Christianisation de la Corse !
Toujours d’après les archives familiales, pieusement transmises de génération en géération, l’an 6 consacre Aléria siège du procurateur impérial qui administre la Corse.
En l’an 9, Auguste base d’ailleurs à Aléria et à Mariana la Flotte de Misène chargée de défendre les côtes de la Méditerranée Orientale.
Aléria devient « Colonia Veneria Iulia Pacensis Restitua Tertianorum » et Auguste et ses petits-fils en sont les Praeses.
En 27, après la mort d'Auguste, la Corse retrouve pourtant le sort commun des provinces de l'Empire Romain.
Elle est dominée par des maîtres qui l'administrent en cumulant tous les pouvoirs, civils et militaires, appuyés ou soutenus par les cohortes d'infanterie et de cavalerie romaines.
Il n'y a plus (ou peu) de légions romaines en Corse.
L'organisation impériale, l'introduction du Christianisme et de l'Évangile, vont modifier la mentalité originale des Corses, leur manière de penser, de sentir et d'agir, sans toutefois bouleverser leurs mœurs ou leurs traditions ancestrales.
Les Corses semblent alors accepter cette Pax Romana.
La latinisation du pays va également transformer leur langue, qui est barbare et incompréhensible aux dires de Sénèque.
En effet, en 41, Sénèque (Lucius Annaeus Seneca) est déporté en exil sur l'île à Luri dans le Capicorsu, par l'empereur Caligula (37,41) ou Claude (41,54), pour avoir entretenu des relations coupables avec Julie, nièce de Claude (ou sœur de Caligula : Ce n’est pas très précis dans les « archives » personnelles…).
Dans son exil en Corse, Sénèque remarque de nombreux cours d’eau poissonneux dans l’Île, et son manque de port naturel.
Après l’assassinat de l'empereur Caligula, la flotte de Misène basée à Aléria, se rallie à l'empereur Claude et permet à celui-ci d’accéder au trône, d’où la dédicace que l’on attribue à ce dernier, inscrite à la base d’une statue à Meria.
En 46, l’historien Baronius affirme que l'apôtre Pierre envoie des missionnaires prêcher l'Évangile dans la péninsule italique et dans les îles de sa périphérie occidentale, dont la Corse.
L'apôtre Paul débarque en Corse, avant de se rendre en Espagne. Il est d’ailleurs considéré comme le fondateur des Églises corse et sarde.
Vous aurez noté que Marie, Mère de Jésus de Nazareth, alors en fuite a également fait un passage en Corse avant d’aller se réfugier sur le continent des Pinzuti : Déjà, le maquis Corse était réputé comme « imprenable », un refuge inexpugnable protecteur pour tout fugitif.
La légende rapportée jusque-là veut qu’elle ait été poursuivie par les autorités romaines dans ce maquis, guidées par les bruyères qui marquaient et donc dénonçaient à ses poursuivants, le passage de Marie dans le sud de l’Île.
Depuis, la bruyère a mauvaise réputation dans l’Île.
En revanche, elle aurait été protégée par un caroubier par les branchages en creux dans lesquels elle a trouvé un refuge provisoire : L’arbre à ras-de-terre aurait ouvert ses branches à son approche et les aurait refermés une fois la fugitive introduite dans la cache…
En 48, l’empereur Claude chasse les Chrétiens de Rome. Quelques-uns uns se réfugient en Corse.
Vers 51, c’est la fin de l'exil forcé de Sénèque en Corse.
En 54, Lucius Julius Longinius est le procurateur de la Corse.
En 58, Visparius Loenas lui succède et exploite tellement les habitants de l'Île que Néron, l’empereur romain (54,68), le fait rappeler à Rome.
En 59, c’est l’année de la création du diocèse d’Aléria, par un émissaire de Pierre ou un disciple de Paul, on ne sait plus.
Car en 64, les premiers Chrétiens, persécutés à Rome dès l’arrivée de Néron, lequel incendie sa capitale et fait retomber sur eux la catastrophe, peuvent venir trouver refuge en Corse, soit par Aléria où l’arsenal avec ses entrepôts occupe un bon hectare, soit par Ajacciu, le bon port, ainsi nommé en raison des qualités de son mouillage, soit par Sagone.
