Toutes les vérités sont-elles bonnes à mettre en évidence ?
De Madrid à New York, en passant par Londres ou Rome, le mouvement protestataire des « Indigné »s se répand en Occident.
Des mouvements spontanés qui dénoncent un système qui, selon eux, s’effondre. C’est, en apparence, une belle initiative.
Mais contre quoi les Indignés s’indignent-ils?
S’il est difficile d’établir une tendance claire à travers le monde, il semble en tout cas que le mouvement soit ancré dans l’anticapitalisme.
La démocratie serait mise en danger par une « dictature du marché », et les grandes entreprises devraient être réglementées fermement par l’État pour redonner le pouvoir au peuple.
Il faut reconnaître à ce mouvement le mérite de dénoncer un vrai problème, celui de la collusion entre pouvoir politique et grandes entreprises.
Malheureusement, s’asseoir par terre et dormir dans des tentes ne résoudra pas nos problèmes.
D’ailleurs, ce genre de mouvements est la porte ouverte aux opportunistes et populistes : Et dans le désordre mais un rare consensus, Warren Buffet, Susan Sarandon et même le régime de Pyongyang soutiennent l’action des « Indignés » de New York du parc Zuccotti !
Dans un récent rapport, la Corée du Nord apporte son soutien à ces protestataires de tous bords, surtout anarchistes et libertaires.
Cette déclaration nous décrit le système capitaliste comme catalyseur « d’exploitation, de chômage et de pauvreté chez les masses populaires. »
Il est vrai que c’est le pays des arcs-en-ciel et des papillons, la Corée du Nord…
La richesse coule à flot et le bonheur fait loi dans ce si beau pays que le monde entier devrait envier !
On voit tout de suite la tentation populiste vers laquelle pourrait glisser ce mouvement et c’est dangereux pour la stabilité de nos démocraties, déjà fragilisés par des gouvernements irresponsables et dispendieux.
Face au cataclysme économique auquel les Allemands devaient faire face, ces derniers ont cédé à la tentation totalitaire dans les années 30, ne l’oublions jamais (Nota d’I3 : C’est d’ailleurs une des raisons essentielles de la construction européenne).
Oui, nos jeunes sont au chômage.
Oui, nos économies sont au bord de la faillite.
Oui, des banquiers ont profité d’un système où le capitalisme ressemble plus à du copinage qu’à de la saine concurrence sur un marché libre.
L’indignation de ces groupements est bien souvent parfaitement justifiée.
Cependant, le manque de cohérence et de mesures concrètes pour initier le changement marque la faiblesse du mouvement s’il veut s’inscrire dans la durée.
Par ailleurs, notre devoir de citoyen est de s’attaquer aux causes, et non aux symptômes de notre système.
Les « indignés » aux États-Unis, en Espagne ou même en « Gauloisie des idéaux » se trompent de cible.
Les politiciens nous ont fait pendant des décennies de fausses promesses (retraites, santé, chômage), qu’ils ne peuvent honorer aujourd’hui. Il temps de dire la vérité sur ce qui s’est réellement passé et comment nous en sommes arrivés là.
Manifester à Washington contre la politique de dépense de « Baraque-Au-bas-mât » serait bien plus utile.
Ça sera aussi le seul moyen de préserver notre liberté.
Soulignons que les médias les ont chéris, mais leurs manifestations n’ont rien de spontané ni de sympathique : Ils veulent « couper la tête aux riches ».
(Nota d’I3 : Et un « riche », je rappelle que pour « François III » en 2006, c’est celui qui gagne plus de 4.000 €/net/mois…).
Mais qui sont vraiment tous ces manifestants qui, de New York à Athènes, en passant par Rome, bloquent les rues et les places, scandent des slogans anticapitalistes ou bien détruisent les biens publics ?
En « Gauloisie de la pensée unique », comme d’habitude, les médias leur accordent une attention pleine de sympathie. Portant, ils devraient regarder avec plus d’attention et voir que ces manifestants sont pour le moins extrêmement dangereux pour nos démocraties.
Ce sont d’abord des extrémistes.
Parmi les demandes des manifestants qui campent devant Wall Street figure aussi la « chute de l’administration de Washington », coupable de « soutenir la finance mondiale ».
