Le libéralisme est-il de « droâte » ?
En fait, c’est sous ce titre que « Valeurs Actuelles » a récemment publié une série d’articles. Faut-il rappeler que « Valeurs Actuelles » est vraisemblablement aux frontières du libéralisme et du conservatisme.
Le dernier article était signé de Claude « Peau-lin », philosophe éminent, qui précisément se situe quelque part entre conservatisme et libéralisme.
Cette position intellectuelle ambiguë vient certainement d’une méconnaissance de la pure pensée libérale, en particulier d’Hayek, mais tout aussi bien de Bastiat – surtout Bastiat – et Turgot (on relève d’ailleurs la même ambiguïté chez Tocqueville, voire Constant).
Pour Claude « Peau-lin », la philosophie a laquelle ressortit le libéralisme est « celle-là même qui se trouve inspirer aussi le socialisme, celle qui affirme que l’homme réalise sa nature par l’assouvissement de ses désirs. Certes libéralisme et socialisme diffèrent, mais seulement dans l’ordre des moyens ».
Analyse irrecevable.
L’opposition entre libéralisme et socialisme est totale et inévitable, parce qu’il s’agit de deux anthropologies opposées. Léon XIII et la doctrine sociale de l’Église catholique n’ont cessé de l’affirmer : « l’erreur du socialisme est une erreur sur la personne humaine ».
On opposera aussi Hobbes et Locke : l’un estime que « l’homme est un loup pour l’homme », l’autre pense que les hommes, à la différence des loups, sont tournés vers l’harmonie, le contrat et la paix.
À la lecture de l’article, on peut comprendre d’ailleurs ce qui est exclu de l’analyse de Claude « Peau-lin ». C’est que l’intérêt personnel ne peut être satisfait qu’au service des autres, que l’homme ne peut s’épanouir qu’au contact des autres, et non pas au détriment des autres.
Les socialistes sont des gens profondément pessimistes sur la nature de l’être humain, toujours avide, toujours destructeur.
Destructeur des autres, destructeur des plus faibles, destructeur de la nature maintenant.
Voilà pourquoi ils veulent une société organisée pour protéger l’homme contre l’homme.
Ils finissent ainsi par détruire et la liberté, et la propriété, et l’homme lui-même.
C’est la raison pour laquelle, contrairement à ce qu’avance « Peau-lin », il n’y a aucune convergence possible entre les deux philosophies. Il est vrai que la mode est au relativisme et quoi qu’il s’en défende « Peau-lin » suggère qu’il y a quelque part de vérité dans le socialisme.
Il n’y a pas davantage de convergence entre les systèmes économiques, entre le marché et le plan, comme le pensent les prophètes du tiers système comme Schumpeter, Burnham, Galbraith et autres : « La concurrence libérale a logiquement mené à une incessante concentration industrielle et financière, donc à la domination du marché par des oligarchies restreintes également censées agir pour le bien-être de tous ».
C’est voir le libéralisme à partir de Davos, ou dans les seules colonnes des journaux financiers.
En réalité, il n’y a aucune concentration observée qui serait due à la concurrence, toute la concentration à laquelle « Peau-lin » se réfère est celle des oligarchies publiques, avec les atteintes que les États portent régulièrement au libre-marché concurrentiel à travers ses réglementations, ses protectionnismes, ses corporatismes, ses syndicalismes.
Il est vrai que « Peau-lin » voit peut-être le libéralisme à travers la cohorte de polytechniciens énarques qui pantouflent dans les grandes sociétés clientes de l’État français.
Mais ce libéralisme à la française n’a rien à voir ni avec la philosophie libérale ni avec le marché, qui sont fondés sur la liberté et la responsabilité d’êtres humains appelés à servir la communauté.
Niko
Nota I² : Délires et billevesées !
Le libéralisme… existentiel n’est ni de « droâte », ni de « gôche », bien au contraire.
Il est dans la pensée, les actes et la faculté d’agir sur les situations à rencontrer, pour soi et pour autrui.
C’est la petite « part de divin » que nous portons chacun en nous.
Pour ceux qui ne sont pas croyants – mais c’est la même chose – ça s’appelle « Liberté ».
Et la Liberté exclue de facto toute règle à l'exception remarquable d'une unique : La seule règle qui compte, c’est la notion de responsabilité, individuelle et/ou collective.
Le rôle de « l’autorité déléguée » que sont les États « libéraux » ou toutes délégations « publiques » (pour être pris comme ce qui n’est pas « privé » mais partagé) est, et n’est seulement, que dans sa capacité de rendre responsable jusqu’au bout et que mort s’en suive, tout à chacun de ses actes, dires et pensées, individuels et/ou collectifs.
Or, ça n’existe nulle part. Ni à « droâte », ni à « gôche » ni ailleurs (sauf peut-être au milieu de l’océan, seul sur ton bateau [*]) : les uns comme les autres iront jusqu’à te dire ce que tu dois bouffer (et que même si tu le bouffes pas, tu le payes quand même !).
Et chacun et tout le monde de s'abriter encore derrière l'irresponsabilité de fait pour dire et faire n'importe quoi... La grande faillite de nos nations !
[*] : « Homme libre, toujours tu chériras la mer ! » Charles Baudelaire.