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D'où Erre-Je ?

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Les Ex-Archivés

Amis visiteurs !

Oui, entrez, entrez, dans le « Blog » de « l’Incroyable Ignoble Infreequentable » !
Vous y découvrirez un univers parfaitement irréel, décrit par petites touches quotidiennes d’un nouvel art : le « pointillisme littéraire » sur Internet. Certes, pour être « I-Cube », il écrit dans un style vague, maîtrisant mal l’orthographe et les règles grammaticales. Son vocabulaire y est pauvre et ses pointes « d’esprit » parfaitement quelconques. Ses « convictions » y sont tout autant approximatives, changeantes… et sans intérêt : Il ne concoure à aucun prix littéraire, aucun éloge, aucune reconnaissance !
Soyez sûr que le monde qu’il évoque au fil des jours n’est que purement imaginaire. Les noms de lieu ou de bipède et autres « sobriquets éventuels » ne désignent absolument personne en particulier.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies) y est donc purement et totalement fortuite !    
En guise d’avertissement à tous « les mauvais esprits » et autres grincheux, on peut affirmer, sans pouvoir se tromper aucunement, que tout rapprochement des personnages qui sont dépeints dans ce « blog », avec tel ou tel personnage réel ou ayant existé sur la planète « Terre », par exemple, ne peut qu’être hasardeux et ne saurait que dénoncer et démontrer la véritable intention de nuire de l’auteur de ce rapprochement ou mise en parallèle !
Ces « grincheux » là seront SEULS à en assumer l’éventuelle responsabilité devant leurs contemporains…
27 juillet 2012 5 27 /07 /juillet /2012 04:02

Rencontre improbable

 

Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.

Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !

 

Sidérant. Paul revient de Fresnes troublé par ce qu’il vient de vivre. Cette garce-là est animée d’un « vouloir-vivre » étonnant. Elle y met de la fougue croyant encore à son avenir qu’elle n’a pourtant plus.

Miho se bat avec un chaton tout roux tacheté de blanc quand il rentre chez lui. Celui des voisins de palier : Il a tendance à passer par les balustrades. Il s’agit de le choper et de le garder au frais devant une gamelle de lait pour le restituer à ses propriétaires quand ils rentreront.

« Mais laisse-le et arrête de lui donner à boire ou à manger ! Il rentrera tout seul chez lui. »

Mais il est : « Si chat mignon ! »

Tu penses, un truc à laisser des poils partout et à faire ses griffes sur les montants des fauteuils tout neuf.

 

En fin de semaine, il reçoit un coup de téléphone. La voix du gusse qui se faisait passer pour « Jacques Chirac ». Re-bouffée d’adrénaline.

« On continue ou non ? »

Que son patron aille se faire foutre : Il ne peut rien pour lui.

C’est là qu’il prend peur pour Mylène : Son restaurant sur péniche peut-être la prochaine cible.

Comment arrêter le carnage ?

La fondation Risle n’existe plus, c’est comme ça, et ses activités illégales non plus. Personne n’y peut plus rien.

Aussi, ils descendent pour le week-end. Ce qui est une erreur, mais bon, personne n’est parfait.

Mylène n’en peut plus de tout faire toute seule pour faire tourner leur boutique où elle n’est que gérante minoritaire (pour des raisons de fiscalité appropriée et de couverture sociale à l’époque de sa création).

L’argent manque en caisse dès qu’elle embauche du monde pour l’aider en cuisine ou « en salle ». Et dès qu’elle s’en passe, elle est crevée.

Et puis de voir Paul avec sa « niaqwée », ça l’enrage, même si Paul reste « assidu » à ses charmes à elle quand il est là.

« Il y a bien une solution. Tu laisses tomber. On revend la péniche et le fonds de commerce et tu pars en vacances à Kotor ! Peut-être même que Pètros te garderas en cuisine. »

Il n’y pense pas ! À bientôt 50 balais, elle ne va pas refaire sa vie à l’étranger. C’était leur deal à eux deux.

Et puis, vu tout ce qu’il y a au passif du bilan en termes de compte-courant, la vente ne suffirait pas à tout rembourser.

« Ça ira mieux le jour où on aura fini de rembourser les banquiers ! Il suffit de tenir ! »

Ils ne tiendront pas : La péniche explose et coule, retenue par ses amarres le mardi matin suivant, alors qu’elle fait ses courses à Rungis avec son antique camionnette.

Heureusement, le personnel fumait une cigarette sur la berge avant de se mettre au boulot. Pas de blessé, mais une grosse frayeur.

Le problème, avec Mylène, c’est qu’elle n’a pas payé l’assurance…

Même pas la peine de « jouer » avec l’expert.

Qui d’ailleurs passe quand même constater les dégâts par acquis de conscience un peu plus tard.

« C’est quand même pas de chance pour toi, Paul. Il n’y a plus que l’usine qui n’a pas encore sauté. »

« Je ne suis plus à l’usine, Marc ! Celle-là, tu peux la garder en portefeuille. Elle ne risque rien. »

« Et tu vis comment alors ? »

Là ? Vraiment sans le sou.

« C’est moi qui ai le contrat pour ton appartement ? »

Oui ! « Faut que je réfléchisse… »

Un ami ?

Tous les mêmes…

Et c’est bien là que Mylène prend ses quartiers, sur les bords de Seine, passant ainsi de la rive droite à la rive gauche, mais en amont et en face de la cathédrale de Paris.

Paul en est à se demander s’il ne sera pas plus en sécurité au large sur son ketch. Au moins, personne ne viendra l’emmerder au téléphone à le menacer de représailles pour un truc qu’il lui est matériellement impossible de faire.

 

Il envisage d’ailleurs sérieusement de faire la route des trois caps, puisqu’un jour ou l’autre il lui faudra « être loin », jusqu’à ce qu’il fasse une rencontre totalement inattendue.

Charles Almont est de passage à Paris et « comme par hasard », tiens donc, croise Paul sur le Boulevard Saint-Germain.

« Ah mais quelle surprise ! Mon meilleur agent qui se promène ! »

Oui, oui : Tu parles. Il allait à la « maison de l’association des X » voir si on lui avait trouvé un point de chute, tout en broyant du noir.

« Je vous offre un pot, il faut qu’on parle. » C’est ainsi qu’ils se retrouvent tous les deux au pub Saint-Germain, les « g-men » de protection du directeur-Europe (sauf l’Angleterre) en embuscade.

Et parler de quoi ?

« Je suis au courant pour vos déboires professionnels. Vous savez que votre prototype intéresse pas mal de monde à Washington. Ça vous dirait d’en faire une petite présentation là-bas ? » fait-il tout de go et dans la même phrase.

Non ! « Vous avez beaucoup mieux aux states. Le X 34, le Walkyrie et plein d’autres. C’est juste un petit démonstrateur de même pas 10 tonnes au décollage. Aucun intérêt ! »

Mais qui vole à plus de Mach 5. « On a eu du mal à le repérer entre deux prises de vue de satellite ! »

« Déconnez pas ! Vos navettes filent à Mach 25 en vol plané. »

Pas en atmosphère. Elles ne vont pas plus vite que Mach 3 et pas longtemps.

« Vous savez, je n’ai rien inventé. Mes céramiques, ce sont les mêmes que celles que vous savez faire depuis fort longtemps. Il n’y a rien à rajouter que vous ne sachiez pas déjà, puisque j’ai tout pompé dans vos nomenclatures publiées ici ou là ! »

Il en convient.

« N’empêche, vous savez pourquoi vous avez été mis sur la touche, au moins ? »

Le gouvernement veut des drones, pas des avions hypersoniques qui n’ont aucun intérêt opérationnel.

« Or les drones, EADS en teste et Dassault également. Je ne vais pas m’y mettre à mon tour pour un marché domestique aussi étroit ! D’autant qu’ils finiront bien par vous en acheter sur étagère, ou auprès des israéliens, vous le savez comme moi ! Ce sont des spécialistes, les israéliens… »

Eux aussi, le sont devenus. Plus vite, plus loin, plus fort que les machines juives.

« Je sais. »

 

Non, il ne sait pas la vraie raison de sa disgrâce pense Almont.

« Il s’agit du cabinet noir de l’Élysée ! »

Paul sait ça aussi depuis l’épisode canadien et la présence répétée du « Jacques Chirac ».

« Parce que vous croyez à cette affaire absurde ? Vous vous êtes fait bourrer le mou par les cousins de la belle province ! Ou alors, c’est vous qui manipulez tout le monde autour de ce faux-nez ! »

Non, c’est sérieux.

« Votre Président a vraiment un problème avec sa queue. Il faut se rappeler qu’il a d’abord cherché à se la rallonger, pour contenter sa première épouse avec l’argent de l’héritage de sa grand-mère.

Puis la seconde a exigé qu’il se fasse installer une prothèse pour en augmenter le diamètre et le volume. Ça lui donnait cette démarche chaloupée que vous avez pu tous voir pendant la campagne 2007.

Depuis sa rencontre avec la troisième, il est même allé jusqu’au Mexique rencontrer un éminent spécialiste sur la côte pacifique. Tous les deux veulent un enfant, mais elle, elle a « la cheminée » plus grande que nature, on sait ça pour s’être procuré le diagnostic du toubib à l’agence, et lui il ne fait pas le poids avec ses 8 centimètres : Il n’éjacule plus aussi fort que comme à ses 20 ans ! »

Une histoire qui rappelle de loin à Paul une des enquêtes de « CAP-investigation » qui n’avait jamais abouti, celle sur un type mal doté par la nature, a-spermatique, violeur et tueur en série, qui n’a jamais pu être identifié[1]… Mais il n’allait pas lui en parler tout de même : Rien à voir, pour le moment.

Débile ! « Ils ont tous les deux eu des enfants chacun de leur côté. Et puis il y a d’autres solutions que celle envisagée. La FIV, l’insémination artificielle. 

D’autre part je vous signale qu’il a fait un gosse à sa garde des sceaux entre-temps. Il n’est pas ni impuissant ni stérile que ça, que je sache. »

Le môme de Rahmida ? On dit que c’est le frère.

« Ça, c’est pour quand un malin de journaliste arrivera à faire un test génétique de paternité ! »

« Elle a le cul plus serré, ou elle est restée fesses en l’air plus longtemps pour compenser ! »

Eh bien Carlita, elle n’a qu’à en faire autant. « Ou c’est moi qui vais lui faire son gosse ! On ne va quand même pas ranimer un réseau de criminels disparu, uniquement pour procurer une bite de 20 centimètres au gnome sous prétexte qu’il est le chef ! Faut pas déconner non plus, Monsieur le Directeur ! »

« Moi, je sais bien que vous avez raison, mais lui a payé 50.000 dollars pour l’avoir et il la veut. »

« Eh bien dites-lui qu’il aille à Pékin faire trucider le donneur. Mais prévenez-le qu’une quéquette jaune, Carlita va en avoir une fausse-couche. Ou que s’il garde son épiderme, il n’aura plus de prépuce, s’il en a encore un ! Et encore, si c’est suffisant : S’il grimace, les coutures pourraient péter !

Ce n’est quand même pas de ça que vous êtes venus me parler, présume-je. »

 

Non c’est vrai. Mais ça a un rapport.

« En fait, je devais vous remercier pour votre rapport sur votre visite des installations de Sir McShiant : Il correspond à ce que nous nous attendions.

Ce qui renforce encore mieux votre … « fiabilité » à nos yeux et ceux de nos alliés de l’Otan.

Mais… Car il y a un « mais », nous avons récemment fait appel aux services de « Charlotte » par la voie habituelle pour exfiltrer un iranien qui en sait long sur le programme nucléaire du pays et était d’accord pour une expédition aérienne.

Tout était prêt, sauf qu’on nous a répondu que vous n’étiez plus à l’effectif. Le temps de se retourner, notre gars est passé sous un camion. Une opération qui coûté à l’agence un bon million de dollars…

D’où ma présence ici. »

Qu’il ne rêve pas : Il n’a même plus son hydravion.

« Je sais. On est en négociation. Parce que ledit « cabinet noir » aimerait bien aussi qu’on se charge du sort du directeur de la banque des pauvres. Il leur fait peur pour leur échéance électorale de 2012. »

C’est loin et avec tout ce que les Services ont sur son compte, ça ne sera pas bien difficile que de le faire sauter en plein vol, celui-là.

« C’est un peu plus compliqué que ça. Si l’affaire Ferrayé et celle de l’argent de la division Daguet sortent dans la presse, effectivement, les jours du présidentiable sont comptés.

Quoiqu’avec vous, les français, vous êtes encore capables de voter pour lui.

Par ailleurs, l’agence ne peut rien contre lui sur le territoire américain. »

Ils en ont d’autres, des agences : Le FBI, le NSA et quelques officines opaques.

« Bien sûr, bien sûr. D’autant que le bonhomme donne des cheveux blancs aux autorités monétaires de mon propre pays avec ses affaires de paniers-monétaires en « DTS » multidevises. Si on le laisse faire, le dollar, et donc l’économie mondiale ne sont pas sortis de la crise, mais au contraire y replongeront encore plus durablement. »

Le dollar, toujours le dollar ! Ils n’avaient qu’à pas accepter sa nomination à ce poste-là.

« Pas si simple : On devait aussi récupérer nos milliards perdus et ce gars-là aurait pu être utile à ce moment-là pour vous confirmer nos informations. Mais vous n’en avez pas eu besoin. »

Quand donc les USA cesseront-ils de manipuler tout le monde : « Le dollar n’est pas le pivot de tout ce qui tourne sur la planète. »

Si : 60 % des échanges. Et il y en a tellement qui circule que s’il s’effondre, c’est toute l’économie planétaire qui s’effondrerait.

On en reviendra au troc, c’est tout.

« Tiens, à propos de troc. Il faudrait que vous rencontriez Blaucher. Un de vos banquiers « repentis ». Il vous expliquera son idée de « Barter » qui serait basée sur le même principe ! Vous l’avez cité dans votre blog d’Infreequentable ! »

« Arrêtez ! Je n’ai pas de blog, vous pouvez vérifier. Que j’en aurai eu un, de toute façon je n’y aurai pas mis ces textes, évidemment. Je vous soupçonne, vous, au contraire, de poursuivre avec ce gugusse-là que je ne connais pas, un agenda qui n’est pas le mien, ni celui de mon pays. Et vous me savez loyal, Monsieur le Directeur.

Et je ne connais pas ce Blaucher. Parce que ce n’est pas si innocent que ça que d’avoir mis autant de détails de cette affaire en ligne. »

Justement non.

« Je vous explique : Nous avons dissuadé vos Services de sortir cette affaire sur la place publique, même contre la tête du banquier des pauvres. Car nous n’avons aucun intérêt à la divulguer en ce moment, en plein rebond de crise des dettes publiques.

Pensez donc, comment expliquer que la CIA disposait de 15 milliards de dollars de fonds secrets pour calmer les Koweïtiens en 1992 et qu’elle les a récupérer fin 2009 seulement et grâce à vous ?

Pour en faire quoi, en plus ? Alors que la Fed injecte difficilement et dans la douleur des centaines de milliards de dollars pour soutenir l’activité du pays et le versement des pensions à nos retraités !

Vous n’y pensez pas une seule seconde, Capitaine ! Et en plus, juste avant nos propres échéances électorales. Il faut absolument garder le secret total sur cette affaire », s’exclame-t-il !

Bon et alors ?

 

« Ils nous ont répondu qu’ils ne feraient pas, si on leur explose le candidat, persuadés qu’ils sont qu’il peut remporter les élections de mai 2012.

Et j’avoue que d’avoir un personnage pareil à la tête de votre pays, ça n’emballe même pas le Président Obama dont c’est pourtant le cadet de ses soucis ! »

Bon et alors : Il veut en venir où le directeur-CIA ? Et puis ils veulent qui à la place du banquier des pauvres ?

L’actuel président leur conviendrait… pour l’heure. Mais ça peut encore changer s’il déconne trop sur la « moralisation » de la vie de la planète financière…

« Si vous nous trouviez une bonne idée, on pourrait peut-être négocier qu’ils vous foutent la paix, qu’en dites-vous ? »

Un ange passe, puis s’enfuit à la perspective d’un futur immédiat désagréable aux plumes de ses ailes.

« Vous rigolez, Charles, là ! Je ne me mêle pas de politique, vous le savez bien. Je n’en ai rien à battre que l’un ou l’autre soit élu. Du moment que c’est à la régulière. Ça, c’est le premier point.

Et le second, vous savez très bien que je ne suis pas votre agent. Je rends uniquement service à ma hiérarchie, quand c’est pour mon pays ! Voire même ses alliés, que vous êtes quand elle en décide. »

La voix de Paul est sourde et grondante comme d’un orage lointain qui déferle rapidement de l’horizon…

« Vous n’avez plus de hiérarchie opérationnelle ! Un agent isolé et en disgrâce prolongée. Réfléchissez ! »

« Remettez-en une en fonctionnement qui soit crédible, et on verra. Mais je vous remercie de penser à mes petits-soucis d’intendances actuels. C’est assez sympathique de votre part. »

Charles Almont se cale au fond de son dossier, comme pour mieux réfléchir et prendre du recul. Peut-il, doit-il proposer à « Charlotte » de devenir un agent de la CIA avec payes à l’appui ?

Ce serait le moment, mais il se ravise : Il pourrait recevoir une fin de non-recevoir cinglante et définitive et ce ne serait pas opportun pour la suite.

Il décide donc de continuer selon son « plan A ».

« Entendu, mais seulement si vous me dites que vous pourriez nous être utile. »

Non, pas vraiment. « Ce n’est quand même pas si compliqué d’allumer ce gars quand on sait que c’est un queutard infini. Surtout chez vous où ce genre de choses ne pardonne pas à un homme politique. »

C’est une hypothèse à travailler.

« Mais notez que nous, on ne peut rien faire aux USA. Et dans votre pays, vous avez d’autres mœurs, tellement habitués que vous êtes à ce genre de frasques de vos personnels politiques depuis si longtemps. Ça peut ne pas prendre, au contraire. Vos électrices de femmes adorent les « mecs virils » ! »

Faudrait pas non plus qu’il exagère : Virilité n’a jamais voulu dire agression ou abus, ni viol, ni se taper des putes à toutes les occasions, en bande organisée ou en solo.

 

« Il faut que ça se passe aux states, je l’imagine bien, mais aucun français n’a de réseaux pour faire ça là-bas, de toute façon. Essayez avec vos collègues les britanniques ! Ou ceux du Mossad. »

Sûrement pas : « On a d’autres préoccupations avec les anglais et les israéliens et nos directions opérationnelles ne sont pas fusionnées, vous le savez ! »

Ah oui ? Quoi ?

Charles Almont botte en touche : « Des choses comme les performances supposées des derniers avatars de la guerre froide. Le T 50 de chez Sukhoï, le J 20 des chinois, par exemple » fait-il en rebondissant sur le domaine aéronautique qui ne peut pas laisser indifférent Paul de Bréveuil, l’ex-aviateur militaire.

« D’ailleurs, à propos d’avions, je vous signale que nous ne sommes pas les seuls à nous intéresser à vos prouesses. Normalement les Russes, les israéliens aussi, mais surtout les chinois ne devraient pas tarder à prendre contact avec vous, si ce n’est déjà fait ! »

Pas encore vus.

« Et votre agent Nord-Coréenne, qui loge chez vous ? Elle n’est pas indiscrète ? »

Pas si mal renseigné que ça…

Il la saute de temps en temps et elle aime ça, c’est tout. « On me l’a refilée entre les pattes alors qu’elle devrait être en taule à Séoul. Vous avez manqué à tous vos devoirs, sur ce coup-là. Elle a failli me tuer à deux reprises, quand même ! »

Ce n’est pas eux : « Votre gouvernement n’a rien contre elle, sauf votre enlèvement. Et ils ont tenu leur promesse d'octroi de son asile politique. Je n’y peux rien ! »

Ouais, bon… En attendant, coller une espionne patentée à proximité des installations d’Aubenas, ce n’est pas la meilleure idée du siècle.

Et désormais, de toute façon, lui aussi il en est assez loin, desdites usines.

« Bon, bon ! Pour vous faire plaisir, je veux bien y réfléchir. Mais je vous assure, que monter un réseau chez vous, sans soutien, ça n’a rien d’évident. Je ne sais même pas par où commencer. »

Là, ils peuvent l’aider. « Vous avez des gars assez costauds en tête ? »

Pas encore. « Laissez-moi y réfléchir. Si je ne suis plus emmerdé par vos connards de « cabinet-noir » et que ma « hiérarchie », mais je la veux militaire, cette-fois ci et de la marine de préférence, parce que je n’ai confiance que dans les marins, sans aucun « politique » en travers, si elle fonctionne dans le sens que vous souhaitez, je veux bien y consacrer un peu de temps. »

Ok ! « Tope-là ! Et bon retour parmi nous ! C’est comme si c’était fait… », fait Almont qui ne doute décidément de rien, avant de se séparer.

