Aetius,
Je n'oublie pas ma promesse de répondre à tes propositions : j'y tiens, mais il faut remettre un peu d'ordre dans les dires des uns et des autres pour tenter de mieux comprendre ce qui se passe autour de nous !
Et c'est Michel, qui me serine souvent sur le problème (sans compter « DD » et ses humeurs et quelques autres) à qui je vais tenter d'exposer, moi qui ne suis pas économiste (tout juste un peu juriste-fiscaliste à mes heures perdues, « entrepreneurs » d'œuvres et activités sociales ou culturelles par « erreur de casting » le reste du temps) mon point de vue... très « perso », une fois de plus (mais c'est normal pour un « égomane », fut-ce t'il « ouvert »).
La « main invisible » de Smith, économiste du XVIIIème dépassé, n'est qu'une vision des « libéraux avancés » pour résumer une observation qui part du « micro-économique » et va vers le « macro-économique ».
Enfin, c'est comme ça que je l'ai comprise quand j'eue eu à en écouter et comprendre l'exposé fait par Barbiturique (feu l'ex-commissaire européen, avant de devenir feu l'ex-premier ministre de « Giskard à la barre », puis feu ex-premier magistrat de Lugdunum on the Rhin...).
Un monétariste presque pur jus (la maîtrise de la masse de monnaie avant tout) qui n'a pas bien tout compris à tout à l'époque du premier choc pétrolier... choc très keynésien, quant à lui, pour être le pur produit d'un interventionnisme mondialisé jusqu'à l'outrance !
Ça peut se résumer en notant que l'appât du gain, l'égoïsme prétendu du capitaliste, l'individualisme primaire du prolétaire, vise à maximiser ses « bénéfices », par son activité, son génie, son talent ses gains. (Je mets sciemment le « prolo » au même niveau que son exploiteur de « boss » : pour moi, ils pissent tous les deux de la même façon, debout à éviter de s'en mettre plein les pompes et en plus, ils ont le même droit de vote que moi ! Ils sont donc mes égaux).
Ce faisant, il procurera un bien ou un service (la force du labeur même) à autrui, le « demandeur » au maximum du prix à payer. Toujours, tout le temps et partout.
Ce faisant, sur le marché des « offres », plus ses gains seront élevés, plus il fera naître de la concurrence directe.
Dès lors, de la confrontation des concurrences nait à son tour « la main invisible » qui concoure à servir au mieux l'intérêt du plus grand nombre de « demandeurs » à des prix en principe réduit par la profusion « d'offres » (et « d'offreurs »).
C'est le principe de l'autorégulation des marchés.
Pas celui du « laisser-aller », mais du minimum d'intervention de la puissance régalienne, politique celle-là, qui exprime d'autres besoins « hors marché » (sécurité, ordre, justice, infrastructures communes).
Règle du « moindre effort », celle que j'aime bien en qualité de « Corsu bien né »...
La puissance régalienne est « hors marché » parce que son activité est putativement réputée pas ou peu rentable...
Mais ça, ça reste à voir, notamment pour ce qui est des infrastructures (routes, ponts, mais aussi métro, trains, ports, aéroports et même autoroutes à péage, tunnel sous la Manche, sous le Mont-Blanc, etc. etc. y compris les écoles supérieures, privées, mes crèches et tout le toutim : on peut aussi gagner de l'argent avec ça ! Mais on en recausera autour de la notion de service public qui tient chaud au cœur d'Aetius, Inco et d'autres.)
Ça c'est le principe né de l'observation de Smith : de la confrontation des individualités nait l'enrichissement du plus grand nombre et, au final, de la collectivité toute entière.
Le reste, c'est de l'intendance dont se charge la « main invisible ».
Perso, je ne constate pas tout-à-fait la même chose. D'abord, je n'ai jamais vu de « marché » fonctionnant de la sorte. Si ça existe, ce n'est sûrement pas chez nous.
