Ca c'est passé le 22 janvier
Presque en catimini !
Le plus important des fichiers de police du ministère de l'intérieur s'en prend pour son grade... Nous en avions déjà parlé il y a quelques temps.
Pour ne noter que seulement « 23,5 millions de procédures étaient recensées, 26 millions d'infractions, 5 millions d'individus, 18 millions de victimes ».
C'était dans le rapport de la Cnil en 2004.
Mais, mais... Tout augmente, dans la vie.
Pour 2008, ce sont « 5,5 millions de personnes mises en cause, et 28,3 millions de victimes, dans 36,4 millions de procédures. » selon les estimations du nouveau rapport de la Cnil.
Comme quoi, on s'en occupe vertement de le nourrir, ce fichier-là chez les pandores !
14.659 « saisies » par jour ouvrable, 1.832 à l'heure !
Mais, mais, mais... ils sont une armée à l'alimenter !
Plus nombreux que d'abeilles butineuses dans une ruche épargnée par le Ziclon B !
Un joli score en définitive... Qui inquiète.
Moi d'abord, 10 millions de victimes en plus en 4 ans, ça nous fait exploser le compteur à l'année !
La commission nationale informatique et liberté aussi, qui pointe en plus « les failles dans le contrôle de ce système », « sa mise à jour insuffisante », et « les conséquences de l'usage d'un tel fichier » dans son nouveau rapport, présenté le 20 janvier lors de sa séance plénière...
Créé en 1994 par le « cousin » Pasqua pour recenser les infractions et délits, ce fichier a d'abord mis du temps à être légalisé.
Le décret d'application de la loi portant sur sa création n'a été promulgué qu'en 2001... sans être trop respecté.
En premier lieu, la durée de conservation des fichiers pose problème 40 ans pour les crimes, 20 pour les délits, hors toutes règles de droit commun des prescriptions extinctives...
Et je vous avais ainsi décrit la fiche de Johnny l'idole des jeunes pour des affaires, même pas qualifiées de « crimes », remontant à 41 ans !
La Cnil s'énerve (mais on est entre « gens du même monde ») ! Ce n'est donc pas bien grave...
En cas de relaxe ou d'acquittement, l'effacement pur et simple des données est le principe.
Les décisions de non-lieu ou de classement sans suite motivées par une insuffisance de charges doivent être inscrites et compléter le fichier. À charge pour les procureurs de la République territorialement compétents de transmettre les évolutions aux services de police.
Or, cette transmission est rarement effectuée.
Alors même qu'en 4 ans, on compte 500.000 personnes de plus mises en cause (342 par jour calendaire... loin devant les statistiques officielles de la criminalité : curieux !)
Mieux, les victimes se retrouvent elles-aussi automatiquement fichées.
Pour être radiées, elles doivent en faire expressément demande.
Encore faut-il qu'elles sachent
Victimes et fichées, deux bonnes raisons de rendre visite aux flics, non !
Et pas que sur le bord de la route des vacances...
Et pour tout ce beau monde, aimablement radiographié - à tort ou à raison (en 2004, la Cnil estimait le taux d'erreur du fichier à quand même 25 %, mais ne note aucun changement dans cette hypothèse lancée « à la louche ») - par la flicaille, de menus ennuis.
Car outre les policiers, ces fiches sont aussi consultables par les entreprises de sécurité ou de défense.
Un secteur qui emploie près d'un million de personnes en « Gauloisie parfaite ».
Et des entreprises pour lesquelles une inscription au fichier Stic ne fait pas reluire un CV.
Sans compter sur la tricoche, aimable pratique qui consiste pour les policiers retraités ou encore en service à revendre ces fiches de police à des enquêteurs privés...
Au moins le ministère de l'Intérieur et les patrons de la vénérable maison policière ne pourront-ils pas feindre la surprise, quand ils auront lu le rapport de la Cnil ce 22 janvier : ils avaient du taf pour se mettre à la page il y a 4 ans, ils en ont encore plus.
Le manque d'effectif, si vous saviez...
Mais bon, cela vaudra-t-il un excès de zèle et une « remise en ordre », que dis-je, la simple application de la loi par ceux-là mêmes qui sont censés la faire appliquer à tous dans les mois qui viennent ?
Eh bien même pas !
Aucune déclaration en ce sens, aucun communiqué de presse, aucun « texte en préparation », alors que souvîntes-vous du tollé des associations de la « bien-pensance » et des « droit-de-l'hommiste » qui s'étaient congratulés de leurs efforts à faire front à Edvige jusque sur les bancs de l'Assemblée Nationale !
Je la trouve pour le moins saumâtre !
La pensée unique de « Bling-bling », notre « Ô combien vénéré Président » qui veille à tout et même au reste pour notre bonheur, véhiculée partout et par tous les médias auraient-elle encore frappé d'amnésie jusqu'à l'esprit de « ces bonnes gens-là » ?
Mais à quoi servent-ils au fait, sinon à piquer de la subvention à autrui ?