On peut très bien ne pas être un sympathisant du président « Au-Bas-Mât », mais mieux vaut attendre les élections de l’année prochaine que souhaiter son renversement par les manifestants : Ce serait un peu moins « anti-démocratique ».
D’autant plus que dans le pays de la démocratie, cette initiative ne serait pas très bien vue par le peuple américain.
Mêlée aux jeunes étudiants en quête de sensations fortes, il y a Susan George(*), ancienne Présidente de l’Observatoire de la mondialisation et vice-présidente de l’association ATTAC.
En 2000, elle a publié un ouvrage intitulé « Le Rapport Lugano » dans lequel elle combat « le capitalisme ultra-libéral ».
Parmi ses propositions de « réforme » figure l’internement des libéraux dans des camps (goulag – déjà vu ?) !
Les manifestants affirment aussi qu’Al Qaïda n’est pas pire que Wall Street et le gouvernement américain, et que les coupables se trouvent sur le territoire américain et pas dans les pays arabes.
(Nota d’I3 : De quoi en faire vaciller les twins !).
Les manifestants se trompent d’ennemi. Ils s’en prennent aux banques et à Wall Street au lieu de protester contre les gaspillages publics et la bureaucratie.
À New York, ils ont même manifesté devant la banque JP Morgan !
Mais justement il s’agit d’une des rares banques à ne pas avoir accepté l’argent public en 2008 !
Ensuite, ils sont allés montrer leur colère devant la résidence de John Paulson, dirigeant d’un hedge fund.
Or, Paulson fait justement partie de ceux qui ont mis en garde contre les risques de la bulle immobilière.
D’ailleurs, s’attaquer au monde de la finance sous prétexte de protéger le monde de l’économie « réelle » n’a pas de sens : La finance ne représente que 6 % (828 Mds de dollars) du PIB américain et elle a perdu 23.000 emplois (9 % du total) depuis fin 2008 et plus de 10.000 autres emplois seront encore perdus d’ici 2012.
Parmi les personnalités qui manifestent à New York figure aussi la comédienne Roseanne Barr qui demande ni plus ni moins la « décapitation des riches ». Et pour faire « gag », quand l’attaque contre les riches battait son plein, on apprenait la mort de Steve Jobs.
Or, celui-ci a bel et bien été très riche avec une fortune estimée à plus de 7 Milliards de dollars.
Car inutile de préciser que très nombreux sont ceux qui manifestent contre « ce très riche » et utilisent ses inventions, celles qui ont rendu justement si riche Jobs De l’ordinateur Macintosh aux tablettes iPad.
Par ailleurs, le « riche » Jobs est à l’origine de plus de 30.000 emplois aux États-Unis et plusieurs centaines de milliers à travers le monde…
On estime à 30 Milliards de dollars annuels, la contribution de Jobs à l’économie américaine.
Sans qu’il bénéficie de la moindre aide de l’État !
Le temps politique actuel se reconnaît à son instabilité. On sent que le climat général se réchauffe, que les phénomènes extrêmes se multiplient et que les gouvernances (locale, nationale ou mondiale) éprouvent une période de large incertitude.
L'ennui, c'est que les gens n'attendent presque plus rien des outils et des structures en place, tout se passe comme si la manière de faire de la politique était parvenue à décourager jusqu'à ceux qui voulaient la rénover.
Que ce soit aux États-Unis, dans les pays arabes, en Afrique et en Europe, certaines manières de faire la politique ne passent plus. Les populations ont accès à des informations qui circulent à haute vitesse et veulent plus de transparence et de justice.
On a l’habitude de dénoncer l'économie sauvage du « libre-marché » sans vouloir voir que c’est le manque de liberté économique qui en est la cause.
Car l'économie mondiale est actuellement pervertie par de nouveaux oligopoles qui ont grandi avec la complicité des États faibles.
Favoriser l’égalité des chances dans un libre marché et cela avec une redistribution centralisée est bien l’objectif de la combinaison historique des idées libérales et sociales.
L’indignation semble donc être dirigée dans la mauvaise direction, contre ces objectifs-là pourtant si nécessaires.
Au lieu de critiquer le capitalisme et le pouvoir des entreprises, c’est l’étendue du pouvoir de l’État qu’il faudrait remettre en question.