 

Complétement cinglé, pense Paul en le voyant partir accompagné d’une voiture suiveuse.

S’attaquer à un chef de l’opposition, un futur présidentiable, jamais aucune « hiérarchie » surtout pas militaire et surtout pas l’amirauté ne viendra appuyer ce genre de démarche : On a une tradition séculaire à respecter parmi les porteurs de pompons, il l’a oubliée.

En attendant, ça pourrait lui donner un peu de répit, pense Paul.

Parce que plus de job, plus d’avion, plus de moto, plus de domicile, plus de sémaphore, plus d’agence CAP-Investigation, plus de restaurant sur péniche, demain plus de voilier et peut-être même plus d’hôtel en Bosnie, on ne peut guère toucher le fond plus bas en quelques semaines : Une véritable catastrophe.

Et tout ça pour une histoire de bonne femme qui ne veut pas se mettre les fesses en l’air pour se faire encloquer ? Dément !

 

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[1]Cf. L’épisode des enquêtes de Charlotte : « Le mystère du violeur en série », à paraître aux éditions I-Cube.

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26 juillet 2012 4 26 /07 /juillet /2012 04:02

Visite carcérale

 

Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.

Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !

 

Et une fois sortie ?

« D’abord, avant la sortie, on était « briffée ». Les menaces de mort étaient claires et crédibles : Lacuistre avait une longue liste de « disparues ». Ensuite, on était filée. Si on crachait le morceau, la peine de mort promise était appliquée quasi-immédiatement.

Je vais vous dire, il nous montrait même les photos de ses « nettoyeurs », comme il disait, pour qu’on ait bien peur. Et effectivement, je les ai eus souvent dans mon dos après ma sortie, malgré mes déménagements successifs.

Et puis on oublie, on tourne la page on essaye de se reconstruire, de ne plus jamais parler de ça.

De toute façon, même votre frère ne m’a pas crue quand j’ai tenté d’aborder le sujet. »

Des photos ?

Charlotte a celle des frères Liamone, jeunes.

« Ce sont ces deux-là. Des faciès qu’on n’oublie pas ! »

« Vous avez eu raison », fait Paul. « Ces ceux-là ont tué mon père. Sur ordre. Et en ont assassiné bien d’autres au profit de Risle… »

« Risle, je cherchais le nom. C’est lui notre « toubib ». Mais il y en avait un autre aussi, plus jeune ! Celui-là, il baisait rapidement dans son cabinet. »

 

Un récit cohérent d’avec ce qu’ils savent aujourd’hui des pratiques de Lacuistre.

« Valérie, je ne sais pas comment, mais si je vous dis que tous ceux-là ne mourront pas de mort naturelle, vous me suivez ? »

Elle est même devant s’il le faut. « Lacuistre, Risle, le proc’ et toutes les matonnes qui ne moufetaient pas ! »

Le Proc’ est mort dans son lit. « Risle, je l’ai abattu comme une bête cet été. »

Pourquoi ?

« Je vous l’ai dit, mon père. Il était le juge d’instruction qui avait ouvert un commencement d’information judiciaire sur les décès suspects de la centrale un peu avant votre incarcération. Ils ne l’ont même pas laissé aller plus loin ! »

Car dans son « enfer », il y avait aussi des gens qui s’inquiétaient à l’extérieur.

« Que voulez-vous que je fasse ? »

Là, comme ça, il ne sait pas.

« On se tient au courant. Je vous enverrais un contact le moment venu. Si vous êtes toujours décidée. »

« Ils vous ont fait avorter combien de fois ? » demande Charlotte.

Deux. À la seconde, Risle lui a fait « une totale ».

Une chance qu’elle ne fut pas compatible avec l’un de ses clients du moment : Elle y serait restée. Paul lui explique comment et pourquoi.

C’est les larmes aux yeux, un peu tremblante d’effroi, qu’elle se sépare d’eux qui doivent refaire la route en sens inverse.

« Je ne suis pas animée d’un sentiment de vengeance. Le passé, c’est le passé. Mais je suis partisane que justice soit faite. Après tout, je suis innocente du crime dont on m’accusait et jamais je n’aurai dû rencontrer ces personnes, qui ne devraient même pas exister. Il faut qu’ils payent pour tous leurs crimes odieux ! »

 

Dans la voiture, qui ronronne à 2.600 tours, vitesse stabilisée par le régulateur d’allure du bord, on aurait entendu une mouche voler si l’étanchéité sonore avait été un peu mieux faite.

Les dents serrées, la mâchoire crispée, le nœud à l’estomac.

« On fait quoi maintenant ? » demande Charlotte.

Ils arrivent devant la boutique de « CAP-Investigation ». Accueillis par les pompiers qui finissent de noyer les dégâts de l’incendie qui a ravagé le local.

Paul a sa réponse : Propositions d’indemnisation rejetée !

« Charlotte, c’est la guerre ! »

Mais non, un court-circuit peut-être.

« DD » est effondrée sur le trottoir. Si elle n’avait pas été « black-totale » de naissance, de toute façon les suies l’auraient rendue couleur ébène.

« Je n’ai rien compris. Je travaillais au sous-sol quand j’ai entendu un grand « vlouf ». Je n’ai même pas pu appeler les pompiers. Je suis sortie comme une folle à travers les flammes. » Le bol !

Qu’elle ne s’en fasse pas, tant qu’elle n’est pas blessée : « J’aime assez ta façon de refaire le décor ! Mais pour l’odeur, tu aurais pu faire un effort : Ce n’est pas terrible ! »

Les filles en rient…

C’est la guerre. « Charlotte, tu prends Aurélie sous le bras et tu files loin d’ici, n’importe où et à l’étranger de préférence. Je m’occupe des démarches et de l’enquête. Toi, « DD », tu rentres fissa chez toi et tu vas t’inscrire à l’ANPE demain. C’est chômage technique pour tout le monde. Ok ! Et tu fais gaffe à tes fesses et à tes mômes ! Vu ? »

« Il y a des choses que tu me m’as pas dites ! »

Oui, certes. Mais il vaut mieux qu’elle ne sache pas.

« On se tient au contact via les textos, comme au bon vieux temps. »

Bref, les emmerdes persistent : Il va falloir se battre.

 

La semaine suivante, la juge Hélène Trois-Dom fait parvenir une permission de visite à son intention pour « visiter » la sulfureuse Cécile Wiseppe au parloir de Fresnes, alors qu’il s’occupe des dégâts du chantier du bureau des Halles avec Miho.

Il est question de « déposer le bilan » : L’activité de télésurveillance a très vite été concédée à la concurrence pour « trois-francs-six-sous », concurrence qui de toute façon n’a pas attendu très longtemps pour passer dans la clientèle assurer « le service » par intérim.

Une belle aventure qui touche à sa fin…

Quand on en fait les comptes, finalement, il ne reste plus grand-chose : Un vrai gouffre financier et plus les ressources nécessaires venant de la MAPEA ou d’ailleurs, tant que les assurances n’indemnisent pas, pour pouvoir remonter la pente.

Et elles ne sont jamais pressées dans ces occasions-là, les assurances !

 

Cécile est amaigri, mais porte toujours haut sa volumineuse poitrine-molle. Elle a coupé ses longs-cheveux noir anthracite, ce qui la rajeunit un peu, mais lui donne un air bizarre, avec son emplanture de chevelure « basse du front ».

Elle a un moment d’arrêt quand elle reconnaît Paul dans la petite pièce isolée réservée aux avocats, qui sent la crasse, et que Trois-Dom a pu obtenir pour leur entrevue.

Son visage s’assombrit, puis tout d’un coup s’éclaire sur une sorte de sourire pervers.

« Ce n’est pas croyable ! Vraiment pas croyable ! » s’exclame-t-elle.

Quoi ?

« Ça fait quatre ans que je n’ai pas baisé une seule fois, pas une seule, et le premier mec qui me visite, c’est le dernier avec qui j’ai fait l’amour ! Et en plus, c’est mon bourreau, celui à qui je dois d’avoir pris perpette ! Incroyable ! Tu as du remord, chéri ? »

Comme accueil, ce n’est pas banal…

Non, pas de remord : « Je te rappelle que je n’ai tué aucun juge et pas même de baveux ! Pas comme toi. Si tu es ici, c’est de ton fait, pas du mien. »

N’empêche, si elle n’avait pas croisé sa trajectoire, peut-être aurait pu-t-elle poursuivre sa macabre démarche.

« Ça, c’est la faute à pas de chance. Si ta sœur n’avais pas été se confesser, le cureton n’aurait jamais été me trouver. »

Quel salopard, celui-là : « Trahir le secret de la confession, c’est vraiment dégueulasse ! »

Il a fait selon sa conscience et n’a pas vraiment trahi : Il a justement assuré qu’il ne pouvait pas trahir, mais il s’était ouvert d’un cas de conscience personnelle… en aiguillant avec assez de détails pour que Paul veuille en savoir plus, il est vrai.

Et puis Odile ne s’était pas confessée : Elle avait juste besoin de parler comme pour s’exorciser !

« Tu viens pour quoi, Chéri ? Ma sœur ne va pas ? »

Il n’a pas de nouvelles d’Odile.

« Alors tu envisages de rouvrir mon dossier, que je puisse être défendue par un vrai avocat ? »

Même pas : Elle avait été défendue, avec pugnacité même. Son baveux n’est pas un pote de sa victime avocallieuse, pour s’affronter durement dans les réunions du barreau dont ils souhaitaient tous les deux être élus bâtonnier. Et il n’a pas été tendre avec son confrère décédé lors des interrogatoires ni à l’occasion des plaidoiries…

Alors ?

 

« Alors, tu peux peut-être m’aider. »

« Contre quoi en échange ? Tu viens pour me tringler, j’en meure d’envie, que j’en mouille déjà ma petite-culotte, là, ou c’est pour me faire évader ? »

Romantique la fille…

Évader, il n’en est pas question. La baiser sur la table, ça peut se faire, même s’il n’en a pas très envie.

« C’est important ici ! Une fille qui a un mec à l’extérieur, on lui fiche la paix plus facilement. Surtout si c’est un industriel bourré aux as ! »

Il ne l’est plus. « Pas grave. L’important, c’est d’avoir un mac. Au moins, toutes les gouines qui jouent au caïd, elles y regardent à deux fois ! »

Là, tout d’un coup, Paul vient de comprendre « l’enfer » décrit par Valérie la semaine passée, délaissée pendant plus de 20 ans par tous…

« Ce n’est pas ça qui m’amène. J’ai un problème que je suis censé aborder avec toi. C’est une échappatoire idiote que j’ai trouvée dans le cabinet de ta juge d’instruction, Trois-Dom. Mais je te jure que c’est idiot de ma part, à la réflexion.

Voilà, nous sommes tous les deux des assassins. Je le suis devenu cet été par hasard et en état de légitime défense.

Mais les circonstances, si elles sont bien établies pour la plupart de mes victimes, il reste un doute pour leur « cerveau », celui de l’avoir exécuté involontairement, semble-t-il officiellement.

Car dans la version officielle, j’ai fait feu au hasard, pour ajuster mes tueurs suivants sur un tir instinctif. Dans la version de la Juge, mon inconscient aurait guidé mon bras sur ma première victime et elle se demande si j’y étais « obligé ».

Pour faire crédible, je lui ai dit que je ne savais pas et que peut-être, toi qui en a poignardé un sans défense et empoisonné un autre sans remord, tu pourrais m’expliquer ton geste… conscient, cette fois-ci. Avec donc toutes les nuances qui me permettraient d’auto-diagnostiquer mes véritables intentions ! »

Et quelles étaient-elles ?

« Le flinguer, de toute façon, pas de doute. Mais dans mon esprit, pas dans le sien ! »

Et tu regrettes.

« Pas le moins du monde : C’était vraiment une ordure, pour des tas de raisons, qui avait le sang de milliers de ses victimes sur les mains ! »

Et lui, avait-il un remord ?

« Non plus ! C’était son business qui commandait. Il tuait, ou faisait tuer des personnes saines, pour prélever leurs organes à destination de ses clients ! »

Eh bé ! « Ça existe, ce genre de chose ? »

Oui. Hélas.

« Et tu veux savoir quoi ? Si j’ai pris plaisir à tuer ces porcs ? »

Par exemple.

« Ce n’était pas des porcs, tu le sais très bien. L’un et l’autre n’ont fait que leur boulot. Idem pour Scorff que j’ai d’ailleurs recroisé sur cette affaire. Il va bien, merci pour lui ! »

Si ! Non ! Si !

 

« Mais arrête Cécile ! Si on avait pu établir une « vengeance justifiable » de ta part, des erreurs du juge ou de l’enquête sur la mort de tes parents, tu penses bien que tu n’aurais pas eu perpette. C’est ma contre-enquête qui t’a coulée, ma belle !

Parce que tu t’es trompée sur les causes de la relaxe de ce putain de mec qui a vrillé le neurone : Les juges et les flics, ils ont fait leur boulot. Mais on ne peut rien contre un procès truqué de A à Z ! »

Ils auraient dû.

« Ils n’ont pas pu. Tout ce qu’a pu faire Scorff, c’était de filocher l’assassin de tes parents une fois remis en liberté. Et il l’a allumé à la première occasion, lui et ses hommes.

Il aurait pu se contenter de l’arrêter. Mais crois-moi, lui aussi a été écœuré de la façon dont ce procès-là avait été mené.

Souviens-toi, il a même témoigné en ta faveur lors de ton propre procès. »

Et pourquoi, le sien et celui de sa sœur n’a pas été « truqué » de la même façon ?

« Parce qu’il ne faut pas commettre les mêmes fautes contre les mêmes institutions. Tu le sais. C’est une affaire close : On ne la refera pas. Et ce n’est pas de ça dont je te parle aujourd’hui. »

N’empêche, elle est dans une merde sans issue.

 

« Et alors, tu veux savoir quoi ? Si j’ai pris plaisir à égorger le juge ? Mais oui que j’y ai pris plaisir ! Pas comme d’un orgasme, mais je t’assure que j’ai respiré beaucoup mieux et plus profondément quand je l’ai vu finir de trembler gisant à terre dans son sang ! Et au couteau à pain que je l’ai tailladé au final.

Un grand plaisir de voir ses yeux se révulser après qu’il m’ait regardé effaré. J’ai même eu le temps, avant, de lui expliquer ce que j’allais faire de lui.

Et j’ai vu l’incrédulité dans son regard quand je lui ai enfoncé le couteau à steak dans la bidoche. Un vrai régal !

Tu as ressenti la même chose, toi ? »

Oui, mais elle ne le saura pas. Paul baisse les yeux comme pour mieux cacher sa vérité. Puis reprend en levant la tête.

« Non, je ne me souviens pas de ça ! J’étais juste content de pouvoir le rendre inoffensif », ment-il sur le moment.

« Alors, tu n’es pas un assassin ! Juste un pauvre mec qui passait par-là au mauvais moment avec une arme dont tu as été forcé de te servir ! »

Ouais, tu parles !

« Moi au moins, j’avais prémédité tout ce qui s’est passé, durant de longues années, au point que ça me bouffait la tête. La seule chose que je n’avais pas prévu, ça a été la réaction d’Odile. Je la croyais assez forte pour me soutenir, elle en est devenue folle ! Là, je regrette, je t’assure ! »

 

« Merci, Cécile. Tu viens de me libérer la conscience. Que puis-je pour toi ? »

La sauter : « On est fouillé au corps, du rectum au vagin, à l’entrée et à la sortie des visites : Bourre moi par tous les trous à m’en mettre plein partout que ces pétasses s’en foutent plein les doigts ! »

Toujours délicate…

 

(Aparté n° 23)

 

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25 juillet 2012 3 25 /07 /juillet /2012 04:02

Blues persistant

 

Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.

Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !

 

Dans la semaine, Paul réactive sa cotisation aux « Bureaux des anciens » de Sup-aéro et de polytechnique. S’il doit retrouver un boulot, il a plus de chance en faisant savoir à ses écoles qu’il est disponible, que de passer par l’Apec ou l’ANPE en voie de devenir « Pôle-emploi ».

Bien sûr, on lui demande d’envoyer un CV réactualisé : Un bon vieux coup de « blues » à refaire la synthèse de tout ce qu’il a pu faire…

Ce qu’il finit tant bien que mal le lendemain matin.

Lendemain qu’il use à cherche un moyen de locomotion autonome.

Naturellement, il réveille Miho dans la chambre de Charlotte. Puisqu’elle est là à le suivre depuis si longtemps, autant qu’elle l’accompagne et lui serve de garde du corps, le cas échéant.

Il va pour acheter une moto, elle opte pour un moyen de gamme de chez Peugeot, mais à quatre roues !

Les femmes, partout et toujours les mêmes…

Un veau le moteur diesel. Et puis ça pue et ça fait du bruit.

Et puis à 5.000 tours/minutes, si l’accélération est un peu poussive sur les premiers mètres, en revanche, ça « arrache » à chauffer le bitume jusqu’à s’étouffer !

30 litres au 100, dans ses moments-là, jusqu’à ce que la boîte automatique passe la vitesse supérieure.

En revanche, ce qui est marrant, ce sont tous les petits-boutons qui commandent l’ordinateur de bord, qui va jusqu’à régler les sièges en hauteur, réguler la vitesse, la température, régler la luminosité du tableau de bord et déclencher les essuies glaces à la première goutte de pluie !

Magique.

 

Ils en profitent pour pousser une pointe jusqu’à la péniche de Mylène : Presque aussi rapidement qu’en moto, mais en consommant presque un peu moins ! Un vrai chameau : 5,6 l/100, d’après les données de l’ordinateur.

Avec son gros-cube et son réservoir de 20 litres, il faisait à peine 350 bornes. En conduisant… « lentement », là il en a pour plus de 1.000 km d’autonomie.

Ils déjeunent entre deux averses, puis rentrent sur Paris : Dernière nuit chez Charlotte. Aurélie est rentrée.

Et ça tiraille.

Paul a eu raison : Il y a bien eu une intrusion la nuit précédente et un message du pirate. Un post-it laissé tellement en évidence que ni elle ni « DD » ne l’avait vu la veille : « Dernier avertissement ! »

Quel avertissement ?

Y’en a marre !

« Si c’est que je crois, ça va très vite être réglé. »

Il croit quoi ?

« C’est tellement invraisemblable que je vous en parlerai qu’une autre fois. Quand j’aurai confirmation. »

Finalement le surlendemain, Paul se décide à louer un loft donnant sur la Seine, presqu’en face de Notre-Dame-de-Paris et les jardins du square Jean XXIII, quai Montebello, entre la rue Maître Albert et la rue du haut-pavé.

Un peu petit, sur deux niveaux, un peu trop « très cher » pour ses finances prévisionnelles qui allaient être malmenées, mais une opportunité avec balcon et sans vis-à-vis.

La tête de l’agence quand il a fait le chèque de la totalité des loyers d’avance, du dépôt de garantie au prix demandé et les frais contre la remise des clés immédiate au moment de la visite, sans même un état-des-lieux.

Pas dans ses habitudes qui veulent que les visiteurs discutent des charges, de certaines clauses du bail, des délais, etc.

« C’est à prendre ou à laisser. J’ai besoin d’un endroit où dormir ce soir ! »

Et ils dormiront sur le plancher : Les meubles n’ont pas eu le temps d’arriver pour n’avoir été commandés que dans la minute précédent la fermeture du magasin où Miho a fait ses emplettes…

 

Avantage qui a séduit Paul tout de suite, un parking pas loin, attaché au lot, et surtout une double entrée : Les chambres de service, qui constituaient le « loft » sont accessibles par un autre escalier, dit « de service », qui donne sur une rue de traverse autre que celle de l’entrée principale.

Miho sera en charge de meubler tout ça et de faire le pied de grue pour les branchements téléphoniques et autres abonnements : Son français reste encore très hésitant, mais elle se démerdera bien, pense-t-il.

Paul installera son bureau au-dessus, là où on accède à la terrasse !

Et pendant ce temps-là, il fait un tour chez les boutiquiers du quai et va jusqu’au bureau de son frère, essayant de noyer son coup de blues dans l’oubli : Dur de repartir à zéro, déménagement compris après tant d’années.

 

Jacques le reçoit entre deux rendez-vous.

Aimable, mais limite glacial : Paul reste quand même le meurtrier de son beau-père, de sa seconde femme après l’avoir cocufié, même s’il ignore ce détail, et celui qui a viré sa « coloc’ » de Strasbourg après avoir fouillé dans tous ces points de chute.

Sans parler du fait que Jacques commence à comprendre qu’il a pu être manipulé, depuis avant son mariage, par Priscilla…

« Tu en es où ? »

Il est au chômage.