Et Dieu lui-même sait que j'en ai parcourus, des « marchés », que ce soit ceux des traders en action ou en tourteaux de soja, ceux de mon quartier, ceux des MIN, ceux des criées, des ventes en enchères inversées, les adjudications à la bougie ou les prix formés de « gré à gré », tout ou presque est réglementé, structuré, enserré dans des convenances, des codes, des « us et coutumes ».
Même à Dakar dans les souks, même à la Plaka à Athènes, même chez les diamantaires de la 5ème avenue ou d'Amsterdam, ça n'existe pas autrement.
Et à chaque fois que j'ai vu un kouillon tenter de mettre le boxon sur un marché (et là, je les repère de loin, croiyez-moi), même sans le faire exprès, il s'est toujours vite fait étriller façon puzzle, pire qu'à Gravelines quand il pleuvait dru du feu et de l'acier nuits et jours ou du côté du « chemin des dames », pas très loin (je n'y étais pas, mais je n'oublie pas quand même...)
La « main invisible » de Smith, si elle existe, c'est dans les livres d'économie. Pas dans la « vraie vie ».
C'est ma conviction profonde, mon opinion personnelle, qui vaut seulement en tant que telle.
Ceci dit...
Je vois aussi que si tout est réglementé ou presque, de façon plus ou moins coercitive, il reste une marge de manœuvre, parfois infime, parfois plus large, à l'initiative « privée ».
Que j'oppose très volontiers à l'initiative « publique », d'autant mieux que c'est finalement l'autorité publique qui crée à tour de bras des « besoins », donc des « demandes ».
« Politique de la demande » dont nous parlaient encore hier « DD »...
Et en face, pas ou peu d'offres, pas de financement public (voir le mécanisme des niches dans mes différents commentaires et autres « posts » ici même).
La planète est en danger : Faisons des voitures sans rejet de CO² (même si on ne sait pas encore comment) !
Des maisons coûteuses pour mieux garder la chaleur (alors que les anciens maîtrisaient parfaitement le problème depuis des millénaires, mais on a oublié depuis) et cerise sur le gâteau, 20 % de HLM et un droit opposable au logement avec indemnités publiques à la clé...
Le cochon pollue les nappes phréatiques et les vaches pètent semant du méthane à tout vent ?
Taxons les vaches et apprenons aux cochons à s'essuyer avec du PQ recyclé... Récupérons leurs déjections et brulons-les dans générateurs électriques à filtre... mais pas encore à les transformer en agrocarburants pour faire tourner les moteurs des tracteurs (ça reste interdit, sauf en Angleterre, dixit l'Europe...)
La biomasse marine est en danger pour cause de surpêche : inventons l'aquaculture sur les bords des massifs montagneux à grand coup de subventions...
Bref, la liste est longue des interventions, pas toujours insensées mais quand même, de l'énarchie et autre technostructure qui s'inventent des « joujoux sur mesure » avec le pognon des z'autres.
Rien que pour l'agriculture, mon « cousin », celui qui fait nationaliste en Corsica Bella Tchi-tchi (et un rata qu'il ne faut pas secouer trop fort histoire de ne pas refaire les cartes de la région à tout bout de champ), m'expliquait y il a encore peu qu'il y a plus de fonctionnaires entre la DDA, la DRA, les deux chambres d'agricultures, les services vétérinaires, les phytosanitaires, les agences de l'eau, les douanes et indirects à venir s'occuper de sa vigne qu'il n'y a de vignerons dans l'île !
Et encore, c'est sans compter les types de la DDTE et l'inspection Urssaf ou des directs...
On est donc assez loin de l'image d'un « marché », libre, où l'autorégulation serait la règle intangible.
Si « main invisible » il y a, il faut la rechercher dans les salons feutrés des sièges sociaux et autres clubs de « sachants » réunis à la veillée qui décident à ta place des comportements que tu dois avoir... Quitte à t'y obliger par une loi coercitive et liberticide !
