Et il ne s’agit pas des « blagues idiotes » !
D’un goût douteux… Enfin, ce qui est d’un goût douteux, ce sont plutôt les réactions de la classe politique et de la plupart des medias. Passons !
Mais bien plus le « jus de viande » que l’industrie agro-alimentaire met dans ses « petits-plats » prêt à consommer.
Parce que dans ma pôvre-petite-vie, ça fait bien longtemps que je ne me fais plus aucune illusion sur le sujet.
Presque surpris qu’entre les poulets au goudron, le veau aux hormones, la vache folle, les « herbes » aux OGM, les œufs en batterie, les vins aux sulfates, la grippe du canard et les saumons aux amphétamines, il n’y ait finalement pas plus de dégâts.
La faute à qui ?
Mais seulement, absolument à lui seul, au consommateur que nous sommes tous !
J’explique…
Le consommateur veut le mouton à 5 pattes : Un produit qui garde toutes ses qualités de fraîcheur (voire d’authenticité), qui soit bon au goût, diététique à l’organisme, qui ait un « bel aspect » et qui ne soit « pas cher ».
Disons abordable dans les étals des commerçants.
Accessoirement, que l’étiquette soit conforme à la réglementation, complète et qui ne triche pas, mais ça, à la limite, peu importe.
Car c’est déjà réservé à ceux qui savent lire, et à l’immensité des contrôleurs et inspecteurs des travaux finis qui œuvrent dans nos administrations normatives.
Et ceux-là n’apprécient pas du tout de s’être fait gruger bêtement là où quand c’est marqué « pur-bœuf », on y retrouve aussi du canasson.
Horreur !
D’abord, le canasson, c’est plus goûteux que la vache laitière de réforme. On en fait d’ailleurs d’excellents saucissons et il n’y a vraiment qu’aux USA qu’on ne mange pas ses chevaux (tradition du far-West oblige où l’on pendait encore les voleurs de chevaux il n’y a pas si longtemps que ça).
La viande, le « muscle », est un peu plus sucrée, plus tendre et croquante à la dent et plus gorgée de sang, donc de fer (principe actif et indispensable de notre hémoglobine).
Ensuite, ça se reconnaît tout de suite à l’œil : Elle est un peu plus « brillante » que la viande de vache et plus « grenat ».
Quant aux professionnels, quand ils prennent une carcasse, une demie-carcasse, voir même du steak, ils reconnaissent tout de suite par la longueur des fibres : Pas besoin de lire les étiquettes (ni de faire de tests ADN).
Mais on ne trouve plus de boucherie chevaline dans nos villes : On leur interdisait même de vendre autre chose, pour d’obscures raisons sanitaires passéistes, la viande de cheval ne se mélangeant pas avec de la viande d’autres bestioles.
Ceci étant, ça se vend mal et les prix sont nécessairement plus bas que la viande « élaborée » à partir de bœufs/vaches : Faut dire que c’est aussi moins coûteux à « produire ».
De là à affirmer que dans un plat préparé, surgelé ou non, il n’y a que du « Pur-quelque chose », c’est une vaste fumisterie !
Un jour, dans une de mes vies antérieures, j’ai visité un abattoir de veau.
C’est vrai qu’à l’entrée, il n’y avait que du veau et de la génisse.
Mais déjà, à la couleur de la chaire et la taille des bestiaux, ça n’en était plus : Ce n’était que des broutards !
En revanche, à la sortie de la chaîne de surgélation de hachis de viande, il n’y avait plus beaucoup de « veau », mais beaucoup de graisse d’autre chose, des épices, de la farine et quelques colorants. Et les doses étaient « ajustées » en fonction du prix-client souhaitée par l’acheteur…
Idem quand j’ai dû redresser une usine de salami : Un peu de cheval (du polonais), beaucoup de graisse de porcs locaux et des « teintures » de toutes sortes mélangées à des épices diverses et exotiques.
La seule chose qui était authentique, c’était le fumoir et le conditionnement sous vrai plastique-cristal, avec un peu de vide pour la conservation.
Le commerce de la viande, c’est compliqué avec des circuits commerciaux extrêmement complexes. Ils ont ainsi découvert que la viande utilisée pour fabriquer une barquette de lasagnes était passée par sept intermédiaires, dont deux traders, et cinq pays européens au moins, avant d'être mise en rayon dans treize pays.
Le tout pour un produit d'une grande banalité vendu environ 3 euros les 500 grammes : Les circuits sont « optimisés » pour coûter le moins cher possible, comme partout ailleurs.