Mais, étant donné leur clandestinité, la plupart débarquent en cachette dans le Capicorsu.
En 69, pendant les guerres civiles consécutives à la mort de Néron, le triérarque Claudius Pyrrichus, chef de la Flotte de Misène basée à Aléria, et tous ses capitaines, se rallient à l'empereur légitime Marcus Salvius Otho, dit aussi Othon (32,69).
Le procurateur romain d’Aléria, Decumus Pacarius, partisan de l'empereur romain dissident d’Aulus Vitellius (15,69), le fait assassiner.
Il tente de rallier la Corse à l'empereur romain dissident contre l'empereur légitime Othon. Il échoue, est fait prisonnier, et est assassiné par les habitants romains d'Aléria, les Alerini.
En 71, Publius Memoralis est le procurateur de la Corse. Basel (ou Basilius), fils de Turbel, originaire de Guernesey, après avoir servi dans la Flotte de Misène, s'établit comme colon dans la région d'Algaiola, où il sera enterré.
En 72, Otalicium Sugitta devient le procurateur de la Corse et Claudius Clemens lui succède en 73.
Et en 75, en raison de leur fidélité à Rome et en signe de remerciement, l’empereur Vespasien (69,79), confirme aux Vanacini, (tribu établie dans le Capicorsu et le nord de l’Île) les privilèges accordés par Auguste.
Vespasien accorde alors la citoyenneté romaine à des vétérans corses de la Flotte de Misène.
Et on se souvient encore en famille qu’en 91, sous le règne de l’empereur Domitien (81,96), le Romain Metius Pomusianus, détenu prisonnier en Corse, est mis à mort.
Dès 96, le pouvoir local en Corse et les administrations régionales tempèrent largement l'autorité absolue de Rome.
C’est ainsi qu’en 107, sous l’empereur romain Trajan (98,117), un diplôme cite la première cohorte des Corses, citoyens romains.
Dix ans plus tard, en 117, sous le règne de l’empereur Hadrien (117,138), les provinces sont restituées au Sénat.
La maison praesidiale (celle du Gouverneur) est toujours située à Aléria.
En 123, l’empereur Hadrien fait même une escale en Corse.
En 129, Numisius Nomasius, fils de Saionis Vinacencus, probablement un enrôlé chez les Vanacini du Capicorsu séjour sur l’Île.
Il sera enterré près de Crémone, en Italie en 157.
En 139, sous l’empereur romain Antonin le Pieux (138,161), l'Île est florissante.
Les Romains construisent « l’Itinéraire (dit) d’Antonin », une route qui conduit de Mariana à Palae (Bunifaziu ou Porti Vechju, on ne sait plus…), en passant par Aléria, et Favone...
En effet, « l'Itinéraire d'Antonin » donne des distances entre certaines localités de Corse, distances dont le total ne recouvrent pas exactement les détails.
Des médecins praticiens venus de Rome, les Asclépiades, s’installent en Corse.
En 140, la vie sociale et économique se développe principalement sur les régions côtières.
Dix ans plus tard, en 150, Ptolémée (90,168), le cartographe grec, dresse une description très détaillée de la Corse d’avant l’arrivée des Romains.
Il cite et localise 12 peuples (ou tribus) et 32 villes ou ports.
Les 12 tribus sont (en Grec et en Latin): les Kerouinoi (ou Cervini, en Balagna), les Tarabenoi (ou Tarabeni, en Cinarca), les Titianoi (ou Titiani, dans le golfe du Valincu), les Belatonoi (ou Belatoni, dans le Sartinesu), les Ouanakinoi (ou Vanacini, dans le Capicorsu), les Kilebensioi (ou Cilebensi, dans le Nebbiu), les Likninoi (ou Licinini, dans le Niolu), les Opinoi (ou Opini, en Castagniccia, dans le Boziu, chez moi), les Simbroi (ou Sumbri, dans la région de Venacu), les Koumanesoi (ou Cumanesi, dans le Fiumorbu), les Soubasanoi (ou Subasani, à Carbini et à Livia), et les Makrinoi (ou Macrini, en Casinca).