Là, ça je sais, c'est sûr que ça existe et c'est bien informel, même si parfois ta Cour des Comptes s'étonne de quelques dérives impécunieuses, même si la Conseil de la concurrence se mêle d'exiger quelques amendes monstrueuses, même si parfois les tribunaux ont à connaître de quelques affaires crapuleuses en col blanc, même si l'AMF enquête à la poursuite de délits d'initiés difficiles à démontrer.
La « main invisible » de Smith n'existe pas, mais celle des « saigneurs de la finance » et du business, si !
Et tous en croquent, c'est évident, du parlementaires lambda au « big Chief ».
Je peux ainsi te raconter comment on crée un « besoin », une attente, rien que sur la distribution de l'eau. Je l'ai vécu...
Pas compliqué : Tu prends un maire basique, même dans une toute petite commune, qui en a ras-le-bol que ses administrés se battent pour arroser leur jardin à la fraîche à tour de rôle parce que l'unique fontaine ne suffit plus en période estivale, et qui en a marre de se faire engueuler sur le sujet à chaque fois qu'il traverse le patelin !
Il fait un appel d'offre, paye un petit peu pour voir à travers les sondages et autres études hydrologiques.
Le rapport qui lui est remis fait état d'un délabrement du réseau pas entretenu depuis des lustres. Avec un peu de malchance, il y aura aussi des germes qu'on lui dira d'un niveau alarmant pour la santé des nourrissons (normes recommandées par la sacro-sainte Europe en main), rendant l'eau du robinet presque impropre voire criminel d'en user pour se brosser les dents...
En général, ça alarme le koncitoyen local...
Même si les gastriques, le toubib du bled, il n'a jamais connu de toute sa carrière depuis qu'il est installé au pays.
Deuxième étude, celle de faisabilité...
Deux dossiers pour les deux entreprises contactées. L'une est hors de prix : ils ne veulent pas venir s'emmerder jusque-là et les « boss » se sont déjà entendus dans le dos du maire.
Première valise présentée : C'est cher, mais moins que le concurrent. On refait l'ensemble du réseau, on améliore la captation, on épure les eaux usées... Entre 150 à 300 ans d'impôts locaux.
La deuxième valise présentée : Tu signes là pour une concession à 99 ans, mais en échange, tu as des emplois pour les locaux, la visite gratuite du site de référence, avec hôtel et pension, les invitations à l'autre bout du monde sur le thème de la pollution et on te demande même si tes œuvres sociales n'auraient pas besoin d'un petit coup de pouce sous forme d'enveloppe à mécénat d'entreprise (y'a un crédit d'impôt : c'est le « gaulois lumineux » qui paye sans savoir.
De toute façon on te fait miroiter des recettes nouvelles avec la Taxe Professionnelle.
Tu es le maire Lambda, tu signes après en avoir discuté avec ton conseil émerveillé d'échapper à un décuplement du foncier et de la taxe d'habitation !
Un héros, que tu deviens...
Et tant pis si tous ces coûts, y compris la TP, se retrouvent dans l'abonnement du Kouillon et les consommations au mètre cube : au moins t'es plus emmerdé et tu peux dire que le fils Untel, il a un boulot stable et à vie dans le village, ce qui évitera la fermeture de la poste et de l'école...
Voilà la « main invisible » à l'œuvre, celle qui existe, la vraie.
Alors, perso, je ne suis pas bien sûr que l'on soit dans le modèle de l'ultra-libéralisme outrancier.
Mais pour sûr dans un « capitalisme sauvage » qui s'appuie uniquement sur la technostructure étatique keynésienne chargée de pondre des normes et de créer les besoins !
Jamais l'offre.
Et nous en crèverons, de ce mécanisme pervers...
Nous n'en sortirons que si nous parvenons à modifier les têtes ! Enfin, leur contenu.
Mais là, je suis plus pessimiste quand on voit comment les choses tournent à vouloir réduire les effets de « LA » crise et les discours qu'on nous sert !
Une sacré aubaine, cette crise, pour la « technostructure des sachants ».
À croire qu'elle a été sciemment provoquée.
Préparée de longue date, ça c'est sûr !