Pourquoi autant d'intermédiaires dans un commerce somme toute assez basique ? Comment justifier tous ces kilomètres pour fabriquer des plats préparés aussi peu chers ? Pourquoi des traders ?
Chaque fois la réponse est la même : Pour obtenir de la marchandise au meilleur prix ! Parce que toutes les enquêtes montrent que l'acte déclencheur de l'achat dans les rayons alimentaires reste le prix.
La matière première, dans l'industrie agro-alimentaire comme dans toutes les autres industries, doit être la moins chère possible pour que le produit final soit abordable, compétitif et que tous les intervenants réalisent néanmoins une marge, même maigre.
Le rôle de trader est à cet égard tout à fait déterminant. C'est son travail que de trouver la marchandise au meilleur prix. Il dispose d'interlocuteurs dans le monde entier. Il obtient les meilleurs prix en mettant ses fournisseurs en concurrence et tire ses profits sur ses volumes.
Un trader d'importance moyenne traite environ 80.000 tonnes de viande par an. À raison de 2 centimes (0,5 %) de marge sur 1 kilo de viande, il dégage un chiffre d’affaires de 1,6 million d'euros.
Et puis derrière, il y a aussi le trader en transport : Pareil, parce qu’il connaît son marché et que les transporteurs n’aiment pas faire tourner leurs camions à vide, il achète des destinations à ses fournisseurs et les revend à ses clients.
Je sais, j’en ai « optimisé » un en Bourgogne, qui s’était spécialisé dans le trading européen, depuis l’Ukraine jusqu’au Portugal.
Tous ces mécanismes commerciaux expliquent comment la matière première peut être acquise à très bas prix. Elle ne représente plus que 7 % du produit fini vendu au consommateur. Ce qui fait dire au président de la FNSEA, qu'on a vraisemblablement « trop privilégié le marketing et l'emballage au détriment du contenu des produits alimentaires ».
Depuis si longtemps, rajouterai-je.
Sans « bon marketing », de toute façon, personne ne vend plus rien…
La contrefaçon qui se développe ainsi est d'autant plus difficile à déceler que dans le textile et la substitution de produits pour d'autres sont des commerces extrêmement juteux. « Cela explique que certains grands groupes alimentaires salarient à temps plein des détectives chargés de pister ceux qui copient ou vendent un produit pour un autre. »
D’autant que les sanctions ne sont pas suffisamment dissuasives.
Par exemple, Spanghero encourt une amende de 187.500 euros pour une opération jugée frauduleuse par le ministère qui lui aurait rapporté 550.000 euros pour 300 tonnes de barbaque qui ne sont même pas plus dangereux pour la santé du consommateur.
Mais la revanche du consommateur est bien plus dramatique que le Code de la consommation pour les entreprises industrielles, faut-il reconnaître.
Tout le monde le souligne, jusqu’à l’Institut Nielsen, qui analyse les sorties de caisses de la quasi-totalité des grandes surfaces du pays, et qui indique que le secteur des plats cuisinés surgelés a perdu un million d'euros de recettes entre le 11 et le 17 février.
En volume, c'est 300 tonnes de moins qui ont été vendues par rapport à l'an dernier à la même période…
Ça en fait des portions à 500 grammes qui sont allées « ailleurs » !
On enregistre une chute de 45 % des ventes pour les lasagnes, qui ont été le plus sous le feu des projecteurs, mais également de 49 % pour les hachis Parmentier et de 52 % pour les moussakas (les trois produits retirés de la vente par Findus). Et la désaffection des consommateurs se propage même à l'ensemble des plats surgelés, qui reculent de 16 % en valeur, et même à la totalité du rayon (– 9 % de « contracture » mesurée, selon le nouveau vocable gouvernemental).
Et par malchance, ce sont les marques nationales qui subissent le plus fort recul, avec des chiffres d'affaires qui s'effondrent de 50 % sur la semaine, tandis que les marques de distributeurs, pourtant elles aussi touchées, et peut-être plus que d’autres par le scandale, ne se replient que de 38 %.
Le recul dépasse les 30 % pour chacune des trente marques leaders du marché, « qu'elles soient ou non directement citées dans les débats », note Nielsen.
Sur les 248 références de plats cuisinés surgelés à base de bœuf, une trentaine a même vu ses ventes plonger d'au moins 80 % sur la semaine qui a suivi la révélation de l'affaire.