« Tu as besoin d’argent ? »

Gentil de sa part, quoique « sa part », il avait promis de la lui restituer un jour, dans l’avion où tout a débuté, il y a à peine quelques semaines.

« Je m’inquiétais plutôt de ton sort. Tes histoires de succession avortée, ton ex qui s’est inquiétée, tes gosses, tes associés ! »

Qu’il ne lui en parle pas : « Tonton s’est pointé au cabinet l’autre jour, me croyant mort. Il a failli défaillir ! Qu’est-ce que j’ai bien ri ! »

Il imagine, mais il a aussi autre chose en tête.

« Là, je vais avoir un peu de temps pour m’occuper de « nos affaires » communes. Pourrais-tu me retrouver ta cliente, celle dont tu m’as parlée que tu avais fait sortir de la centrale pour femme ? »

Drôle de question. Il veut en venir où ?

« Je veux la rencontrer pour m’imprégner un peu plus de son histoire, comprendre comment ça fonctionnait sous Lacuistre, le directeur de la taule ! »

« Tu es fou ! Ce n’est pas à nous de régler ces problèmes. Mais à la Justice. Ne te mêle pas de ça ! »

Il veut juste comprendre, savoir, c’est tout.

« Tu as raison. Si quelque chose est à faire, ce sera à la juge Trois-Dom de le faire. Mais si on ne lui apporte aucun élément, elle ne fera rien. Je veux juste savoir. Après on avisera ! »

Valérie Truyère. Elle habite dans la région de Lyon. Lyon même, peut-être.

En réalité, « DD » en retrouvera trace à Beaune, la ville des célèbres auspices aux toits si extraordinaires…

 

C’est en rentrant qu’il se fait abordé par un « monsieur passe-partout ».

« Paul de Bréveuil, je présume ? » Bouffée d’adrénaline…

Enchanté. Qui êtes-vous ?

« Mon nom ne vous dira rien. Jacques Chirac, pour vous complaire. Je voulais juste vous dire qu’on s’inquiète pour votre santé et votre moral en haut-lieu. Vous allez bien, j’espère ? »

L’outrecuidant que Paul désespérait d’attendre…

« J’imagine que cela pourrait aller plus mal. »

L’autre en reste sans voix sur l’instant. Mais comprend le sens de la répartie.

« Si vous avez reçu les « petits-messages » subliminaux, c’est que vous savez ce qu’on attend de vous, crois-je comprendre. »

Ils continuent de marcher côte-à-côte, à petite allure.

« Vous pourriez dire de ma part à vos chefs, que si c’est une question d’argent, je peux les dédommager de ma propre poche. »

Il s’arrête. Et Paul en profite pour se retourner à faire face à son voisin et en « circulariser » du regard les voitures et piétons alentour, pour jauger de la menace.

« Je transmettrai. »

« N’allez pas si vite » reprend Paul quand le Chirac de pacotille fait mine de rebrousser chemin.

« Je sais qui vous êtes et vous ne savez pas qui est derrière moi. Sachez seulement que je ne peux rien pour vous : Je n’ai plus les clés. Dites à vos chefs de trouver un autre chemin. »

Une menace ?

« On ne menace pas vos patrons, vous le savez bien. Restons-en là. Tout ira bien, ne pensez-vous pas ? »

Et « Jacques Chirac » s’en va dans la foule jusqu’à une bouche de métro proche.

Paul se garde bien de l’y suivre. Il est sûr qu’il a du monde en protection rapprochée.

En revanche, il n’est pas certain de la suite.

Mais finalement, il s’assied en terrasse et rien ne se passe.

Maintenant, il est sûr que la « blague » des canadiens se confirme. Ou alors, on est dans une « grosse manipulation » à plusieurs étages dont il n’est qu’un « tout-petit-pion » sur un immense échiquier.

 

Car la semaine suivante, il passe à autre chose et file à Beaune, avec Charlotte, rencontrer Valérie Truyère, visiteuse de prison à ses heures, et « assistante médicale » dans une clinique proche de l’hôpital de la ville.

Elle s’occupe des grabataires et des clients de la morgue de la clinique voisine.

Une femme vieillie avant l’âge, au visage rond et aux traits creusés, la tignasse peu avenante, qui les reçoit à sa « pose méridienne » en terrasse d’un café installé devant le parc attenant dudit l’hôpital, à proximité d’où elle travaille.

Réticente au début, de parler de son passé soi-disant criminel, puis, plus calme à en causer, « sans haine ni violence », mais avec d’immenses détresses dans les yeux.

« Ce sont mes enfants qui m’ont accusé d’avoir assassiné mon mari. Le pauvre ! C’est lui qui me faisait mourir d’ennui. Et il est mort en se trompant dans ses doses de médicament. Un hyper-tendu hypocondriaque.

Mais il leur fallait un coupable. »

Enfants « manipulés » par la belle-famille, bousculés par les gendarmes, quelques empreintes bien naturelles sur les boîtes et bouteilles de médicaments, une enquête bâclée par l’instruction à charge, une défense maladroite et une première condamnation en assises.

« Sans votre frère, j’y serai encore. Il a pu faire casser mon procès et on est reparti pour un tour : Je n’étais pas là le soir fatidique et le PV que je me suis prise sur la route du retour n’avait pas été versée au dossier.

En fait, j’ai le sentiment que tout le monde, même mon avocat, me croyait coupable, parce que moi-même je me sentais coupable de ne pas être rentrée à l’heure du travail pour administrer ses médicaments à mon mari. »

Triste histoire qui lui a valu presque trois années en enfer, il y a bien longtemps.

 

« Lacuistre, ce salaud, il nous en faisait baver ! Si on était « gentille » et consentante, ça pouvait se passer bien. Sans ça, tout le monde savait qu’il était capable de nous pourrir la vie par d’innombrables brimades et autres humiliations. » C’était leur « mac », leur seul « protecteur » dans cette prison de femmes.

C’était quoi « être gentille » ?

« Les nouvelles étaient accueillies par lui-même, qui assistait toujours aux arrivées, quand il s’agit de se mettre à poils devant les gardiennes, d’écarter les cuisses ou de se faire fouiller le vagin. C’était le seul mec avec les toubibs. »

« Si on n’était pas trop moche, il nous faisait venir dans son bureau et nous expliquait qu’il fallait être gentille et docile. »

Il leur expliquait que, pour être devenue la lie de l’humanité, il avait droit de vie ou de mort sur toutes les pensionnaires : « Vous imaginez déjà le stress d’être condamnée, lourdement pour la plupart, de se retrouver dans un nouvel univers encore plus gris que les maisons d’arrêt et d’entendre un pareil discours à peine rhabillée de la tenue réglementaire ! »

Quand les filles répondaient oui, il leur demandait de lui faire une fellation. « Attention, ce salaud vous entravait avant. Pas question de mordre sans se prendre une décharge électrique puissante dans l’anus ! »

« J’ai toujours pensé que c’était un impuissant. Il jutait rarement. Il bandait mou et s’arrêtait avant d’en finir. Quand on parvenait à lui durcir le sexe, c’était pour nous retourner et nous enculer. »

Délicate la fille…

Toujours sans capote, mais avec d’abondants gels pour faciliter la sodomie.

« Globalement, il avait ses têtes et ne pensait qu’à ça. D’autant mieux que les filles, elles aussi ne pensaient qu’à ça de leur côté. Je ne vous dis pas le panier de gouines que ça pouvait être, toutes ravies de se « faire punir » par le Dirlo dès que ça déconnait dans les cellules ou dans les douches où il patrouillait quand il n’était pas occupé à autre chose ! »

Mais c’est fou, ça. Et les récalcitrantes ?

« C’était elles qui étaient jetées en pâture aux petites-caïds de ce bordel carcéral. Et elles en prenaient plein la gueule pour pas cher. Un enfer. On comprend vite ce qui reste à faire avant que toute la prison ne vous chie dessus, vous crache à la gueule ou vous prenne pour une serviette hygiénique.

Les autres avaient des traitements de faveur : Elles pouvaient sortir les vendredis soirs pour participer à des soirées masquées où des « vieux » s’éclataient avec nos culs.

J’y ai participé. Immonde ! Une vaste partouze où on nous mettait parfois en file indienne, attachées, la croupe à l’air, offertes à toutes ces bites inconnues. Et ils passaient, repassaient, parfois éjaculaient, souvent non : De vrais Bonobos en rut ! »

Ils étaient nombreux ?

« On était une dizaine, ils étaient deux à trois fois plus, parfois. On ne voyait pas grand-chose pour être bâillonnées avec une cagoule sur la tête et juste une ouverture pour la bouche. Et eux étaient souvent masqués, comme je vous l’ai dit. »

Personne ne portait plainte ?

« Vous n’y pensez pas ! D’abord, celles qui pensaient le faire, elles disparaissaient les nuits suivantes. Les gardiennes les isolaient au mitard pour des broutilles dans la journée. Ça pouvait durer deux ou trois jours avant qu’elles ne disparaissent. Car parfois, on ne les revoyait jamais plus. Nous avions un « bon docteur », qui nous faisait souvent des tests de MST et de grossesse. Il nous avortait aussi à tour de bras et à l’œil à l’occasion. Parfois, il emmenait l’une d’entre nous dans sa clinique sans raison et on ne la revoyait jamais : Un vrai « trou noir » !

Par contre, quand on était « gentille », nos dossiers de remise de peine étaient traités une peu plus rapidement qu’ailleurs, il nous faisait saliver en nous tenant régulièrement au courant des décisions qui étaient toujours « favorables ou en bonne voie. »

 

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24 juillet 2012 2 24 /07 /juillet /2012 04:02

Ce mois hideux

 

Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.

Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !

 

Dès le lendemain, les choses se gâtent : Paul, levé avant le soleil bout d’impatience !

Il a entendu le bruit de la turbine de son de Havilland, amarré à la jetée du port de plaisance de Saint-Florent, en face dans la baie. Pas très naturel, sans pilote…

C’est d’ailleurs ce qui l’a réveillé et il n’a même pas pu le voir s’envoler.

Qui donc a pu le lui voler comme ça avant les aurores ?

 

Il lui faut retourner à terre rapidement, avec le petit dinghy. « Lady Joan » en profite pour se faire amener sur les quais et prendre un café matinal à regarder le soleil jouer sur la végétation.

Plus d’hydravion, avec lequel il devait rentrer dans quelques jours, et sa moto à bord… Les gendarmes sont sollicités.

Et après quelques heures de palabres au téléphone, il ressort qu’un plan de vol a bien été déposé par un équipage militaire, pour ramener l’appareil à Fox.

Coup de téléphone au chef Rémarde, très ennuyé.

« Qu’est-ce qui se passe ? »

 

Ils ont un nouveau patron depuis le début de semaine. La fondation archéologique, qui sert de support juridique, a réuni ce week-end son Conseil d’administration en urgence et a nommé un nouveau Président.

« Mais qu’est-ce que ça veut dire ? J’en fais partie de ce conseil et je n’ai pas été convoqué ! »

Si, mais à Fox, pas à son domicile. De toute façon, d’après les statuts, un tiers des administrateurs peuvent convoquer et délibérer. Or, ledit conseil s’est réuni boulevard Saint-Germain, au ministère, là où tous les autres administrateurs émargent habituellement.

Débarqué et proprement.

Coups de téléphone au ministère, et après avoir été promené de services en services, il finit par avoir un colonel qui lui explique que l’ordre est venu « d’en haut ».

« C’était une anomalie. Vous n’étiez plus à l’effectif depuis des années ! »

 

Dépité, il rejoint la somptueuse Joan qui se régale des rayons de soleil. Mais elle a son air des mauvais jours : « Lord McShiant est décédé cette nuit. Il faut que je file pour les obsèques. Désolée. »

Au sémaphore, les GSM ne passent pas, mais à Saint-Florent, si.

Et elle a ouvert le sien par réflexe.

Il n’y a plus qu’à refaire la route à l’envers et pour chacun de rentrer chez soi.

 

Arrivé à Paris, Paul vérifie une fois de plus que la loi des séries, dite aussi « loi des emmerdements maximum », existe toujours.

Isabelle est dans son bureau elle aussi avec sa mine des mauvais jours.

« Paul, j’ai un problème », commence-t-elle.

Elle aurait pu dire « nous » avons un problème.

Elle a reçu une lettre signée de six des neuf administrateurs de la MAPEA, les « militaires et les industriels » partenaires, exigeant la réunion d’urgence d’un Conseil d’administration de la MAPEA, avec une motion de défiance à l’égard de Paul.

Une sorte d’oukase où son propre mandat est mis en jeu.

 

La MAPEA est une société de droit privé, qui a pour clients exclusifs des « grands marchands d’armes » étatiques, ou des sociétés liées à EADS, Safran, ou Eutelsat. Que des boîtes paraétatiques qui vivent comme elle des marchés publics.

Paul avait acquis, sur ses deniers personnels, 30 % des actions par une cession de gré à gré auprès de la société portefeuille de l’ex-mari d’Isabelle, celui qui vendait les petits secrets de fabrique à des puissances étrangères[1].

Isabelle, l’héritière de la famille Nivelle a toujours gardé 45 % des actions et le reste, le quart, la minorité de blocage statutaire, est porté par un consortium détenu par la Caisse des Dépôts et le Trésor-public en direct pour respectivement 18 et 7 % qui y ont nommé leurs propres administrateurs, inversant la majorité des AG dans la composition du Conseil d’Administration.

Une « maison » suffisamment bien tenue par la famille fondatrice pour un schéma qui remonte à l’entre-deux-guerres, hors la période d’occupation par les allemands, et contenter tout le monde.

Paul a remplacé l’ex-mari défunt à la tête de l’usine et a grandement participé à son redressement, valorisant ainsi les actifs de tout le monde.

L’objectif des uns et des autres étaient de contrôler la boutique pour éviter une augmentation de capital surprise ou une introduction en bourse.

Ce que peu savent, mais imaginent très bien, c’est que Madame Nivelle, présidente mais assez peu partie prenante dans les affaires, et Paul ont entre eux un « gentleman-agreement », un pacte d’actionnaire : En cas de cession de l’un, l’autre a un droit de préemption à valeur fixée à l’avance, largement sous-évalué pour être d’un niveau retenu à l’époque de l’ex de madame, mais c’est comme ça : Il aurait pu être surévalué si la boîte plongeait.

Et elle « ne plonge pas » parce qu’elle reste fidèle à ses « minoritaires » (obligés). Tout est donc lié.

Du coup, plus personne n’a intérêt à vendre, sauf les minoritaires.

En revanche, au Conseil d’administration, la « famille » reste sous représentée. Il a fallu batailler fermement pour y faire admettre la fille d’Isabelle.

Trois sur neuf, le Conseil décide de tout, sauf à « l’épurer » par une Assemblée Générale surprise.

Et l’ensemble fonctionnait assez bien jusque-là.

 

« Ton avion, ça les a fâché. Ils veulent des drones, pas des hypersoniques ! »

Bon. On fait quoi ? « Ont-ils déjà le nom de mon remplaçant ? »

Oui : C’est à l’ordre du jour imposé par la lettre recommandée. Un certain Éric Schmouller, X-Mines 71, sorti en détachement de chez EADS.

Un vieux au seuil de la retraite…

« Il vient pour pantoufler avec un bon article 39… »

« À propos, si tu pars, je te dois ton golden parachute. »

Deux ans de salaire : C’était convenu dès le départ.

Mais de quoi mettre à sec la trésorerie de l’entreprise.

« Il ne faut pas que tu partes. Mais comment ? »

Si ce n’est qu’une question de sous, le paiement peut-être différé. Paul n’a pas besoin d’argent.

« Je préfère que tu gardes le cash pour faire face à une éventuelle tentative d’augmentation de capital initiée par tes gredins. »

C’est très généreux, fait-elle savoir.

« Tu pars sans te battre ? Et notre pacte d’actionnaire ? »

Idem. Même cause même effet.

 

« Je vais te dire, je ne suis pas sûr que ce soit le « 001 » qui soit la cause de mes destitutions en cours. Parce qu’on vient de me virer de la fondation de Fox de la même façon. »

Qu’est-ce alors ?

« Un faux-nez qui sert de prétexte. Je pense que ça vient de plus haut pour être aussi « brutal ». Je veux dire des conséquences des merdes canadiennes sur lesquelles j’étais ces derniers temps. »

Quoi ?

« Si je te le dis, tu vas au mieux te marrer à n’en plus finir, au pire tu vas me prendre pour un cinglé. Moi-même, je n’y crois pas vraiment, d’ailleurs. »

Il vaut mieux qu’il garde cette information pour lui.

« On fait quoi, alors ? »

On va leur faire acter leur décision, de façon à ce qu’ils la motivent dans le PV de séance. « Et tu sortiras ma lettre de démission en fin de séance, comme ça les choses seront réglées « à l’amiable » en renforçant ton autorité face au vieux con qui va suivre. En revanche, je reste ton partenaire aux AG, si tu le veux bien ! »

Et comment donc qu’elle le veut. Un « partenaire » de sa qualité, elle n’en a pas eu beaucoup dans sa vie.

 

Et le prototype ?

« Je te le rachète avec mes comptes-courants. Avant ta séance. Ça te va ? »

Mais elle parle du second, l’avion-navette satellitaire.

« Tu abandonnes le projet. Je le reprends derrière et déposerai les brevets nécessaires. Et toi tu fais ce que ton nouveau Dégé veut faire. On va voir si un « mine » sait faire voler des drones… »

Le reprendre, mais avec quels financements, avec quel partenaire ?

« Bé tu vas voir, je sens que j’aurai des tas de choix très ouverts d’ici peu… Tant pis pour la boutique, n’est-ce pas ! »

Un pillage organisé et imposé, oui !

 

« Bon, il va falloir libérer ton appartement situé au-dessus du siège. »

Ça, Paul n’y avait pas pensé. Ni d’avoir à se retrouver des bureaux opérationnels.

« Si tu veux, tu viens dormir à la maison. » Sous-entendu dans l’appartement en bordure du bois de Boulogne…

« Tu as des envies revenues ? »

Paul fait allusion à leurs ébats lointains, d’avant le décès de son mari. Jeune imbécile, il avait tiré son avantage en période de désarroi, d’où était née leur « complicité » réciproque, au-delà du simple critère de la confiance nécessaire.

Si elle avait apprécié son amant, dès qu’il était devenu son Directeur Général, elle avait fait cesser ses moments de torride intimité, ne voulant surtout pas mélanger les affaires de business avec les affaires de cœur.

Une dame qui a des principes, ça se respecte.

Isabelle hoche la tête, réfléchit et répond : « Ce ne serait pas opportun… pour le moment, je crois ! »

Encore elle qui a raison.

« Merci pour ton invitation. Je vais me débrouiller provisoirement avec mon panier de gouines, comme tu les appelles. »

Histoire de la rendre jalouse, au moins un peu.

La réplique se veut cinglante. « Je sais que tu n’es pas dépourvu de talents… avec n’importe qu’elle femme ! »

Pas regardant, veut-elle dire. Mais elle s’est retenue.

« Tu nous débarrasses le plancher de ta chinetoque, par la même occasion. »

Une coréenne, pas une chinoise. Et du nord. Un transfuge peu fiable, agent double ou triple qu’il n’est pas très sain de la laisser fouiner dans les locaux de la MAPEA de toute façon.

Il n’y a aucun secret à voler dans les tiroirs, ni les placards ou armoires du siège parisien, mais de savoir son œil de Pyongyang fureter ici et là, y’a de quoi attraper des maladies mentales.

« Je m’en occupe. »

 

La seule qui finalement marque son désarroi, c’est la secrétaire, toujours aussi rouge du visage depuis si longtemps, suite à sa réaction allergique à une crème de beauté, qui en reste bouche bée quand Paul lui demande d’organiser son déménagement.

Tellement persuadée qu’elle était que, tant que « le patron » est dans leurs murs, il ne peut rien arriver à la boîte, après les années de tension générées par le précédent « boss », celui de « Madame ».

Qu’est-ce qu’il va leur tomber dessus ? Une nouvelle tornade ?

Radio-lavabo fonctionne rapidement, au point qu’à la sortie des ateliers à Aubenas, on ne parle que de ça le soir même.

Isabelle n’aura qu’à les rassurer : Paul reste un « actionnaire de référence ». Son ombre planera encore entre les murs pendant longtemps.

 

Le soir, Charlotte voit donc débarquer Miho et Paul chez elle, dans son XXème pourri.

Ce qui ne fait qu’en rajouter à sa mauvaise humeur : Son habitat n’est pas si vaste.

Toute la journée, elle et « DD » s’étaient débattues avec un virus qui avait planté toute l’informatique : Plus aucune alarme n’était gérée automatiquement, qu’il avait fallu en passer au « mode natif » en avertissant tous les clients.

