« Nul ne peut s’enrichir sans cause » : C’est un post récent d’Inco.
« Inco », parfois il m’énerve, parfois il m’enchante. S’il peut avoir le don de la formule et de la démonstration, il a le défaut du « préjugé » et de ne jamais en démordre.
Un « têtu ».
Mais bon, d’un point de vue « technique », il peut donner le change et montrer qu’il en sait au moins autant que moi (ce qui n’est pas bien difficile, mais ça fait toujours plaisir de jouer aux échecs avec un joueur de son propre niveau, comme au « tennis-en-pension »).
Passons.
Donc, le voilà en pourfendeur du « libéralisme-actif » : Normal, c’est un mek qui vote à gôche depuis avant qu’il soit né.
De l’atavisme familial fort respectable au demeurant.
D’ailleurs, il en reste encore !
J’en suis moi-même un autre, mais « pas de son camp ».
Ce qui n’empêche nullement un respect mutuel, je rassure les ayatollahs anti-discriminateurs de tous poils qui circulent dans les allées du pouvoir !
Il ne le sait pas, mais s’il est « anti-libéral » assumé, comme la plupart des mêmes, c’est qu’il est « anticapitaliste » au moins tant que le capitalisme sera réputé libéral.
Y’en a comme ça qui naissent « anticapitaliste » comme on peut naître avec un pied-bot ou un bec-de-lièvre.
Y’en a d’autres qui le deviennent. C’est d’ailleurs assez facile quand on n’a rien à partager : On est prêt à tout partager, même et surtout ce qu’on n’a pas.
En revanche, quand on s’est privé toute une vie (ou au moins une partie, notamment du temps de sa primo-formation), on espère « investir » ce qui n’a pas été bouffé, pour finir par mettre du beurre dans les épinards sur ses vieux jours, et là on ne partage plus ni le beurre, ni les épinards : On est devenu « capitaliste » honni !
Rentier, un peu comme un pensionné de la CNAV qui s’accroche à ses « droits-acquis ».
C’est aussi simple que ça et c’est en général assez lumineux pour être clair pour tous.
Le reste c’est du « verbiage » que les plus savants (dont Inco) traduisent par la « lutte des places » et des rentes attachées à la place (ou la fonction).
Aucun n’a jamais pensé qu’une place (ou une fonction), ce n’est jamais un acquis définitif et gratuit en ce bas-monde, et qu’il faut la défendre ou s’en démettre…
S’en laisser déposséder ou en tirer un profit en contrepartie de son coût d’acquisition.
En fait, le capitalisme, je l’ai déjà dit, c’est une éponge, un caméléon : Il est nazi an Allemagne-nazi, il est communiste-étatique en URSS et dans le pacte de Varsovie, en Corée du nord, en Chine et même en « Gauloisie-de-gôche » prompte à nationaliser, réquisitionner et j’en passe…
Le nôtre intervient partout où il le peut, saccageant au passage, ne s’interdisant même pas de piller en piétinant bravement la Constitution, pour donner naissance à un monde nouveau où le fait de s’habiller en rose ou en bleu fera de vous un genre féminin ou masculin sans autre forme de procès : C’est absolument géant et navrant de naïveté et de candeur, faut-il reconnaître !
Le capitalisme est libéral aux USA, financier en Angleterre, libertaire en Islande, Catholique au Vatican, islamique en péninsule arabique, apatride dans les paradis fiscaux, nippon au Japon, taliban en Afghanistan tribal et cocaïque, Hébreu en Israël, réformé en Suisse, etc.
Ce que n’aiment pas les « anti-libéraux », c’est en fait que le capitalisme, s’il est caméléon, éponge ou n’importe quoi d’autre, il n’est avant tout pas démocratique.
Il n’est pas « élu » … par le peuple et pour le peuple.
Manquerait plus que ça, n’est-ce pas ?
Il est donc anti-démocratique par déduction intuitive (et c’est un dogme à valeur « scientifique ») !
D’ailleurs, quand il est « nationalisé », par le peuple et pour le peuple, que ce soit en 45 ou en 81, le capitalisme devient un « capitalisme d’État » et rien de plus, mais toujours pas pour autant « démocratique » : Un comble !
Puisqu’il passe partout et que la pensée marxiste n’a pas pu le réduire sauf à en créer un autre – qui s’est aussitôt mis au service de ses nouveaux maîtres, à savoir la nomenklatura là, la technocratie ici – il a fallu inventer le mot « libéral » pour le diaboliser dans les esprits.
D’où l’axiome suivant : « Libéral = Anti-démocratie ».
Abattons le gueux, égorgeons la bête-diabolique et haro sur le libéralisme !
C’est tellement évident que ce dogmatisme-là… que s’en est risible.