Faut dire que, prudents, les distributeurs ont retiré la marchandise : Pas de marchandise, pas de vente !
Et chaque jour de nouveaux cas sont en effet dévoilés en Europe. C'est le cas du premier détaillant mondial de meubles, le suédois Ikea, qui est éclaboussé. Du cheval a en effet été trouvé en République tchèque sur un produit étiqueté « boulettes de viande au bœuf et au porc » dans un des restaurants de la firme, à Brno.
Même si le plat en question n'a pas été proposé à la vente. « Nous prenons cette affaire très sérieusement et retirons de la vente les paquets d'un kilo de boulettes de viande surgelées en Slovaquie, République tchèque, Hongrie, France, Grande-Bretagne, Portugal, Italie, Pays-Bas, Belgique, Espagne, Chypre, Grèce et Irlande » : Retour à l’envoyeur !
Les inspecteurs tchèques ont également retrouvé de la viande de cheval dans des hamburgers polonais étiquetés « hamburgers au bœuf pré-frits »
Lundi également, de la viande de cheval a été trouvée en Espagne dans des cannellonis soi-disant farcis avec du bœuf.
Les autorités des îles Canaries ont bloqué la semaine dernière 1.089 kilos de hamburgers congelés destinés à des hôtels et restaurants après avoir découvert qu'ils contenaient de la viande de cheval. Ils avaient été envoyés par une entreprise de Valence.
Samedi, de la viande de cheval a été trouvée pour la première fois dans des lasagnes à la bolognaise en Italie.
Le même jour, la firme allemande Tegut a annoncé avoir retiré une sauce bolognaise fabriquée par la société autrichienne Landena, après la découverte de viande de cheval, lors de contrôles ADN.
Vendredi, l'agence britannique de sécurité alimentaire (FSA) a annoncé que six nouveaux produits sur 1.133 testés contenaient du cheval tandis que le groupe Gaulois Sodexo a retiré tous ses produits surgelés au bœuf dans le pays et qu'Iglo a également retiré des produits dans quatre pays européens.
Y’a vraiment qu’en Autriche, qu’un boucher-charcutier de Carinthie a avoué à la police avoir utilisé de la viande de cheval non déclarée dans deux de ses spécialités de saucisses, pour en « améliorer le goût ».
Josef Freitag a commencé à utiliser de la viande de cheval provenant de Styrie (sud) et d'Allemagne il y a un an et demi. La qualité et le goût des produits se sont à ce point améliorés qu'il a décidé de continuer.
Pas de marchandise, pas de vente, les géants de la distribution Carrefour et Intermarché ainsi que Findus ont vivement réagi : Ils se sont engagés à n'utiliser que de la viande gauloise dans les plats préparés de leurs marques vendus dans le pays, ce qui va avoir un effet direct sur les prix.
Vous voulez de la « qualité », vous allez la payer !
Pour les plats préparés frais, cette mesure sera appliquée « dès le mois de mars ». Pour les surgelés, la mise en œuvre prendra effet « dans six mois », soit le « délai d'approvisionnement et de fabrication nécessaire pour que les viandes bovines et porcines contenues dans ces produits soient remplacées par de la viande exclusivement d'origine France ».
Intermarché a de son côté annoncé le lancement à compter du mois de mars d'un étiquetage « Jean Rozé, Boeuf 100 % français » sur ses plats cuisinés « pour rassurer les clients ». Le Groupement des Mousquetaires a précisé, dans un communiqué que la viande bovine qu'il utilise provient de ses abattoirs de la Société Vitréenne d'Abattage (SVA Jean Rozé) qui travaille avec 17.000 éleveurs des terroirs nationaux.
Findus, qui le premier avait dévoilé que certains de ses plats contenaient du cheval sous forme de poudre en apport protéiné, avait annoncé cette décision dès jeudi pour application à partir de fin mars.
C'est aussi le cas de l’enseigne spécialisée en surgelés Picard, qui lance une grande campagne de communication où elle s'engage à pratiquer des tests ADN systématiques sur les plats cuisinés à base de bœuf (encore un coût supplémentaire), à renforcer les audits qualité, à mentionner l'origine des viandes sur les emballages et à utiliser exclusivement de la viande bovine gauloise dans ses productions.
On se fait de la pub « Bio » à chaque occasion, n’est-ce pas !
Voilà de quoi vous rassurer, n’est-ce pas : Tout le monde s’occupe de vos papilles et l’administration de votre vue vieillissante sur les étiquettes.