« Je ne comprends pas comment il est arrivé. Tout est pourtant filtré et archi-contrôlé. La seule alarme qu’on a pu détecter, c’est une tentative d’intrusion dans nos locaux la nuit dernière. Mais elle a échoué, semble-t-il. »

Qu’elle ne cherche pas : Elle a parfaitement fonctionné et les mémoires l’ont effacée.

« Charlotte, je ne sais pas ce qui se passe, mais je crois que c’est moi qui suis visé. »

Quelle connerie a-t-il encore fait ?

« Je ne peux pas te dire. C’est en rapport avec cette histoire « d’ARRCO ». Et la dissolution de la Fondation Risle. Je ne vois que ça, mais je ne peux pas t’en dire plus. Pour l’heure, faut que tu nous accueilles chez toi, le temps que je trouve un toit et une moto. »

Y’a le canapé. « Mais ta niaqwée, elle dort dans la baignoire. »

Ou l’inverse.

« Tu ne l’as pas essayé, pourtant. Je suis sûr que si je le lui demande, elle saura faire aussi bien qu’Aurélie. »

Il n’y pense pas ? « Et si Aurélie débarque de son escapade à l’improviste ? »

Paul s’en occupera : Ça la changera un peu du train-train quotidien en lui rappelant de bons souvenirs !

« Mais il n’en est pas question ! Aurélie et moi, c’est l’amour divin ! »

Comme elle veut.

 

Paul en profite pour passer un coup de fil à Mylène. « Sois prudente ! Il y a des choses bizarres qui se passent autour de moi. » Et il lui explique la situation nouvelle.

« Paul, t’es vraiment qu’un con. Mais tu seras le bienvenu. Si tu dois aller pointer au chômage, n’oublie pas que j’embauche toujours pour la plonge ! »

Mimi, Mylène…

Idem pour Pètros, à Kotor. Pour lui, la saison a été bonne et n’est pas terminée. Quant à des « dangers », il a son propre réseau d’alerte en soutien : Pas de problème.

 

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[1]Cf. L’épisode des enquêtes de Charlotte : « Ardéchoise, cœur fidèle », à paraître aux éditions I-Cube.

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23 juillet 2012 1 23 /07 /juillet /2012 04:02

Début de saison en demi-teinte

 

Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.

Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !

 

Avec le recul, c’est finalement une véritable descente aux enfers qui durera plusieurs mois qui commence pour Paul, après la quinzaine « paradisiaque » à bord du « Lisbeth », son ketch méditerranéen, avec Shirley !

Première déconvenue : Le « Nivelle 001 », le prototype d’avion hypersonique en céramique ramené de Solenzara à Aubenas dans un vol chaotique à bord duquel se trouvait le « Capitaine Haddock[1] » aurait dû atterrir à Orange, sa destination première décidée par le ministère, après le « loupé » qui a failli tourner à la catastrophe aérienne lors du vol inaugural.

Et comme bêtement, Paul oublie sa mission pour ramener le prototype à Aubenas, c’est un déluge furibard qui déferle dès le lendemain sur le standard de l’usine.

D’abord les responsables de l’aéroport, qui voient d’un mauvais œil le retour d’un prototype qui n’a rien à faire dans leurs hangars ; ensuite l’équipe de soutien des rampants partie à Orange un dimanche qui se retrouve à faire le chemin en sens inverse sur les routes aléatoires de l’Ardèche pour rien.

Enfin, le ministère qui hurle à la mort traitant Paul de tous les noms.

Il est d’ailleurs priés de se présenter boulevard Saint-Germain au plus tôt et dès le lundi suivant.

 

Paul se rend compte alors que pour eux, que le passage au-dessus du sud de la méditerranée, sous le nez des radars libyens, tunisiens et algériens, sans compter ceux de l’Italie, c’est du suicide militaire : Ils ont parfaitement raison de l’engueuler sur ce point.

Tous ont cru à un bug informatique des radars, mais chacun a déclenché une enquête de leurs services de renseignements militaires.

Un avion piloté à Mach 5, c’est assez rare pour aiguiser tous les appétits de tous les curieux de la planète.

Même les « alliés » de l’Otan ont questionné leurs collègues français sur l’existence de ce prototype qui n’ont pas su répondre quoique ce soit pour ne pas être au courant, mettant dans l’embarras toute la hiérarchie très … « embêtée ».

Quant à Miho, l’agent-double coréenne du nord, « casernée » jusque-là sur la péniche de Mylène, elle s’est débrouillée pour revenir sur Paris à faire le siège de l’appartement de fonction au-dessus des bureaux de la MAPEA.

Et il ne faut pas rêver, sur ordre, naturellement.

Au lundi soir, le prototype est sauvé : Il ne sera pas confisqué ni démonté tout de suite, mais gardé au chaud par la gendarmerie militaire pour examen minutieux sur place, avant de finir sa carrière à Orange « Caritat-Air-Base ».

Un dernier vol à programmer, peut-être même « par la route ».

« Mais sans histoire ni prouesse, cette fois-ci ! » lui a-t-on fait promettre.

Il n’en sera rien, mais sur ordre contraire et supérieur, vu le tohu-bohu déclenché dans les chancelleries par ses deux brèves apparitions dans le ciel…

Une belle esbroufe, comme les aime parfois Paul, quand elles viennent « d’en haut ».

 

Le deuxième sujet de contrariété, ça reste Hélène Trois-Dom, la juge instructrice de l’affaire « ARRCO ». Pas tant de savoir que les organisateurs et maître d’œuvre sont désormais dans un autre monde, la police montée canadienne ayant confirmé à la fois le caractère illégal des travaux sur les greffes de la fondation dissoute, le trafic d’organes sous-jacent avec sa ribambelle de meurtres et l’existence d’un complot visant à obtenir une loi bioéthique bienveillante des autorités françaises. Les documents saisis en attestent. Mais bien plus dans la relation de leur décès fait par Paul aux autorités canadiennes.

Elle, elle sait, enfin elle suppute, un autre rapport existant entre Risle et le juge De Bréveuil, le père décédé de Jacques et de Paul.

« Je suis parfaitement d’accord sur le fait de savoir si tu étais ou non en état de légitime défense quand tu as abattu Priscilla, le colonel Frank et ses sbires. C’est évident : Tu avais été kidnappé. Tu cherchais à fuir très logiquement et très légitimement pour échapper à tes bourreaux ainsi qu’au sort qu’ils te réservaient.

Personne ne te le reproche.

Mais… »

Car il y a un « mais » dans son esprit.

Il y avait eu la « mort fictive » de Jacques, où Paul a baladé la juge et les flics, même si c’est du passé en voie de métabolisation définitive.

En revanche, pourquoi avoir abattu le Professeur Risle, malade, alité, quasiment infirme, alors qu’il aurait pu et dû être jugé pour ses nombreux crimes ?

Derrière sa question, c’est en fait la motivation de Paul qu’elle recherche.

Une vengeance personnelle, faire rendre gorge de l’assassinat de son propre père, il y a plusieurs décennies sur un moribond ou un coup de feu inopportun… dans le feu de l’action.

 

« En fait, je ne sais pas trop. J’avais besoin de l’hélico pour m’échapper avec Shirley. C’était dans mon intention première et je n’avais objectivement aucune raison de le détruire.

C’est quand le pilote et le co-pilote ont tenté de m’abattre que j’ai tiré à travers le cockpit.

Je me souviens de trois coups. Je ne suis pas un tireur d’élite, quoiqu’en disent mes chefs militaires. »

Un tireur d’élite, bien installé, bien calé, son arme bien réglée, il met « carreau » à tous les coups, même sur une cible mouvante.

« Au tir instinctif, tu vises « au plus proche » et tu corriges ton axe de tir en fonction du premier impact. Les coups suivants sont au but.

Là, je ne sais pas si ce n’est pas mon premier tir qui a touché ou non Risle. En revanche, je suis sûr d’avoir touché les deux autres en plein poitrine.

Et ce n’est que quand je me suis approché de Risle que j’ai vu qu’il était mort. En fait je parlais à un mort, mais je ne m’en suis pas aperçu tout de suite.

En revanche, quand j’ai vu sa grenade dégoupillée choir d’entre ses doigts, là j’ai flippé un max et j’ai entraîné Shirley à l’abri.

Je n’en sais pas plus. »

Après, c’est le bruit assourdissant de l’explosion qui maltraite les tympans devenus « cotonneux »

Exit la piste de la vengeance privée ?

Pas si sûr dans l’esprit de la juge.

 

« Non ! Tu vois, si je dois de me venger, ce serait plutôt contre les Liamone, Parepoux et l’autre, le sénateur Lacuistre. Eux, ce sont bien les auteurs directs de l’assassinat de papa, si celui-ci était confirmé. Mais là, je sais que tu ne feras rien contre ces gens et j’irai les voir pour leur dire tout le bien que je pense d’eux.

En revanche, si un jour je décide de faire justice à ta place, premièrement, ce ne sera pas moi, deuxièmement, tu ne prouveras rien. Troisièmement, je ne serai même pas sur place. »

Et comme pour être plus convaincant, de changer de sujet.

« Mais tu as raison : Je me pose la question moi-même. N’était-ce pas un tir « involontaire », commandé par mon subconscient. Je crois que je vais devoir vivre avec cette question sans réponse le reste de mes jours ! »

Seul lui sait la réponse : Un tir volontaire et direct. Risle était bien vivant, agonisant peut-être, mais bien vivant quand il l’a exécuté.

Et la grenade qui a fait sauter l’appareil, c’était la sienne, pas celle du père de Priscilla.

 

Madame la juge Trois-Dom insistant, Paul finit par se défausser bêtement : « Tu sais quoi, y’en a une qui peut m’éclairer sur le sujet… »

Ah oui ? Qui donc à part un bon psychiatre ?

« Tu te souviens de l’affaire du juge Féyard[2]. » Elle se souvient, puisque c’est à cette occasion-là qu’elle a fait connaissance de Paul et de ses deux associées, Aurélie et « la vraie » Charlotte.

« Il y avait deux sœurs. Je crois que l’une est internée et que l’autre coule des jours heureux dans une prison du pays pour avoir tué le juge et l’autre baveux. »

Exact !

La Cour d’assises avait été « clémente » : perpétuité avec 22 ans de sûreté pour la mort du juge, assassiné à coup de couteau de cuisine dans sa retraite Chartraine, 15 ans pour l’avocat empoisonné à la faculté de Paris, en tenant compte de larges circonstances atténuantes, les deux peines se confondant en une seule.

Sa sœur cadette, elle en était devenue « folle à lier », alors même que c’était son intervention auprès du curé de la paroisse qui avait permis de mettre fin au bain de sang.

Une histoire affreuse où les deux filles, alors gamines, avaient vu leur mère violée sur la table d’un restaurant où ils fêtaient en famille l’anniversaire de l’aînée, viol commis par le fils d’un caïd de la drogue, complétement shooté à la cocaïne et à l’alcool, avec sa bande.

Leur père avait été tué aussi sec alors qu’il tentait de s’interposer, une fusillade avait éclatée à travers tout le restaurant faisant 8 autres blessés, avant que la bande ne se rende sur intervention des forces de l’ordre locales.

Pendant la fusillade, une fois son « affaire » terminée, le gars avait froidement abattu la mère et avait fait face à la police qui venait d’investir la salle à grands coups d’armes à feu.

 

Les fillettes avaient été placées en famille d’accueil, mais bien plus tard, elles avaient appris que le « big-boss » et père de l’ado tueur-violeur avait fait des pieds et des mains pour faire innocenter son fils unique.

Une histoire sordide.

Celui-là, sitôt sorti de prison, il s’est fait allumer par la BRI à l’occasion d’un braquage raté, sous les ordres de Scorff monté en grade après l’affaire des bijoux volés de la Guilde.

Un autre carnage, puisque toute la bande y est passée.

En revanche, pour comprendre comment l’institution judiciaire peut relâcher un coupable, elles l’ont vu faire de leur propres yeux, les deux filles en ont répondu par ce besoin irrépressible de « se faire justice », rendant responsable le juge d’assises, l’avocat et devait y passer aussi le commissaire Scorff, le alors petit-lieutenant de police judiciaire, enquêteur sur ce dossier, les assesseurs et tous les jurés.

« Eh bien, tu sais quoi, je me demande si je ne me retrouve pas dans la même situation qu’elles ? »

Pour savoir, il faudrait qu’elle lui arrange une visite en prison.

« Tu n’y penses pas ! Tu es responsable de son arrestation ! »

Si, il y songe !

« Elle, elle est déjà passé par-là. Elle saura m’ouvrir les yeux sur mes pulsions inconscientes ou sur leur inconsistance ».

En fait sur le moment, Paul, bien malgré lui, se sent finalement « complice » de cette femme-là.

Ils ont, quelle que part, agit tous les deux de la même façon, dans la même situation, au moins approximativement, mais elle est en prison pour de longues décennies, alors que lui est libre de ses mouvements…

Totalement incohérent.

Faut dire aussi qu’elle s’était trompée de cible.

Pas lui.

La juge Trois-Dom ne promet rien. Mais elle essayera.

 

Puis rapidement, il faut se rendre à Montréal. La fondation et les autorités locales réclament sa dissolution effective. Les papiers sont prêts, les autorités judiciaires ayant déjà achevé de sceller son sort et ses actifs : Il ne manque plus que les mandats et pouvoirs qu’il est le seul à posséder.

Ça tombe bien, il compte revenir par Londres pour croiser le destin de « Lady Joan », comme promis et aller saluer Sir McShiant une dernière fois.

Les canadiens, une fois les papiers signés l’avertissent alors de l’existence d’une bombe… placée sous le tapis.

« Vous rigolez, j’espère ? »

Pas du tout.

« Votre problème, c’est qu’en anéantissant la fondation, vous n’allez pas faire plaisir à votre Président. Il a payé pour son intervention et il ne va pas aimer l’arrêt des activités ! »

Le Président ? Quelle intervention ? Et puis qu’il se démerde : Rien à battre du « nabot à talonnettes ».

Une histoire démente, à tel point que Paul se l’est fait répéter deux fois, croyant fermement à une blague de potache, même après le deuxième récit.

Hélas, elle se confirmera, mais un peu plus tard…

 

De retour en Europe, après avoir reçu les honneurs de l’équipage, comme souvent à son habitude quand il vole sur des compagnies qui ont des commandants de bord qui « se souviennent » de ses exploits en Atlantique, il se rend au chevet de lord McShiant, avant son rendez-vous prévu et confirmé, non plus à Orly mais à Heathrow, avec la belle « Lady Joan ».

L’homme est épuisé de rejeter son rein greffé depuis de si nombreuses années par les équipes de Risle, dont il était devenu un des administrateurs de sa fondation.

Le vieux Lord a le teint cireux, l’œil un peu glauque, les séances de dialyse incessantes le font souffrir car il a fallu lui ôter son greffon, mais il reste à avoir toute sa tête. Il s’inquiète pour ses travaux qui n’aboutiront pas.

Sa « Z-Machine », son moteur sur-unitaire, les recherches de sa petite-fille Margaret sur les nano-batteries, l’usine de puces électroniques de son autre petite-fille « Lady Catherin, » l’usine à whisky familiale…

« Ne vous en faites pas. Vous aurez un rein de substitution. Ils parviendront à vous stabiliser. »

Oui, mais dans quel état ?

Et pour combien de temps ?

« Tout cela est-il bien nécessaire ? »

 

Ce qu’il veut, c’est que tout ça ne soit pas détruit. L’usine de whisky, c’est un héritage familial, tout comme le château. Celle de puces électroniques, c’est le « joujou » des deux héritières.

« Mais mon laboratoire, il n’y a que vous pour en comprendre l’intérêt, dans l’immédiat. Pourriez-vous vous en occuper ? »

C’est forcément plus compliqué que ça : Il va y avoir nécessairement des droits de successions à payer et donc des financements à trouver. Et Paul n’est pas sûr d’avoir ni le temps ni les compétences, voire ni l’envie, de reprendre les travaux du vieux chercheur.

« Lady Joan, l’épouse de mon ami Thornner, sera une bonne conseillère. »

Avant que Paul ne prenne congé, McShiant le félicite d’avoir mis fin aux activités de la Fondation.

« Mais je crois que si c’était une décision nécessaire, elle va vous apporter de nombreux désagréments… »

Pour quelles raisons ?

« Les chinois trafiquaient en premier, et contre argent sonnant et trébuchant, les organes de leurs condamnés politiques. Une source de devises en moins, une source de corruption qui disparaît. Je pense aussi que les chirurgiens qui pratiquaient des greffes ne vont pas apprécier. Même s’ils sont moins dangereux que les chinois.

Quant aux « clients », certains vous en voudront, c’est sûr. »

Paul ne lâche pas l’histoire de la « bombe sous le paillasson » dont on venait de lui faire part. Mais il y pense très fort quand même…

 

Le vol pour Nice, puis celui pour Bastia, se déroule à merveille. « Lady Joan » est aux anges, radieuse comme pas deux. Toute une semaine avec son « french-stalion » rien que pour elle, sans même être dérangée par les téléphones portables, le rêve.

Pourtant elle a une ambition chevillée au ventre qui pourrait la contrarier si elle échoue : Faire un enfant à Paul.

Il faut qu’il y consente, maintenant. C’est l’occasion.

La route qui escalade le col de Teghime et redescend sur Patrimonio la rend un peu nauséeuse. Et le parcours en mer sur la barque de pêche prêtée par l’ami Vecchia depuis le port de Saint-Florent l’achève.

C’est rompue, fatiguée, l’estomac troublé qu’elle aborde le sémaphore promis par Paul.

Le temps reste au beau, mais la nuit est fraîche à souhait, d’autant que le jour décline rapidement. Le cadre est splendide.

Elle adore être prise par Paul, qui sait décidément y faire pour la faire jouir comme jamais en de longs ébats sensuels.

Fin de la « période faste », commencement de la « période néfaste »…

 

Pour poursuivre la lecture des chapitres suivants, cliquez sur le lien « Suivant », à droite sous ce billet.

   

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[1]Cf. L’épisode des enquêtes de Charlotte : « L’opération Juliette-Sierra » (les derniers chapitres).

 

[2]Cf. L’épisode des enquêtes de Charlotte : « L’affaire du juge Féyard », à paraître aux éditions I-Cube.

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22 juillet 2012 7 22 /07 /juillet /2012 04:02

Résumé des épisodes précédents (Tome I)

 

Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.

Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !

 

Si les installations de Glasgow ne présentent pas d’intérêt majeur, en revanche celle du « castel » McShiant sise au large des Hébrides, à proximité, sont particulièrement impressionnantes.

Lord McShiant tente d’y faire tourner un moteur sur-unitaire du type « Minato » et « bidouille » une « Z-Machine » dont il espère qu’elle sera « la » solution énergétique du « nucléaire propre » du XXIèmesiècle !

 

C’est un « chercheur » dans l’âme, héros de la dernière guerre mondiale, qui cherche en électron-libre, selon son inspiration et lubie du moment, et sur les fonds-propres de l’usine de puces électroniques et de whisky…

Ce qui explique d’ailleurs les médiocres performances des participations de « Lady Joan » dans le capital desdites usines du petit-groupe de « Lady Catherin ».

Mais pas seulement : Encore plus intéressant, la sœur cadette de « Lady Catherin », « Lady Margareth », travaille de son côté sur les puces électronique du futur et, pour être une hémiplégique clouée dans son fauteuil à la suite d’une chute de cheval, sur la robotique évoluée !

Cette dernière œuvre d’ailleurs pour une petite partie pour la Fondation Risle dont son grand-père, « Lord McShiant » est un membre actif du Conseil, comme d’une restitution de son rein greffé depuis quelques années…

Il propose même à Paul d’intégrer ledit Conseil, dans le cadre de la volonté du Professeur Risle d’un large renouvellement de génération à la tête de sa Fondation qu’il venait de formuler en réunion plénière il y a à peine quelques mois.

Ainsi et curieusement, les fils de Bréveuil croisent et recroisent sans le savoir le destin de la famille Risle. Là encore… pas seulement un hasard !

 

Car au même moment, à la pentecôte 2010, Charlotte et Aurélie sont à Reims en visite touristique et assistent fortuitement à la première manifestation du « doigt de Dieu » menaçant la « Liste des mille » de « l’ARRCO » : Un trait de lumière venu du ciel traverse le cœur de la Cathédrale dans de grands éclats de verre.

Et elles embrayent un début d’enquête sur le sujet.

Sitôt de retour, naturellement, tous ces éléments se recoupent autour de la piste du « doigt de Dieu » et de « l’ARRCO » : La liste, la mort de deux des 1.000 inscrits, confirmée dans la semaine suivante, la disparition anticipée de Jacques la semaine précédente, les suspicions de Scorff et l’intervention du juge Trois-Dom, font reposer sur Paul une pression dont il rapporte les éléments de sa propre enquête personnelle. Enquête menée dans l’intervalle, notamment sur les éléments de la vie de Jacques, et d’après les documents rapportés des « inspections » de ses divers « lieux de vie ».

