Phase de décantation de la crise systémique globale
Les désordres financiers et monétaires de ces derniers mois n'ont été que les déclencheurs d'une série de crises économique, sociale et politique qui vont désormais structurer cette dernière phase de la crise systémique globale.
Les conséquences les plus lourdes de la crise en termes humains, sociaux, économiques et politiques sont en effet devant nous, et non pas derrière nous.
On entre désormais dans la phase dite de « décantation », c'est-à-dire celle pendant laquelle les conséquences de la crise commencent à refaçonner le système global.
Des anticipations sur la période 2009-2013 permettent de distinguer 6 groupes de pays caractérisés par un impact différencié des 4 séquences spécifiques de cette phase : crise financière, crise économique, crise sociale et crise politique.
En effet, si les trois premières phases de la crise étaient essentiellement communes à l'ensemble de la planète, la quatrième phase se déroule de façon très différenciée selon les pays et la nature de l'impact que la crise a eu sur eux.
Le choc fut commun mais les réponses et les parcours à venir sont différents. Ils constituent d'ailleurs le processus de réorganisation du système global et préfigurent les nouveaux équilibres qui vont se mettre en place au cours de la décennie prochaine.
Pour les chercheurs, l'ampleur des conséquences de la phase d'impact de la crise sur les différents pays de la planète est fonction de leur degré de résistance à l'explosion du « détonateur financier » qui a eu lieu depuis plus d'un an.
Plus un pays est « immune » face à ce choc financier, mieux il traversera cette crise. On peut ainsi étudier la situation des principaux pays et des grandes régions de la planète en fonction de 7 critères précis permettant de mesure le degré « d'immunité » au « détonateur financier » :
La part du secteur financier dans l'économie ; celle des services dans l'économie ; le degré d'endettement des ménages ; la qualité des actifs du système financier et des ménages ; le montant relatif des déficits publics (toutes collectivités publiques cumulées, y compris comptes sociaux) ; le montant relatif des déficits extérieurs (commerciaux et paiements) ; et la part des retraites par capitalisation dans l'ensemble des retraites du pays.
En fonction de ces critères, on peut identifier 6 grandes zones de pays, qui n'ont souvent que peu de rapports géographiques entre eux, mais qui rassemblent les pays ayant des profils proches.
La zone 1 regroupe les pays pour lesquels les 7 critères montrent sans exception une absence totale « d'immunité » à la crise financière. On y trouve les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Islande.
La zone 2 rassemble les pays pour lesquels 5 ou 6 critères montrent une forte sensibilité au « détonateur financier ». On y trouve ainsi des pays nord américains (Canada et Mexique) ou européens (Suisse, pays baltes, Espagne).
La zone 3 intègre les pays pour lesquels 4 critères indiquent une forte sensibilité à la crise financière. On y trouve ainsi l'essentiel de l'Asie, les Pays-Bas, la Belgique, la Scandinavie.
La zone 4 regroupe les pays pour lesquels seuls 3 critères indiquent une forte sensibilité au choc financier. On y trouve l'essentiel de la zone Euro, des nouveaux États membres de l'UE et les principales économies d'Amérique latine.
La zone 5 est particulière car elle rassemble des pays caractérisés par un huitième critère qu'il est apparu cohérent et pertinent d'appliquer dans cette analyse, à savoir le degré de dépendance politique, militaire et financière aux pays de la zone 1.
Très simplement, ce sont les pays qui seront affectés très directement en terme notamment de stabilité politique par les graves conséquences de la crise sur les pays de la zone 1 : par exemple, une forte réduction des aides militaires, une suppression de l'aide alimentaire...
On y trouve aussi bien les pays pétroliers du Golfe Persique que Taïwan ou la Colombie.
La zone 6 regroupe les pays pour lesquels la crise financière n'a qu'un impact mineur ou très indirect car ces pays ont une économie trop peu développée.
On y trouve la plupart des pays en voie de développement.
La « crise financière » va se poursuivre jusqu'en 2010 pour les pays des zones 1, 2 et 3.
Elle va engendrer une « crise économique » grave jusqu'en 2013 pour les pays des zones 1 et 2 ;
Jusqu'en 2011 pour les pays de la zone 3 et jusqu'en 2010 pour les pays des zones 4 et 5 ;
Cette « crise économique » va nourrir une « crise sociale » jusqu'en 2011 pour les pays des zones 1, 2 et 5 et jusqu'en 2010 en zone 3.
Enfin, il y aura « crise politique » jusqu'en 2012 en zone 1 et jusqu'en 2011 en zone 5.
Pour 2009, tout le monde est concerné par les quatre types de crise...
DD
PS : Rappel des 4 phases d'une crise systémique :
- Une première phase dite « de déclenchement » qui voit soudain tout une série de facteurs, jusqu'alors disjoints, converger et se mettre à interagir, et qui reste essentiellement perceptible pour les observateurs attentifs et les acteurs principaux.
- Une deuxième phase dite « d'accélération » qui est caractérisée par la prise de conscience brutale par la grande majorité des acteurs et observateurs que la crise est bien là car elle commence à affecter un nombre rapidement croissant de composantes du système.
- Une troisième phase dite « d'impact » qui est constituée par la transformation radicale du système lui-même (implosion et/ou explosion) sous l'effet des facteurs cumulés, et qui affecte simultanément l'intégralité du système.
- Et enfin, une quatrième phase dite de « décantation » qui voit se dégager les caractéristiques du nouveau système issu de la crise.
I² : Au moins, j'aurai appris quelque chose en mettant ce post en ligne !
Comme quoi, ça sert des « chercheurs qui trouvent ».
Espérons quand même que tout cela ne reste que théorique, mais je n'y crois pas trop.
D'ailleurs, je mets en ligne...