pleurer !
Maintenant que le communisme a disparu, il est redevenu une utopie pure, elle est donc parfaite, par définition.
Quand on compare une « utopie parfaite », qui a l’avantage de ne pas exister, à la réalité et la pratique du libéralisme pourri de défauts, on défend nécessairement et farouchement la première.
Les libéraux français sont à ce point terrorisés par l’idéologie socialisante qu’ils multiplient les professions de foi sur la solidarité et l’anti-thatchérisme.
Quant aux gaullistes, (UMP) ils n’ont jamais été libéraux.
La France gaulliste des années 60 est une espèce d’Union soviétique qui a marché, grâce à un compromis entre droite et gauche pour construire une économie planifiée, avec néanmoins un secteur privé suffisant, afin que l’économie respire un peu.
Il est frappant de constater que la planification préparée sous Vichy, dans le cadre d’une économie de pénurie, a été reprise telle quelle à la Libération par les technocrates gaullistes : commissariat au Plan, nationalisations, etc.
Il a longtemps subsisté, à droite, un consensus pour une économie très largement administrée, dite « économie-mixte », contre le libéralisme « anglo-saxon », méprisable quant à lui.
L'Europe, pendant tout le XXème siècle, s’est offert une sorte de guerre civile incessante, une guerre entre États à l’intérieur même de l’Europe. Et elle a inventé tous les systèmes totalitaires : bolchevisme, fascisme, nazisme, avec quelques produits latéraux moins virulents (à prouver), Salazar au Portugal, la junte grecque, Franco en Espagne.
Alors qu’elle était dominante au début du siècle, elle a échoué.
Il y a eu énormément de gens qui ont été soit les acteurs, soit les complices, soit les clients passifs et indulgents de l’idéologie communiste.
La droite française n’a pas véritablement compris la grande mutation qui s’est produite dans le monde à la suite de la chute du communisme.
Il faudrait un renouvellement intellectuel et politique de la gauche comme de la droite en France.
Or, la gauche et la droite sont accrochés à des thèmes complètement passéistes. La gauche au « socialisme de marché », la droite au « gaullisme historique », qui ne correspondent plus ni l’un ni l’'autre à la situation actuelle.
Le respect scrupuleux des faits dans l’analyse de la crise actuelle devrait s’imposer… Hélas, non !
Le PS français (en grande partie) est désormais, en Europe, la seule gauche de gouvernement à se cramponner aux thèses sommairement anticapitalistes et antilibérales inspirées par une sorte de trotskisme moisi : même avec le recul, ses échecs économiques fracassants de la période 1981-1984 ne l’ont pas amené à une révision intellectuelle, bien qu’il ait dû modifier sa pratique sous la contrainte des réalités.
L’idéologie, n’étant jamais tirée des faits, ne se sent jamais réfutée par eux. Pourtant, comme toutes les nations modernes, la France aurait besoin d’un parti de gauche s’inscrivant sans ambiguïté à l’intérieur du modèle démocratique d’économie de marché qui a finalement prévalu dans le monde.
La vieille doctrine révolutionnaire selon laquelle le socialisme doit s’assigner pour but de changer de société, n’a engendré, partout et toujours, que des catastrophes : ça se sont des faits !
Elle ne suscite, à ce jour au PS, que de navrantes déclarations sans aucun contenu pratique, alors qu’une dose raisonnable de réflexion pragmatique serait la bienvenue. Parmi eux se trouvent, certes, bien des gens intelligents, désireux et capables de procéder à la mise au point des idées qui devraient aujourd’hui guider un grand parti de gauche.
Cette décision, tous les socialistes européens y ont procédé : les socialistes allemands, portugais, espagnols, britanniques, scandinaves – même l’ex-Parti communiste italien.
Mais pas les socialistes français. Car ce ne sont pas les plus intelligents d’entre eux qui, en France, dans leur propre parti, tiennent le haut-parleur. Ils sont réduits au silence et contraints de cacher leurs doutes par les excommunications des aboyeurs de slogans.
Encore une contradiction : battu en brèche tous les jours au niveau idéologique, le capitalisme est vigoureusement courtisé au niveau pratique.
Aussi bien les pays dits socialistes (Chine, Vietnam) que ceux du tiers monde font appel aux investissements, à l’aide technologique, à la capacité importatrice des pays capitalistes développés dont ils proclament, d’autre part, le système mortellement atteint.
Néanmoins, la désinformation continue grâce aux mythologies politiques soigneusement entretenues au profit d’une minorité vivant à l’abri de des crises économiques.
VCRM
I-Cube : Ce que tu décris est très exactement une photo « copier/coller » de la situation économique et politique du pays des « Gaulois pure souche » de 1788 à 1799…
Il suffit de changer les noms, les catégories « socioprofessionnelles », les « castes » et les « idéologies » existantes (Montagnard/Jacobin ; physiocratique/universaliste classique), les conflits des rois et princes européens.
Mais il paraît que l’Histoire ne balbutie pas, ne repasse jamais deux fois les plats, dit-on.
Seulement quand la sagesse des peuples progresse, pense-je…