Il avait, en effet et au lendemain de son retour de Dubrovnik et de la visite de Scorff, visité sa maison de campagne, passé à la mairie voisine, puis celle héritée de leur grand-père paternelle, l’avocat au Conseil, son appartement de Neuilly, le cabinet d’avocat parisien, à Strasbourg, jusque dans son bureau du Parlement Européen et son pied-à-terre dans la vieille ville, pour récupérer les documents qui peuvent éclairer quelques pistes.

 

Paul rencontre à cette occasion les deux épouses de Jacques : La veuve et fille du professeur Risle et, la mère divorcée de ses enfants, une amie d’enfance des deux frères.

Pour finir par les renvoyer l’une vers l’autre : Francine, la légitime devant Dieu et son église apostolique et romaine, une « demi-ex de Paul », s’imagine des plans à l’adresse de son ex-beau-frère soi-disant orphelin de frère. Sachant son frère encore en vie, il l’écarte de son chemin en l’envoyant chez Priscilla Risle.

Quant à Priscilla, la « veuve légitime » au regard de la loi laïque des hommes, la disparition de son mari bouleverse « ses plans » : C’était encore le seul donneur identifié compatible pour remplacer éventuellement le foie de son père en cas d’urgence médicale !

Une bonne raison pour le garder sous la main en l’épousant, en plus que d’être un bon juriste capable d’aller faire du « lobbying » actif à Strasbourg, et donc à Bruxelles, en France et dans les institutions internationales, pour la bonne cause du travail de la Fondation Risle le moment venu.

 

De son côté, l’esprit « déductif » toujours aussi étrangement pointu de Charlotte (la vraie) met bout-à-bout en deux-trois mouvements de l’intellect cet ensemble d’informations, pour partir sur la « liste du juge de Bréveuil ».

Là encore, une étrange liste de noms et de dates, retrouvée dans le coffre à jouets de Jacques, bien après la disparition de leur père.

Un « dossier » qui aurait bien pu être celui que tout le monde cherchait en vain après l’enterrement du juge d’instruction Rouennais.

Le grand-père, l’avocat et père du juge, avait également poussé un peu plus loin dans ce sens quand le fils, Jacques, lui en avait remis une copie. Mais sans en comprendre toute l’importance : Il s’agissait des noms de détenues de la Centrale pour femme de la région, avec leur date de naissance et leur date de décès.

Sans importance.

Sauf que Charlotte et Aurélie, grâce aux talents de « DD » (pour Disque-Dur, l’informaticienne/comptable/secrétaire/hackeuse de « CAP Investigation ») identifient les personnels et responsables de l’époque.

L’établissement pénitentiaire était dirigé par un dénommé Lacuistre, aujourd’hui sénateur et candidat putatif aux élections présidentielles de 2012 d’un « micromouvement » politique, le sien, très fortement marqué « à l’extrême droite », hors les questions d’éthiques médicales où il reste étrangement « progressiste ».

Elles vont ainsi à la rencontre d’une ex-matonne-chef qui leur confirme à mots-couverts que l’activité de l’ancien directeur n’était pas tout-à-fait conforme à ce qui est marqué dans les manuels de son administration d’origine.

Des affaires de « trafic d’influences » à caractère sexuel dont certaines détenues auraient été victimes plus ou moins consentantes.

 

Rapportant l’ensemble de ces éléments-là à Trois-Dom et Scorff venus spécialement à Aubenas pour le rencontrer, Paul comprend de quoi est constituée la munition des deux premiers meurtres de la « liste des mille » : De l’uranium appauvri, qui avec son effet pyrophore, peut, dans certaines circonstances, provoquer l’équivalent d’une grande dague de feu après impact et ravager une cible, même blindée, par le feu et/ou le dégagement intense d’énergie calorique.

C’est une munition utilisée couramment par les forces aériennes de l’OTAN, lors de la guerre de Serbie et (on le saura plus tard) en Lybie : Elle permet, quand elle est « guidée », de toucher et détruire une cible sans dommage collatéral pour les populations, même en milieu urbain. Si elle percute ailleurs, elle fait un trou fumant par effet de dissipation de son énergie cinétique (ou potentielle/gravitaire), parce qu’elle ne renferme pas d’explosif.

Son utilisation sur un fusil d’assaut reste quand même une « première ».

Ce que confirme le troisième attentat (qui finit de bouleverser les Membres du Gouvernement, tous inscrits sur la « liste des mille ») pour y relever des traces anormalement élevées de métaux lourds, dont de l’uranium 238 non-radio-actif.

 

Cet assassinat, dans une rue huppée de la capitale, est pilotée par le « Colonel Frank », agent et responsable de la sécurité de la Fondation Risle et de ses travaux.

Il a également repris l’activité « pourvoyeur d’organes », en la modernisant et l’étoffant de trois équipes, aptes à circuler dans le monde entier à la recherche de « donneurs d’organe ».

Si la troisième opération du « doigt de Dieu » imaginée par lui et exposée à mots couverts un an plus tôt devant le Conseil de la Fondation, qui l’a approuvée dans ses grandes lignes, est d’abord « positionnée » sur un axe « éthique » propre à « l’ARRCO » en abattant une jeune femme enceinte à la vie totalement dissolue, elle n’est pas pour autant dénuée d’un aspect « dons d’organe » attendu.

Pour sauver la vie d’un « généreux donateur » aux « bonnes œuvres » de la Fondation.

Ce meurtre spectaculaire pour avoir été commis en plein jour sur une artère commerçante de luxe, l’avenue François 1er à Paris, provoque une réaction en chaîne discrète, qui tente de protéger les 996 encore rescapés de la liste de « l’ARCCO ».

 

Or, parmi eux, un cinglé, qui vit de divination pour se dire « mage », met en garde les autorités contre l’œuvre du diable et son numéro maléfique, le 666 !

Par acquis de conscience, Scorff monte rapidement une opération autour du « numéro 666 » qui n’est autre qu’un « petit-malfrat » trafiquant de cassettes-vidéo de pornographie pédophile dans la banlieue de Lille (pour le « marché batave », apprendra-t-on par la suite).

C’est le dernier qui est abattu, avec la même munition, quasiment sous les yeux des hommes du SRPJ local.

Ses organes ne seront pas utilisés. En revanche, Frank se fait justice par la même occasion, pour une vieille affaire d’escroquerie mineure…

Scorff le découvrira également bien après, à la suite de son enquête, c’était la même chose pour la première victime, niçoise, qui avait déposé plainte contre Frank pour « violences à caractère sexuel » et lui avait valu une condamnation mineure avant qu’il ne s’engage dans la légion étrangère où il avait combattu en Yougoslavie, son pays d’origine, sous le drapeau tricolore quand il était jeune.

La seconde victime était aussi passée en travers de son chemin à son détriment, avant qu’il ne « se range » au service du Professeur Risle comme « pourvoyeur d’organes ».

 

Il n’y a seulement qu’un fragment d’empreinte sur la voiture volée qui sert ce jour-là à véhiculer le commando : Celle d’un « fils Liamone », une famille de truands corses des années 70, qui s’étaient rangés dans l’exploitation d’une casse-automobile. Et accessoirement fournisseur de « voitures propres » pour la pègre et les équipes de Frank à l’occasion.

Il n’en faut pas plus pour que Scorff arrête le titulaire de l’empreinte et fasse enfin le lien avec le dénommé Frank qui est rapidement identifié par le fichier Edwige. Puis qu’il parte accompagné de la juge Trois-Dom à Bordeaux où est soigné l’un des frères Liamone, en fin de vie.

C’est là l’inattendu, l’effet du hasard et sa petite touche de baraqua : Celui-ci confirme de façon la plus cynique qui soit, ses activités meurtrières pour le professeur Risle, d’il y a 30 ans !

Plus « neuf », dont il ne dit rien, prescription trentenaire oblige.

Il confirme également avoir été évincé, lui et son frère, atteints par la limite d’âge, par plus jeune : Le « Colonel Frank » lui-même.

Et en rajoutant une couche comme pour mieux se venger de son sort de moribond trahi et abandonné, il joue une scène épouvantable pour la juge Trois-Dom en racontant dans le détail la séquence du meurtre de son collègue le juge Jean-Pierre de Bréveuil, devenu trop curieux des affaires de la Centrale pour femmes dirigée par Lacuistre, et donc dangereux pour les activités de la clinique du docteur Risle.

À l’occasion, il « balance » son complice du moment, manipulé pour l’occasion, Parepoux, sans qui rien n’aurait été possible dans la « neutralisation » du juge d’instruction Rouannais, Jean-Pierre de Bréveuil, le père de Jacques et de Paul.

Un ami de la famille, l’amant caché de la mère de Jacques et de Paul…

 

Tous éléments (sauf le dernier détail), rapportés lors d’une audience au Palais de justice de Paris, aux associés de « CAP Investigation », décident Paul de Bréveuil à répondre affirmativement à l’invitation conjointe de Priscilla Risle-de-Bréveuil, sa « belle-sœur » et de Lord McShiant, pour se rendre à la convention annuelle de la Fondation à Montréal, contre les avis négatifs formulés par ses deux associées, particulièrement inquiètes.

Il fait le voyage avec le lord écossais qui lui parle de sa « Z-Machine » et de ses déboires, pour être accueilli par l’officier de liaison des SIS de sa Majesté britannique, un peu chez lui en terre canadienne, qui l’avertit qu’une dénommée Shirley l’attend à son hôtel.

Shirley est une jeune « nymphette » à peine majeure, rencontrée à Norwich quelques mois plus tôt, qui depuis poursuit Paul de ses « assiduités contrariées ».

Si elle a pu faire une connaissance approfondie des délices des Ladies Joan et Catherin, en revanche Paul l’a promenée un peu partout en France quand elle a débarqué un beau matin au siège parisien de la MAPEA à persister à vouloir rassasier sa libido avec Paul.

Elle a visité ainsi la péniche de Mylène[1], la fondation Archéologique de Fox[2], l’usine d’Aubenas, puis a été rapatriée par le SIS à Londres où elle a reçu une puce géo-localisatrice dans le bras, avec mission de retrouver Paul et de « ne pas le quitter des yeux », coûte que coûte…

Qu’elle ne s’est même pas fait prier !

 

À Montréal, Paul passe la nuit avec Priscilla qui fait alors subrepticement les derniers prélèvements aux fins d’un « crossmatch » d’avec les cellules de son père qui va alors au plus mal.

Le lendemain, à l’occasion d’une visite des locaux de l’institut de recherche de la Fondation, Shirley et Paul sont kidnappés par Frank et une de ses équipes.

Quand il se réveille, Paul est entravé sur une civière, prêt à l’emploi pour le prélèvement de son foie, sur une plate-forme pétrolière obsolète réaffectée aux recherches de la Fondation et ancrée au large de Terre-Neuve.

Priscilla lui fait savoir son objectif ultime, mais également qu’elle le considère comme le principal élément d’échec, de « suspension », de l’opération de la « liste des mille » qui vise à faire pression, par la peur, sur les travaux de la commission bioéthique de façon à ce que le législateur adopte de futures mesures « non-entravantes ».

Par miracle et avec beaucoup d’opportunisme, Paul parvient à renverser la situation en sa faveur, à liquider sa belle-sœur, le Professeur Risle arrivé par hélicoptère, l’équipe du Frank, Frank lui-même et la plate-forme entière qui finit par couler, désarticulée sur ses propres fondements.

Shirley et lui sont récupérés par un sous-marin d’attaque britannique et Paul, après quelques négociations entre les chancelleries, revient à Montréal pour prendre la présidence de la Fondation dont il suspend les activités pour enquêtes des diverses autorités concernées par ces affaires.

 

Et pour finir par rentrer en France où, gentleman, il tient sa promesse d’une croisière en méditerranée sur son voilier avec Shirley – sans la présence de laquelle sa vie aurait basculé entre les mains de Priscilla – absolument comblée par son destin.

 

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[1]Paul de Bréveuil est depuis longtemps associé avec Mylène, une fameuse cuisinière et maîtresse-femme, qui exploite de main de fer dans un gant de velours un restaurant sur une péniche amarrée en aval de Rouen, avec sa fille, deux employés et parfois des « voyageuses égarées » de fortune envoyées par Paul, dont notamment la fameuse Miho, agent nord-coréenne avec qui il a eu à partager quelques déboires (Cf. L’épisode des enquêtes de Charlotte : « L’opération Juliette-Sierra » (et s.)).

[2]Il s’agit d’une couverture de la DRAC locale, qui accueille les « punis-cachés » des forces armées et est gérée et administrée par Paul, en délégation de service public. Le même endroit où il avait été mis aux arrêts après ses propres exploits dans les montagnes afghanes. Le lieu est tenu aux heures creuses, par le « Chef Rémarde » et son épouse Lydia (Cf. L’épisode des enquêtes de Charlotte : « L’opération Juliette-Sierra » (et s.)).

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21 juillet 2012 6 21 /07 /juillet /2012 04:02

Résumé des épisodes précédents (Tome I)

 

Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.

Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !

 

Cette « enquête de Charlotte » nous plonge, dès les premiers chapitres, dans la prime-jeunesse de Paul de Bréveuil (dont « Charlotte » est devenu le nom de code des forces aériennes de l’Otan), qui reçoit à l’improviste son frère aîné, Jacques, un soir de juin 2010.

Ce dernier se dit menacé par quelques inconnus, son nom étant inscrit sur la « liste des mille » qui circule alors dans les cercles fermés du pouvoir, pour être tous menacés de représailles par un groupuscule terroriste totalement inconnu, « l’ARRCO » pour « Armée de Résistance et de Représailles Contre l’Oppression ».

 

Les deux frères ont vécu chacun de leur côté le drame de la disparition tragique de leur père, le juge Jean-Pierre de Bréveuil, pour avoir été séparés avant même l’adolescence.

Pendant que Paul fait alors de brillantes études scientifiques qui l’ont menées jusqu’à l’école Polytechnique et « Sup’aéro » pour faire ensuite carrière dans les forces aéronavales, Jacques est devenu avocat au Conseil en succession de leur grand-père paternel, puis député européen, maire d’une commune où il possède une maison acquise par et auprès de sa seconde belle-famille. Alors que son frère cadet, après avoir abandonné l’uniforme s’était reconverti en un « industriel » aux multiples activités.

L’un et l’autre, ce soir-là, se remémorent la mort de leur père, quelques décennies plus tôt, et leur famille déchirée par la vie.

 

Devant l’insistance de Jacques se sentant réellement en danger de mort, ils conviennent tous les deux de le faire disparaître dans un pseudo accident d’avion au large de Kotor où Paul y a des amis sûrs et la copropriété d’un hôtel touristique qui pourra abriter Jacques le temps nécessaire pour l’enquête officielle sur les activités de « l’ARRCO » d’avancer jusqu’à mettre hors d’état de nuire le groupuscule terroriste d’un genre nouveau et aux revendications pour le moins « obscures ».

Paul compte de son côté ne pas rester inactif et user de ses relations, ainsi que de l’entreprise d’enquêtes privées et de sécurité dont il a quelques parts, avec ses partenaires anciennes, Charlotte la vraie et Aurélie, pour en apprendre plus sur les ennuis de son frère et ses potentiels « ennemis » mortels.

 

Le narrateur, pour une bonne compréhension de « l’affaire », plonge alors le lecteur dans un passé plus récent, où l’on suit l’évolution du Professeur Risle, brillant clinicien, spécialiste de renommée mondiale des greffes d’organes, qui dirige, depuis plusieurs années et dans cet objectif médical, une fondation internationale portant son nom.

Compte tenu de son âge et de son état de santé précaire – il a été soigné d’un cancer et l’état de son foie s’est dégradé des conséquences de la lourde chimiothérapie – il organise depuis quelques années son départ et la passation de ses pouvoirs et prérogatives de fondateur à son unique fille, Priscilla… qui n’est autre, et ce n’est pas un hasard, la seconde épouse de Jacques !

 

Fin 2009, il s’agit de mettre un point final à la nouvelle organisation qui tourne autour « d’adhérents », installés sur presque tous les continents, bénéficiant des services de la Fondation quant à la recherche quasi-instantanée d’organes sains pour leurs propres patients, en appui d’avec les différentes organisations nationales qui gèrent les dons d’organe.

Un Conseil épaule le Professeur Risle, son équipe et les laboratoires d’analyses qui alimentent d’une part, une méga-base de données de tissus humains en vue de tests de compatibilité histologique (les « crossmatchs »), indispensables à la réussite de la plupart des greffes d’organes, en tout cas nécessaires pour prévenir les rejets et adapter les posologies médicamenteuses destinées à éviter ces rejets ;

Et qui, d’autre part, réalisent des travaux de recherches sur les cellules-souches en vue de « produire » des « auto-greffons » d’organes défaillants, technique d’avenir qui enregistre alors ses premiers succès en laboratoire.

Le lecteur apprendra, mais plus tard, qu’un des membres de ce Conseil, possède par ailleurs un laboratoire animé par sa propre petite-fille, une brillante cybernéticienne, dont les travaux portent sur des prothèses intelligentes, les exosquelettes (qui intéressent aussi les lobbies-militaires), afin de remplacer, pour l’heure, des « membres en dur » des patients des adhérents de la « Fondation Risle ».

 

La tâche de Priscilla Risle, docteur en pharmacopée, est officiellement de recruter des adhérents nouveaux, de prolonger et d’enrichir la banque de données histologique et de regrouper tous les moyens en un lieu assez proche d’un « pays ami », mais en eau-internationale.

« L’angoisse » rationnelle du Professeur Risle tient dans les évolutions législatives à venir, qui tentent une « harmonisation » par le haut dans les cénacles internationaux, là où chaque pays adopte des règles différentes en matière de greffes et de recherche sur les cellules-souches et l’embryon.

La famille Risle étant d’origine française, elle suit de très près les débats et travaux des commissions bioéthiques d’alors, devant déboucher sur une prochaine loi à voter sur le sujet.

Globalement, ils ne sont pas trop inquiets, bien que les « experts » gouvernementaux et des différentes commissions parlementaires constituées en France ignorent tout particulièrement les travaux de leur Fondation et de ses équipes. Il faut dire que c’est parce que l’essentiel des préoccupations du moment porte plutôt sur le statut de l’embryon et le problème éthique relatif aux « mères-porteuses », voire et à la marge, sur les travaux des cultures de cellules-souches qui pourraient déboucher, non plus sur le clonage humain, dont on perçoit désormais toutes les limites, mais sur la mise au point de l’UA (utérus-artificiel)…

Une nouvelle façon de maîtriser la fécondité qui pose des problèmes éthiques aujourd’hui encore in-surmontés.

 

Toutefois, le Professeur Risle tient à participer à cette « touche finale » de sa longue carrière au service de ses très nombreux patients, compris comme autant d’obligés.

Alors que sa fille est à l’aguet d’un « donneur » potentiel d’un foie en bonne santé pour l’auteur de ses jours, lui vouant aussi une véritable vénération pour lui avoir conservé et cultivé son propre cordon-ombilical, la rendant virtuellement « éternelle », immortelle dès que la culture des cellules-souches sera devenue une technique véritablement opérationnelle des autogreffes.

C’est au « nom de son père » qu’elle agit de la sorte et sans aucun scrupule.

 

De leur côté, pour les frères de Bréveuil, si Jacques est porté disparu à l’occasion d’un crash de l’appareil de Paul en mer adriatique à quelques encablures de l’aéroport de Dubrovnik, officiellement en route pour la petite île de Límnos en mer Égée, Paul est rapatrié en France pour y subir quelques interrogatoires sur les circonstances de la « fuite » de Jacques et de leur accident.

Il se trouve que c’est la juge Hélène Trois-Dom et le commandant Christophe Scorff qui participent à cette enquête-là.

Mais pas seulement…

 

L’officier supérieur de police est une « antique » connaissance de Paul, pour l’avoir croisé à l’occasion de l’affaire du vol des bijoux de la biennale de « Guilde des Orfèvres[1] » (résolue justement par les futures associées de la « CAP Investigation » [pour Charlotte-Aurélie-Paul Investigation], la petite boîte d’enquêteurs privés montée avec la prime d’aviseur perçue des assurances à l’occasion de la restitution du butin volé).

Il n’appréciait déjà pas du tout d’avoir des « privés » dans les pattes pour « son casse du siècle », tel qu’il les avait rapidement qualifiés, mais à tort, de « suspects ».

Chargé de l’enquête, avec d’autres services, sur la « liste des mille » par le ministère, alors même que les menaces s’avèrent fondées, puisqu’au moins deux autres victimes ont été retrouvées étrangement « brûlées-mutilées » par une arme à feu inconnue, Jacques étant considéré comme la troisième victime putative par les autorités, il est clair pour lui que le mode opératoire n’est pourtant et décidément pas le même. Ce qui l’oblige à conclure que la disparition de Jacques de Bréveuil ne correspond à rien de plausible.