Il s’agit que vous retourniez fissa sur le chemin des gondoles de produits à « température dirigée ».
Ils ont besoin de votre pognon pour continuer à exister : C’est même assez urgent.
Ce qui me fait d’ailleurs assez bien rigoler : Ils ont annoncé qu’il vous en coûtera globalement 2 euros du kilo plus cher !
Vous voulez de la qualité, de la traçabilité ? Ça va vous coûter bonbon !
Et vous devrez vous rationner sur autre chose…
Ce qui n’empêchera pas les « scandales » alimentaires de prospérer.
Par exemple, aux États-Unis (qui ont un traitement tout particulier de la viande, forcément congelée et « attendrie » à la « bécane », mais qu’elle est délicieuse !), une étude a révélé qu'un tiers des poissons vendus dans les magasins d'alimentation et les restaurants ont en réalité un étiquetage erroné !
Quant à nous, on passera après les poulets au goudron, le veau aux hormones, la vache folle, les « herbes » aux OGM, les œufs en batterie, les vins aux sulfates, la grippe du canard et les saumons aux amphétamines, le bœuf qui n’en est pas, à des choses bien plus sérieuses :
À quand le cochon mélangé, reconstitué, les dindes qui n’en sont pas, le surimi au goût crabe qui n’est que de la chimie, les légumes « hors-sol », les œufs en tube (en tube et en poudre ça existe déjà), les saucisses sans viande, les pâtisseries sans farine (j’en fais déjà d’excellentes à la maison), des fromages sans lait, des sorbets sans fruit, et des crudités reconstituées, ou des bonbons à la gelée d’os de caribou ?
En bref, soit vous achetez votre « jardin ouvrier », soit vous achetez et mangez ce qui vous nourrit seulement si ça ne vous rend pas malade.
Si vous n’avez ni l’un ni l’autre, passez de ma part chez Fauchon ou chez Petrossian : C’est nettement plus cher (comme ce qui va vous arriver), mais au moins ça a du goût !
Et notez qu’une fois de plus, notre belle administration a été incapable d’appliquer ses propres décrets, arrêtés, lois et autres circulaires, malgré la flopée d’impôts et de taxes qui la nourrit (à l’encre de chine frelatée).
Elle va d’ailleurs nous en pondre une montagne de plus.
En revanche, ceux qui sont à saluer, ça reste Findus, qui s’est fait rouler dans cette affaire et a préféré se tirer une balle dans le pied.
Car rappelons le déroulé initial :
Le 16 janvier : Des traces d’ADN de cheval sont détectées dans des hamburgers surgelés vendus dans des supermarchés du Royaume-Uni et d’Irlande. Le distributeur Tesco retire tous les produits incriminés.
Le 18 janvier : L’enquête révèle que l’ADN de cheval provient de poudres hyper-protéinées fabriquées à partir de carcasses d’animaux d’origine polonaise.
Le 1er février : La chaîne de fast-food Burger King annonce que des traces d’ADN de cheval ont été retrouvées dans la viande d’un de ses fournisseurs irlandais.
Le 7 février : Les supermarchés Tesco et Aldi retirent de la vente des spaghettis et des lasagnes surgelés produites par Comigel pour la marque Findus et des marques de distributeur. Findus UK rappelle ses produits à la suite d’une « erreur d’étiquetage ».
Le 8 février : Confirmation, les produits Findus retirés des rayons britanniques contiennent bien de la viande de cheval, jusqu’à 90 % pour certains. Et annonce retirer des points de vente de « Gauloisie gourmande » trois de ses produits.
Une fois de plus, la très « libérale » perfide Albion (par qui le scandale arrive une nouvelle fois) fait mieux et plus vite que les « continentaux ».
C’est l’avantage d’avoir des fonctionnaires efficaces et de vivre sur une île.
En « Corsica Bella-tchi-tchi », nous n’avons pas les premiers (ils sont continentaux), mais nos bêtes, nous savons où elles divaguent.
Reste que l’abattoir local a été fermé sur décision administrative et qu’on ne sait plus ce qu’on mange vraiment…
Alors, le boucher du village continue à tuer et découper sa prise du jour sous le grand châtaignier, toutes normes sanitaires bues jusqu’à la lie !
J’en rigole toujours plus fort, figurez-vous…
Parce que pour une « blague idiote » elle est vraiment débile.
Et le dindon de la farce, ce sera toujours nous tous !