Erreur de diagnostic, naturellement, qui conduit à l’impasse que nous allons voir ci-après.
D’autant que le mot « libéral » est assez mal choisi pour au moins deux raisons :
1 – Personne, absolument personne n’a lu les auteurs « libéraux ».
D’ailleurs, on trouve rarement, on peut même dire « exceptionnellement », références à leurs ouvrages et travaux dans les bouquins et cours d’économie, quasiment jamais dans la presse, au point que la « pensée unique » confond allègrement économistes taxés de « classiques », « néo-classiques », « libéraux », « néo-libéraux », voire « libertariens » (un mot tout neuf, encore pire que « libéral ») !
La faute aux profs’ des lycées biberonnés eux-mêmes au keynésianisme et « néo-keynésianisme » (qui n’a pourtant rien d’anti-libéral, enfin pas que je sache dans leurs fondements) marxistes recyclés en « alter-machins » qui n’y connaissent encore plus que moins que rien, au point de faire un grand « melting-pot » de tout ce qui contrarie leur dogme à valeur biblique et évangélique (un peu comme autant de croyances indémontrables).
D’ailleurs, « l’école autrichienne » qui porte le libéralisme actuel (peut-être à tort, parce que les uns et les autres ne parlent pas de la même chose) en a fait la démonstration de son côté.
Toute approche quantitative et mathématique de l’économie est vouée à l’échec, tant l’économie est un agrégat complexe et interagissant d’agrégats de comportements individuels (libres) indéfiniment démultipliés et changeants, au point même que la notion de prix n’a pas vraiment de valeur, sauf celle de l’utilité… à un instant donné.
C’est dire s’ils sont « libéraux » à souhait, pour refléter exactement le boulot quotidien des bourses de valeurs, où le prix d’une même action peut varier infiniment dans une même séance !
Ce que ne niait pas pour autant les keynésiens, mais eux ont montré l’importance de l’immixtion de l’État en tant que régulateur de la monnaie (qui sert d'étalon pour valoriser les échanges), de sa masse d’émission (dont un autre aspect a pu être étudié dans le détail par les « monétaristes ») pour réguler le marché du travail.
Keynes le savait : « Demain, on sera tous morts », alors soutenons l’économie par la demande aujourd’hui (de monnaie et de grands travaux, ce qui n’était pas kon en soi à une époque de « reconstruction »), quitte à crouler plus tard sous des montagnes de dettes !
Et on voit où cela peut mener jusqu’en Islande, qui a dit « Fume mon gars, tes créances ne sont pas mes dettes : Tu peux t’asseoir dessus ! »
Le plus drôle, c’est que les « anti-libéraux-natifs » applaudissent, ruinant au passage d’autres plus kouillons qui y ont cru (un peu comme l’URSS l’a fait avec les « emprunts russes » du tsar), et qu’en plus ils réclament toujours plus « d’interventionnisme étatique » avec du pognon qui n’existe pas, écrasant ainsi toute velléité de création de richesses (et donc de capital : Le « capital » étant ce qui n’est pas consommé) sous des tombereaux d’argent-facile !
C’était le cas de 1981 à 1983 en « Gauloisie-soce » : Il nous a fallu encaisser un plan de rigueur phénoménal qui a fait perdre les élections de 1985 et trois dévaluations dans l’urgence pour stabiliser le processus de destruction massive d’emplois !
Passons : Assez peu de gens se souviennent, finalement…
Il n’empêche, il reste de bon ton d’être « anti-libéral »…
2 – Terminologie d’autant plus navrante et mal choisie pour des « suppôts » du « progrès social et démocratique », qui ne jurent que par la liberté des peuples à préserver dans des institutions réellement démocratiques.
Être pour la défense de la Liberté et des libertés et être « anti-libéral », avouez qu’il y a de quoi s’étouffer de rire !
Mais pas eux : Ils vivent même le paradoxe de l’homme libre-politiquement mais prisonnier-économiquement (dans un fatras de règles démocratiques liberticides mais « sociales ») comme le nirvana de l’avenir du genre humain.
Et après on s’étonne que le « Gaulois de Gauloisie » soit le plus gros consommateur au monde d’anxiolytiques !
Moi, pas.
Tout cela pour en venir au texte d’Inco…
Qui commence très fort d’ailleurs : « toutes les « démonstrations » idéologiques (sans exception), (…) « oublient » toujours de nous préciser pourquoi (…) » !
Eh oui : Y compris la tienne, l’ami et même ce post, si on va par-là !
Autant la fermer tout de suite, sauf à être un fat soi-même, ce que je dénonce par petites touches presque tous les jours depuis la création de ce blog, justement...
Et le voilà qui nous fait une critique en règle du modèle de l’agriculture néo-zélandaise… néo-libéral.