Hors une « manipulation » de Paul, dont ils perçoivent très vite qu’il en est parfaitement capable : Un pilote de guerre émérite comme lui, titulaire de plusieurs médailles honorifiques étrangères pour ses exploits passés, ne peut pas laisser couler son frère en mer !

C’est aberrant.

 

Quant à Hélène Trois-Dom, elle est chargée de son côté par la Chancellerie de classer l’affaire de la disparition de Jacques pour permettre très vite d’ouvrir sa succession et ne pas entraver l’un des rares cabinets d’avocats au Conseil du pays, débordé comme ses confrères par les pourvois en cassation habituels et désormais le flot perpétuel des « Questions Prioritaires de Constitutionnalité », procédure ouverte il y a peu par la réforme de la Constitution du pays, en juillet 2008.

C’est également une « vieille connaissance » de « CAP Investigation », pour avoir ré-ouvert presque par hasard un dossier en souffrance, celui de l’assassinat du « Juge Feyard[2] », qui a pu ainsi aboutir il y a quelques années.

 

Ses obligations remplies à l’égard des autorités judiciaires de son pays, Paul part en Angleterre assister à un mariage à Norwich, capitale du Norfolk britannique où il y retrouve son amie « Lady Joan », patron d’un cabinet de gestion de fortunes affilié aux Lloyds. « Lady Joan » n’est autre que la personne qui gérait pour le compte du Gouvernement Français les avoirs et « rapines » d’un précédent Président de la République à travers un « Trust » de droit anglais[3], affaire close en décembre 2009, conclue par le rapatriement des sommes détournées dans la plus grande discrétion et recyclées à travers le « Grand emprunt » proposé par le « Président Krasoski » du moment.

 

Très vite, il est mandaté, sous couvert de l’ambassade de France en territoire britannique, par un officier des SIS, d’aller jusqu’en Écosse visiter l’usine et les installations de la famille du marié, dirigées par Lady Catherin, amie de Lady Joan dont un des fonds de gestion possède une part importante du capital social.

« Tour de piste » pas tout-à-fait désintéressé pour Lady Joan, par conséquent, qui cherche de son côté à comprendre pour quelles raisons réelles ses investissements dans les usines de « son amie » ont d’aussi mauvais rendements financiers.

 

Pour l’essentiel, il s’agit d’une usine d’élaboration de whisky écossais, dont la tradition veut que l’on goûte à « tous les crus » à l’occasion d’une première visite, avec attenante, une usine de puces électroniques, des RFID pour l’essentiel.

Le Gouvernement de sa très gracieuse majesté souhaite l’avis « de l’œil » d’un ingénieur de formation pour « jauger » de l’ensemble avant de confier quelques contrats d’approvisionnement militaire, tel que cela soit consenti par les propriétaires et se passe sur le mode « non-officiel/non-intrusif ».

Notamment parce que s’agissant d’une famille dont le patriarche, Lord McShiant, est pair du royaume, il n’est pas question que le SIS espionne directement les membres de leur propre Chambre haute.

Et les autorités françaises ne voient pas d’un mauvais œil non plus le fait d’envoyer sur place un de leurs brillants polytechnicien/sup-aéro/ex-pilote d’aéronavale (qui travaille à l’occasion pour les alliés de l’OTAN, via la rue de Varennes), juste pour « se rendre compte ».

Car Paul gère une participation minoritaire en Ardèche, qui fournit des propulseurs pour missiles à l’industrie de défense, la « MAPEA[4] » (pour Manufacture d’Armes, de Poudres et d’Explosifs de l’Ardèche), fondée par le Général Nivelle (viandard de la « grande-guerre ») : Il est d’emblée qualifié pour ce genre de travail.

 

Convergences de raisons qui poussent Paul à accepter de se rendre à ce mariage dont il n’a rien à faire, sauf à y rencontrer, mais seulement pour le plaisir cette fois, « Lady-Joan », devenue une de ses partenaires de sensualité aux particularités rares : C’est une « femme-fontaine » qui doit lui en faire rencontrer une autre en la personne de la petite-fille de lord « Philip McShiant », mère du marié…

 

Pour poursuivre la lecture des chapitres suivants, cliquez sur le lien « Suivant », à droite sous ce billet.

   

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[1]Cf. L’épisode des enquêtes de Charlotte : « Le Feu », à paraître aux éditions I-Cube.

[2]Cf. L’épisode des enquêtes de Charlotte : « L’affaire du juge Féyard », à paraître aux éditions I-Cube.

[3]Cf. L’épisode des enquêtes de Charlotte : « L’opération Juliette-Sierra » (et s.).

[4]Cf. L’épisode des enquêtes de Charlotte : « Ardéchoise, cœur fidèle », à paraître aux éditions I-Cube.

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4 septembre 2011 7 04 /09 /septembre /2011 04:09

Épilogue provisoire

   

 

Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.

Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !

 

Il a à récupérer son frère.

Le mettre au courant des événements récents.

Ce qui ne se révèlera pas si facile. Jacques est cueilli et escorté par des agents consulaires à l’aéroport de Brindisi, pour lui éviter de passer par les douanes de Dubrovnik qui auraient pu ne pas apprécier de laisser passer un « ressuscité ».

Le voyage depuis Kotor se fait en bateau offshore, discrètement…

Et sa première escale est pour le bureau de Trois-Dom avant que d’être récupéré par Paul en ses locaux.

« Tu as tué Priscilla ? Et son père ? Mais tu es un fou monstrueux ! Un assassin ! » se fâche-t-il tout rouge.

Paul était en état de légitime défense. C’est officiel et concordant avec les déclarations des uns et des autres, à Montréal, Londres et Paris : il n’y a pas à y revenir.

« Je te signale que par ailleurs, cette garce ne t’a pris sous sa coupe que parce qu’elle lorgnait sur ton foie pour le greffer à son père. Et que le dit père n’a fait sa fortune qu’en prélevant sur des vivants qui en ont trépassé, pour ses receveurs payants.

Vu !

Contre toute déontologie et autre foutaise de serment d’Hippocrate ! »

C’est du n’importe quoi.

« D’abord, rien n’obligeait à ce que je me marie avec Priscilla, au contraire Sandrine m’avait comblé et c’est par amour pour elle que j’en ai divorcé, ruinant ma famille ! »

Le pauvre. « Mon frère, tu ne le sais pas, mais si tu prétends avoir cocufié Sandrine, de toute façon, tu l’étais depuis tellement longtemps et avec toutes tes « officielles » que franchement j’en suis navré pour toi ! »

Qu’est-ce qu’il veut dire ?

« Je vais te faire de la peine, mais je suis passé partout après toi là où tu abandonnais ton jus, mon Frère ! Parfois même avant. Tu te rappelles des « trois cochonnettes », par exemple. » Mais il peut en citer d’autres.

« Les trois ? » Pas possible ! Il n’avait à peine flirté qu’avec une seule.

Si ! « Même Priscilla. Avant qu’elle ne meure, comme je suis un salaud avec ceux qui veulent ma peau et mon foie à la place du tien, je lui ai même dit que tu te contentais finalement de trois fois rien question baise. Parce que c’est une mauvaise sur le plan cul, celle-là. Une quelconque. Sandrine est déjà bien meilleure à ce jeu-là ! »

Salaud de salopard.

« Arrête Jacques ! Je te rappelle que dans les mêmes circonstances, toi tu aurais fini en petits-morceaux au fond de l’océan ou dans leurs bocaux.

Mais ce n’est pas tout. J’ai flingué ton beau-père avec une certaine jouissance, même si je n’en suis pas très fier rétrospectivement. Parce que c’est lui qui a fait descendre notre Père à nous. Si tu savais comme j’ai pu jouir de ce moment-là ! Je ne le regrette pas et toi, tu n’en aurais de toute façon pas été capable et pas en état. »

Papa ? « Il est mort dans un accident de voiture : c’est officiel ! »

« Ne te fais pas plus con que tu ne l’es ! Tu as toujours douté et notamment depuis les révélations de Grand-père et la fameuse liste, on peut dire le « dossier perdu » qu’ils ont tous recherché, celle que tu as trouvée dans ton coffre à jouet. Souviens-toi, c’est toi qui m’en as parlé le premier. »

Il se souvient.

Et Paul d’expliquer à son frère qu’elle a servi de détonateur et de fil rouge dans l’enquête de police qui a mené jusqu’aux activités de la fondation de Risle.

« La juge a recueilli les aveux des Liamone qui se sont chargés de tordre le cou à Papa, sur ordre de Risle dont ils étaient les pourvoyeurs de chair fraîche pour ses transplantations à l’époque. Papa allait mettre la main sur une affaire qui le dépassait. Ils l’ont tué avant ! Ton propre beau-père, mon grand ! »

Effarant. Monstrueusement effarant.

« Comment pouvais-je savoir ? J’ai couché avec sa fille, on devait même faire des enfants ! »

Personne ne savait, ni ne pouvait savoir : « Un secret qu’il défendait bien et qu’on n’aurait jamais percé s’il n’y avait eu la « liste les mille ». C’est de préparer une vaste opération de déstabilisation politique qui les aura perdus. »

Comment ça ?

« On ne sait pas encore tout à dû te dire la juge. Mais l’objectif de la « liste des mille », c’était à la fois et vraisemblablement de faire pression pour que la future loi bioéthique ne soit pas trop contraignante, tout en se fournissant à l’occasion d’organes neufs.

Et éventuellement de porter au pouvoir l’ancien directeur de la prison de Normandie sur laquelle Papa enquêtait en douce. Celui-là, il est sénateur et devait prendre du galon à l’occasion du bordel engendré par les « doigt de Dieu » de la liste. »

Mais c’est totalement monstrueux !

« T’en fais pas, je ne sais pas encore comment, mais je vais m’occuper de son cas, à celui-là, jusqu’à le pousser au suicide, s’il le faut. Je te signale quand même qu’au passage, on a aussi à régler le cas de Parepoux. Sans lui, Papa ne se serait jamais arrêté en haut de la rue du Chalet Cordier. Et il serait peut-être encore là parmi nous ! »

C’est-à-dire ? « C’est le frère de l’exécuteur qui a donné son nom aux flics. Tu te souviens de l’ami Alain ? Qui tournait autour de Maman jusqu’à lui offrir un bouquet magistral de roses rouges le lendemain de l’accident de Papa. Ça t’avait pourtant assez choqué, à l’époque, je crois. »

Il ne s’est jamais rien passé entre Maman et ce con-là !

« Je sais Jacques. Maman n’avait pas le cœur à se recaser. Elle ne l’a jamais fait d’ailleurs. Mais lui a cru à sa chance, la place devenant libre. Maintenant, à nous de lui faire savoir que l’on sait sa participation, qu’il en fasse dans son froc sans discontinuer jusqu’à la fin de ses jours ! »

Jacques en est bien d’accord après avoir grogné un bon moment.

Ils déjeunent ensemble : il a du travail. Jacques doit reprendre ses parts et son job au cabinet du Grand-père.

« Laisse-moi digérer tout ça, petit-frère. Je t’aime. » finit-il par lâcher au dessert, comme d’un remerciement.

La suite, c’est une autre histoire[1].

 

Il a à faire voler le Nivelle 001. Et ça ne se passe pas très bien. Le vol du 14 juillet est annulé. Au mieux, c’est pour début août, et pour un petit vol d’essai, train sorti, si on maintient une demi-activité dans l’usine.

Ce qui tombe plutôt bien, d’un autre côté, parce que l’affaire des congés décalés, ça n’arrange pas tout le monde non plus : beaucoup de familles de salariés ont déjà leurs billets et réservations pour le seul mois d’août, mais complet. Les gamins ont été dispatchés pour le mois de juillet, les conjoints ne peuvent pas non plus revenir sur leurs dates de congés quand ils sont employés ailleurs.

Du coup, cette année l’usine fait « non-stop ». Et on a aussi besoin de stock de propulseurs de missile en prévision des consommations au Pakistan et en Afghanistan, pour avant la rentrée.

Des soldats se battent et meurent toujours sous les couleurs tricolores…

 

Finalement, les premiers essais de roulage se passent en début de mois d’août sur la piste d’Aubenas. Ce qui ne plaît pas trop ni au pilote, ni aux responsables de l’aéroport.

Le premier parce que décidément, si le moteur Atar de location monté sur l’appareil donne satisfaction, il doute franchement de la puissance du freinage de l’avion. Il faut que l’équipe lui en monte de plus puissants dans l’urgence, pour qu’il accepte un premier saut de puce.

Les seconds, parce qu’un prototype en travers d’installations civiles, ça n’a pas sa place.

Ils ont raison. Il faut trouver un terrain militaire d’accueil. Ce qui n’est pas simple.

D’autant pire, qu’on ne peut pas démonter l’appareil pour le mettre sur un camion, même hors-gabarit : les céramiques sont d’un seul tenant !

Et empêchent cette éventualité. On a déjà eu assez de mal à le promener de l’usine au hangar du tarmac.

Paul fait alors jouer ses relations au ministère. On lui accorde Orange où il faut organiser le détachement d’une équipe de mécanos.

C’est là que les choses se compliquent. Le vol est prévu, « tout sorti » par précaution, pour le 10 août. Puis une panne sur un des ordinateurs du bord, celui qui contrôle les arrivées de kérosène qui font tant de soucis en simulation, le repousse de deux jours après qu’on ait testé une dernière fois le logiciel.

Et là, quand l’engin décolle pour un vol de quelques minutes, il se trouve que la machine s’emballe à en en perdre le contrôle !

Bien fait les automates : en flirtant avec la vitesse limite des ouvertures de portes des entrées d’air des statoréacteurs, le pilote les laisse se déclencher et l’appareil part en chandelle et en vive accélération.

Si ce n’est que ça, encore, mais non !

Le pilote automatique et tous les automatismes restés branchés lancent la machine dans un looping extravagant qui plafonne au-dessus des environs de Montpelier à 40.000 pieds en quelques secondes avant de redescendre en allure supersonique, plongeant le pilote en « vol-noir » !

Y’en a qui ont dû voir passer un ovni en plein jour, dans le coin, ce jour-là.

La machine redescend si près du sol que les volets sortent tout seul pour la ralentir, comme à l’approche d’un atterrissage, ce qui permet au pilote de retrouver ses esprits.

Il a la présence d’esprit de déconnecter le pilote automatique et de reprendre la main, ce qui a d’ailleurs failli le mettre au tapis tellement la bécane en a été déstabilisée.

Pour retrouver de la manœuvrabilité, il rentre les volets et la machine repart de plus belle une deuxième fois, mais là, il la contrôle au trim pour lui éviter de retomber dans les pommes.

Trop vite, trop haut, il pense à s’éjecter de ce piège d’enfer, mais finalement tente de stabiliser au-dessus de la mer.

Et comme ça ne se passe pas trop mal, il décide de joindre Calvi qui est sur son cap droit devant, après quelques « virevoltements » dans la phase de perte de vitesse précédente.

Ce ne sera pas Calvi qu’il dépasse nettement trop haut, pour aller se poser finalement à Solenzara, sur la côte est de l’île de beauté.

Des cheveux blancs en plus et une trouille irrépressible rien qu’à la vue de la silhouette aplatie de l’engin.

Plus de peur que de mal, finalement, pour ce pilote émérite détaché de l’armée de l’air.

Mais quand même, il va falloir tout revoir sur ce zinc et le ramener à Aubenas pour ça. Sans pilote accrédité en plus.

Paul s’en chargera en compagnie du « Capitaine Haddock » qui ne sait pas à quoi il a échappé, finalement, bien qu’il sera prévenu : une tête brûlée le « Capitaine Haddock ». À plus d’un point de vue.

Mais c’est déjà une autre histoire[2].

 

Il a à tenir une promesse à « Shirley la tâche de rousseur », sans laquelle il errerait peut-être encore sur l’océan.

Les SIS, l’équipe de Westonsmith et son bouc au menton, n’ont pas manqué d’à-propos sur le sujet.

Promesse qu’il honorera dans la deuxième quinzaine d’août de Saint-Florent à Bastia en passant par Calvi, la marine d’Elbo, Girolata, Porto, les Calanques de Piana, Cargèse, Ajaccio, Propriano, Roccapina, la marine de Figari, Bonifacio, son fjord, ses falaises, ses bouches, la magnifique plage de Palombaggia en remontant vers le nord, Porto-Vecchio et la côte orientale pour finir par le vieux port de Bastia où il la dépose le 28 à son avion.

L’année a été, et surtout la dernière séquence, plus particulièrement difficile : ils avaient bien mérité quelques compensations estivales, tous les deux.

Une fille remarquable finalement, « Shirley ». Un peu trop têtue à son goût, mais remarquable.

 

Passé l’épisode des acrobaties du Nivelle 001, il file dire bonjour à Mylène en hydravion.

C’est l’occasion de renouer des rapports plus qu’amicaux mais habituels.

Elle est fatiguée de la saison haute qui n’en finit pas. Et Eva l’a laissée tomber pour un marinier de passage en début d’été.

« Elle reviendra quand elle en sera fatiguée. Comme d’habitude. »

« Dis donc Paul, j’héberge ta chinoise depuis quelques semaines. C’est elle que tu es venue sauter ou moi ? »

Ah, les yeux de Mylène, dans ces moments-là !

 

(Aparté n° 10)

 

Mihado, revenue dans le circuit depuis quelques temps, elle veut bien la garder si elle bosse à la plonge. Mais faudrait envisager de la caser ailleurs dès la fin de la saison.

« Et tu payes son salaire et les charges sociales ! »

Détournements d’actifs sociaux ?

De toute façon, celle-là est en service commandée, avec pour mission de rester disponible dans les cercles proches du « capitaine de frégate » : ordre de P’yŏngyang.

Personne ne sait à ce moment-là qu’elle aura un rôle à jouer dans les mois qui viennent. Ça se décide à peu près au même moment, à Pékin, suite aux diverses rumeurs qui se mettent à circuler sur le premier vol du Nivelle 001.

Qui ne laisse personne indifférent. Le second non plus d’ailleurs, ses déplacements étant depuis lors scrutés par toutes les armées du monde.

Mais c’est encore une autre histoire[3].

 

Et il part dans la foulée faire une escale de courtoisie auprès de Lady Joan en vacances dans le Sussex.

Celle-ci lui confirme que « Shirley » a déjà fait quelques heures chaudes avec Lady Catherin en mai dernier. « Elle n’est pas mal. De nombreuses zone érogènes très réactives, mais encore tout à apprendre. Je compte sur toi pour me l’éduquer. »

« Tu sais, je crois qu’elle est amoureuse de toi. Méfies-toi ! »

Non ? « Tu crois ? Je pensais qu’elle voulait juste que je la dépucelle ! »

« Et tu ne l’as pas encore fait ? Goujat ! »

Et Paul de lui raconter dans les grandes lignes le « final » du mois de juillet, comme d’une confirmation.

« Jeune lady si sensuelle, tu ne vois pas d’inconvénient à ce que j’exhausse ses vœux, dis-moi ? »

Au contraire : elle partage les bonnes choses lui rappelle-t-elle. S’il prend bien soin de se capoter !

Parce qu’elle ne veut pas qu’il lui laisse un polichinelle dans les entrailles. Sans ça, elle lui demandera la pareille.

Croit-elle vraiment à ce « désir d’enfant » ?

« À son âge, c’est normal, même si c’est parfois inconscient. Au mien, ça devient une nécessité biologique. »

Quelle idée : « Sérieusement, tu me vois en gentil père de famille, avec ma vie de patachon volage incorruptible, toujours par monts et par vaux ? »

Sérieusement ? Non. Mais il faudra qu’il y pense un jour, nécessairement. Bien souvent les hommes sont tous comme ça, à ne penser qu’au sexe, alors que le sexe, c’est aussi le passage obligé de leur descendance. Et que le « désir de paternité » leur vient au fil du temps, au moment du « démon de midi » quand ce n’est pas un « choix imposé » au préalable par une dame de passage.

« Tu verras que j’ai raison. Et en attendant, j’ai quoi en compensation ? »

« Tu fais quoi fin août/début septembre ? »

Si c’est exclusivement sexuel et en tête-à-tête, pour une fois, elle peut se libérer quelques jours dans la première semaine de septembre, fait-elle savoir en caressant le pénis durci de Paul, dont on voulait encore faire un moulage pour un pied de lampe il y a quelques jours seulement, là, sous les draps de leur couche.

« Je te retrouve à Orly alors. Je connais un petit-sémaphore où même les portables ont du mal à passer, en plein maquis. Ça te dit ? »

Et comment !

