Glissée subrepticement dans le plan de relance de 780 milliards
Certains se demandaient si la nouvelle administration allait introduire un changement radical dans la société américaine.
Il est certes trop tôt pour conclure, mais le plan conçu par Daschle, l'ancien sénateur et leader démocrate du Sénat, battu aux élections mais nommé par Obama « au bas-mât » pour être secrétaire d'État à la Santé et qui a dû renoncer pour non déclaration de revenus, apporte un début de réponse.
Profitant de l'urgence, Daschle a fait injecter dans le plan Paulson revu et corrigé à hauteur de 780 milliards de dollars, des dispositions qui préparent une nationalisation de facto de la santé américaine et réussissent à mettre en place ce qu'Hillary et Bill Clinton n'avaient pas réussi à faire il y a 14 ans.
Le plan prévoit une administration spécifique, le « National Coordinator of Health Information Technology », qui va répertorier tous les traitements médicaux de tous les citoyens et s'assurer que votre médecin suit les directives de l'administration afin de réduire les coûts et améliorer l'efficacité. Les médecins qui n'utiliseront pas de façon appropriée le système seront pénalisés.
Qui définira cette « façon appropriée » (« meaningful users ») ?
Le Secrétaire d'État à la Santé appuyé sur un conseil formé d'experts le « Federal Coordinating Council for Comparative Effectiveness Research ».
Pas moins.
Daschle a écrit un livre où il explique que l'objectif est de ralentir l'usage de nouveaux médicaments et traitements expérimentaux.
En particulier, il suggère d'utiliser une méthode de sélection qui tienne compte des années restant à vivre, suivant un modèle utilisé en Grande-Bretagne (qui aurait conduit à ne pas traiter la dégénération maculaire des patients âgés tant qu'un œil n'aurait pas été perdu ; mesure abandonnée après 3 années de protestations massives Outre-Manche).
Ce dispositif sera célébré par tous ceux qui pensent que l'avenir de la Sécurité Sociale est dans un contrôle plus étroit de l'État.
Pourtant, les résultats de l'exemple français devraient faire réfléchir et se demander si un système de santé coûtant certes plus cher (15 % du PIB) mais où près de la moitié est libre, seulement 8 % distribué par l'État, ne concilie pas le filet de sécurité pour les plus pauvres avec la liberté d'acheter de la santé non remboursée, pour les plus riches qui permet les progrès techniques.
Santé à deux vitesses ?
Elle l'est de toutes manières dans un dispositif contraint comme ceux en usage en Europe, où c'est déjà celui qui a l'argent ou les relations qui est le mieux soigné.
Cacher le plan de nationalisation de la santé dans la loi de stimulus a été intentionnel : Daschle avait écrit il y a un an que le prochain président (démocrate) devait agir rapidement avant que les opposants puissent monter une opposition et attacher le plan au budget fédéral car « cet enjeu est trop important pour être paralysée par le protocole du Sénat ».
Une leçon très exemplaire de démocratie appliquée...
PV
I² : Voilà qui m'amuse au plus haut point, PV !
Ici comme ailleurs, on en vient à « réguler » l'activité de santé. Encore et toujours en rationnant, en installant la pénurie réglementariste !
Chez nous, c'est d'abord les remboursements, puis les quotités d'actes, puis la « rationalisation » de la carte médicale et enfin des coupes-sèches dans les services.
Et ces Messieurs démocrates y viennent aussi ?
Quand donc « ces sachants-là » comprendront-ils que la santé, ça ne se commande pas ?
Qu'il y a des déserts à combler par des incitations et des années à grippe auxquelles il faut faire face et d'autres non ?
Je ne sais pas moi, mais je crois fermement qu'on peut s'y prendre autrement.
Déjà, apprendre aux gens combien ça coûte.
Chez nous, plus personne ne sait puisque le prix décaissé ne veut rien dire par rapport au vrai coût des actes médicaux...
Mais ce que j'en dis, n'est-ce pas...