Si !
Une patrie de patriotes où, « depuis 1984, l'État ne verse plus un centime de subvention au secteur agricole ! Après quelques années difficiles de restructuration, où « les gros ont mangé les petits », ce secteur est, cependant, redevenu florissant, excédentaire au niveau de sa balance commerciale, a fait de considérables gains de productivité, a créé des emplois, et, « cerise sur le gâteau », permet aux paysans de vivre très honorablement de leur travail sans plus rien demander à personne ; au point que plus aucun paysan ne songe à faire machine arrière. Magnifique, non ? Et tous les « néo-libéraux » de citer cette réussite, comme un exemple édifiant du fait que l’éviction de l’État des circuits économiques et la dérégulation ont démontré que leur « théorie » de la « libre concurrence » fonctionne pour booster l’économie… »
Je ne savais pas pourquoi j’avais des côtes et gigots d’agneau de leur pays jusque dans l’étal de mon supermarché local : Maintenant, je comprends mieux !
« Sauf que (…) en réalité, le facteur déterminant est que les agriculteurs se sont organisés (trois grandes coopératives pour tous), pour se passer totalement de tous les intermédiaires !!! Au point qu'ils ont créé et détiennent eux-mêmes, par l’intermédiaire de leurs coopératives, leur industrie de transformation et leur réseau de commercialisation… »
Sur le modèle d’Intermarché dans la filière poisson ou même « produits-gras » ?
Pas kons, les gueux !
« C'est sûr que vu comme ça, quand on tient tous les bouts de la chaîne - prix aux producteurs, transformation, distribution, commercialisation et même les traders qui travaillent pour eux au niveau international - ça ne peut aller que beaucoup mieux, puisque toutes les VA (valeur ajoutée) produites retournent à leur origine première, c'est-à-dire au producteur… Une « drôle » de conception de la libre concurrence et du libéralisme, vous ne trouvez pas ? Et personnellement, c'est celle que j'aime… »
Il aime ce qu’il veut, mais je lui fais remarquer que sa boîte de Doliprane, elle lui arrive sur le comptoir de sa pharmacie exactement de la même façon, avec trois coopératives de « répartition », que personne n’a demandé à créer.
Sauf que justement, la libre-concurrence dans un métier compliqué à souhait, avec diplôme, numerus clausus et autorisation préfectorale d’ouverture, elle n’a trouvé que ce moyen de payer son personnel, ses fournisseurs, et ses investissements pour survivre.
J’avoue d’ailleurs que je vois très bien « Inco » et tous les anti-libéraux passer la journée à tracer une signature carbone pas possible pour aller sur les quais de dédouanement d’Anvers, ou à la halle sous douane de Roissy, chercher sa boîte de médicament en provenance de Glasgow ou du New-Jersey sans les « répartiteurs », grossistes, détaillants et plus généralement tout autre « intermédiaire » honnis : Parce qu’il nous en met toute une tartine sur le sujet (nous y reviendrons).
Il finit même par les qualifier de « parasite » à nettoyer au « lance-flammes »…
C’est drôle, ça me rappelle immanquablement le « cousin Jean » (Tiberi qui est sorti de l’hôpital-du-Val-de-Grâce, merci pour lui !) quand il a été sous-secrétaire d’État aux industries agro-alimentaires !
Vous n’étiez pas nés, vous ne pouvez pas savoir alors je vous raconte :
Il n’avait qu’une idée en tête (qui n’était même pas de lui mais de quelques énarques aussi ignorants qu’Inco sur les tenants et les aboutissants de l’économie) du temps où le « Chi » a été premier-ministre la première fois, c’était de supprimer les « intermédiaires ».
Édouard Leclerc, lui au moins l’avait fait : Mais pour recréer aussitôt des « plate-formes de dégroupement » dédiées (ses fameuses centrales d'achat).
Il a fallu le « démissionner » avec « Gigi eSseS » (qui voulait redessiner l’aile de l’Airbus encore à l’état de prototype et arrêter la bombe), après que les gars du syndicat des industries alimentaires se soient rendus compte tout d’un coup, qu’ils étaient incapables de livrer 100.000 points de vente dans la même semaine, voire plusieurs fois par semaine, et encore moins 30 millions de foyers directement !
On a évité le drame de la famine et de la disette généralisée en 1974, vous ne savez même pas encore comment…
Eh bé là, c’est comme qui dirait pareil !
« Inco » nous remet ça au nom du progrès social et « anti-libéral avancé ».
Je m’arrête là pour aujourd’hui : Parce que parfois j’en ai marre de lire des konneries, dites avec autant de talent que s’en est désolant au plus haut point !
On reprendra une autre fois : Ça vaut le détour, je vous assure.
Vivement le « monde d’après », décidément…