 

(Aparté n° 11)

 

« Dis donc, tu as revu Lady Catherin ou sa sœur ? »

Non, seulement le Grand-père.

« Il paraît qu’il ne va pas fort. On dit qu’il est hospitalisé à Glasgow. Il ferait un rejet tardif de son rein greffé. »

Curieux retour du destin…

Se laisserait-il mourir depuis qu’il subodore qu’il a pu vivre jusque-là avec un greffon « volé » ?

 

À Norwich, « Shirley la tâche de rousseur » est ravie de l’arrivée de son visiteur. Pas les parents, manifestement, sauf que, une bouche de moins à nourrir, qui plus est au chômage, finalement ce n’est pas plus mal…

« Si celle-là arrive à vivre avec son cul, c’est peut-être sa vocation ! » fait le père entre les dents, mi-figue mi-raisin, à son épouse qui n’en dit rien sur le moment.

Ils partent tous les deux pour Saint-Florent. Paul y récupérera son hydravion plus tard, amarré au ponton nord.

Pour embarquer à bord du « Lisbeth » avec l’aide de son pêcheur de langouste préféré, et après avoir copieusement fait l’avitaillement.

« Tu as le pied-marin, j’espère ! » Il a pu constater qu’elle l’a, au moins un peu et c’est suffisant pour leur prochaine navigation côtière.

Une fois seuls, l’ancre levée, l’amure bâbord réglée, la pale du pilote automatique immergée, l’apéritif servi dans ses glaçons à peine gelés et le cockpit central, le carré encore un peu en désordre, « Shirley la tâche de rousseur » se dévêt totalement sous prétexte qu’on peut vivre nu en mer ! Ravissant spectacle que ces petits tatouages et ces quelques piercings : lady Joan a raison, une jeunette à cueillir, ça donne des « envies d’éternité »…

Sauf que le vent est un peu frisquet sitôt dérapé au large.

« Dis-moi Pôal, combien tu as eu de femme jusqu’ici ? »

Pourquoi cette question stupide ? Il ne sait pas, il n’a jamais compté.

« Deux, trois ? Des qui ont compté ? »

À part sa mère et sa grand-mère… mais ce n’est manifestement pas de ça qu’elle veut parler, il le sait bien.

« Deux douzaines ? Plus ? Trois douzaines ? »

Elle devrait compter en centaines. Pas encore en millier, suppose-t-il.

Pourquoi cette question ?

Et la voilà qui se lance dans une explication… bizarre !

« Je veux que pour « ma » première fois, je sois bien traitée, (elle emploie le mot « lovely »). Pas comme toutes mes copines qui se sont plus ou moins faites avoir par leurs malotrus de boy-friends, amateurs successifs ou agressifs, sans aucun romantisme. Des ingrats, immatures ou des goujats. »

Là, déjà, la mini croisière, c’est nettement plus inespéré qu’une passe vite faite dans une chambre de bonne…

Mais il ne garantit pas qu’elle ne finisse pas par le considérer comme un goujat. « Tu sais, je suis plutôt du genre polygame. M’attacher à une seule, j’ai déjà donné. Et je ne suis pas prêt de recommencer ! »

Elle se fait expliquer le détail de son unique mariage avec la belle et sublime Emily, sa voix chevrotante et ses accents texans, qui l’avaient fait « craquer » et franchir le pas, jeune élève-officier de l’aéronavale.

Ce qu’il comprend, quand elle reprend la parole, c’est que justement elle veut « un homme à femme. Qui sache s’y prendre. Qui aime ça et le fait bien. Et quand j’ai entendu parler de toi autour de Lady Catherin comme d’un « french-stallion », pas mal foutu de sa personne en plus, presque aussi beau que dans les rêves, j’ai succombé au premier regard. Toi et personne d’autre, juste pour la première fois. Il paraît qu’on n’oublie jamais la première fois. »

C’est vrai, mais il ne lui racontera pas la sienne, entre les cuisses d’une cliente de l’hôtel de « Tante Jacqueline ». Elle payait même pour en avoir encore. Pourtant, Paul avait réglé sa « propre affaire » en moins d’une minute chrono, ce jour-là. Lisant l’immense déception de frustration de la dame dans son regard, il l’avait alors « limée » durant 40 minutes sans discontinuer ni se retirer. À son premier orgasme, elle était ravie. Au second, elle était comblée. Au troisième, elle a cru qu’elle allait devenir folle tellement elle « brûlait » de partout !

Paul en avait reçu son premier pseudo : « Le fougueux ». Et elle y a envoyé toutes ses copines, qui l’avaient surnommé « Two-One-Six », en clin d’œil à l’enseigne « Seven-Eleven » (mal déclinée en France par Promodès par la « Huit à Huit » pour ses horaires d’ouverture) : un vrai business, que les années « Newvox », qui a permis de gagner son premier million de dollars avec le fric de Michel en support et le petit-bout d’héritage venant du Grand-père, un peu plus tard.

Il s’en souvient encore. Un peu gore, cette époque-là où il jouait au jeune « gigolo de ces dames ».

 

Le soir venu, ils mouillent en face de la plage du Guignu, dans le désert des Agriates, entre Cap Corse d’un côté et Isola-Rossa de l’autre.

Et « Shirley la tâche de rousseur », ravie à l’extase, goûte enfin la « grande tendresse » que ses sens attendaient.

 

(Apartés n° 12 et suivantes).

 

Du « 24 heures sur 24 », cette croisière-là, de quoi détailler le moindre grain de peau de la belle et sous tous les angles !



[1] Voir « Au nom du père », tome II à paraître aux éditions « I-Cube ».

[2] Voir l’épisode : « Opération Juliette-Siéra », chapitre XXXII et suivant, publiée aux éditions « I-Cube ».

[3] Voir « Au nom du père », tome II à paraître aux éditions « I-Cube ».

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3 septembre 2011 6 03 /09 /septembre /2011 04:07

Naufrages

   

 

Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.

Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !

 

Sur le moment, il n’en trouve pas, toujours « suivi des yeux » par la tâche de rousseur.

Et ce n’est pas faute de parcourir les compartiments des différents étages en tous sens !

Il y a bien des « salles blanches » avec des tas de flacons et des morceaux de déchets humains un peu partout à l’étage encore supérieur, mais au mieux, il s’agit de réactifs chimiques aux propriétés aléatoires.

Ils finissent par trouver l’armurerie. Du beau matériel. Paul en profite pour refaire le plein de chargeurs, enfile les bretelles de deux Sam 7 aux épaules et se charge de quelques grenades.

Ça va servir.

Une radio grésille à proximité, un peu plus haut.

L’hélicoptère de Risle s’annonce en approche et demande l’autorisation de se poser.

« Autorisation accordée. On vous attend avec impatience ! Méfiez-vous quand même. L’hélico du bord est également attendu. Il a dû faire une sortie. Poussez votre machine au mieux. Vent huit nœuds au 250. Pression 1017 hectopascal sur la plateforme. »

Ok !

Ok, bienvenue au paradis les enfants…

Et il détruit la radio d’une rafale. Courte la rafale, mais de quoi faire de jolies étincelles dues à des courts-circuits tels que ça ne vas pas tarder à flamber.

Il aurait dû lancer un « Mayday » sur la fréquence internationale juste avant, mais à la réflexion, Frank l’aurait entendu.

Et puisqu’il est dans le poste de commandement, il préfère s’occuper de descendre la plateforme à la flotte… Parce que la descente depuis 15 mètres de haut, il a déjà donné et dans les deux sens.

Juste le temps de lancer la lente manœuvre, que déjà il faut filer vers l’aire d’atterrissage des hélicoptères, celui de Risle faisant une approche lente et prudente par le nord-ouest, face au vent et en travers de l’axe le plus dégagé.

Cherche les complications, le pilote.

 

Paul, toujours suivi de près par Shirley, s’avance vers la machine pour la guider avec les bras, dans les derniers mètres avant l’atterrissage.

La turbine n’est pas encore arrêtée que le pilote lance : « Qu’est-ce qui se passe ici ? Personne ne répondait depuis un bon quart d’heure. Nous sommes « limite » question carburant. Et pourquoi toutes ces armes ? »

Flûte ! Ils ne repartiront pas par la voie des airs.

« Une mutinerie. Le colonel est parti cueillir les insurgés, mais je vous attendais ! »

« Où est sa fille ? » désignant du menton la civière posée à l’arrière de la machine.

« Elle est morte dans la bagarre ! C’est lui le professeur Risle ? »

Qui voulait-il que ce soit, l’inconnu ?

« T’es qui toi ? Je ne t’ai jamais vu ! »

« Le donneur d’organe qui se rebiffe ! »

Le pilote farfouille alors dans son équipement à la recherche d’une arme. Il n’en a pas le temps. Le premier coup est pour lui. Le second pour le copilote en blouse d’infirmier qui en fait autant de son côté.

Paul s’approche du type allongé, le teint cireux encore conscient mais immobile.

« Professeur Risle, je présume ! »

Un hochement de tête affirmatif, presque imperceptible.

« Qu’est-ce que vous me voulez ? »

Se présenter, tiens donc !

« Paul De Bréveuil. Le frère de votre gendre disparu. Le fils de Jean-Pierre De Bréveuil, juge au parquet de Rouen. Vous vous souvenez, j’espère ? » fait-il presque jubilatoire.

« Vous n’êtes pas facile à croiser, vous savez. Et pourtant, nos destins s’entrecoupent une dernière fois. Il paraît que c’est mon foie qui devait vous sauver la vie. Malheureusement pour vous, on m’a laissé donner mon avis et il se trouve que j’ai refusé, assez bêtement.

Je ne sais pas pourquoi. Pas très chrétien de ma part, si j’ose dire, n’est-ce pas ?

En revanche, je vous accorde une dernière faveur bien volontiers, en compensation.

Puisqu’il paraît que personne ne doit mourir ici sans savoir pour quelle raison et que les maladies de foie sont très douloureux m’a-t-on dit, je vais abréger vos souffrances d’une seule balle. Pas plus, vous ne valez même pas son prix, mais en pleine tête.

Celle-là, je vous la refile au nom de mon Père. Car ça n’a rien de personnel entre vous et moi, comprenez bien. Ça vous va comme projet immédiat ?

Vous l’avez bien méritée ! »

Ceci dit, avant même que l’autre ne tente quoique ce soit, il joint le geste à la parole.

Puis s’écarte à vie allure de la machine en y laissant une grenade dégoupillée.

Juste le temps d’entrainer Shirley à l’abri de la déflagration…

« Chaud devant ! »

Les flammes rongent l’appareil et le reste de kérosène coule en flamme le long de la piste jusqu’à dégouliner vers la mer dans un beau panache de fumée noire, pendant que les morceaux éparses de la carlingue disloquée retombent un peu partout.

 

« Bon maintenant ma chérie, faut qu’on se trouve une embarcation à peu près correcte avant le naufrage total de la plateforme. »

Après avoir ruiné les projets des Risle, leurs vies, détruit un appareil et une partie des équipements du bord, l’image est assez sympathique.

Pas question de laisser les monstruosités tissulaires vues à un niveau inférieur de la plateforme pour que n’importe qui persistent à poursuivre ces expériences de docteur Frankenstein-Folamour.

« Toi, tu guettes un bruit d’hélicoptère… Il va revenir incessamment sous peu de par-là. Ça te va ? »

Non, elle doit ne pas quitter des yeux…

Et elle en a eu plein les mirettes, la « tâche rousseur » !

 

Frank s’inquiète, le canot est vide et poursuit sa route vers l’inconnu, la radio ne répond plus et au loin, un panache de fumée monte vers le ciel depuis la position supposée de leur îlot métallique, alors qu’il lui faut faire le chemin inverse à la recherche d’un cadavre entre-deux-eaux.

Et quand ils arrivent à proximité de leur destination, c’est pour se rendre compte que l’appareil de Risle s’est écrasé à l’atterrissage. Ils vont avoir du mal à s’y poser.

Alors même que la plateforme « dévisse » à en toucher l’eau dans peu de temps.

Mademoiselle doit être furieuse. Rien ne se passe comme prévu !

Une catastrophe à vrai dire. En tout cas, tous ses signes annonciateurs.

Pire encore tout de suite après. À la jumelle, il aperçoit un des canots de sauvetage qui manœuvre pour s’écarter du bord.

Il s’agirait de faire rappliquer le navire de soutien pour éviter le pire, tant que la radio fonctionne à son bord. Mais il y a plus urgent.

Au fil de leur approche il aperçoit un type et une fille qu’il identifie comme étant la petite-anglaise avec le gendre de Mademoiselle, kidnappés à Montréal.

Comment a-t-elle pu s’échapper ? Il n’y a qu’une réponse à cette énigme : pendant qu’ils cherchaient le corps du gendre, ce petit salopard est revenu à la nage et c’est forcément lui qui a mis la barge dans cet état.

Il faut absolument le récupérer avant qu’il ne cause des dommages irréparables.

C’est invraisemblable, il était si convaincu de l’avoir eu à la lunette avec son M95 pour l’avoir vu tomber à l’eau. Mais faut dire qu’avec toute l’écume qu’il soulevait dans son sillage, il n’était finalement plus si sûr de lui.

La preuve.

« Approche-toi et fais le tour avant d’atterrir ! Y’a des choses étranges qui se passent à bord. », fait-il à son pilote qui commence à cercler.

Un coup facile : le Sam est tiré à moins de 50 mètres depuis un décrochement du bastingage, dans leur dos des trois-quarts arrière de l’appareil. Ils ne se sont pas vus partir en fumée et en lumière.

 

« Bon à nous… Je t’avais promis une croisière en méditerranée. On va commencer par quelques coups de pagayes en Atlantique nord. Sauf si on trouve un moteur et un peu de carburant. »

Et les voilà partis à la recherche d’une embarcation. « Si tu trouves, prend des vivres et de l’eau. Des vêtements chauds aussi. Y’a plus rien à craindre, rassure-toi ! »

Ne pas le quitter des yeux, surtout ne pas le quitter des yeux.

De toute façon, après tout ce qu’elle vient de voir et de vivre, pire que dans les films d’horreur, elle ne veut surtout pas se retrouver isolée.

Il leur faut une petite demi-heure pour rassembler leur matériel. Paul retourne déposer ses grenades un peu partout dans les cages d’échelles de coupée, pour finir couler cette maudite barge.

C’est à cette occasion et entre deux explosions qu’il croise Frank, le rescapé parfaitement improbable, tout dégoulinant de blessures, les grenades faisant trembler la carasse de la barge.

« Je vais te faire la peau fumier ! » dit-il sur un ton menaçant une hache à la main à la croisée d’une coursive.

Paul l’évite de justesse. Et recule. « Si tu fais ça, je lâche ma grenade. Forcément. »

« Qu’est-ce que j’en ai à foutre ? »

« Sergent, c’est un ordre. Laissez tomber votre hache, vous êtes en état d’arrestation ! »

Ça ne le calme pas du tout, cet accès d’autorité, au contraire : il se rue sur Paul en hurlant.

« Mais quel con celui-là ! » Paul évite la charge, sort son arme et fait feu sur le grand corps malade dans sa tête.

Il s’approche de l’agonisant qui râle gisant au sol.

« Allez mon grand, je vais te laisser crever ici à te vider de ton sang, en paiement très partiel de tous ces types que tu as pu assassiner dans ta vie de crapule au service des Risle…

J’espère que tu vas vivre encore assez pour revoir à l’envers tous ses souvenirs du monstre que tu es ! »

« Je te retrouverai ! »

Qu’il n’y compte pas. Et Paul finit de vider son chargeur sur ses genoux et ses mains, ceux de la barbouze qu’il a à ses pieds, pour toute réponse, lui arrachant à chaque fois un cri de douleur mêlé d’effroi.

« Pour te faire plaisir, je reconnais que tu m’as fait très peur, dans la minute qui vient de passer. Je ne t’attendais pas. Mais j’avais tort : tu couines comme une femmelette, qu’on en dirait une truie qui met bas. Vas en enfer, toi aussi et t’avise plus de jamais recroiser mon chemin ! »

« Salaud ! Salaud ! J’ai mal… J’ai si mal »

Il en redemande ?

Se penchant vers l’agonisant, il s’approche de son oreille pour lui glisser : « Tu as pensé à tous ceux que tu as laissé vivre ces derniers moments-là, comme tu les vis, là ? Et encore, les tiens sont si courts… Une larve, mon bonhomme, voilà à ce quoi tu me fais penser en te regardant ainsi gémir sur ton pauvre sort. »

Et il lui crache dessus en se relevant, puis se retourne, l’enjambe en baissant la fermeture éclair de son pantalon et lui pisse sur le visage.

« Mon dernier cadeau, que tu t’imprègnes bien de l’odeur de mon urine avant de crever ! »

« C’est qui celui-là ? Tu lui as fait quoi ? Tu as mal quelle que part ? »

Ça, c’est la voix de la « tâche de rousseur » qui arrive dans son dos et s’est inquiétée des coups de feu entendus.

« Oui, j’ai mal. À l’âme. Je viens de l’égarer. Je ne sais pas si je pourrais la retrouver un jour… »

 

En fait, le plus facile serait encore de se rapprocher du canot de l’équipe médicale. Mais il file vite et pas dans la bonne direction.

Shirley et Paul ne vont finalement pas très loin. Un immense sous-marin fait surface peu après que la plateforme sombre définitivement dans les profondeurs de l’océan après une succession d’explosions.

Un type surgit du sommet du kiosque. « Commandore James Arly, du HMS Trenchant. »

Classe « Trafalgar »…

« Accepteriez-vous notre aide, par hasard Commandore De Bréveuil ? »

« Seulement si je peux monter à bord avec cette prise de guerre ! » répond-il en brandissant une bouteille de gnôle fauchée à la cambuse avant le départ.

« Si c’est ce que je pense, c’est interdit à bord ! Je regrette. »

« Commodore, pour en être sûr, il nous faut y gouter ensemble ! »

« Absolutely. À condition d’être plusieurs pour décider, en experts associés. J’ai quelques officiers à bord qui se désigneront bien volontaires. De toute façon, nous avons du thé et du fameux, pour compenser, au cas où. Qu’en dites-vous ? »

Que comme il partage les mêmes valeurs que les gens de mer et donc de la marine britannique, forcément, à part le thé, l’offre ne peut pas se refuser.

 

À Montréal, c’est la surprise générale. Les rapports ont été faits rapidement aux hiérarchies respectives des uns et des autres, celle de Paul passant par Charlotte pour atterrir chez Trois-Dom qui, alertée, fera quelques heures supplémentaires à attendre les décisions de ses chefs en plein week-end de fin de saison laborieuse.

Et un hélicoptère est finalement détaché pour récupérer le capitaine de frégate de réserve de la marine française, pendant que Shirley attendra à bord de rentrer à Londres : elle a bien travaillé, finalement.

Paul s’installe en tête de table du Conseil réuni dans l’urgence.

« Mesdames, Messieurs, je vais être clair.

Le professeur Risle est mort. Sa fille aussi. La plateforme a sombré avec à son bord des années d’échantillons et de cultures de tissus biologiques expérimentaux. »

Rumeurs d’indignation et de surprise.

« Silence ! L’équipe médicale du bord a été repêchée, elle est saine et sauve et aux arrêts. »

Aux arrêts ? Mais pourquoi ?

« Je suis ici pour mettre fin aux activités illégales de la fondation. »

Illégales ? Mais comment ça ? Rien n’est plus légal que les travaux sur les transplantations. Légal et d’autant plus légitimes !

« Vos organes, ceux que la fondation vous procurait depuis des années, sont tous issus de crimes, meurtres, assassinats et j’en passe ! Et cela a cessé hier soir au large des côtes. »

Impossible ! Ça se saurait depuis tant d’années.

« J’étais venus pour être un parmi vous. Désormais, je suis là pour être votre Président et remettre de l’ordre dans vos activités. Et pour faire court, il n’y aura qu’un seul vote possible, et à mainlevée, à l’ordre du jour par ailleurs ajourné pour le reste et qu’une seule alternative : Pour ou contre. Pas d’abstention ! »

Qui vote contre ?

« Permettez, jeune homme, » interrompt Sir Philips. Le silence se fait quasi-instantanément autour de la table : le « sage » va parler. « Je sais d’où vous venez et je sais aussi que vous êtes une personne droite, honnête et de confiance. Je vote pour vous, des deux mains s’il le faut, en espérant vraiment que vous parviendrez à remettre de l’ordre dans la fondation et ses activités, telle qu’il n’y ait plus jamais la moindre ombre d’illégalité sur la profession de tous les honnêtes praticiens ici présents. »

Ce n’est pas tout-à-fait ce qui a été convenu avec le chargé d’affaires de l’ambassade. Mais qu’importe.