Ainsi que quelques noms de villes : Centurinon (Centuri), Canelate (Punta di Cannelle), Clunion (Meria), Marianon (Bunifaziu), Port Syracusain (Porti Vechju), Alista (Santa Lucia di Porti Vechju), Philonios (Favone), Mariana, Aléria...
Ptolémée compte également huit fleuves poissonneux (là, il faut voire à voir : Il y a bien des truites un peu partout, mais guère plus…).
En 180, la Corse est sous l'autorité directe de l’empereur romain Commode (180,192). La population de l'île est estimée par des historiens contemporains à plus de 150.000 habitants autour de l’année 190.
Ce qui n’est qu’un peu sous-estimé seulement.
Quintus Gabinius Barbarus, préfet de la région Sardaigne est envoyé sur l’Île en 202 par l’empereur Septime Sévère (193,211) pour développer la répression contre les Chrétiens, pour la plupart des Romains ayant fui la persécution.
C’est l’année du martyre de Dévote, jeune Chrétienne, fille d’une famille bourgeoise d'Aléria, fouettée à mort sur l'ordre du préfet.
Sa dépouille est transportée jusqu'à Monaco dont elle deviendra la patronne.
En 217, l’empereur romain Caracalla (211,217) poursuit les persécutions en chassant les Chrétiens de Rome.
Ceux qui se réfugient sur l’Île, après d’autres, sont à l’origine du Christianisme en Corse.
Parthée est alors le premier évêque de Mariana !
Deux envoyés de l'évêque de Smyrne (en Turquie) attestent même de l'évangélisation avancée de la Corse.
En 220, la religion officielle romaine est toutefois représentée en Corse.
Publius Suplicius Rufus, prêtre de Rome, reste attaché au culte de Jupiter et il tente de l’imposer aux habitants de l’Île, mais sans succès.
En 225, on note le martyre de Parthée, le premier évêque de Mariana.
Le 21 Mai de cette année-là, à Calvi, Restitude, jeune Chrétienne de Calinzana à qui il était fait obligation de renoncer à sa foi chrétienne et devant se marier à un légionnaire romain sur ordre du gouverneur, est martyrisée et décapitée, avec 5 compagnons, par Pirro le gouverneur romain de la province de Corse.
On note que torturée, elle est jetée en mer pour se noyer, mais que la mer la renvoyé sur la plage qui porte son nom sur l’actuelle commune de Lumio, par 5 fois !
Ce sont ses tortionnaires, venus lui enfoncer la tête sous l’eau qui se noient à leur tour.
Ils finissent par la décapiter.
Et pendant très longtemps, les dépouilles des 6 martyres ont été conservées un peu plus haut dans la colline (une chapelle existe toujours) : Des siècles plus tard, des fouilles ont été entreprises pour vérifier l’existence de cette sépulture oubliée. Une fois mis à jour, les personnes qui ont pu ouvrir le caveau contenant les restes des dépouilles ont toutes été frappées de mort subite, y compris le prélat en déplacement pour authentifier (ou non) les ossements.
Depuis, Sainte Restitude n’ait plus dérangée dans son repos éternel, mais fait l’objet d’une ferveur annuelle toujours vivace de nos jours !
En 227, Rome nomme quatre prêteurs gouverneurs pour la Sicile, la Sardaigne et la Corse.
En 270, sous le règne de l’empereur Aurélien (270,275), est créé un Pagus (canton rural de la Gaule romaine) « Aurelianus », qui deviendra plus tard Ruglianu, situé au-dessus de Macinaghju.
En 285, les îles de Corse et de Sardaigne sont réunies au Diocèse Italicien, l’une des provinces de l’Empire d’Occident.
En 300, le Praeses (gouverneur) Magnus reconstruit un portique à Aléria.
On estime alors la population de la Corse à quelques 100.000 mille âmes.