Il convient d’ajouter que les entreprises ne sont pas les seules à chercher des privilèges. Les différentes catégories sociales, des locataires soutenant un contrôle des loyers aux propriétaires appuyant des déductions fiscales pour l’entretien de leur bien par exemple, poussent eux aussi l’État à sortir de son rôle régalien et incontestable de protecteur des libertés, pour le transformer en « distributeur de privilèges ».
Comme on le voit, le marxisme ne s’est pas effondré avec le mur de Berlin, il a juste changé de forme.
Ouvrons les yeux.
VCRM
(*) Universitaire d’origine américaine, Susan George a acquis, il y a quinze ans, la double nationalité (française et américaine) et vit depuis lors à Paris. Cette femme engagée est de tous les combats en faveur de la régulation du capitalisme globalisé (proche de Joseph Stiglitz, prix Nobel d’Économie, ancien directeur du FMI), de l’écologie politique, de la défense des pays du Sud face au Nord développé (très liée, pour cette raison, à Jean Ziegler). Fondatrice en 1998 de l’Association pour la Taxation des Transactions financières et pour l’Action Citoyenne, plus connue sous le nom d’ATTAC, elle en est aujourd’hui la présidente d’honneur. Susan George est l’auteur de plusieurs essais, du célèbre « Comment meurt l’autre moitié du monde » (1976), best-seller mondial, au « Rapport Lugano » (2000), « Un autre monde est possible si… » (2004), « Nous, peuples d’Europe » (2005) et « La Pensée enchainée » (2007).
Nota d’I3 : @ VCRM : Je te l’ai dit l’autre fois au téléphone : Moi, j’aime bien les « Indignés ».
Non pas pour les idées qu’ils portent : Je ne les connais pas et je te remercie vivement de m’éclairer par ce post sur le sujet. Je mourais moins kon ce soir grâce à toi !
Je les aime bien parce qu’ils sont symptomatiques d’une réalité phénoménale qui apparaît toujours plus crue de jour en jour.
Je résume : Nos « politiques », ceux qui pensent notre bonheur collectif (et parfois même individuel en nous recommandant ci ou ça, en nous taxant nos comportements soi-disant « déviants » ici ou là), sont nés pour claquer du pognon qu’il n’est pas le leur et qui n’existe même pas encore, parce que nous ne l’avons pas encore créé.
Passons : C’est leur assurance-réélection, croient-ils !
Mais c’est aussi notre faillite programmée. Et quand elle se profile à l’horizon de demain matin, naturellement, il est trop tard.
Mais plus que ça : Elle est le dernier signe, l’ultime parce qu’après il n’y en a plus d’autre, de leur propre incapacité à nous gouverner !
C’est de la flagrance.
Tout citoyen normalement constitué doit « alerter » en amont et « sanctionner » en aval par le jeu des règles communément admises de la démocratie.
Les « Indignés » (qui récupèrent assez honteusement les propos de Stéphane Hessel : Pas une seule revendication quant au thème central du bouquin relatif au sort des Palestiniens de la bande de Gaza…) s’auto-exemptent du « consensus démocratique » et sont en cela un « indicateur-avancé » de la faillite des démocrates face aux ploutocraties ambiantes.
Plus exactement nos démocraties sont devenues un face-à-face d’oligarques qui usent de l’argent (toujours celui des autres, jamais le leur : Ils en ont si peu de disponible), comme d’un outil de pouvoir : L’argent du kontribuable d’aujourd’hui et de demain contre l’argent des dépôts qui divague avec ses formidables effets de levier sur les marchés de l’argent.
Et ce que chacun pressent, c’est que la « démocratie » doit se détacher de l’argent comme outil d’oppression, ou « de pouvoir », pour redonner ce « pouvoir » aux peuples : C’est dans sa nature, dans l’essence dans d’une démocratie, et c’est le « monde de demain ».
Il se forme sous nos yeux tous les jours, rien que parce que les « oligarques du pognon », ils ont tellement « multiplié » leurs outils, qu’ils en ont détruit 30.000 milliards de leur « matière première », qu’il va en disparaître encore 15.000 milliards dans les comptes de 2011 et encore 15.000 milliards dans ceux de 2012.
Soit presqu’un an de PIB mondial au total est sur 5 ans, à peine un mois de toute nature de transactions financières mondiales.
Quand on sait que près d’un milliard d’humain vivent avec moins de 1 dollar par jour, je ne te dis pas, VCRM !
Merci à toi.
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