« Je vote pour ! »

« Mais vous n’écoutez pas, Lord Mcshiant : j’ai demandé que ce soient ceux qui votent contre, et uniquement eux, qu’ils lèvent la main et sortent : la police-montée du pays les attends pour les entendre. »

Là, ils votent comme un seul homme : aucune main levée. Toutes bien rangées sur la table dans un silence quasi-religieux.

« Résolution adopté à l’unanimité ! Je lève la séance et vous propose qu’on prévoie de se réunir en septembre prochain pour faire le point.

Mesdames et Messieurs, vous allez être entendus par la police-montée qui attend à l’extérieur. »

Protestations, indignations…

« Silence ! Que ceux d’entre vous qui ne savaient pas d’où venaient les organes reçus, ni comment Risle et la fondation se les procuraient, n’aient aucune crainte.

Simplement, ma première décision de Président est de laisser nos polices respectives faire leurs enquêtes et de suspendre toutes les opérations en cours ou à prévoir sur vos patients dans  les semaines à venir.

On fait le ménage, on fait le point d’ici deux mois et on décidera de la reprise ou non des activités en septembre. Mais cette fois-ci selon les protocoles légitimes et légaux.

Merci pour votre nécessaire appui !

Longue vie à la Fondation ! »

On ne peut pas dire qu’il sorte sous les applaudissements. Mais c’est comme ça : il se retrouve avec un nouvel ours à gérer sur le dos.

Décision conjointe, et dans l’urgence, du Foreign-Office et du quai d’Orsay.

Le genre de chose auquel on ne peut pas vraiment dire non, notamment après l’épisode du thé du HMS Trenchant.

Paul a de toute façon quelques projets à fignoler avant que la police-montée et d’autres fassent le tour des activités.

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2 septembre 2011 5 02 /09 /septembre /2011 04:05

Évasion tonitruante

 

Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.

Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !

 

Ils se mettent à quatre, dont deux armés de 357-magnum pointés sur ses tempes pour le détacher, les bras pris en clé dans le dos.

L’odeur de la mer se fait plus forte dans l’étroit couloir qui mène aux toilettes. Du formica partout au mur, des néons au plafond bas. On pourrait être sur un bateau, mais ça ne roule même pas un peu.

Le gars de devant ouvre une porte, tourne à gauche. Les deux gardes armés passent en file indienne à travers le chambranle exigu. Le quatrième ferme la porte derrière eux.

Quelques mètres plus loin dans la coursive fermée par une autre porte, les toilettes sont à droite.

« Bon les gars, vous me lâchez ou vous me la tenez ! » Le WC est étroit. L’un des gardes lui maintient le bras gauche derrière le dos pendant que Paul sent nettement le canon de l’arme de son collègue appuyer sur la nuque.

« Ah que ça fait du bien, les gars ! Vous pensez que j’aurai droit à une petite collation avant de passer l’arme à gauche ? »

Ils se concertent et en causent entre eux avant que l’un ne se décide à répondre qu’il verra ça une fois qu’ils seront de retour.

« Merde ! J’y arrive pas ! » prévient Paul qui tente de refermer sa braguette en sautillant une fois soulagé.

L’étreinte du garde qui le maintenait jusque-là, le flingue pointé de l’autre sur la nuque de Paul, se relâchent un peu. Juste ce qu’il faut pour que Paul en profite pour se baisser vivement un peu plus bas, l’air de prendre son élan pour sautiller plus haut et il se retourne le coude du bras libre lancé vers le bras qui tient l’arme.

La détonation claque dans un formidable bruit d’explosion qui martyrise les tympans de tout le monde.

Paul est déjà sous son « body-garde » qu’il fait basculer la tête vers la cuvette des WC en le soulevant violemment à l’entre-jambe alors qu’il lâche son emprise sur sa clé-de-bras.

Bousculade dans la coursive. Coup de tête dans l’abdomen du suivant, au niveau du plexus. Un second coup de feu claque et va se perdre on ne sait où !

Paul se saisit de la première arme qui vient de tomber au sol et ouvre le feu à l’aveugle vers le couloir, couvert par le corps du second garde qui tente de reprendre son souffle.

Bruits de course. Claquements de porte. Coups de feu. Sonnerie hurlante d’une alarme.

Il faut qu’il dégage très vite. Avec 2 balles dans le barillet, il ne pourra pas tenir un siège très longtemps.

Paul jette un œil dans le couloir. Une porte claque à gauche. Personne. Il file à droite après avoir donné un coup de crosse sur le crâne du second garde. La porte du fond s’ouvre sans difficulté.

L’air du large. Une étroite passerelle. La mer quinze mètres plus bas. Il est sur une plateforme de forage pétrolier.

À gauche, à droite, sur la passerelle, des hommes en armes qui le mettent en joue avec des AK 47. Paul enjambe le bastingage et saute en mer.

Qu’elle est froide ! Très froide, même.

Sa chute freinée par l’eau qu’il atteint pieds joints en premier, une main bouchant son nez, l’autre servant à s’équilibrer, il met un temps infini à refaire surface et reprendre son souffle.

Il s’agit bien d’une plateforme pétrolière, avec ses quatre piliers posés sur un haut-fond.

Mais sans forage actif. Le soleil est couchant et aucune terre n’est visible depuis le niveau de la mer.

Les équipes de sécurité mettent un zodiac à l’eau pour le récupérer. La sirène d’alarme s’est tue et on entend nettement la voix de Priscilla hurler des ordres et des invectives, plus haut.

« Connard ! Tu crois que tu peux aller où, comme ça ? » entend-il à son adresse.

Le zodiac touche enfin l’eau et approche. Trois hommes à bord. Au moins deux armés.

« Celui-là, je le veux vivant ! Vivant ! » Les sons raisonnent et font écho sous la plateforme où patauge Paul transis de froid par la température de l’eau.

Il fait même quelques brasses en direction du hors-bord pour abréger son temps d’immersion.

L’un des hommes lui tend la main pour le récupérer pendant qu’un autre le met en joue et que le troisième pilote le moteur.

« Toi ! Tu as entendu les ordres ? Elle me veut en vie, ta patronne, alors tu ne tires pas ! » dit-il en saisissant le bras tendu sur lequel il exerce une traction aussi soudaine que brutale.

L’homme en glisse et tombe à l’eau à son tour.

« Bé merde ! » fait-il en se hissant tout seul à bord grâce aux filins et poignées existants à cet effet sur le boudin. « Toi, va l’aider ! » fait-il au barreur en désignant son équipier à l’eau.

Le monde à l’envers…

Pendant que l’un continue à viser Paul à la tête avec sa Kalachnikov depuis la proue du zodiac, les pieds bien calés, l’autre s’approche de Paul et se joint à lui pour tendre leur main au troisième qui patauge grave à son tour dans la petite houle résiduelle.

Paul se saisit alors du 11,43 sis dans son étui à la ceinture, côté droit du barreur, main gauche.

Et en un seul mouvement, il se retourne à droite, dégage le cran de sécurité de l’arme avec l’index, arme avec la main droite et flingue, de deux balles ajustées au jugé, le porteur du fusil d’assaut qui en choit à la renverse en mer.

L’ex-barreur, lâche son coéquipier et tente de maîtriser Paul par derrière.

Coup de coude dans les côtes. Paul se dégage, se retourne et ajuste son agresseur.

« À la flotte ! » lui fait-il signe avec le canon de son arme pointée vers le gars, qui ne se fait pas prier, alors que le troisième commence déjà à s’éloigner.

 

« Bande d’incapables ! Abattez-le ! Abattez-le ! » hurle Priscilla 15 mètres plus haut qui n’a rien manqué de la scène.

Il est temps pour Paul de déguerpir et il opte pour un grand coup d’accélération sous la plateforme qui le protège des premières rafales qui claquent dans son dos, à l’opposé de là où il est tombé.

Nord-est ? Au jugé, d’après la position du soleil couchant.

Maintenant, il s’agit de réfléchir vite.

Vite et bien !

En un coup d’œil, Paul fait l’inventaire du bord. Une haussière, une pagaye, un mouillage, un réservoir de carburant, une bouteille de plongée, deux paires de palmes, une bouée et deux gilets de sauvetage, une combinaison de plongée en deux morceaux, qui dépassent du coffre.

Une rafale claque dans son dos. Virage à bâbord. Virage à tribord.

Encore une série de rafales. Il est désormais hors de portée des kalachnikovs. Mais peut-être pas encore d’une arme plus puissante.

Le soleil se couche, la houle se fait forte. C’est le moment, quand il voit un petit panache de fumée blanche s’échapper de la passerelle au loin.

 

Priscilla est folle furieuse : son greffon se taille à travers tout l’Atlantique ! Après tout le mal qu’elle s’est donnée pour l’avoir à sa merci !

Tout ça à cause de quatre connards incapables de tenir un prisonnier solidement ligoté.

Et son père qui arrive dans les vingt prochaines minutes, sans possibilité de faire demi-tour pour devoir refaire les pleins sur la plateforme…

Un mort dans ses rangs, un blessé grave. Ce qui réduit à huit hommes valides son équipe de sécurité.

Et une équipe d’intervention chirurgicale complète prête à intervenir pour rien.

« Je crois que nous l’avons abattu ! »

« Alors allez le rechercher ! Et ne revenez pas sans son cadavre ! »

« C’est que ça peut être long : il y a au moins deux heures de carburant à bord du zodiac ! » qui continue à filer droit vers des terres arctiques improbables.

« On attendra le temps qu’il faudra. Utilisez l’hélicoptère et équipez-vous pour plonger. On ne sait jamais, bande d’incapables ! »

Des incapables, payés chers pour être loyaux à l’infini mais surtout efficace.

Elle en a la rage au cœur : il s’agit de rattraper ce contretemps et ces inefficiences accumulées au dernier moment.

 

« Nous avons un léger contretemps, » fait-elle à l’équipe chirurgicale qu’elle retrouve à proximité de la salle d’opération. « Nous avons eu un accident et j’ai un de mes hommes d’équipage qui s’est blessé bêtement avec une arme à feu. Pourriez-vous envisager de le soigner ? »

Il est médecin-chirurgien. Le bloc est prêt. Ils peuvent faire. « L’inconvénient, c’est qu’il faudra désinfecter le matériel après, pour la greffe. Le Professeur devra attendre une petite heure de plus ! »

Pas bien grave : il survivra encore. Il l’a fait jusque-là.

« Nous avons aussi quelques retards pour l’arrivée du greffon. Il y a un problème… d’intendance ! »

Qu’était-ce, tous ces coups de feu ?

« Mes galopins qui se sont mis en tête de pêcher des thons de cette façon-là ! Je suis furieuse ! Des gamins qui ont découvert l’armurerie. D’où l’accident de tout à l’heure. Ne vous inquiétez pas, j’y ai mis bon ordre. Il y a juste ce type qui s’est blessé et qu’il faut soigner ! »

Le mensonge passe, bien que la situation semble ambiguë pour le jeune praticien et son équipe : venir faire une greffe sur une plateforme pétrolière désaffectée, un foie en plus et sur la personne du professeur Risle lui-même, alors que c’aurait été tellement plus simple de la faire sur place à Montréal, c’est une idée vraiment idiote.

La raison invoquée de rapprocher le receveur du donneur soi-disant Islandais ne tient pas trop la route non plus, pense le chirurgien. On lui raconte n’importe quoi, même si l’essentiel est de sauver le professeur, ce qui est en soi un très grand honneur pour lui.

Il fera donc comme on le lui demande : le blessé par balle et ensuite la préparation du Professeur.

 

Frank et une équipe parte à la poursuite du zodiac volé en hélicoptère, le temps de s’équiper pour l’expédition.

Ce qu’ils ne savent pas, pour ne l’avoir pas vu dans la pénombre du crépuscule et les embruns du sillage, c’est que Paul n’a jamais eu l’intention de faire une traversée de l’Atlantique en zodiac : il s’est rapidement extrait de son cockpit de caoutchouc alors que les tireurs l’ajustaient, juste au moment où il a vu le panache de fumée ! Vue la distance approximative, il n’avait même pas une seconde pour plonger à la renverse.

Et il décide de revenir à la nage, en apnée dans un premier temps, discrètement au moins, sans remuer trop d’eau. Restant en observation de ce qui se passe sur la plateforme.

Non seulement il lui faut récupérer Shirley, il ne va quand même pas la laisser entre les mains de ces bouchers-là, mais si possible, neutraliser tout ce panier de crabes de criminels endurcis.

Le professeur, sa salope de fille, l’équipe de tueurs à gage, la station, tout ça d’un seul tenant et loin des regards, s’il réussissait, il pourrait vivre de nouveau normalement et son frère pourrait sortir de son trou.

Problème, l’eau est vraiment très froide, il n’a eu le temps que d’enfiler le gilet de néoprène de la combinaison de plongée et la station paraît si éloignée qu’à plusieurs reprises, Paul imagine ne jamais y parvenir.

Il lui faut vraiment « s’arracher » les tripes et le mental pour faire les 800 mètres et arriver au pied de la station peu après le moment où enfin Frank décolle avec son hélicoptère.

Sur le coup, Paul en plonge la tête sous l’eau salée mais quand il comprend ce qui se passe dès la direction de l’hélico identifiée comme étant celle approximative de la trace de son zodiac, il sait qu’il a sa chance…

À condition de ne pas trainer.

 

L’ascension du pilier auquel il s’est accroché est pénible, délicate même, au début à cause des mousses qui s’accrochent aux poutrelles des contreventements, délicate ensuite à cause des morceaux de rouille qui éclatent la peinture, de l’humidité du milieu marin, périlleuse enfin à raison des graisses étalées sur les créneaux de manœuvre de la plateforme, mais il y parvient.

Une fois à bord, il s’agit de se repérer sans se faire remarquer… Et de bouger. Il y a les ronflements de la ventilation assistée, des bruits de mécanique qui tournent.

C’est l’étage technique dans lequel il a pu pénétrer.

Au-dessus, ce sont les dortoirs. Mais au fond d’un couloir, il découvre un placard ouvert où trainent encore deux Kalachnikovs armés. Il s’en saisit d’un, emporte deux chargeurs dans les poches d’un pantalon de hasard trouvé dans une des cabines d’équipage (un peu court) où il  vient de se changer pour ne pas patauger dans un vêtement détrempé, et un 9mm : il s’agit d’être paré à faire front à n’importe quelle menace.

Encore au-dessus, c’est l’étage d’où il vient de s’évader. Il est désert à l’exception d’une cellule comparable à la sienne, d’où il repère une voix plaintive qui ressemble à celle de « Shirley ».

« Pousses-toi le long de la paroi où se trouve la porte : je fais sauter la serrure ! »

« Pôal ? »

« Abrite-toi et protège ta tête ! »

La serrure saute facilement, mais les coups de feu donnent l’alerte à l’équipe restée à bord.

Quant à « Shiley la tâche de rousseur », elle balade sa quasi-nudité, de jolies rondeurs là où il faut, en petite culotte et soutien-gorge, exhibant ses tatouages épars et discrets : la tenue idéale pour le baroud à venir, non ?

« Viens ! On fout le camp d’ici ! »

Il faut encore grimper, et pieds nus la fille a un peu de mal à suivre sur les échelles de coupée antidérapantes en ferraille, balançant à merveille ses « parties molles ».

À l’étage du dessus, ils entendent une cavalcade descendante d’une troupe attirée par les deux coups de feu.

Paul rafale au jugé dans le tas : pas de cadeau pour tous ceux qui veulent lui faire la peau pour son foie !

La rage succède à l’épuisement de la nage à allure forcée de tout-à-l’heure, et surtout la montée des 15 mètres de poutrelle. Paul en a plein les bras à mal tenir son fusil-mitrailleur qui manque de lui échapper des mains.

On riposte au jugé, là-haut !

« Il est par-là ! »

« À l’étage de la salle d’opération ? Abattez-le, il est sur place ! » C’est Priscilla qui précise, n’est-ce pas.

Salope, va !

Paul et Shirley font demi-tour pour les prendre à revers, longeant un peu plus loin ladite salle où opère déjà une équipe.

Il entre : « Vous là, laissez tomber ce connard ! La station explose dans 5 minutes ! Dégagez vers les issues de secours. »

What ?

« Dehors ! » et joignant le geste à la parole, il arrache le toubib à sa table d’opération et rafale dans le matériel médical.

Cris des femmes de l’équipe. Un grand désordre.

« Dégagez, j’ai dit ! Tout de suite ! »

 

L’équipe menée par Priscilla arrive à ce moment-là guidée par la rafale et les cris et tire au jugé sur les assistants du toubib, qui refluent vers la salle d’opération. Ça s’annonce mal ! Shirley est tétanisée dans son coin par un tel déchainement de violence.

Paul les laisse approcher. Un garde encadre la porte. Il est abattu avant même de se rendre compte de la situation.

« Restez-là. Que personne ne sorte. Toi, avec moi ! » C’est encore la voix de Priscilla : il doit y avoir une autre entrée dans ce bocal qui aurait pu être propre et aseptisé.

Oui, là-bas, au fond à droite.

« Shirley. Prend ce flingue. Tu tires sur tout ce qui bouge venant par cette porte et sur ces gens (il désigne le groupe médical replié derrière le toubib qui n’en mène pas large, accroupie dans un coin), dès qu’il relève le nez. N’hésite pas, c’est vraiment une question de vie ou de mort pour toi aussi, je te jure ! »

Elle a les yeux grands ouverts comme des soucoupes volantes, le geste mal assuré, prise de tremblements, de froid ou peur, il ne saura pas.

Pendant ce temps-là, sans perdre de vue le groupe pris entre deux feux, ni la porte par laquelle ils sont entrés, Paul se glisse accroupi de l’autre côté de la pièce.

La poignée est tournée lentement. C’est pour la seconde qui va suivre.

Bien coordonnés, leurs adversaires pénètrent simultanément des deux côtés.

Paul sans l’ajuster, tire sur le premier qui se présente et qui s’effondre sur son suivant, blessé à en gueuler de douleur pour l’occasion, puis retourne son arme de l’autre côté de la pièce où les deux gardes « rafalent » à l’aveugle à leur tour alors que Shirley tire n’importe comment, dans la panique du moment.

Il les abat et stoppe le feu quand il sent le canon d’une arme pointer sur sa tempe.

C’est Priscilla…

« Je t’ai eu mon bonhomme. Mon Père sera sauf ce soir malgré tous tes efforts. »

Une détonation. Il vit encore, les yeux fermés. Pour le rouvrir instantanément : deux autres claquent au-dessus de sa tête en direction approximative de Shirley.

Paul fait un grand balayage de sa jambe libre dans les pieds de Priscilla qui, déstabilisée en tombe lourdement sur le côté. Lui est déjà debout, un pied sur le poignet de la dame pour la désarmer.

« Je t’avais dit deux balles. Pas plus. »

Il ajuste le foie et fait feu à bout portant, ce qui lui arrache un hurlement de douleur terrifiant.

« Celui-là, c’est pour t’ôter tes rêves d’éternité. Le suivant sera pour t’y envoyer au diable ! »

« Non ne fais pas ça ! Tu ne sais pas ce que tu perds si tu fais ça ! » réussit-elle à dire entre deux râles, dans son affolement. Son cerveau est ébullition, elle est prête à lui inventer n’importe qu’elle mensonge pour survivre, examine la faisabilité de milles options, que, que…

Oh que si, Paul sait ce qu’il a à perdre s’il ne le fait pas.

Il achève le blessé du couloir qui fait mine de se relever à proximité en passant.

« Je vais te dire : tu suces bien, manifestement tu as dû t’entrainer plus qu’à ton tour. Mais question cul, t’es nulle. Je ne comprends pas mon frère… »

Il approche le canon de son arme encore fumant de sa bouche. Elle a les yeux écarquillés en faisant « non » de la tête : « Ah, je dois te dire aussi avant que tu ne pollues plus l’air que je respire. Jacques se prélasse au soleil avec de vraies baiseuses qui aiment ça et ne le font pas que par vice ou intérêt ! »

Et il enfonce la queue de détente à en étaler sa cervelle sur les murs alentours.

Elle cesse de penser, n’entendant même pas le coup de feu…

 

Ils sont tous terrorisés.

L’effet de l’aspect de Paul, éclaboussé du sang de sa dernière victime ?

Shirley est sans doute la plus tétanisée.

« Fichez le camp et vite. On n’a plus que 4 minutes ! »

Et les blessés ?

« Vous en faites ce que vous voulez. De toute façon tout le monde est en état d’arrestation. Vous, votre blouse pour habiller la demoiselle ! » qui n’a que quelques égratignures dus aux éclats de verre qui jonchent le sol.

Le toubib, il ne demande pas son compte, derrière ses petites lunettes et tend son vêtement de chirurgien.

Maintenant, il s’agit de s’assurer que tous les commandos sont neutralisés et de trouver des explosifs : l’hélicoptère de Risle va arriver et celui de Frank ne doit pas être très loin…

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